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Le nouveau pape Léon XIV : un exemple moteur pour les affaires québécoises

Le nouveau maître du Vatican est d’origines italo-franco-espanole… natif des USA; et il fonctionne à travers une demi-douzaine de langues. On peut y voir facilement un bel exemple de ce qu’amène la richesse de la pluralité. Faisons un pas de plus en portant un regard gestionnaire sur la richesse de la pluralité, à la lumière d’exemples du Québec.

Au Québec, la question des origines et de la diversité culturelle est souvent abordée avec sensibilité, car elle touche à l’identité collective et à la projection de cette société dans l’avenir, riche de quatre siècles de luttes comme Francophonie minoritaire survivante en Amérique mais toujours insécure. Pourtant, dans le monde des affaires comme dans la vie communautaire, la pluralité des racines – qu’elle soit issue de l’immigration récente ou de la diversité des souches plus anciennes – se révèle être un moteur puissant d’innovation, d’adaptabilité et de réussite économique. Des exemples inspirants, tant sur la scène internationale que le contexte locale, démontrent que miser sur la diversité, c’est investir dans la prospérité.

Exemple inspirant : le pape Léon XIV et la force de la diversité

L’élection du pape Léon XIV, né Robert Francis Prevost, illustre bien la force de la diversité. Né à Chicago d’un père franco-italien et d’une mère espagnole, il a vécu et travaillé aux États-Unis, au Pérou, en Italie, et parle couramment cinq langues. Ce parcours témoigne indubitablement de la capacité à fédérer autour de valeurs universelles; à comprendre les enjeux locaux tout en gardant une perspective globale.

Dans le monde des affaires, cette polyvalence linguistique et culturelle permet de bâtir des ponts, d’anticiper les besoins de clientèles variées et d’innover.

Québécois de souches multiples : une richesse à valoriser

Ici, commençons d’abord par clarifier cette idée : l’idée qui parle souvent des « Québécois de souche » comme d’un bloc homogène! Alors que la réalité est bien plus nuancée. Le Québec est, par essence, par sa géographie, par son histoire, un carrefour de cultures.

Les Québécois qui, nés sur le territoire de parents venus d’ailleurs, grandissant à la croisée de plusieurs mondes, développent des qualités précieuses : ouverture, capacité d’adaptation, multilinguisme, et une compréhension fine des dynamiques interculturelles. Cette richesse se traduit souvent par une aptitude à naviguer entre différentes réalités, à bâtir des ponts, voire à innover en s’inspirant de plusieurs traditions.

Les gestionnaires et entrepreneurs qui reconnaissent et valorisent ces atouts se donnent un avantage concurrentiel indéniable.

Plusieurs entreprises québécoises
incarnent la diversité

Au Québec, plusieurs entreprises ont compris que la diversité n’est pas qu’un enjeu social, mais une stratégie d’affaires gagnante.

Olymel : la diversité comme ADN de la réussite

Olymel, leader québécois de la transformation de viande, emploie plus de 15 000 personnes issues de plus de 50 nationalités. L’entreprise a misé sur la diversité dès ses débuts, d’abord en recrutant des talents de différentes régions, puis en ouvrant ses portes aux travailleurs immigrants. Cette stratégie a permis à Olymel de répondre à ses besoins en main-d’œuvre qualifiée et de s’adapter à la démographie du Québec. La diversité y est aujourd’hui considérée comme une force structurante, une pratique d’ailleurs reconnue par le prix Maurice Pollack 2020 pour l’inclusion.

Desjardins : reconnaître les compétences d’ailleurs

La Caisse Desjardins du Centre-nord de Montréal s’est démarquée en mettant en place des mesures concrètes pour reconnaître les équivalences de formation et les expériences acquises à l’étranger. Cette politique favorise l’intégration professionnelle des nouveaux arrivants et valorise les compétences de tous, peu importe leur parcours. En révisant les positionnements salariaux pour refléter cette reconnaissance, Desjardins démontre aussi que l’inclusion enrichit l’organisation et son capital humain.

Jean Duceppe : la scène au service de la diversité

Dans le secteur culturel, la compagnie de théâtre Jean Duceppe s’illustre par ses auditions ouvertes à des talents issus de la diversité. Son projet de laboratoires vise à démocratiser l’accès au théâtre et à favoriser le dialogue. Cette démarche permet à l’organisation de renouveler son public, d’enrichir sa programmation et de mieux refléter la pluralité de la société québécoise.

La diversité, moteur d’innovation et de performance

Les études sont formelles : la diversité culturelle au sein des équipes favorise la créativité, stimule l’innovation et améliore la performance globale des organisations. Un brassage d’expériences, de compétences et de points de vue permet de générer des idées nouvelles, d’éviter les angles morts et de mieux répondre aux besoins d’une clientèle de plus en plus diversifiée.

Selon la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, les entreprises inclusives génèrent en moyenne 1,4 fois plus de revenus par employé et affichent une meilleure capacité d’adaptation face au changement. Message fondamental à retenir : les milieux inclusifs attirent des profils variés et motivent les employés à s’investir durablement dans l’organisation.

Le défi de la reconnaissance et de l’intégration

Mais il y a encore une longue route à faire… Malgré ces avantages, le marché du travail québécois ne reflète pas encore pleinement la diversité de sa population. Trop souvent, les immigrants ou les personnes issues de l’immigration sont sous-employés, leurs qualifications et expériences acquises à l’étranger étant insuffisamment reconnues. Pour tirer pleinement parti de la richesse de cette diversité, il reste essentiel que les organisations reconnaissent ces compétences, puis créent des environnements inclusifs où chaque voix compte.

Car le potentiel pour une identité québécoise à la fois plurielle et plus prospère est bien réel. Moult exemples démontrent que la diversité n’est pas une contrainte, mais une ressource précieuse.

Miser sur des Québécois de souches différentes, c’est s’ouvrir à un monde d’opportunités, renforcer sa capacité d’innovation et bâtir une société plus inclusive et prospère. Et les entreprises qui font ce pari aujourd’hui seront les leaders de demain, capables de rayonner.

Sur un ton plus philosophe, gardons toujours en tête qu’en affaires, comme en pastorale, la diversité est une promesse : celle d’un Québec capable d’accueillir, d’intégrer et de valoriser les talents venus de toutes les « souches » – pourvu que chacun y mette du sien, dans le respect et la collaboration.

Lire aussi :

https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2025-05/leon-xiv-nouveau-pape.html

Produits financiers: le groupe québécois Desjardins proclamé “Best House Canada” au SRP Americas Awards 2020

L’année 2020 se voudra celle d’une récolte généreuse pour le Mouvement Desjardins. Au fil de sa plus que centenaire existence, le petit mouvement coopératif de caisses populaires parti de Lévis au début des années 1900 et devenu un empire nord-américain respecté de la finance – présent également en Europe -, Groupe Desjardins, fait notamment dans le produit financier très spécialisé. C’est dans cette catégorie de ses activités que Desjardins vient de recevoir une belle marque de reconnaissance: Best House Canada!

L’honneur est venu lors de la 9e édition des Structured Retail Products Americas Awards. Si pour une 9e année consécutive Desjardins s’y est illustrée, 2020 sera à marquer d’une croix d’or parce qu’elle aura reçu la plus haute distinction : le prestigieux prix « Best House, Canada ». Ce prix, parmi plusieurs autres du gala (voir nos tableaux plus bas), est remis chaque année pour reconnaître l’institution financière canadienne s’étant le plus démarquée par ses produits structurés, tels que les placements garantis liés au marché (PGLM) et les billets liés aux marchés. Cet honneur a été décerné à Desjardins pour la toute première fois. Et pourquoi?

« Parce que le choix du gagnant prend en considération non seulement des facteurs quantitatifs, comme le volume de ventes réalisées et la performance des produits, mais aussi la qualité de la gamme de produits offerts et le point de vue de la clientèle externe », nous explique une source bien documentée de l’industrie.

Il importe de savoir ici que l’appréciation des Credit unions, qui sont sondées dans le cadre du processus de sélection du SRP Awards, est un facteur déterminant pour l’obtention de ce prix, et particulièrement pour Desjardins. On peut y voir une manifestation directe de la confiance de ses partenaires de distribution.

Catégories Manufacturer Awards

Best House (Americas)
GAGNANT: J.P. Morgan
Barclays Bank
Goldman Sachs
Monex
Morgan Stanley
Best House (USA)
GAGNANT: Barclays Bank
Credit Suisse
Goldman Sachs
J.P. Morgan
Morgan Stanley
Best House (Canada)
GAGNANT: Desjardins Group
Bank of Montreal
CIBC
National Bank of Canada
TD Securities
Best House (Mexico)
GAGNANT: Monex
Banamex
BBVA
Santander
Scotiabank

Si c’est dans la catégorie « Meilleur manufacturier » que le plus bel honneur lui a été accordé, le Groupe Desjardins était également parmi les finalistes de 2020 pour trois autres compétitions du gala, celles-ci toutes du secteur de la distribution : Best Distributor (Canada), remporté par BMO Financial; Best Private Bank (Americas), remporté par UBS, ainsi que Best Capital-Protected Distributor (Americas), remporté par Monex.

Catégorie Distributor Awards

Best Distributor (Canada) GAGNANT: BMO Financial CIBC
Desjardins Group
National Bank of Canada
Toronto Dominion Bank
Best performance (Canada) GAGNANT: National Bank of Canada BMO Financial
CIBC
Scotiabank
Toronto Dominion Bank
Best Private Bank (Americas)
GAGNANT: UBS
Desjardins Group
Goldman Sachs
J.P. Morgan
Morgan Stanley
Best Capital-Protected Distributor (Americas)
GAGNANT: Monex
BBVA
Desjardins Group
Itaú
XP Investimentos

Catégorie Service Providers

Best Law Firm (Americas)
GAGNANT: Davis Polk & Wardwell
Allen & Overy
Mayer Brown
Morrison & Foerster
Sullivan & Cromwell

Best SP and Derivatives Exchange (Americas)
GAGNANT: Chicago Board Options Exchange
Bolsa Mexicana de Valores
New York Stock Exchange
TMX Montreal Exchange
TMX Toronto Stock Exchange
Best Index Provider (Americas)
GAGNANT: S&P Dow Jones Indices
MSCI
Nasdaq
Solactive AG
Stoxx

L’an dernier, les produits à capital protégé de type « Départ optimal » offerts dans les « Billets structurés Desjardins » avaient obtenu le prix Meilleur produit de l’année 2019 (Amériques) à la 8e édition des SRP Awards, à Chicago. Desjardins y avait aussi remporté le prix Meilleur distributeur de produits à capital protégé (Amériques) et le prix Meilleur distributeur (Canada).

Encore en 2020, les Billets Desjardins à capital protégé ont par ailleurs remporté le prix «Ouvrir les voies de la diversification» dans la catégorie «Solutions investisseurs» décerné par MTN-i Americas à l’occasion du 14e prix des produits structurés Amériques de cette organisation.1

Plus sur Desjardins: https://lnkd.in/dCdUPPF

https://www.structuredretailproducts.com/news/details/76453

Pour plus d’information sur la liste complète des finalistes et gagnants: shortlist et awards report.

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1er Club Med au Canada : ce sera la Massif de Charlevoix, près de Québec

C’était un projet dans l’air depuis des années et voilà qu’un alignement des étoiles vient enfin de faire tomber la bonne nouvelle, que tous attendent dans la région de Québec : le 2 novembre 2017, Daniel Gauthier, président du conseil d’administration de Groupe Le Massif, ainsi que Xavier Mufraggi, pdg de Club Med Amérique du Nord, ont conjointement officialisé l’ouverture du premier Village Club Med au Canada. La cible : saison 2020, après de nouveaux  investissements de 120 M$.

« L’annonce d’aujourd’hui est directement en lien avec la continuité de la réalisation de ce grand projet et positionne le Massif de Charlevoix parmi les grandes destinations internationales », s’en est réjouit Daniel Gauthier, premier artisan du concept du Massif en développement depuis 2002.

« On entend souvent dire que le Club Med ne s’installe que dans les plus beaux endroits au monde : de par la beauté de ses paysages, Charlevoix ne pouvait que faire partie de cette liste prestigieuse. Désormais, nous serons particulièrement heureux de contribuer à faire connaître ce merveilleux « coin de pays » », a dit Xavier Mufraggi.

Club Med est un leader mondial des hôtels et resorts à la montagne. Il compte déjà plus de 20 sites du type en France, Italie, Suisse, Japon et aussi en Chine représentant plus de 6000 chambres.

« Nous souhaitions rajouter le Canada et particulièrement le Québec (…) Chaque saison dévoilera les beautés de ce site naturel et réinventera l’offre pour la clientèle internationale. Ce projet est aussi le symbole d’une stratégie de croissance rapide de Club Med dans le monde avec 15 ouvertures prévues d’ici 2019, dont 1 ou 2 Villages par an à la montagne », a aussi précisé Xavier Mufraggi.

Le Québec offrira le 1er Village Club Med de montagne quatre saisons

Le projet qui se confirme pour le Québec représentera un investissement de 120 millions $ comprenant la construction d’un établissement de 300 chambres, classé 4 Tridents, avec un espace luxueux 5 Tridents.

Ce futur Club Med vise une formule idéale pour les familles, pour les couples, ou encore les groupes, puisque des espaces seront prévus pour accueillir séminaires ou évènements.

Club Med y proposera « son modèle unique de vacances de montagne tout-compris », au cœur du domaine skiable au plus haut dénivelé à l’est du Canada, comprenant une expérience de ski avec des vues spectaculaires surplombant le fleuve Saint-Laurent.

Bien que ce projet soit né d’un grand rêve et d’une vision, il se base désormais sur des engagements et des perspectives de retombées économiques. Des partenaires tels le Gouvernement du Québec, le Gouvernement du Canada, Guy Laliberté et Lune Rouge, Investissement Québec, Pierre Thabet, Groupe Germain et Daniel Gauthier ont concrétisé leur investissement. Desjardins et Banque Nationale ont affirmé leur appui. Le projet peut également compter sur le soutien de Bell à titre de commanditaire majeur du Massif de Charlevoix.

C’est que Groupe le Massif et Club Med entendent miser fortement sur une offre quatre saisons. Notamment exploiter le développement de l’axe touristique QuébecTadoussac.

L’annonce stimulera également le développement immobilier dans la région et à la montagne. Selon les prévisions d’exploitation la création de 325 emplois directs est prévue. Et la construction de l’hôtel génèrera près de 700 emplois.

Les administrateurs de l’aéroport international de Québec estiment, eux, une augmentation de son achalandage de 6% liée directement à la réalisation de ce projet (le Village sera facilement accessible à seulement 1 h 30 de l’Aéroport international Jean-Lesage de Québec).

Fondé en 1950 par Gérard Blitz, Club Med est l’inventeur du concept de club de vacances tout compris. Le groupe exploite maintenant un parc de près de 70 Villages, dans 26 pays répartis sur cinq continents, employant plus de 23 000 GOs. Club Med occupe une activité commerciale au Canada depuis 40 ans et y emploie plus de 50 collaborateurs dans son bureau siège à Montréal, mais n’avait pas encore pu y bâtir une infrastructure à lui.

Club Med et Groupe le Massif s’entendent déjà pour dire que l’objectif est d’ouvrir ce nouveau Village d’ici fin 2020.

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Crédit photo: Stéphane Audet-Audet. Sur la photo, les représentants politiques canadiens et des deux entreprises impliquées.

Pour en savoir plus : www.clubmed.ca/l/village-le-massif

Pour suivre la conversation sur les médias sociaux : #ClubMedCharlevoix

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« L’euro reste vulnérable » : analyse l’économiste senior de Desjardins Hendrix Vachon

Cette analyse prévisionnelle est produite en collaboration avec le Bureau de Desjardins à Paris et sa directrice, Mme Lucia Baldino.

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Tous les exportateurs et importateurs aimeraient bien avoir une boule de cristal pour prévoir, plusieurs mois à l’avance, l’évolution des devises dans lesquelles sont transigées leurs affaires à l’international. Desjardins ne possède évidemment pas cet instrument de rêve, pas plus, d’ailleurs, qu’aucune autre institution financière dans le monde. Nous avons cependant un grand avantage sur nos concurrents, puisque notre économiste senior, Hendrix Vachon, a été désigné par l’agence de presse financière Bloomberg meilleur prévisionniste au monde sur le marché des monnaies en 2014; il a d’ailleurs été choisi comme Personnalité de la Presse à la suite de cette reconnaissance.

Titulaire d’une maîtrise en science économique de l’Université de Sherbrooke, Hendrix Vachon travaille depuis onze ans au service d’Études économiques de Desjardins.

Voici ses prévisions sur l’euro, telles que publiées dans notre bulletin Études économiques du 30 janvier 2017.

  • La poussée du dollar américain à la suite de l’élection de Donald Trump a entraîné une importante chute de l’euro qui est même descendu en dessous de 1,04 $US à la mi-décembre. L’euro affichait alors un recul de plus de 6% par rapport aux niveaux observés au commencement du mois de novembre. La monnaie commune a toutefois remonté la pente en janvier pour revenir aux environs de 1,07 $US. Il faut dire que certains questionnements sur les effets positifs de l’élection américaine ont contribué à renverser quelque peu la hausse des taux obligataires et du dollar américain. Le positionnement spéculatif contre l’euro avait aussi atteint des niveaux très élevés, ouvrant la porte à un rebond technique sur des prises de profits.
  • Des données économiques encourageantes ont aussi favorisé la remontée récente de l’euro. L’augmentation des indices des directeurs d’achat et de certains indices de confiance ainsi qu’une forte hausse de la production industrielle en novembre ont généré un certain optimisme sur les perspectives économiques de la zone euro. Il faudra cependant surveiller les nombreuses élections au cours de 2017 qui pourraient générer de nouvelles inquiétudes sur l’avenir de la zone euro.
  • L’inflation s’est aussi récemment accélérée en zone euro pour atteindre 2,0% en février, son plus haut niveau depuis plus de quatre ans. Il n’en fallait pas plus pour que certains commencent à penser que la Banque centrale européenne (BCE) pourrait envisager de réduire ses interventions. Mario Draghi a clairement fermé la porte à cette possibilité lors de sa dernière conférence de presse. Il juge que la remontée de l’inflation reflète surtout l’augmentation des prix de l’énergie et que l’économie eurolandaise a toujours besoin d’un important soutien monétaire. La BCE devrait ainsi poursuivre ses achats de titres financiers tout au long de 2017 et probablement durant une bonne partie de 2018. Aussi, elle signale toujours que ses taux directeurs demeureront au niveau actuel ou plus bas pour une période encore plus longue. Il faut ainsi s’attendre à ce que l’élargissement des écarts de taux entre les États-Unis et l’Europe se poursuive, entraînant des pressions baissières sur l’euro. Ces pressions ce sont d’ailleurs manifestées plus fortement au cours des dernières semaines en anticipation d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt directeurs aux États-Unis en mars. L’euro évolue maintenant sous 1,06 $US.

Prévisions : Alors que rien n’annonce une modification de la politique monétaire de la BCE, les mouvements de l’euro risquent de continuer d’être grandement influencés par le sentiment des investisseurs envers le dollar américain. La poursuite du resserrement monétaire aux États-Unis et le creusement des écarts de taux d’intérêt pourraient amener l’euro aux environs de 1,02 $US d’ici la fin de l’année. L’évolution de l’euro s’annonce plus stable par rapport au dollar canadien à près de 0,71 €/$CAN. La devise canadienne sera elle aussi affectée négativement par l’élargissement des écarts de taux d’intérêt.

M. Hendrix Vachon

 

CAE ne se trompe pas : la croissance des dépenses militaires est « une tendance lourde »

Spécialiste mondiale des simulateurs de vol et de la formation, la société montréalaise CAE s’attend à ce que les dépenses militaires dans le monde entier poursuivent leur croissance. « Nous sommes dans une situation unique que nous n’avons pas vue depuis la guerre froide », a lancé son président et chef de la direction, Marc Parent, début 2017, autour du dévoilement des résultats du troisième trimestre de cette société qui est cotée à la Bourse de Toronto; période au cours de laquelle elle a par ailleurs dépassé les attentes. COMMERCE MONDE a voulu valider le tout, en demandant l’avis d’un spécialiste, cette fois de la géopolitique. Donc : analyse, avec Dominique Gautier, associé principal au bureau de Montréal de la firme-conseil internationale Roland Berger.

« Conséquence de l’instabilité croissante et de l’obsession sécuritaire des nations, une reprise à la hausse des dépenses militaires à l’échelle mondiale semble inévitable. Selon le taux de croissance appréhendé des budgets des grandes puissances militaires, les dépenses à l’horizon 2025 devraient friser les 2 000 milliards US$ », analyse globalement Dominique Gautier.

Il faut savoir que selon le dernier rapport annuel Military Balance de l’International Institute for Strategic Studies, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1 500 milliards $US en 2016. Les États-Unis demeurant – sans trop de surprise – en tête avec des dépenses de 600 G$, suivis par la Chine à 145 G$, la Russie à 58,9 G$, l’Arabie Saoudite à 56,9 G$ et le Royaume-Uni à 52,5 G$.

Juste à titre comparatif, le budget du Canada en matière de défense est de l’ordre de 15 milliards $.

« Si ces chiffres peuvent donner le vertige, il n’en reste pas moins que, depuis le début des années 1990, ces dépenses n’ont cessé de décroître : elles sont passées de 3,4 à 2,3% du PIB mondial. La nouvelle stratégie Light Footprint de l’administration Obama a en effet permis de réduire significativement la voilure après les coûteuses guerres en Irak et en Afghanistan. Ce recul historique doit cependant être contrasté. Les États-Unis et l’UE ont effectivement réduit leurs dépenses de 1 à 2% environ, mais certaines régions du monde ont légèrement accru les leurs, notamment le monde arabe et l’Asie du Sud-Est », poursuit-il.

Mais c’est le contexte immédiat qui ramène le sujet des dépenses militaires dans le débat. Les promesses du nouveau président en poste à la Maison-Blanche augurent des changements de tons et de gestes.

« Le gouvernement Trump a fait du rapport de force le levier clé de sa politique étrangère et annoncé le renforcement de l’armée américaine, même si de nombreuses voix appellent à accroître l’efficacité du Pentagone. Le nouveau président a récemment laissé entendre qu’il désirait hausser le budget de la Défense de 54 milliards $US, grâce notamment à des compressions massives dans plusieurs agences fédérales », confirme effectivement M. Gautier.

Mais il faut aussi aller plus loin dans le tour de la question. Notamment avec le portrait européen de la chose et l’avenir de l’OTAN particulièrement.

« En Europe, le réarmement s’avère sans doute incontournable. Les Européens ont, en effet, diminué dramatiquement leurs capacités d’intervention depuis 15 ans au sein de l’OTAN et n’ont désormais d’autres choix que de se substituer au retrait programmé du bouclier de l’Oncle Sam », précise Dominique Gautier.

Mais paradoxalement, « le Brexit fournit l’occasion de réétudier une coopération militaire européenne dont les Britanniques ne voulaient pas », poursuit-il d’emblée.

L’Europe et la Chine

Le budget militaire de l’UE à 27 est comparable à celui de la Chine; et la France, l’Allemagne et l’Italie y pèsent pour les deux tiers. Si les pays européens membres de l’OTAN respectaient leurs engagements de dépenser 2% de leur PIB respectif au titre du financement de leur sécurité, ils y ajouteraient environ 57 milliards $, soit l’équivalent du budget militaire de l’Arabie Saoudite.

L’effort militaire chinois ne devrait pas ralentir. La Chine a vu ses dépenses militaires augmenter de 15% par an de 2008 à 2015, et de 7% entre 2015 et 2016. Ses capacités de recherche se sont significativement accrues, notamment avec la mise au point de l’avion de combat J-20, de missiles courte portée (PL 10) et d’un missile air-air unique d’une portée de 300 km. Les autorités chinoises vont désormais pousser leurs forces armées à s’engager sur les théâtres de conflit pour les mettre à l’épreuve du feu.

(Source : analyse de la société-conseil Roland Berger)

RAREMENT DE RÉPIT AVEC LE MOYEN-ORIENT

Au surplus, la croissance des dépenses militaires redevient d’autant « une tendance lourde » du fait que rien ne semble véritablement donner du répit sur la scène régionale du Moyen-Orient, site des plus grands dangers des dernières décennies. Et surtout site de guerres ouvertes (Guerre du Golf 1 et 2) et actuel bourbier en Irak et en Syrie. Sans devoir oublier en plus la question hyper sensible du nucléaire militaire avec l’Iran et la donne palestinienne.

« Enfin, la géopolitique du Moyen-Orient reste très incertaine en raison de nombreux conflits frontaliers, ethniques et religieux. Cette région du monde dépense chaque année plus de 150 milliards $ ; les pays les plus dépensiers sont l’Arabie saoudite, Israël, la Turquie, l’Irak et les Émirats arabes unis », d’analyser encore Dominique Gautier, pour finir son petit tour du monde en arme.

Alors la conclusion n’est pas très surprenante :

« Toutes les industries devraient profiter de cette manne, et en particulier les industries aéronautique, aérospatiale et navale de défense. Selon nos prévisions, les dépenses dans le secteur de l’aéronautique et de l’aérospatiale militaire devraient progresser de 180 milliards $ en 2016 à 275 milliards $ en 2025, principalement dans l’analyse de données et les drones (+70%), la cyber sécurité (+50%), les solutions sécurisées (+45%), le renseignement (+35%) et l’aérospatiale (+25%).

L’industrie canadienne dispose de quelques fleurons dans l’aéronautique (Bombardier et CAE en particulier) qui pourraient tirer profit directement ou indirectement de cette tendance lourde, à condition de collaborer efficacement avec d’autres secteurs et notamment celui de l’intelligence artificielle qui figure en première ligne, notamment au Québec. »

Dominique Gautier, associé principal au bureau de Montréal de la firme-conseil internationale Roland Berger.

« Aux pouvoirs publics de fournir le coup de pouce décisif, en favorisant les passerelles entre les différentes grappes industrielles concernées », rappellera et conseillera-t-il en fin d’analyse, montrant bien que l’industrie militaire reste toujours sur le radar des gouvernements de ce bas monde.

 

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