Pour
accroître le partenariat économique entre la France et le Québec DEUX CRÉNEAUX STRATÉGIQUES par Michel Lucier «Les
deux premiers ministres souhaitent que la France et le Québec tirent
avantage de leur complémentarité et profitent des possibilités qu'offre
leur appartenance aux grands ensembles européen et nord-américain pour
maximiser les partenariats développés par leurs entreprises.» Cette
phrase tirée de la déclaration commune signée le 19 décembre 1998 par
les premiers ministres Lionel
Jospin et Lucien Bouchard
illustre de manière éloquente l'accent tout particulier que mettent les
gouvernements de la France et du Québec sur le développement de la
relation économique qui les unit. Pendant de
nombreuses années, la dimension économique de nos échanges avec la
France a progressé relativement dans l'ombre. Quand on pensait à la
relation France-Québec, la culture venait tout de suite à l'esprit tant
était vaste l'horizon de nos partages dans ce domaine. Au fond, les
artistes québécois font depuis longtemps partie du paysage culturel français
et se permettent même régulièrement d'y occuper les premières places.
C'était le cas ce printemps, alors que les trois plus gros succès au hit
parade français étaient québécois et s'appelaient Céline Dion, Lara
Fabian et Luc Plamondon, qui a connu un véritable triomphe populaire avec
Notre-Dame-Paris. Et, à compter du 16 mars, le Printemps du Québec, avec
ses quelque 350 manifestations tenues en 99 jours, a placé le Québec à
l'avant-scène culturelle française. Tout le
monde reconnaît aussi la profondeur des relations personnelles qui, au
fil des décennies, se sont créées entre nos deux peuples. Je pense
entre autres aux 80 000 jeunes qui, depuis 1968, ont effectué grâce à
l'OFQJ, un stage de part et d'autre de l'Atlantique. À ceux-là
s'ajoutent les 400 000 touristes français et 200 000 touristes québécois
qui, chaque année, font de leurs vacances une occasion de retrouver le Québec
ou la France, selon le cas. Tout un réseau d'associations très
dynamiques, au premier rang desquelles se trouvent les Associations
France-Québec et Québec-France, participe à cette affaire de cœur
entre nos deux peuples. Il y a
bien sûr la dimension politique, établie sur le pilier de la relation
directe entre la France et le Québec, et qui ne cesse de se renforcer
sans égard aux aléas de la vie politique et électorale qui peuvent se
vivre d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique. Depuis
quelques années, la dimension économique de cet univers est de plus en
plus reconnue. J'en suis particulièrement fier et j'en parle constamment
à tous les interlocuteurs de la Délégation générale: à l'affaire de
cœur s'ajoute maintenant une affaire d'intérêt et de gros sous. Cela se
traduit de façon très concrète par quelques chiffres que les lecteurs
de Commerce Monde ont déjà pu lire mais qu'il est bon de rappeler:
L'élément
le plus frappant de cet ensemble est la place occupée par les secteurs de
la haute technologie. C'est dans ces domaines que se situent les plus intéressantes
occasions d'affaires. Deux secteurs paraissent particulièrement
prometteurs, les biotechnologies et les nouvelles technologies de
l'information et des communications (NTIC). LES BIOTECHNOLOGIES La France
compte environ un millier d'entreprises spécialisées dans tous les
domaines reliées aux biotechnologies. Héritière d'une longue et riche
tradition, la recherche scientifique française est de très haut niveau
et met un accent particulier sur la génétique. Pour gérer les banques
de gènes, plusieurs sociétés de bio-informatique voient actuellement le
jour. Par ailleurs, une douzaine de technopôles, dont la Génopôle
d'Ivry, se consacrent entièrement à la génomique. Cette génopôle
a contribué à la création de la société mixte Virtual
Genomes. D'autres organismes ont été mis en place dans les domaines
des biotechnologies, de la santé et de la biologie dont Bio-Valley, une association tri-nationale (France-Allemagne-Suisse)
et une douzaine de technopôles situées dans diverses régions françaises,
notamment à Clermont-Ferrand, Nîmes et Montpellier, Sophia Antipolis et
Midi-Pyrénées. Bien que
le capital de risque suscite maintenant un intérêt considérable en
France, le recours à ce mode de financement par les entreprises françaises
de haute technologie reste moins répandu qu'au Québec. La presse et de
nombreux intervenants suivent de près l'exemple québécois et n'hésitent
pas à s'en inspirer. De ce côté, la situation évolue rapidement et on
peut s'attendre à ce que le passage de la recherche pure à l'application
industrielle soit facilité par l'influx de capital de
risque. Le «Cinquième
Programme cadre d'aide à la recherche», un programme européen
accessible aux entreprises québécoises, va dans le même sens. En quatre
ans, ce programme distribuera aux entreprises près de 15 milliards
d'Euros, environ 5% du budget total de l'Union
européenne. Compte tenu de cette évolution, on peut raisonnablement
envisager un accroissement des partenariats en biotechnologies entre des
scientifiques québécois et français. Enfin,
dans le cadre des activités économiques reliées au Printemps du Québec,
la Délégation générale du Québec à Paris a organisé plusieurs événements
dans le secteurs des biotechnologies en avril dernier. Nous avons alors
constaté une forte demande de partenariats avec le Québec de la part des
entreprises françaises dans tous les secteurs de la vie, traitement des
maladies ou des plaies, vaccins, protéines humaines, etc. Ce secteur
du marché offre donc un potentiel intéressant aux entreprises québécoises
pour desservir le vaste marché français et européen. En contrepartie,
les partenariats permettront aux entreprises françaises de s'attaquer,
avec les Québécois, au vaste marché américain. LES NTIC Avec ses
importantes ressources éducatives et une bonne concentration
d'entreprises autour de son Carrefour
des Technologies de l'Information et du Multimédia (CARTIM), la région
de Québec est bien placée pour réussir sur le marché français des
nouvelles technologies de l'information et des communications. Ce marché
offre déjà de très bonnes opportunités aux entreprises québécoises,
puisque près de 50 sociétés québécoises disposent en France d'une
filiale ou d'un bureau de représentation. Le dynamisme des mesures
incitatives mises sur pied par le gouvernement québécois est non
seulement largement reconnu ici, il y jouit d'un succès qui se traduit
par de nombreuses implantations françaises au Québec. Pensons par
exemple à UBI Soft dans la Cité du Multimédia de Montréal, pour n'en nommer
qu'une. Trois catégories
de produits peuvent espérer conquérir le marché français:
Enfin, les entreprises québécoises peuvent trouver à la Délégation générale du Québec un outil précieux pour suivre le marché français des NTIC. Il s'agit de la lettre Destination France NTIC. Cette lettre paraît six fois par année et est distribuée à plus de 500 abonnés français |