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COP26 (3 DE 3): De Glasgow à Dakar… 2022 l’année de l’eau ?

(04-01-2022) Avec le recul du temps, et à l’heure des bilans de fin d’année, impossible d’oublier la dorénavant grand-messe du climat, voire celle des enjeux Économie-Éthique-Écologie, alors que la COP26 tenue à Glasgow, en Écosse, aura gardé le monde entier en haleine pendant deux semaines complètes du 31 octobre au 13 novembre 2021. Mais au bilan de 2021, la place à donner à cet événement change dès que vous prenez une perspective incluant le temps en avant, à advenir. Du 21 au 26 mars 2022, dans sa capitale Dakar, c’est le Sénégal en entier qui accueillera le 9e Forum mondial de l’eau. Un autre des grands rendez-vous de la gouvernance mondiale, en ce cas triennal, qui fut lui aussi reporté d’un an pour cause pandémique. Puis c’est un autre pays d’Afrique, l’Égypte, qui accueillera la COP27 (7-18 nov.) pour faire une nouvelle mise au point du processus de lutte au dérèglement du climat. Sénégal, Égypte… deux pays déjà parmi les très assoiffés du monde. De la COP de Glasgow, au forum de Dakar… jusqu’à la COP de Charm el-Cheikh, se pourrait-il que 2022 s’impose comme une charnière année de l’eau ? Analyse.

VOIR GLASGOW DE HAUT

Les attentes étaient énormes. Quelque 39 500 personnes y composaient la liste officielle des participants, dont 2 800 médias représentés par quelque 3 800 journalistes accrédités. Ce rendez-vous de Glasgow s’invitait « historique » : six ans après l’Accord de Paris sur le climat obtenu à l’arraché en 2015 lors de la COP21 ; presqu’autant d’années de sable dans l’engrenage du retrait-retour (effet Trump/effet Biden) des USA au processus ; puis l’année supplémentaire perdue pour raison pandémique (le rendez-vous qu’avait donné le gouvernement de l’Italie pour 2020 y est malheureusement passé). Oui, une pression énorme s’exerçait sur les diplomates, les gens du politique et tous les politiciens à l’échelle de la planète pour ENFIN s’entendre sur une mise en oeuvre, un effectif passage à l’action. Les objectifs convenus à Paris, en 2015 – faits accord international signé en 2016 – c’était bien… Cette à la fois subtile et costaude cible du 1,5 °C : encore faut-il organiser son atteinte. Car le temps commence à manquer.

Article 2 de l’Accord de Paris (2015)
1. Le présent Accord (…) vise à renforcer la riposte mondiale à la menace (…) dans le contexte du développement durable et de la lutte
contre la pauvreté, notamment en:
a. Contenant l’élévation de la température (…) nettement en dessous de 2 °C (…) et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques;

De plus en plus d’indicateurs clignotent en rouge foncé.

Les ONG et ONGI sont à bout (quelque 12 000 personnes en représentaient près de 1 800 à Glasgow). La militante Greta Thunberg n’est que la pointe au sommet de l’iceberg des efforts de militantismes en la matière. Les scientifiques aussi : ils se mutent de plus en plus en acteur dramatique/metteur en scène de films-vidéos-documentaires chocs… Eux aussi, de Youtube à Tik Tok, ne sachant plus comment au mieux passer leurs messages. Ce qui devient de plus en plus préoccupant en soi. D’ailleurs, l’avant dernier point de presse pour lequel le cyberjournal COMMERCE MONDE a eu son journaliste sur place, vers la fin de ce qui devait être la dernière journée de la COP26, à 15h15 le vendredi 12 novembre, était organisé par le collectif Scientists Warning Europe. Il fallait voir son porte parole, Ed Gemmell, avocat, Managing Director du groupe, qui au final des présentations du trio au micro se mis debout, se crispa, puis explosa d’une impressionnante charge de paroles et d’émotions ne voulant rien cacher de l’exaspération de beaucoup de scientifiques envers le monde politique.

Victoria Hurth, Ed Gemmell et Paul Behrens au Durdell Press Conference Room, 12 nov. 2021 (15h15-15h55) « We need plan, now to what to do next year, and the year after… 2040 is totally ridiculous! » ont-ils notamment exposé.
MALAISE GRANDISSANT
Le malaise grandissant entre beaucoup de scientifiques et le monde politique fut un échos que nous avons aussi entendu en participant aux activités du Pavillon sur la cryosphère : l’idée de créer une « Section science/Science Corner » lors de la COP27, en 2022, afin de contrebalancer le lobby du « fossile noir » et pouvoir mieux faire entendre celui du « fossile bleu » y fut avancée par cette communauté de scientifiques spécialistes des glaciers, de l’écologie de l’Arctique et de l’Antarctique.

Les médias eux médiatisent, parfois en amplificateurs imparfaits transformant tout de même les populations en masses anxieuses. Avec résultat que le citoyen est en alerte, et en attente : il faut faire quelque chose ! Du même pas allant vite à l’interrogation suivante : nos dirigeants font-ils ce qu’il faut faire ?

Il y aurait pu ne pas y avoir de consensus final. Glasgow en a livré un !

Les premiers dirigeants de la Chine et de la Russie se sont exemptés du déplacement et de la joute des rencontres en tête à tête, mais leurs délégations y étaient bien actives. La lourde machine onusienne a travaillé et elle a fonctionné : l’opération reste une victoire du multilatéralisme, même si l’Inde y a pris un mauvais rôle avec son amendement de dernière minute. Ce pays a quand même joué le jeu, plutôt que de l’ignorer. Il faut écouter les plus de quatre heures de la séance de clôture finale du samedi 13 novembre. Entendre plusieurs délégués parmi les pays qui ne sont pas des grandes puissances tenir à exercer leur droit de parole pour dire qu’ils ne briseront pas, ici, l’opportunité du consensus, tout en faisant bien comprendre qu’ils ravalent, cette fois, et qu’ils sauront s’en souvenir, lors de la prochaine ronde de négociation. Et cela c’est là, déjà maintenant, puis beaucoup encore en Égypte en novembre 2022. Mais aussi bien avant, car les COPConference Of the Parties – sont un processus, une partie d’un processus. Chacune de ces grandes conférences n’est que le moment le plus médiatiquement immergé d’une machine diplomatique perpétuelle, alimentée de négociations continuelles.

Deux exemples parmi plusieurs :

– en attente imminente du Groupe-2 du GIEC

À Glasgow le principal et plus récent document pertinent du GIEC disponible était celui du Groupe-1. Les prochains rapports du Groupe-2 et du Groupe-3 n’arriveront qu’en cours de 2022 (en février pour l’un, en novembre pour l’autre). Ce sont ceux-là qui feront l’objet des plus grandes attentions à la COP27 égyptienne. C’est là que les leaders politiques trouveront leurs matières à faire de la cohérence pour l’ensemble du long chemin encore à parcourir. Ils auraient même pu prétexter officiellement de ce délai – plusieurs l’ont vraisemblablement fait aux tables des négociations en huit clos – bref, attendre ces importants rapports d’étapes à venir pour en faire encore moins. Ils auraient pu ne pas s’entendre du tout.

Il ne faut jamais oublier que le GIEC est une immense machine, notamment répartie en trois groupes de travail : le premier évalue les éléments scientifiques des changements climatiques, alors que le deuxième s’occupe des conséquences, de la vulnérabilité aux changements et de l’adaptation à ceux-ci, et que le troisième évalue les mesures d’atténuation. Si tout l’enjeu des « pertes et dommages », c’est-à-dire toute la question des dégâts irréversibles, actuels et en devenir, que cause et causera le dérèglement climatique (inflation de sécheresses, d’inondations, d’ouragans, etc.) semble avoir été balayée sous le tapis en Écosse, les promesses faites il y a 12 ans de mobiliser 100 milliards $US par année pour aider les pays les plus démunis à s’adapter aux bouleversements du climat restent de mise. Le fruit n’était tout simplement pas à maturité lors de la COP26.

– un énième rapport de la FAO

Un substantiel nouveau rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a été publié début décembre, et donc à peine un demi mois après la COP26 de Glasgow. « Des systèmes au bord de la rupture », c’est le titre du rapport, exposant la nécessité d’agir « en urgence » pour appliquer des solutions durables face à une exploitation des ressources « poussées à la limite de leurs capacités de production ». S’alarmant déjà de graves problèmes de subsistance alimentaire mondialement, les travaux des experts de cette agence onusienne rajoutent à l’intense fatigue pandémique actuelle, doublée d’une anxiété climatique croissante, voire bientôt chronique dans les populations. Un tout qui complexifie la donne, mais la FAO le fait tout de même, au risque d’avoir momentanément l’apparence d’un cri dans le désert.

Alors qu’ils sont nombreux à dénoncer les trop petits pas accomplis, que plusieurs accusent la COP26 de Glasgow d’avoir fait trop de surplace, il faut toujours garder en tête qu’il s’agit d’un processus. C’est l’action sur la décennie en cours qui sauvera la mise pour l’Humanité, pas un seul événement annuel.

« Oui, il y a urgence climatique, mais il faut voir ça comme une course à obstacle, un pas à la fois (….) » nous disait l’ingénieur et homme d’affaires québécois Pierre Langlois, dans un de nos articles récents.

« L’essentielle coordination gouvernements-entreprises-instances internationales fait encore très largement défaut », avançait dans son analyse l’éditorialiste Guy Taillefer (Le Devoir, 28 décembre 2021). À la porte du concept, pourquoi ne pas parler franchement de ce dont il faut dorénavant débattre, soit des gouvernances mondiales à améliorer ou à mettre en place ? Il ne faut plus avoir peur des mots; les grands maux sont tous là! Gouvernance pour le climat, pour la paix mondiale, pour tellement de défis…, dont certainement celui de la gouvernance mondiale de l’eau.

L’OBLIGATOIRE LIEN CLIMAT-EAU

Notre première stupéfaction en débutant notre couverture journalistique sur place dans l’immense section des pavillons de la COP26 fut de s’y faire expliquer que la présence du Water Pavilion y était une première. Ils durent même s’y mettre à presque quarante partenaires pour le concrétiser.

Robbert Moree, diplomate des Pays-Bas (important pays contributeur financier dudit pavillon) avec Hasmik Barseghyan, présidente du Parlement Européen de la Jeunesse pour l’Eau et qui représentait aussi son pays, l’Arménie, ainsi que le Secrétariat international de l’eau, une ONGI basée à Montréal, au Canada, devant le Pavillon de l’eau à la COP26 de Glasgow, le 12 nov. 2021.

Il faut dire que les pavillons thématiques y sont une chose toute récente. Se revendiquant premier du genre, sorte de lègue de la COP25 de 2019 voulu par le Chili « qui souhaitait que l’on continue de parler des glaciers », nous a expliqué la docteur en glaciologie Heïdi Christiane Sevestre à nouveau membre de l’équipe sur place, un Pavillon sur la cryosphère avait pu être concrétisé à Madrid, et elle en était aussi. Ce Cryospher Pavilion vivait donc une seconde expérience à Glasgow, encore ici avec des fonds du Chili. Mais aussi, en bonne partie, « beaucoup grâce au financement du gouvernement fédéral suisse », nous a confirmé son représentant sur place, Grégoire Hauser, géographe, conseiller scientifique au Département des Affaires étrangères de la Confédération suisse.

On voit là deux exemples qui témoignent du fait que l’enjeu climat devient de moins en moins pris en compte qu’en vase clos (peut-être il l’était trop?) voire en silo. Il faut voir là une des bonnes nouvelles à rapporter de cette COP26.

Le piège des silos, exactement ce dont a parlé le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, alors qu’il répondait à notre question à propos de la gouvernance de l’eau dans une perspective mondiale, lors de la conférence de presse qu’il a accordée le vendredi 12 novembre à 16h00. Il avait déjà expliqué qu’il en était, lui personnellement, à sa 19ièm COP sur le climat. Qu’il était même à la 1ère à Berlin en 1995, puis là pour la première fois participant comme ministre et élu représentant un gouvernement: « Il faut comprendre que pendant longtemps, le processus de négociation, ici, a évolué en silo (…) » a dit le ministre, en faisant ensuite entendre que maintenant les choses évoluent pour le mieux, notamment avec les actions du Canada, alors que nous lui demandions pourquoi l’eau semblait un sujet tabou, à Glasgow.

« En route vers le – 0,5 °C lors de la COP27 en Égypte, pour remplacer l’Accord de Paris, et tendre vers le zéro le plus vite possible ? N’est-ce pas ce que j’ai entendu ici ? Ce que vous dites, vous, les scientifiques ? »
Georg Kaser,
professeur autrichien d’Innsbruck tout juste retraité de quelques mois et qui résumait les pensées de plusieurs à la conférence de clôture du Cryosphere Pavilion (12 nov. 2021).

Le ministre Steven Guilbeault savait-il déjà, à Glasgow, que le discours du Trône lu une dizaine de jours plus tard, le 23 novembre, à Ottawa par la gouverneur générale du Canada mentionnerait la création d’une Agence canadienne de l’eau ? Une initiative dont le financement veut notamment soutenir la science et la recherche internationales sur l’eau douce en encourageant les efforts de coopération internationale, y compris ceux avec les Grands Lacs africains

Le regard des experts du climat de l’ONU (GIEC) a déjà partagé au monde qu’il s’exposait, avec la donne démographique prévisible, à un déficit en eau de 40% avant la fin de la présente décennie, soit d’ici 2030. Alors que selon la FAO le niveau de production alimentaire devra augmenter de 50% d’ici 2050 pour combler la demande mondiale. N’oubliant jamais que l’agriculture est de loin la plus grande consommatrice d’eau douce de la planète, y a-t-il ici un problème inextricable, alors que fatigue des sols, disparition des surfaces cultivables pour cause d’urbanisation et augmentation des incertitudes climatiques ajoutent à l’équation ?

« Les changements climatiques diminuant la capacité d’accueil mondiale, des guerres d’agression pourront se produire à propos de la nourriture, de l’eau et de l’énergie. Les nombreux décès engendrés par la guerre, la famine et la maladie réduiront la taille de la population totale. Ce qui, avec le temps, équilibrera le nombre de personnes sur Terre avec la capacité d’accueil de la planète. » Cet extrait d’un rapport secret du Pentagone sur le climat de… 2004 que rapporte Ugo Gilbert Tremblay, dans le no. 84 de la revue québécoise L’Inconvénient du printemps 2021 donne froid dans le dos.

Quel monde voulons-nous bâtir demain, puis ensuite et pour qui? Au final, le premier obstacle risque donc d’être encore le défi d’éveiller l’ignorance du citoyen qui vote. En plus de redonner de l’espoir à ces jeunes qui disent déjà : « Madame, il est maintenant rendu trop tard. » Allez relire ce troublant témoignage de la professeure de science politique au Collège Lionel-Groulx, une Judith Trudeau (Libre opinion, Le Devoir, 2 déc. 2021) qui appelle littéralement à l’aide.

Si l’eau c’est la vie, que l’enjeu climat menace aussi, des suites de la COP de Glasgow en passant par le 9th World Water Forum de Dakar de mars, jusqu’à la suivante COP du climat en Égypte de novembre, il se pourrait bien que 2022 s’invite comme une charnière année pour l’eau.

(Crédit des photos: Daniel Allard)

Lire nos autres articles sur la COP26.



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COP26 (2,5 DE 3): « Leaders have to lead » ; ET QUE BORIS SE LÈVE!

(Partie 1 de 3 – Glasgow le 9-11-2021) La COP26 approche de son dénouement… Les 11 et 12 novembre 2021 pourraient passer à l’histoire pour des jours sombres ou ensoleillés. Selon ce qu’en feront sortir NOS leaders et négociateurs, alors qu’ils ont ces deux jours pour produire une « Déclaration finale » plus qu’attendue.

Beaucoup de paroles, de discussions et d’échanges d’opinions depuis le début de cette déjà historique conférence des Nations unies sur le climat, ouverte le 31 octobre 2021.

« LEADERS HAVE TO LEAD », Lee Waters.

Lors d’un atelier concernant le rôle des villes organisé par l’ICLEI (International Council For Local Environmental Initiative) le 9 novembre, un homme de terrain, Lee Waters, Deputy Minister for Climate Change at Llywodraeth Cymru / Welsh Government, après avoir dit que les leaders du monde doivent en quelque sorte faire honneur à leur fonction – « Leaders have to lead! » – a aussi voulu passer cet autre message de son expérience comme élu : « It’s about culture, not about structure« !

La structure… (à suivre)

(Partie 2 de 3 – Glasgow le 11-11-2021)

LA STRUCTURE…

Jane Goodall, la célèbre et très respectée éthologue et anthropologue britannique, née le 3 avril 1934, qui a pris la parole devant une majorité de jeunes ce même 9 novembre, alors qu’elle participait à une remise de prix en leur honneur, n’a eu aucun mot pour les structures et autres systèmes de gouvernance ou d’organisation.

Elle a tout misé sur l’espoir. Sur le fait qu’ils sont l’avenir! Que l’avenir sera ce qu’il en feront. Mais en auront-ils le temps?

John Kerry, l’ambassadeur spécial pour le climat des États-Unis, est passé à tous les grands bulletins-nouvelles du monde du 10 novembre 2021 pour avoir sorti la carte surprise d’une avancée entre son pays et la Chine. Mais là, en ce 11-11-2021, des diplomates que nous avons croisés lors des conférences qui animent le site des pavillons de la COP26 nous partagent que les rédacteurs hésitent à s’entendre sur comment parler de l’eau… sans écrire véritablement le mot EAU-WATER dans le texte.

Peut-on donner espoir à la jeunesse du monde, alors qu’il est pénible de parler franchement de ce qui donne la vie à tout le vivant de la Terre? Alors qu’il aura fallu attendre 26 COP avant qu’un Pavillon de l’eau y tienne place? (Oui, c’est la toute première fois qu’un pavillon dédié directement à la thématique de l’eau existe à une COP du climat!)

S.O.S. CRYOSPHÈRE!

Un pavillon qui était d’ailleurs voisin de celui sur l’enjeu de la cryosphère, jeune pavillon lui aussi, car il est né de l’initiative de scientifiques lors de la COP25 de Madrid. Et ne parler pas trop de la fonte des glaciers et des menaces climatiques envers le pergélisol à travers le monde, si vous souhaitez maintenir de l’espoir dans les yeux de la jeunesse d’aujourd’hui. La professeur Julie Brigham-Grette, de l’University of Massachusetts-Amherst qui animait la dernière présentation du jour a bien dit que l’avenir optimiste était encore possible, car le facteur humain reste encore celui qui influence le plus les changements climatiques. Et donc que l’avenir est entre NOS mains. Mais pas demain, immédiatement! Car, en 2030, il sera vraiment trop tard. Son organisation fera d’ailleurs rapport annuellement, d’ici 2030, de l’état de l’avancement de leurs connaissances sur la santé de la cryosphère de la planète (www.iccinet.org/stratecryo2021).

Mais si la jeunesse d’aujourd’hui a un avenir, c’est parce que les leaders d’aujourd’hui prendront bien acte et AGIRONS sans délai.

À suivre…

La déclaration finale de la COP26 est attendue pour vendredi 12 novembre 2021. Demain! Nous vous en parlerons.

(Partie 2,5 de 3 – Glasgow le 12/11/2021 vers 20:30)

ADAPTER, PEUT-ÊTRE DÉFAIRE LA STRUCTURE…

Ce matin, le DRAFT TEXT on 1/CMA.3 – Version 12/11/2021 07:13 contenait 94 articles sur la table de la négociation. Un document de travail proposé par le Président de la UNFCCC… Le tout en plus belle continuité possible avec l’Accord de Paris convenu entre les parties de décembre 2015.

Longue journée pour les négociateurs… Il y a tellement d’eau dans le gaz que le premier ministre Boris Johnson est formellement invité à re-venir se présenter sur place, afin de donner une « crédibilité » politique, rehaussée par sa présence, alors que beaucoup de gens sont très déçus de ce à quoi risque de ressembler le texte final (s’il y en a un aujourd’hui). Mais à ce propos, le ministre canadien de l’Environnement, Steven Guilbeault, en conférence de presse (à 16h00 ce jour) se disait « confiant ».

Eau dans le gaz… Gaz comme énergies fossiles, qui hantent la COP26 comme jamais une autre COP du climat auparavant; fossiles aussi comme les eaux de la Terre qui dorment en ses entrailles. L’eau, le sujet toujours tabou (TABOU!) ici! Pourtant, l’eau c’est la vie, non?

Nous avons tout de même entrevu de l’espoir dans trois projets d’articles du document de ce matin:

  1. Acknowledges the importance of coherent action to respond to the scale of needs caused by the adverse impacts of climate change;
  1. Notes the urgent need to close the gaps in implementation towards the goals of the Paris Agreement and invites the Secretary General of the United Nations to convene world leaders in 2023 to consider ambition to 2030;
  2. Recognizes the importance of international collaboration on innovative climate action, including technological advancement, across all actors of society, sectors and regions, in contributing to progress towards the goals of the Paris Agreement;

À suivre. La nuit pourrait être longue à Glasgow!

(Crédit des photos: D Allard.)

ÉDITORIAL (05): Un vote capital après 14 ans de règne à Québec; qui doit succéder au maire Régis Labeaume?

Alors que les deux premiers ministres du pays, Justin Trudeau à Ottawa et François Legault à Québec, ont beaucoup la tête à penser enjeux climatiques et de survie politique, préparant notamment tous les deux leur valise pour la COP26 de Glasgow en Écosse (31 oct.-12 nov.), dans le contexte des élections municipales qui appellent les électeurs à voter à la grandeur du Québec le dimanche 7 novembre, l’atmosphère est tout à fait particulière dans la capitale, Québec.

Là, c’est un moment de changement de garde. De ceux qui marquent les livres d’histoire. Après quatre élections gagnées au poste de maire, Régis Labeaume, ayant décidé de ne pas se représenter, a provoqué l’enjeu de sa succession : de l’après Régis ! Un remarquable mouvement de dynamisme démocratique en résulte. Cinq candidats – deux femmes et trois hommes – avec des équipes complètes de 21 candidats aux postes de conseillers sont en liste pour mériter la confiance du peuple. Le citadin-voteur de Québec verra même sur son bulletin de vote pour la mairie une offre totale de huit choix ! Il faut d’abord souligner ce signe de santé de la démocratie dans la capitale du Québec.

Québec, c’est la ville nous ayant vu naitre comme cyberjournal, il y a plus de 24 ans – en 1997 – et nous y avons toujours notre siège social. Alors, qui doit succéder au maire Régis Labeaume? Oui, il s’agira d’un vote capital après ces 14 ans de règne. Nous souhaitons, ici, nourrir ce débat critique.

SUCCÈS ET SUCCESSIONS

Convenons immédiatement que l’on ne remplace pas un Régis Labeaume. Comme si Québec en avait l’habitude d’ailleurs : Andrée P. Boucher, Jean-Paul L’Allier, Maurice Lamontagne… Les gens de Québec aiment, à la tête de leur ville, des personnalités fortes et inspirantes, voire singulières.

Il est vrai que la capitale, avec son gros demi million de citoyens, doit toujours savoir parler fort devant la pesante métropole, Montréal, et surtout tous le poids économique et démographique que représente la région métropolitaine montréalaise de quelque 4 millions de personnes. On dit parfois qu’il y a deux Québec : sa métropole et le reste ! Là-bas, le troisième des candidats véritablement dans la course (sur une dizaine) ne réclame-t-il pas un statut de cité-État « visionnaire », comme il le soutient, pour Montréal

VISION ET RAYONNEMENT

De la vision, il en faut aussi pour sa capitale. Le candidat Jean Rousseau n’a-t-il pas osé parler d’unir, sans délai, les sociétés de transport en commun des deux rives, Québec et Lévis, avec le souci clair et déclaré de commencer à préparer la constitution d’une seule grande ville encore plus unie par son fleuve, à moyen-long terme ?

Parler de nouvelles fusions de villes à Québec n’est certes pas une priorité en 2021, alors que celles du tournant de l’an 2000 sont encore en digestion. Mais le propos demeure définitivement visionnaire et pertinent. Nous aurions plutôt aimé voir ces cinq candidats parler davantage de jumelages de ville en matière d’intentions à l’international pour Québec, ainsi que de migrations internationales. La capitale du Québec est officiellement jumelée avec plusieurs autres villes dans le monde (dont la canadienne Calgary, Bordeaux en France, Namur en Belgique, etc. Et aussi Xi’an, en Chine.) La Chine ! Oui, la Ville de Québec a ses entrées très officielles en Chine. Celui qui irait en Chine, en février 2022, en visitant officiellement à la fois la ville hôtesse des JO d’hiver, Pékin, et surtout Xi’an, sa ville jumelle depuis 2001 (y souligner et faire le nécessaire bilan de 20 ans de liens), aurait notre vote. Car le minimum, envers le défi chinois, c’est de maintenir le dialogue. Ne pas couper nos liens. La Ville de Québec en a un privilégié, elle peut en faire une force pour le Québec, pour le Canada, pour la paix dans le monde. Vision !

Eh allez savoir... il y a peut-être des très intéressants tunneliers en Chine!

Ça, parce que nous croyons au rôle para-diplomatique que peut jouer une ville et tous ses élus. Particulièrement face aux enjeux environnementaux, si criants actuellement. Aucun élu municipal du Québec ne pourra aller faire son travail à Glasgow à cause des aléas du calendrier. Il faudra faire du rattrapage ensuite. Les Trudeau, Freeland, Guilbeault fédéraux, tout comme l’équipe Legault au gouvernement à Québec, seront loin d’êtres les seuls à devoir agir en politiciens responsables et éclairés pour répondes aux défis à venir.

PERTINENT ET COMPÉTENCE

À ce titre, soulignons sans conteste la naissance d’un parti « vert » Transition Québec, avec sa leader Jackie Smith, qui a significativement et avec compétence enrichi le débat de la campagne électorale. Si elle, et son parti, sont partis de très loin et que beaucoup doute de sa possibilité d’accéder à la mairie, à une semaine du vote personne ne doute dorénavant de sa valeur ajoutée et de la pertinence de sa présence au conseil. Si, pour la cheffe, les citoyens lui refusent la mairie (bien qu’il n’y aurait rien de gênant à l’y voir) le système des colistiers saura probablement – et justement – lui permettre de continuer son action en politique active à Québec.

La même chose pouvant être dite pour tous les autres candidats (Jean-François Gosselin, Jean Rousseau et Bruno Marchand). Sauf Marie-Josée Savard, qui elle a préféré jouer le tout ou rien. Elle veut la mairie, autrement elle retourne à ses affaires comme propriétaire restauratrice. Ne les voudrions-nous pas tous au Conseil de ville ? Alors merci au mécanisme du colistier. Saine innovation, au net profit de la santé de la démocratie. Mais un seul pourra être à la tête de la ville.

UN VOTE CAPITAL

Les évènements-débats suivant sont les principaux que nous avons pris en compte pour les départager et nous faire une idée, pour décider pour qui aller voter: en présentiel celui sur l’environnement au Musée de la civilisation du Québec ; celui organisé le lendemain pour les journalistes par la FPJQ à l’ÉNAP ; celui de la Société Radio-Canada au Palais Montcalm ; nous avons écouté en début de campagne celui télédiffusé de TVA et, en différé, celui du 13 octobre de la Corporation des parcs industriels du Québec, n’impliquant malheureusement que le trio Gosselin-Marchand-Savard : « les trois principaux candidats » selon l’opinion des organisateurs. À chaque fois, nous avons fait un effort de classement : gagnants-perdants (1-2-3-4-5).

Si un métro peut faire un maire, alors pourquoi pas! Québec a le droit de voir grand. Les Québécois ont le droit de vouloir se payer un métro dans leur capitale. Mais il ne faudrait pas que seulement ça fasse un maire. Heureusement, monsieur Gosselin, politicien expérimenté et sérieux, bien qu’il joue au maximum sa carte d’un vote de style référendaire sur l’enjeu métro-tramway, ne déshonorerait pas Québec. Il a ce qu’il faut pour faire le job, sans aucune crainte. Même chose pour Jean Rousseau. Même chose, avec ici la réserve du défi de nouveau venu qu’il était, pour Bruno Marchand qui partait avec un déficit de visibilité publique, mais qui offre une personnalité de plus en plus appréciée, attachante, voire gagnante. Chose assurée : chacun avec son style, aucun n’impose de trait déclassant. Québec saura très bien vivre les quatre prochaines années avec un ou l’autre de ces trois politiciens.

Le critère du changement doit s’imposer en grande priorité ; le principe de l’alternance, en démocratie, nous apparaissant fondamental.

Partie favorite avec d’initiaux sondages, puis très – trop ? – bien poussée par son maire-sortant tentant de se faire faiseur de « dauphine », après 14 ans d’administration de cette équipe, le critère du changement devait être imposé en grande priorité ; le principe de l’alternance, en démocratie, nous apparaissant fondamental. D’autant plus que la candidate soigneusement choisie par le maire sortant n’a au final pas démontré, au fil de la présente campagne et hors de tout doute, les qualités de leadership attendues. Puis, malheureusement pour elle, les alternatives sont toutes pertinentes. Il y a quatre autres choix valables disponibles. Si madame Savard se faufilait entre ses quatre principaux adversaires – tous dignes de prétendre au job à la mairie comme elle – Québec aura alors une gestionnaire tout à fait apte à continuer rond-rond aux affaires, qui était une bonne fidèle adjointe de son « Monsieur le Maire ». Mais les citoyens de Québec s’ennuieront probablement très vite, privés d’avoir à la tête de leur ville une personnalité forte, leader, inspirante et rayonnante, voire singulière. Politicienne fabriquée (c’est un recruteur qui alla la chercher d’abord derrière le comptoir de son café à Place-Québec pour l’élection de 2009 ; puis son mentor en personne la convaincra de revenir en politique pour celle de 2017, puis s’invita à l’été 2020 chez-elle pour en faire son actuelle « dauphine »), la principale intéressée, le jour de la grande annonce, révéla d’ailleurs très candidement son principal handicap : « Je n’aurais jamais pensé faire un mandat sans vous ».

Tout ceci étant dit : l’occupant du bureau de la mairie se doit-il d’être fonctionnel à converser en anglais ? C’est préférable, selon nous. Quatre des candidats n’ont clairement pas de souci à cet égard, une candidate oui. Nous croyons que cet aspect doit être su et considéré par les électeurs.

Qui gagnera la mairie de Montréal?

Nous avons couvert le débat Valérie Plante-Denis Coderre organisé par le CORIM sur la thématique des enjeux internationaux pour la métropole du Québec.
Lire:
COP26 : Legault ou Trudeau, qui représentera vraiment le Canada à Glasgow? – Cyberjournal Commerce Monde


Denis Coderre et Valérie Plante, candidats à la mairie de Montréal, questionnés par Brian Miles, le 29 septembre 2021, devant 250 personnes. (Crédit de la photo : Sylvie-Ann Paré, gracieuseté du CORIM).

N.B. : Sachez que de notre côté nous allons voter le 31 octobre, devant quitter le pays le 5 novembre pour aller couvrir sur place la seconde semaine et la clôture de la COP26.

Daniel Allard
Comité de l’éditorial du Cyberjournal CommerceMonde.com
Éditeur de LiNNOVarium.com

COP26 : Et si le succès à Glasgow se trouvait dans un meilleur climat de dialogue Religion-Science?

(25 octobre 2021) Et si la paix climatique pour toute l’humanité passait par le juste dialogue entre les meilleurs experts scientifiques et les plus importants représentants ou leaders religieux; comme ultimes conseillers aux chefs d’État et de gouvernements qui, eux, décideront d’une suite avec et pour tous?

Et si la paix – en tant qu’absence de guerre, donc de concorde globale – passait par l’état de santé de la liberté d’information; cet aidant naturel et fondamental pour maintenir un public informé et les populations aptes à agir en citoyens responsables?

Question paix, soulignons d’abord cette très bonne nouvelle qui aura été annoncée un 8 octobre! D’un Nobel de la paix à l’autre, l’Humanité avance dans l’espoir d’un monde meilleur. Pour le plus grand nombre, si possible pour tous! Alors, d’abord merci à nouveau, au visionnaire Mikhail Gorbatchev pour le partage – que le plus grand nombre venons d’apprendre – qu’il avait fait des couronnes norvégiennes reçues avec son Prix Nobel de 1990. Car la graine semée ainsi éclot d’une récolte résonnant comme un feu de joie dans le monde des médias partout sur la Terre. Le rôle et l’importance des journalistes, dans toutes sociétés soignant les valeurs démocratiques, vient de vivre un moment de grâce. Et le comité du prix, à Oslo, ne se sera certes pas trompé en 2021 en désignant du même coup une femme (fondatrice, en 2012, du cyber-média Rappler, aux Philippines), Maria Ress, en co-récipiendaire avec un des fondateurs de Novaïa Gazeta (ce média russe indépendant créé en 1993 via l’aide de la Fondation Gorbatchev), Dmitry Mouratov. Notons que c’est la première fois en 120 ans d’existence que le Nobel de la paix récompense directement la liberté d’information. Cette ode à une presse libre et indépendante envoie un double coup de tonnerre, déplaisant, dans les oreilles de tous les dirigeants politiques autoritaires.

« Le comité Nobel norvégien est convaincu que la liberté d’expression et la liberté d’information aident à maintenir un public informé. Ces droits sont des préalables essentiels pour la démocratie et pour prémunir contre la guerre et les conflits ».
Berit Reiss-Andersen, présidente du Comité Nobel.

Ces même dirigeants politiques qui seront parmi leurs vis-à-vis (espérons-le en véritable face à face) les 11 et 12 novembre, à Glasgow, pour tenter de donner de la chaire à l’os de cette cible du 1,5°C durement arrachée, en 2015, en convenant de l’Accord de Paris sur le climat. Un accord qui attend maintenant, depuis six ans, et demande – hurle! – d’être mis en application. Avant qu’il ne soit trop tard… Car « la maison commune est en feu »!

COALITION RELIGIEUSE POUR SAUVER LA « MAISON COMMUNE »

Vingt-deux (22!) étaient là; dans un atmosphère empreint de solennité, voire d’extrême gravité, mais aussi de solidarité. La conférence/événement – tenue dans la matinée pour ceux qui y assistait sur place à Rome – le lundi 4 octobre dans la maison du chef spirituel des Catholiques, le pape François, aura permis de signer un « appel » destiné aux participants à la COP26, que personne ne devrait ignorer. Et la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC) qui rouvre, à partir du 31 octobre et jusqu’au 12 novembre, à Glasgow, en Écosse, ses plus grandes assises diplomatiques pour la 26ièm fois depuis les premiers pas en la matière, ceux du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro de juin 1992, en a pris acte. Ses deux plus hauts dirigeants étaient aussi là – le Britannique et l’Italien – très officiellement, à Rome, pour tendre la main et s’engager à porter le message à la COP26.

Mais l’une des prises de parole les plus senties y fut certainement celle de l’évêque Frederick Shoo, président de l’Église luthérienne de Tanzanie. Il n’aura rien perdu à attendre pour prendre la parole à la toute fin pour les deux minutes accordées à chacun des 22 représentants religieux. Alors que « la planète brûle », nous aurions « une obligation morale » à agir tout de suite. Citant Martin Luther, tout en partageant sa vocation à planter des arbres sur le mont Kilimandjaro:

« Je suis de la tradition de Luther qui a dit que même s’il savait qu’il allait mourir demain, il irait planter un arbre aujourd’hui », a tenu à partager celui qu’on désigne comme l’«évêque des arbres ».

C’est d’ailleurs ce qu’ils se sont tous empressés de faire, quelques minutes plus tard, en participant à la plantation d’un olivier dans les jardins du Vatican. Un arbre qui en aura beaucoup sur les épaules, d’ici Glasgow. Car comment trouver un consensus effectif, allant au-delà des paroles, et permettant les véritables actions communes, sans valeurs communes? Quand la règle du jeu de la vie est beaucoup de tirer toute la couverte à son avantage, contre des adversaires?

Cinquième à exercer sa prise de parole, l’Anglican archevêque de Canterbury, Justin Welby, fut d’ailleurs le tout premier à parler ouvertement d’économie. Appelant à un « repentir de l’économie » pour avoir trop demandé à la terre nourricière, il a résumé que le défi commandait, à ses yeux, pour l’essentiel, deux choses :

– d’abord « la réussite d’un véritable partenariat authentique et juste avec le Sud » (ici il faut entendre les pays et les populations les plus pauvres) du monde;

– et aussi le « changement radical de la fiscalité et des règles commerciales pour favoriser l’activité verte ».

À son tour, le docteur Rajwant Singh, fondateur et président d’EcoSikh, une organisation sikhe qui milite pour la défense de l’environnement, a partagé que pour eux la croyance va envers un fondateur qui leur dit que « l’eau, c’est le père de la vie et que la terre en est la mère ». Une spiritualité qui n’est pas loin des fondements de celle des Premières Nations au Canada certainement et globalement des peuples Autochtones des Amériques.

Le porte parole du Jaïnisme, adepte avant tout de la non-violence, a lui rappelé le serment des médecins inspiré par Hippocrate. Pour proposer, dans la même logique de serment, d’en faire faire un par tous les humains pour arrêter de faire violence à notre maison commune, la Terre. Et toutes « solutions durables nécessitent un système économique différent » pour l’Église réformée. Il faut en conclure que pour les Réformés, en belle cohérence, il faut bonnement réformer l’économie!

Les 22 chefs et leaders religieux présents, ayant signé l’appel, puis pris parole, représentaient une encore plus grande diversité des choix spirituels possibles sur Terre alors que le représentant du Conseil oeucuménique des églises parlait au nom de 349 églises, qui revendiquent plus de 480 millions de fidèles. Ce qui en ferait un pays plus populeux que l’Indonésie, quatrième nation souveraine du monde selon le facteur de la population, après le trio Chine-Inde-USA (qui mérite peut-être déjà une mise à jour Inde-Chine-USA…) Mais les frontières spirituelles, on le sais, ne doivent pas être amalgamées aux frontières des souverainetés politiques. L’Humanité est bien plus complexe!

COMPLÉMENTARITÉ ENTRE RELIGION ET SCIENCE

Si le pape François, lui, parle du « (…) respect mutuel entre la foi et la science, pour entrer dans un dialogue en vue de la sauvegarde de la nature, de la défense des pauvres, de la construction de réseaux de respect et de fraternité »… il insiste pour que ce respect soit vécu « de manière empathique et active ». Le Saint-Père concluant que la COP26, à Glasgow, est appelée « de toute urgence à offrir des réponses efficaces à la crise écologique sans précédent et à la crise des valeurs ». Un constat qui oblige à non seulement engager le dialogue interreligieux, mais tout autant celui de la complémentarité entre Religion et Science.

Ce qui s’exprimait, ce jour-là, par la participation du président de l’Académie pontificale des Sciences, le professeur Joachim von Braun, ainsi que celle du président de l’Académie pontificale pour les Sciences sociales, le professeur Stefano Zamagini. Le scientifique von Braun soulignant que cette crise nous rappelle la plus ancienne question philosophique pour les humains, à savoir : «  Comment devons-nous vivre? »

Et ici existe certainement un solide pont entre Religion et Science. Car, si par la science on comprend les faits – et ici les dégâts – ensuite il faut en appeler à la moralité pour savoir agir, pour savoir comment continuer! Et la morale, c’est assurément dans les affaires pour lesquelles les acteurs religieux abondent en solutions, propositions ou réponses diverses à la fameuse grande question : Comment vivre?

Angoisse existentielle, quand tu nous tiens! Athéisme, agnosticisme, voila deux choix fort présents dans la vie en société en ce XXIe siècle avançant, mais le choix religieux demeure lui aussi bien là. Devant certes s’adapter : « On s’aperçoit qu’il est très rare qu’un individu ait une religiosité constante dans sa vie (…) Le religieux sert (…) à passer à travers l’épreuve, à retrouver un certain sens devant les souffrances et à se refaire de manière quasi thérapeutique. Il y a une sorte de reconstitution identitaire par la médiation du religieux », explique d’ailleurs le sociologue des religions de l’Université d’Ottawa, le professeur Martin Meunier. S’inspirant de son enquête en cours sur les histoires de vie à partir d’entrevues individuelles de trois heures avec une cinquantaine de personnes et qui était cité dans l’article du journaliste Stéphane Baillargeon du 22 octobre 2021 du quotidien montréalais Le Devoir.

Aider à passer à travers l’épreuve… Retrouver un certain sens… Pandémie de la COVID-19… Dérèglements climatiques…

DE ROME À GLASGOW… SANS OUBLIER OSLO

Beaucoup critiquent le pape François, mais c’est tout de même dans sa maison à lui que 22 représentants religieux de la planète ont accepté de se réunir pour parler, d’une force commune, et pour signer l’appel en vue de la COP26 à Glasgow. Contrairement au programme prévu, le chef spirituel des Catholiques n’a d’ailleurs pas prononcé son discours. Il s’est simplement assuré que tous les participants l’avaient en main, en préférant donner à ses hôtes plus de temps de parole. Mais dans ce discours distribué, François a articulé sa réflexion autour de trois concepts : « Le regard de l’interdépendance et du partage, le moteur de l’amour et la vocation au respect. »

Toujours selon François : « Tout est lié et le monde est interconnecté », encore inspiré de son encyclique Laudato Si’ (2015) ; « aucune créature ne se suffit à elle-même ; chacune n’existe que dans la dépendance des autres, pour se compléter mutuellement, au service l’une de l’autre. »

La « maison commune est en feu », alors « agissons sans délai ». N’entendons-nous pas «  le cri des pauvres et le cri de la Terre » ont-ils ensemble soutenu comme résultats de mois d’efforts – un fait sans précédent qui a été souligné par plusieurs – à s’être rencontrés et concertés.

À court terme, la suite passe cependant par la route des politiciens qui gouvernent les États. Et alors même que tous « les grands de ce monde » fignoleront leurs cartes à jouer avant Glasgow-COP26, plusieurs devront préalablement passer par le Sommet du G20 qui en 2021 a rendez-vous à… Rome! Oui, les 30 et 31 octobre; le même 31 octobre que les organisateurs de la COP26 ont déterminé comme le jour 1 de cette conférence, plutôt que le 1er novembre initialement planifié « pour donner plus de temps de travail ».

Bref, prochain test à surveiller : le G20 de Rome, qui donnera fortement son ton à la finale de Glasgow, elle planifiée pour les 11 et 12 novembre 2021, bien que le WORLD LEADERS SUMMIT & FIRST PART OF THE HIGH-LEVEL SEGMENT se tiendra les 1-2 novembre, en présence d’un grand nombre des leaders politiques du monde.

Qui sauvera l’humanité? La démocratie? Alors, ici, il faudra aussi savoir et pouvoir compter sur le rôle et l’action des journalistes de partout dans le monde. Osons un autre merci au Comité Nobel d’Oslo puis à tous les Maria Ress et Dmitry Mouratov de ce monde.

Qui sauvera l’humanité?

La volonté-action politique ?
« C’est vraiment irritant. Ils parlent mais ne font rien » – La Reine Elizabeth II, qui n’était apparemment pas au courant de la présence d’un micro en direct à proximité, alors qu’elle faisait référence aux dirigeants mondiaux qui allaient bientôt assister à la réunion COP26 sur le changement climatique qui se tiendra à Glasgow, alors qu’elle bavardait avec le président du Senedd et la duchesse de Cornouailles après avoir ouvert l’Assemblée galloise.
https://www.youtube.com/watch?v=4WOIr2D5_rs
La jeunesse ?
COY16 Glasgow sera l’événement officiel précurseur de la COP26, approuvé par l’Envoyé du Secrétaire général des Nations Unies pour la jeunesse! En 2021, COY en sera à sa 16e année et sera considéré comme l’événement jeunesse le plus grand et le plus ancien à ce jour; rassemblant des milliers de jeunes acteurs du changement de plus de 140 pays!
L’éducation ?
Nous soulignerons ici, au nom de tous ceux dédiant leur vie à l’enseignement et au rôle fondamental de l’éducation, l’honneur fait à un Québécois, homme de grande culture et de foi, que nous avons eu l’occasion de rencontrer et apprécier, à Québec, lors de deux rencontres en août 2021. Le 22 septembre, il a reçu une distinction d’excellence, lors du « New York Annual Gala » de la fondation A chance in life.

Félicitation à monseigneur Guy-Réal Thivierge, secrétaire général de la Fondation pontificale Gravissimum Educationis, pour son prix : 2021 Excellence in Education.

Deux autres personnes partageaient les honneurs de ce gala :
– Mme Tami Erwin, Executive Vice President and CEO of Verizon Business (2021 Woman of the Year) ;
M. Chris Augustin, CIO for Global Business Solutions Fiserv (2021 Man of the Year).

https://www.achanceinlife.org/events.html

(Crédit photo: prise d’écran de la captation vidéo de la conférence, l’image montrant alors l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, prenant parole le 4 octobre 2021 au Vatican.)

COP26 : Legault ou Trudeau, qui représentera vraiment le Canada à Glasgow?

À moins de quarante jours du fameux rendez-vous planétaire, le premier ministre du Québec, François Legault, a profité d’un de ses points de presse pandémiques à Québec pour annoncer qu’il ira à Glasgow, expliquant que le Québec « a beaucoup à montrer de ses expertises ».

À peine à quelques heures de ça – et lui dans la capitale du Canada – le tout récemment réélu (suite à l’élection du 20 septembre), mais de nouveau minoritaire, premier ministre Justin Trudeau venait de confirmer qu’il prendra un mois pour former son nouveau gouvernement. Assurant déjà que sa vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, y gardera ses fonctions. Et que, bien évidemment, son gouvernement ira à Glasgow. La question reste donc ouverte : qui sera le grand leader canadien à la Conférence des Nations unies sur le climat (COP26) de Glasgow? Alors que plusieurs spéculent pour ce réputé « le plus compétent » Steven Guilbeault, ancien militant écologiste devenu député et ministre du Patrimoine canadien sortant.

Le 29 septembre était, par ailleurs, le jour ayant permis au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) d’enfin réunir 250 personnes en présentiel, pour permettre un débat entre les deux principaux candidats à la mairie de Montréal : la mairesse sortante Valérie Plante et l’ex-maire Denis Coderre. Ici, pas question de dire qu’elle ou qu’il ira à Glasgow, parce que tous les QuébécoisMontréalais inclus – iront aux urnes le 7 novembre 2021 pour se choisir des édiles municipaux pour le prochain mandat de quatre ans qui débutera avec janvier 2022. Et même si l’actuelle mairesse de Montréal était à juste titre fière de souligner, pendant le débat, que c’est elle qui fut choisie pour aller représenter et parler au nom des membres du c40 à l’ONU à deux occasion depuis qu’elle est en poste, pas plus elle que son principal rival ne peuvent, pour cette fois, aspirer aller faire de la para-diplomatie terrain en terre écossaise. À Glasgow, les travaux de la conférence seront bien avancés (la cérémonie d’ouverture a d’ailleurs été devancée d’une journée, au dimanche 31 octobre, afin d’en faciliter le déroulement) alors que la date du 10 demeure comme étape qui ensuite permettra aux chefs des délégations de se réunir en sommet, les 11 et 12, pour finaliser une déclaration que toute l’humanité attend anxieusement.

« THINK GLOBALLY, ACT LOCALLY »

« Ce n’est pas qui tu es, mais qui tu connais », a soutenu Denis Coderre comme argument en réponse à la deuxième question posé par l’animateur du débat, le directeur du quotidien montréalais Le Devoir, Brian Miles, qui demandait comment faire pour améliorer l’attractivité d’une ville sans dédoubler les actions des gouvernements supérieurs. C’est ici aussi que le candidat Coderre a poussé ses idées de ramener un Bureau de l’enseignement supérieur, en saluant le recteur de l’Université de Montréal présent, tout comme le fait que « l’avenir c’est la cybersécurité ». Lui qui, alors maire de Montréal, se souvient d’avoir été bien actif avec la mairesse Hidalgo à Paris, en 2015, lors de l’historique COP21 tenue dans cette ville et qui accoucha si difficilement de l’Accord de Paris sur le climat.

Denis Coderre et Valérie Plante, candidats à la mairie de Montréal, questionnés par Brian Miles, le 29 septembre 2021, devant 250 personnes. (Crédit de la photo : Sylvie-Ann Paré, gracieuseté du CORIM).

De son côté, Valérie Plante a judicieusement souligné que, plus tôt en ce mois de septembre, elle avait fait un « pitch » auprès de l’International Financial Reporting Standards Foundation (IFRS) basée à Londres, pour vendre la candidature de Montréal qui tente d’accueillir le futur siège social de l’organisme international de réglementation en finance durable qui y est en gestation : l’International Sustainability Standards Board (ISSB). Mais Francfort et Toronto sont manifestement encore des concurrents pesants dans la même course! Comme pour la grande majorité des dix (10) questions que ce débat posait aux deux politiciens, c’est M. Coderre qui a marqué le point.

Mais la course à la mairie de la métropole québécoise a pris une tournure de course à trois, alors que deux des autres candidats ont annoncé une fusion de leur équipe au dernier jour des mises en candidature, le vendredi 1er octobre. Les Montréalais qui ne se reconnaissent pas des les deux candidats leaders se retrouvent soudainement avec une troisième option beaucoup plus crédible et qui pourrait surprendre, à cause de l’aspect polarisant et émotif du duel que constitue le match revanche Plante-Coderre.

« Le monde se définit de plus en plus en terme de villes… » Faisant référence au fait que la majorité de la population mondiale est maintenant urbaine, et que cette tendance statistique devrait perdurer et augmenter, à moins que la pandémie ne brouille les cartes des analystes – l’expérimenté politicien Denis Coderre sait tirer les flèches qui marquent : « Il faut protéger et défendre les organisations internationales déjà présentent à Montréal (OACI, IATA, Agence anti-dopage», que la Chine notamment, qu’il a tenue à nommer, courtise avec force.

Il a aussi souhaité plus de liaisons aériennes directes reliant Montréal avec les autres grandes villes du monde, avec plus d’étudiants étrangers dans les universités de la ville. Créer une véritable « cité universitaire ». Madame Plante veut plus d’espaces verts, plus de convivialité, plus d’actions inclusives.

Plus, plus, plus! Un avenir vers quoi, au final? Un véritable avenir vert?

UN JUSTE PRIX POUR L’ÉNERGIE QUI FAIT MAL

Nourrissant justement le débat mondial autour de l’enjeu climat, qui ira en crescendo jusqu’au grand RDV de Glasgow, le Fonds monétaire international (FMI) vient d’indiquer que les subventions directes et indirectes aux combustibles fossiles furent à hauteur de 5 900 milliards de $US en 2020 mondialement. Ce qui est presque 7% du PIB calculé mondialement, donc une donnée toute à fait significative. À ce problème s’ajoute la donne que, selon les projections faites aussi par le FMI, la somme de ces aides publiques accordées à l’industrie des énergies fossiles augmentera à 7,4 % du PIB mondial en 2025, donc à contre-courant de la nécessité de voir se réduire à moyen terme l’empreinte carbone de l’humanité.

Mais comment établir le « juste prix » pour des énergies fossiles dorénavant au banc des accusés, alors qu’ils sont encore à la base de la fonctionnalité de toutes les sociétés et économies de la planète?

Qui doit établir un prix équitable mondial pour l’effet carbone?

On le comprend aisément, villes, provinces, pays, tous les représentants politiques du monde auront tous besoin de se mettre au diapason. Et heureusement, la contribution des États fédérés, tels le Québec ou les neuf autres provinces du Canada, ou chacun des 50 États des États-Unis d’Amérique, tout comme par ailleurs l’Écosse (État hôte de la COP26), est formellement reconnue par l’ONU dans la lutte aux changements climatiques.

Qu’en fera le premier ministre François Legault?

Le premier ministre Justin Trudeau?

Nous irons leur poser la question… à Glasgow.

https://unfccc.int/

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