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MOT DES DÉLÉGATIONS DU QUÉBEC

Les six délégués généraux du Québec à l'étranger, d'un mot à l'autre, depuis 1997:

Bruxelles Londres Mexico
Janvier 1999 Janvier 1998 Sept. 1998
Mai 2003 Sept. 1999
Janvier 2002
New York   Tokyo
Mars 1998 Paris Mars 1999
Mai 1999 Nov. 1997 Janvier 2000
Mai 2000 Juillet 1999 Mars 2002
Boston
Juin 2004

Le Japon, un partenaire stratégique pour le Québec en Asie de l'est

Par Marc Beliveau,
Délégation générale du Québec à Tokyo

Pour le Québec, les affaires n'ont jamais si bien été au Japon. Depuis les quatre dernières années, les exportations québécoises ont augmenté au rythme de 20% par année. Le Japon est devenu le troisième partenaire commercial du Québec. Des performances éclatantes ont été réalisées dans divers secteurs d'activités. On peut penser à la compagnie Olymel qui se classe au premier rang des exportateurs de viande de porc au Japon. Sur le plan culturel, le spectacle Quidam du Cirque du Soleil a attiré plus d'un million de spectateurs japonais l'an dernier.

Les histoires à succès des compagnies québécoises au Japon sont nombreuses et des plus variées. On l'ignore souvent, mais il y a 417 compagnies québécoises qui vendent leurs produits au Japon. Cette année, pour la première fois, les exportations québécoises dépasseront le milliard de dollars. Une telle réussite reflète aussi la présence au Japon des plus grands noms des compagnies québécoises, allant de Bombardier, CAE, Alcan, Nortel, Citadelle, Coractive, Voice Age, Plat du Chef, Canard du Lac Brome, Dominique Oizelleau, Lise Watier, jusqu'au fabriquant de jeux MégaBlock. 

L'économie japonaise
ne s'est jamais si bien portée
depuis dix ans

Depuis un an et demi, l'économie japonaise s'est accrue de 69 milliards $, soit l'équivalent du PIB de la Thaïlande. De plus, le Japon est la seule économie au sein des pays industrialisés qui maintient une balance commerciale excédentaire. Il devrait y avoir au cours des trois ou cinq prochaines années une croissance économique de 2 à 2.5% au Japon. Toutefois, il faut reconnaître l'importance des exportations japonaises en Chine qui représente 40% du taux de croissance de l'économie japonaise.

Contrairement aux exportations japonaises vers les États-Unis, qui sont généralement des véhicules et des pièces automobile, les exportations japonaises vers la Chine touchent une foule de secteurs allant des produits métalliques de base, des matériaux de construction, de la pâte et du papier jusqu'aux équipements industriels de précision.  Donc, il s'agit de l'exportation d'une diversité de produits qui a suscité un regain d'activités auprès d'une foule de compagnies et de PME japonaises, ne se limitant pas seulement au secteur de l'automobile.

DES POSSIBILITÉS D'AFFAIRES PLUS PROMETTEUSES QUE L'ON CROIT

Si la presse québécoise parle beaucoup de l'émergence de la Chine, il ne faudrait pas  sous-estimer pour autant le rôle et l'importance du Japon dans l'essor économique de la région. Le Japon demeure un leader incontesté sur le plan technologique, il est toujours le numéro 2 de l'économie mondiale avec un PIB quatre fois plus élevé que la Chine.

En conséquence, les possibilités d'affaires au Japon sont beaucoup plus prometteuses que l'on croit. Qui dit « Japon », dit « commerce interrégional » également. Mais il y a plus. Le Japon a changé de ce qu'il était il y a dix ans. Il y a beaucoup moins d'entraves à l'importation de produits. Il est plus facile aujourd'hui de nouer des contacts et d'établir des partenariats d'affaires. Une foule de compagnies québécoises en ont fait l'expérience et la progression de leurs ventes est là pour en témoigner. Toutefois, à moyen terme, le défi des compagnies québécoises sera de s'interroger sur le positionnement stratégique qu'elles désirent avoir en Asie de l'est à partir du Japon.

NOUVELLE RÉALITÉ DU COMMERCE INTERRÉGIONAL EN ASIE

Depuis dix ans, le commerce interrégional en Asie de l'est a doublé et il s'élève aujourd'hui à près de 600 milliards $US. Près de 75% de cette croissance est attribuable au commerce intra-sociétés. On assiste donc à une intégration rapide des marchés de fabrication en Asie et il y a des avantages importants à retirer des partenariats des plates-formes régionales. Il faut savoir, par exemple, que la Chine ne consomme que le tiers des produits qu'elle importe. Cela est révélateur sur la nouvelle division du travail et des tâches que l'on se départage dans l'ensemble des pays de la région. Dans cette perspective, il est essentiel de comprendre le rôle et les possibilités d'affaires nouvelles qu'offre le Japon au sein de la région.

Concrètement, les entreprises québécoises devront examiner attentivement les meilleures façons, à partir du Japon et par le biais de leurs partenaires japonais, d'accéder à des marchés d'exportation multiples, que ce soit dans le domaine de l'investissement, du commerce, de l'accès au savoir-faire et aux nouvelles technologies.

REDÉCOUVRIR L'IMPORTANCE DU MARCHÉ JAPONAIS

Le Japon n'est plus le pays fermé et protectionniste qu'il a déjà été. Aujourd'hui, on recherche des produits de qualité offrant un brin de nouveauté. Les secteurs prioritaires des actions menées par la Délégation générale du Québec sont les suivants : 

  • l'agro-alimentaire (porc, sirop d'érable, produits de la pêche, soya organique);

  • les produits forestiers et matériaux de construction;

  • les technologies de l'information (photonique, multimédia et fibre optique);

  • les biotechnologies et produits pharmaceutiques (y compris les cosmétiques);

  • l'aérospatial.

Même si le lien de confiance reste un élément essentiel dans les relations d'affaires avec les Japonais, on a recours à de nouvelles approches pour faciliter les contacts avec des partenaires potentiels. On le constate à la suite de diverses initiatives qui ont été mises de l'avant par le secteur associatif et qui sont porteuses de résultats. C'est du moins l'expérience concluante d'organismes comme le Club Export, le Réseau Photonique, Réseau interlogiQ et Alliance Numériq. À l'inverse, il y a aussi l'Association des importateurs japonais en produits alimentaires qui désire jouer un rôle de soutien auprès des entreprises japonaises qui vendent des produits québécois au Japon.

À LA RECHERCHE DE NOUVEAUX INVESTISSEMENTS

Tout visiteur qui découvre le paysage urbain d'une mégalopole comme Tokyo comprend qu'il s'agit d'une ville à part, à l'image de New York, Paris ou Londres, où il existe une accumulation de richesse incroyable. Le Japon demeure un marché de consommation de 126 millions de personnes et les compagnies japonaises jouent un rôle central dans l'intégration économique de la région asiatique. À Tokyo, où la majorité des multinationales ont leur siège social,  le regard des dirigeants des grandes entreprises ne se limitent pas seulement au Japon mais il englobe aussi tous les endroits où ils ont des investissements et des activités de par le monde. Le Québec a sa petite part du gâteau. On a qu'à penser aux milliers d'emplois québécois qui dépendent des compagnies comme Bridgestone à Joliette, Waterville TG en Estrie, Furakawa Fitel à Rimouski, YKK à Montréal et les Laboratoires ITR à Baie d'Urfé. L'évocation de ces compagnies illustre bien que le Québec a un certain nombre de réussites à son actif et que le Japon demeure une région cible pour attirer des investissements étrangers au Québec.

LA POSSIBILITÉ D'UN POSITIONNEMENT STRATÉGIQUE

Au cours des prochaines années, les pays de l'Asie de l'est seront parmi les plus prospères de la planète. Si la Chine est appelée à prendre une place considérable, le Japon n'en sera pas moins l'un des principaux acteurs sur le plan économique. Dans cette optique, il faut reconnaître que le Québec a été visionnaire lorsqu'il a décidé, il y a 32 ans, d'ouvrir une Délégation générale du Québec à Tokyo.

« …il est urgent
de se doter d'une approche interrégionale
au lieu de regarder la situation
pays par pays. »

Au fil des ans, le Japon est devenu le troisième partenaire commercial du Québec. C'est aussi le pays asiatique où le Québec est le mieux perçu. Tant sur le plan commercial, culturel, politique et institutionnel, le Québec possède une foule d'atouts entre les mains. Le prochain défi pour les entreprises québécoises sera d'examiner comment créer un véritable partenariat stratégique avec le Japon afin de prendre avantage de la croissance économique de la région. Pour cela, il est urgent de se doter d'une approche interrégionale au lieu de regarder la situation pays par pays. La bonne nouvelle, c'est que bon nombre d'entreprises québécoises présentes au Japon le font déjà.

Fait à Tokyo le 22 novembre 2004.


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Commerce Monde #43