Tous les articles par Daniel Allard

Depuis 1997, Daniel Allard a co-fondé et dirige le cyberjournal CommerceMonde.com. En 2013, il fit de même avec l'Association des sociétés québécoises cotées en Bourse, organisant notamment le Gala annuel des sociétés en Bourse (2008 à 2015). Le développement de l'équipe de LiNNOVarium.com est son actuelle priorité.

L’avenir du recyclage : du vieux bois traité jusqu’aux piles domestiques

Les défis du recyclage sont souvent une affaire de chimiste. Comment, en effet, penser maintenir dans le circuit économique des ressources devenues lourdement chargées d’ACC (arséniate de cuivre chromaté) ? Des préservatifs à base de cuivre sont effectivement utilisés pour augmenter la durée de vie du bois, le fameux « bois traité » ! Dans le cas des piles, dans les premières phases du processus de leur recyclage, la poudre récoltée contenant les métaux d’intérêt est un complexe cocktail de Zn, Mn, Cd et Ni. Bien qu’une technologie permet d’obtenir une solution pure de NiSO4 il n’existe pas, actuellement, d’autres procédés hydrométallurgiques comparables, au Canada, capables de séparer et recycler les différents métaux présents dans les déchets de piles non-triées.

Pour revenir à l’arséniate de cuivre chromaté – appelé aussi arséniate de cuivre chromé – il n’est rien de moins qu’un des pesticides du bois aux principes fongicide et insecticide. Un brevet y a été attaché dès 1934 et il est notamment utilisé dans le milieu de la marine contre une variété de mollusque : les tarets (voir l’encadré). La population en général a cependant plus conscience de sa commercialisation sous forme de sels ou oxydes aqueux qui, alors qu’injectés dans le bois, en permet le traitement. Notamment celui des résineux destinés à l’exposition aux intempéries. Avec ce résultat devenu banal – causé par l’oxydation du cuivre – de donner au bois une teinte verte. Le hic… bien qu’une telle opération s’avère très efficace face au but visé, elle traine un effet toxique et cancérigène. Le produit est d’ailleurs devenu interdit dans de nombreux pays.

On le constate, le défi d’améliorer les technologies disponibles reste entier en matière de recyclage des produits ou lieux contenant des métaux à hautes toxicités. Qu’il s’agisse du bois traité, des piles domestiques et aussi plus globalement des sols. Trois enjeux pour lesquels nous avons trouvé des pistes de solutions.

Recyclage du bois traité usagé

2,5 millions! C’est le nombre de m3 de bois traité à l’ACC au Canada (9 aux États-Unis) qui sont disposés annuellement. Malheureusement incorrectement. Et la bonne manière de le faire reste encore à mettre au point.

Ce n’est pas d’hier que des préservatifs à base de cuivre sont utilisés pour augmenter la durée de vie du bois, le protégeant contre les insectes, ou les moisissures. Mais à la fin de sa vie utile, ça devient un réel obstacle à sa disposition, à son recyclage ou à sa réutilisation. Particulièrement dans le cas du bois traité avec le fameux ACC largement employé depuis les années 70’. Et encore pendant les années 2020, les quantités disposées annuellement demeurent en croissance et actuellement ce sont malheureusement des millions de mètres cubes de bois traité à l’ACC qui sont disposés incorrectement, chaque année, seulement en Amérique du Nord.

Si les mots-clefs : Déchet ; bois traité ; arsenic ; cuivre ; chrome ; décontamination ; lixiviation ; recyclage vous accrochent, vous devriez peut-être être mis en lien avec un chercheur de Québec. Attaché à une institution universitaire québécoise, il recherche un partenaire de développement pour de l’expertise ET-OU un apport de financement de 1 à 5 M$. Au fil de plusieurs années d’efforts, il a mis au point un procédé, déjà breveté au Canada, décontaminant ce type de bois. Avec son procédé, la fibre de bois AINSI QUE les métaux récupérés peuvent être réutilisés, ou éliminés, de manière sécuritaire, en respectant l’environnement.

La technologie est jugée pertinente :
– en Foresterie et transformation du bois;
– en Protection et gestion de l’environnement, en traitement ou valorisation des matières résiduelles;
– et en économie circulaire.

Actuellement, le projet est rendu à l’étape du prototype réel dans un environnement opérationnel, c’est-à-dire que sa maturité technologique a déjà passé l’étape de la démonstration dans un environnement simulé. Il n’existe pas de procédés comparables capables de décontaminer efficacement et économiquement les résidus de bois traité avec des préservatifs à base de cuivre.

À retenir ! L’implantation de ce type de technologie recevra certainement un bon accueil des autorités gouvernementales, et particulièrement le Québec alors que l’on vise à y bannir la disposition des déchets de bois des sites d’enfouissement dans un proche avenir.

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Mort aux tarets

Les tarets (Teredinidae) sont des mollusques à corps très allongé aimant s’attaquer aux bois immergés dans l’eau de mer ou l’eau saumâtre. Des espèces vivent également en eau douce. Leur apparence, qui ne les rend pas facilement d’évident mollusques explique que les marins les désignent souvent sous le nom de « vers » (en anglais shipworm et en allemand schiffsbohrwurm). Eh oui, on parle donc ici des fameux « vers » des mers chaudes s’attaquant aux coques en bois des navires. Une véritable plait de fait. Surtout qu’il en existe une espèce géante, atteignant plus d’un mètre de long et 6 cm de diamètre, qui vit dans le sédiment, mais qui heureusement ne se nourrit pas de bois mort. Malheureusement, cette dernière est l’exception de l’espèce, car tous les autres tarets se nourrissent de bois mort et donc de navires en bois !
Y creusant de longues et nombreuses galeries, ils diminuent la résistance des pièces de bois qu’ils colonisent. Ils finissent même par les détruire complètement. Globalement, ils arrivent à causer des dégâts considérables à tous les types de constructions en bois en contact prolongé avec l’eau de mer. Dès l’Antiquité, on enduisait donc de goudron les coques des navires, pour améliorer leur étanchéité et aussi l’attaque du bois par des organismes divers, dont les tarets!
« Le jour de l’Épiphanie, j’arrivai à Veragua… En janvier, l’embouchure du fleuve se trouva fermée. En avril, les navires étaient tout dévorés par les tarets et ils ne pouvaient plus se soutenir sur l’eau… Je partis, au nom de la Sainte Trinité, la nuit de Pâques, avec des navires pourris, rongés par les tarets et tout percés de trous… Au bout de six jours, le calme étant revenu, je repris mon chemin, mais déjà dépouillé de tout gréement, les navires plus percés par les tarets que ne le sont les rayons de miel, et les hommes au comble de l’abattement et du désespoir… Quant à ce mal des tarets, il ne connaît nul remède ». Christophe Colomb
« (…) les mariniers et le charpentier étaient sous le tillac et recherchaient les trous et les fentes par où cette eau entrait et nous assaillait si fort. Ils firent tant qu’avec du lard, du plomb, des draps et autres choses qu’on n’était pas chiche de leur bailler, ils étoupèrent les plus dangereux... », relate aussi le Journal de bord de Jean de Léry en la terre de Brésil en 1557.

Encore en 1731, on relate que les tarets ont ravagé les structures en bois destinées à protéger les digues en terre contre les assauts de la mer en Hollande.

(Sources : Wikipédia)

Recyclage de piles domestiques

Ce procédé a été développé – et breveté – afin de récupérer et recycler les métaux de valeur présents dans les déchets de piles usagées, comprenant les piles alcalines usagées seules ou mélangées à d’autres types de piles et batteries usagées. Des piles… on se doute instantanément qu’il est question ici de million et de millions d’unités, de montagnes de piles !

Oui, le marché des piles reste en forte croissance à travers le monde. Quelque 671 millions, au Canada, et 173 M d’unités de piles primaires au Québec ont été mises sur le marché en 2017. Si leur recyclage reste nécessaire, au cours des dernières années la plupart des déchets de piles alcalines ont été mis en décharge, en enfouissement ou aux incinérateurs. Des méthodes de gestion avec lourds effets négatifs environnementaux en raison du risque de lixiviation et d’émissions de gaz à effet de serre ou toxiques.

Au Canada, des efforts afin d’atteindre 25% de récupération des déchets de piles et de batteries ont été engagés en 2015 : le Gouvernement du Québec a, par exemple, mis en place un programme de collecte des piles et batteries usagées, dirigé par l’organisme Appel@Recycler. Ce sont habituellement des procédés pyrométallurgiques qui sont les plus utilisés pour le traitement et le recyclage de ce type de déchets (Batrec en Suisse, DK Recycle and Rohesion en Allemagne, Recytech ou Snam en France, Inmetco aux États-Unis). Par les fortes températures nécessaires et donc des consommations énergétiques des procédés très importantes entraînant des coûts très élevés, des procédés alternatifs faisant appel à des procédés hydrométallurgiques sont en développement (notamment pour les piles alcalines usagées).

Un procédé hydrométallurgique développé par une équipe de chercheurs québécois permet de séparer et de recycler les métaux présents dans les déchets de piles alcalines seules, ou en mélange avec d’autres types de piles usagées. Les piles sont d’abord broyées – optionnellement – après avoir été congelées dans le cas de la présence de piles au lithium et aux hydrures métalliques. Les parties grossières, tels que les plastiques, papiers et boîtiers métalliques, sont ensuite enlevées par tamisage. La poudre récoltée, contenant les métaux d’intérêt, est traitée par une solution d’acide sulfurique en présence d’un agent réducteur. Après séparation solide/liquide, le lixiviat est acheminé à une filière de traitement comprenant six (6) grandes étapes :

  1. séparation du Zn par extraction par solvant, suivie par une étape d’électrodéposition du Zn métallique;
  2. récupération simultanée du Mn et du Cd par extraction par solvant;
  3. récupération sélective du Cd de la solution de Cd et Mn par électrodéposition;
  4. précipitation du Mn sous forme de carbonates;
  5. enlèvement des impuretés présents dans la solution résiduelle par extraction par solvant afin d’obtenir une solution pure de NiSO4;
  6. précipitation du Ni sous forme de carbonates.

Il n’existe pas, actuellement, d’autres procédés hydrométallurgiques comparables au Canada capables de séparer et recycler les différents métaux présents dans les déchets de piles non-triées. Recyc-Québec, l’organisme Appel@Recycler, ainsi que le Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et Génie du Canada (CRSNGC) sont parmi les intervenants qui ont appuyé le processus de développement de cette technologie.

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Procédé de décontamination de sols

Au cours des dernières décennies, les activités de préservation du bois résultant d’une demande industrielle et domestique croissante ont entraîné la contamination de plusieurs sites, notamment des sols en sites extérieurs voire carrément dans la nature, à travers le monde. Jusqu’à récemment, les agents de préservation du bois les plus répandus étaient le pentachlorophénol (PCP), ainsi que l’arséniate de cuivre chromaté (ACC). On doit donc comprendre que les contaminants principalement présents sur les sites de production ou de stockage/entreposage du bois traité sont le PCP, les polychlorodibenzo-para-dioxines (PCDD) et les polychlorodibenzofuranes (PCDF), ces derniers étant des sous-produits de dégradation du PCP, ainsi que l’arsenic (As), le chrome (Cr) et le cuivre (Cu) provenant du bois traité à l’ACC.

Les facteurs écologiques – notamment les obligations environnementales imposées par les lois sur la gestion des sols et terrains contaminés – ainsi que le manque de surfaces exploitables pour de nouvelles activités ont favorisé la R-D pour des techniques de décontamination fiables, efficaces et économiques, applicables aux sites de préservation du bois. Des technologies appliquée à l’échelle industrielle permettant de traiter efficacement et simultanément des sols contaminés par du PCP, des PCDDF, de l’As, du Cr et du Cu et ce, à faibles coûts, sont en demande.

La technologie développée par une équipe de chercheurs québécois permet d’extraire simultanément les métaux et les contaminants organiques (PCP et PCDDF) présents dans les sites pollués de stockage de bois traité. Cette filière technologique comprend un agencement de procédés physiques (attrition, tamisage) et chimiques (utilisation de surfactant, lixiviation en milieu basique, précipitation/coagulation). Ce type de technologie devrait être idéalement exploité par une compagnie qui active dans le domaine de la décontamination et de la restauration de sites contaminés.

Ceci vous résume l’opportunité No : 3 de LiNNOVarium : « Procédé de décontamination de sols ». Tout ça vous intéresse vraiment? Cliquez ici et on vous aidera à donner une suite.

100 ans de recherche en science au Canada à souligner… ça débutera à l’Université Laval

L’année 2022 qui se pointe permettra d’analyser avec le recul d’un siècle entier, et donc de mieux comprendre, l’état de la science en langue française dans le monde. Un sujet qui a son importance, pas seulement parce que les calendriers nous invitent à souligner le centenaire de la création d’une association s’y étant dédiée depuis 1923. Mais parce que la science – mobilisée pour la lutte pandémique, toujours en cours – vient de prendre, dans toutes les sociétés, un rôle central qui lui a rarement été accordée. Savoir si la langue anglaise se maintiendra en tant que lingua terra de la recherche et des publications scientifiques dans le monde? Savoir si, concurremment, la langue française offre toujours une valeur ajoutée propre pour ceux en science qui la choisissent ? Voilà des questions qu’il faut poser.

L’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas) fut créée le 15 juin 1923, à Montréal, alors que cette ville était autant la métropole du Québec que du Canada en entier. Elle était loin d’être la première du genre dans le monde: le Royaume-Uni (1831), l’Italie (1839), les États-Unis (1848), la France (1872), l’Australie et la Nouvelle-Zélande (1887), l’Afrique du Sud (1902) et l’Inde (1912) avaient agit bien avant.

« […] Si nous avions jadis favorisé la recherche scientifique, nous aurions réalisé on ne sait combien d’économies, ouvert au commerce, à l’agriculture, à l’industrie des domaines nouveaux et profitables », avait clamé un Omer Héroux, le 7 octobre 1937, dans le journal Le Devoir.

Quatre décennies plus tard, un gros bout du chemin avait été fait, car en 1978, l’idée de transformer l’Acfas en une « Association québécoise pour l’avancement des sciences » (AQAS) fut tenté, mais rejetée. L’enjeu d’ainsi exclure les chercheurs francophones des autres provinces du Canada pesant lourd et imposant un meilleur réalisme. En 2001, l’Acfas est cependant renommée « Association francophone pour le savoir » à titre de dénomination « plus moderne » qui souligne encore son caractère francophone en gardant son même acronyme, et que l’on veut dorénavant imposer : Acfas.

DEUX ANS POUR EN FÊTER 100

L’Acfas, qui arrive donc à son 100e anniversaire, a décidé de le célébrer à travers deux moments forts, de mai 2022 à juin 2023, d’abord avec son 89e Congrès annuel, puis encore jusqu’au, et avec, le 90e.

Le 89e Congrès de l'Acfas se déroulera du 9 au 13 mai 2022 à l'Université Laval. Une semaine complète d'événements, de colloques et de discussions sur la recherche et les savoirs.
89e Congrès de l’Acfas
Lieux : Université Laval, Ville de Québec, Canada
Dates : Du 9 au 13 mai 2022
90e Congrès de l’Acfas
Lieux : Université de Montréal / HEC / Polytechnique Montréal, Canada
Dates : mai 2023

En 2023, on retournera d’ailleurs à ses sources, car l’Acfas fut fondée en 1923 par un groupe de professeurs de l’Université de Montréal, notamment le radiologue Léo Pariseau, ainsi que le botaniste frère Marie-Victorin.

Les colloques de l’Acfas sont conçus pour faire « rayonner les savoirs comme moteur de développement des sociétés en rassemblant, dans ce cas, les personnes choisissant de faire de la recherche avec les atouts de la langue française ». Ils sont un événement structurant au sein de la Francophonie. Mais l’Acfas demeure une organisation sans but lucratif avec des moyens conséquents. Bien que sa mission est vaste : promouvoir l’activité scientifique, stimuler la recherche, diffuser le savoir en français pour tous les domaines.

Déjà important par sa durée – de 5 jours – ce congrès, qui se déroule habituellement en mai avec la collaboration d’une université hôtesse au Canada, avait pour son édition du 80e fait exception en s’installant au Palais des congrès de Montréal, ce en collaboration avec l’ensemble des universités et des collèges de son réseaux. Et une autre exception vient de s’imposer avec le 88e Congrès, évidemment un « jamais vu » qui du 3 au 7 mai 2021 aura fait se tenir, pour la première fois, entièrement via une plateforme en ligne pour cause de conditions sanitaires pandémiques, une édition mise en place en collaboration avec l’Université de Sherbrooke et l’Université Bishop’s qui aura su impliquer quelque 6 000 congressistes. Sur le thème « Du jamais su » l’activité aura ainsi réuni 219 colloques, quelque 4 000 communications scientifiques et 556 communications libres ; les organisateurs signalent aussi plus de 6 500 publications et partages générés sur Twitter (2020 fut la première année, depuis 1933, où l’évènement annuel n’a pas eu lieu en se faisant imposer un report du 88e Congrès en 2021.)

Parallèlement au volet purement scientifique d’un tel congrès, les 12 activités « tous publics » de la programmation Science-moi! ayant eu lieu au cours de ladite semaine – réunissant quelque 3 000 personnes – visaient à relever le défi de l’importance du dialogue entre les sciences et la société. Un volet devenu particulièrement stratégique, Car rendu ici, c’est aussi la question du dialogue entre science et le monde des affaires qui se pose.

RÉUSSIR LA RÈGLE DE TROIS ? PRIX-INNOVATION-ENTREPRENEURIAT…

Si le congrès annuel de l’Acfas est considéré comme « le plus grand rassemblement scientifique multidisciplinaire de la Francophonie », ses acteurs organisent de nombreux prix et concours devenus récurrents :

  • Journées de la relève en recherche (#J2R) ;
  • concours Ma thèse en 180 secondes (#MT180);
  • concours Génies en affaires;
  • concours La preuve par l’image;
  • concours de vulgarisation de la recherche;
  • et le Forum international Science et société;
La finale internationale de Ma thèse en 180 secondes 2022 sera accueillie à Montréal, au Québec, à l'automne 2022 par l'Acfas et l'Université de Montréal.

Mais pour réussir significativement cette sorte de règle de trois que constituent les concepts de l’émulation (créer et organiser divers prix et reconnaissances faisant rayonner les meilleurs), l’innovation (créer un changement) et l’entrepreneuriat (créer une entreprise génératrice de création de richesse), il y a ici une recette que les milieux universitaires francophones canadiens ne maîtrisent pas suffisamment. Le 23 février 2017, une journée complète avait d’ailleurs été organisée, à l’Université Laval : le Forum « Connexion 2017 ». Et à l’initiative du Parc Technologique du Québec Métropolitain, du scientifique en chef québécois Rémi Quirion, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui y avait envoyé son vice-président d’alors Christian Dubé, et de l’Institut de gouvernance numérique, quelque 200 personnes y démontraient déjà, par leur seule présence, l’importance de proposer des solutions à la trop grande solitude qui perdure entre les mondes de la recherche publique et celui des affaires, particulièrement au Québec.

En ayant créé AXELYS (une réorganisation des organismes de valorisation de la recherche universitaire ayant fait naître un nouvel organisme né officiellement le 1e avril 2021), l’État québécois tente de changer la donne face au dialogue, aux ponts qui doivent se multiplier entre science et monde des affaires et de la création d’entreprise.

DE l’ACFAS À l’AUF: MÊME COMBAT?

D’ailleurs, il n’y a pas que les dirigeants et membres de l’Acfas qui pourront aimer le passage des années 2021 et 2022. C’est ici la marque de 60 ans d’existence que l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) atteignait le 13 septembre 2021. Ainsi, 1007 établissements membres à travers 119 pays, c’est-à-dire un peu plus que la moitié des pays du monde, furent conviés du 21 au 24 septembre 2021 à la 1er édition de la Semaine mondiale de la francophonie scientifique, avec la tenue  d’Assises en Roumanie, en mode hybride à la fois en présentiel et virtuel, à l’Université Politehnica de Bucarest. Un Livre blanc de la francophonie scientifique fut publié à cette occasion. Puis l’approbation de pistes de réflexion et d’action visant à « redessiner le réseau » afin qu’il favorise une conception plus globale – de la petite école jusqu’aux étapes doctorales – des systèmes éducatifs et privilégiant « l’ouverture sur le monde socioéconomique » ne sont pas sans provoquer de nouvelles attentes, voire un souffle dynamisant.

On le constate, l’AUF (qui était l’AUPELF à sa fondation à Montréal en septembre 1961 et porte le nom actuel depuis 1998) est, elle aussi, à la recherche de la bonne route vers une efficace et véritable Francophonie économique.

De la centenaire Acfas à sa cadette, mais tout autant mature organisation, l’AUF, voilà deux acteurs structurants de la Francophonie comme de la science mondialement parlant. Et à travers les moments légitimes voulant souligner des jalons symboliques du temps, arrivent aussi les occasions de faire les bons bilans. En quoi, pourquoi et comment la langue française constitue toujours une forme de valeur ajoutée propre à ceux qui en font le choix en science? Il ne manquera donc pas d’occasion pour chercher réponses et solutions face à cette grande question dans les prochains mois.

88e Congrès – Du jamais su | Acfas

COP26 : Legault ou Trudeau, qui représentera vraiment le Canada à Glasgow?

À moins de quarante jours du fameux rendez-vous planétaire, le premier ministre du Québec, François Legault, a profité d’un de ses points de presse pandémiques à Québec pour annoncer qu’il ira à Glasgow, expliquant que le Québec « a beaucoup à montrer de ses expertises ».

À peine à quelques heures de ça – et lui dans la capitale du Canada – le tout récemment réélu (suite à l’élection du 20 septembre), mais de nouveau minoritaire, premier ministre Justin Trudeau venait de confirmer qu’il prendra un mois pour former son nouveau gouvernement. Assurant déjà que sa vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, y gardera ses fonctions. Et que, bien évidemment, son gouvernement ira à Glasgow. La question reste donc ouverte : qui sera le grand leader canadien à la Conférence des Nations unies sur le climat (COP26) de Glasgow? Alors que plusieurs spéculent pour ce réputé « le plus compétent » Steven Guilbeault, ancien militant écologiste devenu député et ministre du Patrimoine canadien sortant.

Le 29 septembre était, par ailleurs, le jour ayant permis au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) d’enfin réunir 250 personnes en présentiel, pour permettre un débat entre les deux principaux candidats à la mairie de Montréal : la mairesse sortante Valérie Plante et l’ex-maire Denis Coderre. Ici, pas question de dire qu’elle ou qu’il ira à Glasgow, parce que tous les QuébécoisMontréalais inclus – iront aux urnes le 7 novembre 2021 pour se choisir des édiles municipaux pour le prochain mandat de quatre ans qui débutera avec janvier 2022. Et même si l’actuelle mairesse de Montréal était à juste titre fière de souligner, pendant le débat, que c’est elle qui fut choisie pour aller représenter et parler au nom des membres du c40 à l’ONU à deux occasion depuis qu’elle est en poste, pas plus elle que son principal rival ne peuvent, pour cette fois, aspirer aller faire de la para-diplomatie terrain en terre écossaise. À Glasgow, les travaux de la conférence seront bien avancés (la cérémonie d’ouverture a d’ailleurs été devancée d’une journée, au dimanche 31 octobre, afin d’en faciliter le déroulement) alors que la date du 10 demeure comme étape qui ensuite permettra aux chefs des délégations de se réunir en sommet, les 11 et 12, pour finaliser une déclaration que toute l’humanité attend anxieusement.

« THINK GLOBALLY, ACT LOCALLY »

« Ce n’est pas qui tu es, mais qui tu connais », a soutenu Denis Coderre comme argument en réponse à la deuxième question posé par l’animateur du débat, le directeur du quotidien montréalais Le Devoir, Brian Miles, qui demandait comment faire pour améliorer l’attractivité d’une ville sans dédoubler les actions des gouvernements supérieurs. C’est ici aussi que le candidat Coderre a poussé ses idées de ramener un Bureau de l’enseignement supérieur, en saluant le recteur de l’Université de Montréal présent, tout comme le fait que « l’avenir c’est la cybersécurité ». Lui qui, alors maire de Montréal, se souvient d’avoir été bien actif avec la mairesse Hidalgo à Paris, en 2015, lors de l’historique COP21 tenue dans cette ville et qui accoucha si difficilement de l’Accord de Paris sur le climat.

Denis Coderre et Valérie Plante, candidats à la mairie de Montréal, questionnés par Brian Miles, le 29 septembre 2021, devant 250 personnes. (Crédit de la photo : Sylvie-Ann Paré, gracieuseté du CORIM).

De son côté, Valérie Plante a judicieusement souligné que, plus tôt en ce mois de septembre, elle avait fait un « pitch » auprès de l’International Financial Reporting Standards Foundation (IFRS) basée à Londres, pour vendre la candidature de Montréal qui tente d’accueillir le futur siège social de l’organisme international de réglementation en finance durable qui y est en gestation : l’International Sustainability Standards Board (ISSB). Mais Francfort et Toronto sont manifestement encore des concurrents pesants dans la même course! Comme pour la grande majorité des dix (10) questions que ce débat posait aux deux politiciens, c’est M. Coderre qui a marqué le point.

Mais la course à la mairie de la métropole québécoise a pris une tournure de course à trois, alors que deux des autres candidats ont annoncé une fusion de leur équipe au dernier jour des mises en candidature, le vendredi 1er octobre. Les Montréalais qui ne se reconnaissent pas des les deux candidats leaders se retrouvent soudainement avec une troisième option beaucoup plus crédible et qui pourrait surprendre, à cause de l’aspect polarisant et émotif du duel que constitue le match revanche Plante-Coderre.

« Le monde se définit de plus en plus en terme de villes… » Faisant référence au fait que la majorité de la population mondiale est maintenant urbaine, et que cette tendance statistique devrait perdurer et augmenter, à moins que la pandémie ne brouille les cartes des analystes – l’expérimenté politicien Denis Coderre sait tirer les flèches qui marquent : « Il faut protéger et défendre les organisations internationales déjà présentent à Montréal (OACI, IATA, Agence anti-dopage», que la Chine notamment, qu’il a tenue à nommer, courtise avec force.

Il a aussi souhaité plus de liaisons aériennes directes reliant Montréal avec les autres grandes villes du monde, avec plus d’étudiants étrangers dans les universités de la ville. Créer une véritable « cité universitaire ». Madame Plante veut plus d’espaces verts, plus de convivialité, plus d’actions inclusives.

Plus, plus, plus! Un avenir vers quoi, au final? Un véritable avenir vert?

UN JUSTE PRIX POUR L’ÉNERGIE QUI FAIT MAL

Nourrissant justement le débat mondial autour de l’enjeu climat, qui ira en crescendo jusqu’au grand RDV de Glasgow, le Fonds monétaire international (FMI) vient d’indiquer que les subventions directes et indirectes aux combustibles fossiles furent à hauteur de 5 900 milliards de $US en 2020 mondialement. Ce qui est presque 7% du PIB calculé mondialement, donc une donnée toute à fait significative. À ce problème s’ajoute la donne que, selon les projections faites aussi par le FMI, la somme de ces aides publiques accordées à l’industrie des énergies fossiles augmentera à 7,4 % du PIB mondial en 2025, donc à contre-courant de la nécessité de voir se réduire à moyen terme l’empreinte carbone de l’humanité.

Mais comment établir le « juste prix » pour des énergies fossiles dorénavant au banc des accusés, alors qu’ils sont encore à la base de la fonctionnalité de toutes les sociétés et économies de la planète?

Qui doit établir un prix équitable mondial pour l’effet carbone?

On le comprend aisément, villes, provinces, pays, tous les représentants politiques du monde auront tous besoin de se mettre au diapason. Et heureusement, la contribution des États fédérés, tels le Québec ou les neuf autres provinces du Canada, ou chacun des 50 États des États-Unis d’Amérique, tout comme par ailleurs l’Écosse (État hôte de la COP26), est formellement reconnue par l’ONU dans la lutte aux changements climatiques.

Qu’en fera le premier ministre François Legault?

Le premier ministre Justin Trudeau?

Nous irons leur poser la question… à Glasgow.

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ÉDITORIAL (04) : Les mains tendues du Canada : les chefs de parti aiment-ils aussi Haïti ?

(8 sept 2021) Plus la décennie 2020 défile et plus le Canada sent la fumée, voire le brûlé. Sa province la plus occidentale, la Colombie-Britannique, fut carrément en feu avec des températures records en juin 2021, frisant les 50 degrés Celsius. Les incendies de forêt dévastateurs qui en découlèrent, conduisant même à la disparition quasi-totale d’une ville de quelque 2 500 habitants – Lytton – ; non sans avoir entendu le coroner en chef de ladite province déclarer que 719 décès soudains et inattendus y avaient été signalés pendant cette vague de chaleur historique pour une période de sept jours seulement. Résultat : 2–0 dans le combat ClimatCanada ! Tout ça, à quelques jours de sa fête nationale du 1er juillet, jour déjà endeuillé par la nième intensification de l’enjeu Premières Nations. Enjeu, lui, à nouveau exacerbé par trois identifications rapprochées – et il y en aura bien d’autres… ce n’est que le début ! – de déjà trop de sépultures égarées d’enfants autochtones ayant vécu la face malheureuse, jusqu’à l’indigne pour trop, du système des pensionnats d’une période de l’histoire canadienne que tous souhaiteraient aujourd’hui ne pas voir dans le livre de son histoire comme pays. Si seulement les mains tendues du pouvoir politique au Canada n’en avaient pas déjà plein les bras…

Lorsqu’il a accueilli le G7 dans Charlevoix, au Québec, en juin 2018, le premier ministre Justin Trudeau avait une analyse juste et pertinente des grands défis de son pays et du reste du monde. Il avait fait ses devoirs avant d’y accueillir le grand monde, avec les Merkel, Johnson, Macron et Trump en tête. Un document d’analyse et de travail qu’il avait mis sur la table concernait toute la question des écarts de richesse et de la lente disparition des classes moyennes dans les économies les plus développées de la planète depuis une, voire deux décennies, avec l’importance de s’attaquer à ce constat. Et il était à même de démontrer que le Canada savait être un bon élève en la matière face à ses invités. Puis sa volonté de lutter contre la pollution de l’Océan mondial en s’attaquant aux plastiques l’envahissant était aussi honorable. Mais depuis que le président Trump quitta précipitamment, voire cavalièrement, ce damné G7 de Charlevoix, puis le rabroua tout en faisant sa route à lui vers son 1er tête-à-tête avec le leader de la Corée du Nord, on dirait qu’un mauvais sort a poursuivi Justin Trudeau, voire toute la politique, nationale comme étrangère, du pays.

Rendu en février 2020, alors que sa propre épouse devait se soigner parmi les premières victimes de la COVID-19, et lui-même conséquemment se mettre en isolement, il dû gérer péniblement la crise nationale que provoqua l’intervention d’une frange de la Premières Nations Wet-Su-Etin. Parce que celle-ci tenta de bloquer la construction d’un pipeline de ce côté-là du pays ; non sans provoquer un arrêt quasi complet du transport ferroviaire, pendant plusieurs semaines, dans tout le pays, par cause de solidarité entre Autochtones face au déjà dit enjeu Premières Nations.

Puisque depuis toujours, tout ce qui traîne se salit, et n’ayant éteint que de manière cosmétique le gros du feu face à cet enjeu fondamentale pour le Canada, il ne fallait pas se surprendre que l’affaire rebondisse à nouveau un été plus tard. Même si le Rapport d’une commission d’enquête sur les pensionnats autochtones qui avait été rendu publique en 2015 annonçait totalement ce qui est devenue une « crise nationale » et finalement un deuil, voire espérons-le maintenant, un cheminement véritable et sincère vers la grande réconciliation et ensuite un Nouveau-Canada (voir notre édito 01) !

Puis après ce dur hiver 2020, le Canada aura eu aussi un chaud été, empêtré dans l’affaire We Charity. Une autre néfaste crise de leadership et de gouvernance que le premier ministre canadien dû payer, celle-là avec la tête de son ministre des Finances. Momentanément sorti d’affaire, il aura la chance de se refaire une santé – physique et politique – avant d’affronter le cœur de la tempête pandémique avec l’enjeu de trouver des vaccins pour tous, mais encore ici pour devoir piteusement recourir au système COVAX pour s’approvisionner en vaccins et sauver la face aux yeux de sa propre population. Mais certainement pas aux yeux du reste du monde ! Et privé de chef d’État en titre depuis l’autre crise de gouvernance provoquée par l’ex-gouverneure générale Julie Payette qui dû démissionner début 2021 (une personnalité forte et célèbre que Justin Trudeau avait personnellement tenue à mettre à cette fonction), l’annonce du 6 juillet de la nomination de Mary Simon à cette haute fonction avait le potentiel de se révéler un « game changeur » dont a besoin Justin Trudeau pour réellement faire l’histoire avec un grand H. Le choix de cette femme née à la fin des années 1940 et qui a grandi au Nunavik (le grand nord du Québec) avec sa mère Inuit et son père anglo-québécois, donc une femme métis, quasi unanimement acclamé, fut un très gros coup pour lui. D’ailleurs, il ne mis pas long à le mettre hautement en valeur en lui rendant visite, presque aussitôt installée, pour lui demander de dissoudre le Parlement et de déclencher des élections pour le 20 septembre 2021. Nous en sommes là ! Le Canada en est là : 37 jours d’une campagne électorale en cours…

AUX URNES LE 20 SEPTEMBRE 2021

Non seulement des forêts brûlent encore dans l’ouest du pays ; après trop d’églises aussi… alors que la rancœur des Premières Nations reste profonde, et qu’hier encore ce sont des livres d’une bibliothèque en Ontario qui goûtèrent à la vindicte, par le feu et le symbolisme, pour tenter d’apaiser le malaise. Alors soulignons que madame Simon fut non seulement une canadienne fière et accomplie, à titre de journaliste à l’emploi de la société d’État CBC et ensuite ambassadrice du Canada en poste à Copenhague (et donc avec notamment le Groenland et des institutions internationales telles que le Conseil de l’Arctique parmi ses responsabilités). Et que devenue gouverneure générale, elle vient de se faire confier un mandat gonflé de charges émotives et symboliques à un moment charnière de la jeune histoire du Canada à titre de pays pleinement souverain. Puis tant qu’à contribuer à refaire le Canada sur de meilleures bases, en tout respect de toutes ses parties prenantes et constituantes, n’eut été de la COVID-19 persistante, nous lui aurions souhaitée un stage d’apprentissage de la langue de Molière en chaude terre des Caraïbes. Parce que de retour pour un discours du trône, qu’elle devra obligatoirement lire dans les deux langues officielles du Canada, elle en aurait peut-être rapportée de stimulantes idées novatrices, à partager avec tous les chefs des partis politiques actifs au Parlement renouvelé ? Comme par exemple – puisque l’Afghanistan c’est fini ! – ceci:

Ce Canada de demain, en plus d’enfin tendre véritablement la main à ses Premières Nations, et s’il offrait aussi aux Haïtiens de faire partie à part entière de l’aventure canadienne ? 25 000 Afghans chanceux deviendront prochainement, aussi, de nouveaux Canadiens. Bravo ! Ne sont-ils pas déjà des centaines de milliers à êtres déjà Canadiens et Haïtiens ? Terre-Neuve, une autre île, est devenue canadienne en 1949. Haïti, devenant une espèce d’Alaska du sud pour le Canada, ne ferait certainement pas pire que son voisin du sud pour ce territoire du Nord. Et pas question ici d’acheter un territoire. Haïti est certes un fier pays souverain, mais dans quel état ? L’associer… l’inclure dignement au Canada peut sembler faire « néo-colonialiste » aux yeux de certain. Mais en 2021 l’humanité n’est-elle pas déjà ailleurs ?

La solidarité mondiale, il ne faut pas qu’en rêver abstraitement. Commençons alors juste par en débattre de cette idée, car une telle aventure haïtienne pour le Canada serait, ici, du calibre de l’historique et courageuse décision des Allemands de la RFA de tendre la main à leurs frères et sœurs d’Allemagne de l’Est, à la suite des bouleversements politiques de 1989.

« Si son actuel premier ministre Justin Trudeau aime encore ce pays, son pays, et par ailleurs son père, il doit se sacrifier et démissionner, immédiatement, pour détendre, délier et permettre de solutionner la crise actuelle de gouvernance que le Canada traverse, avec ce que les historiens nommeront probablement l’affaire des trains bloqués et du pipeline mal aimé », écrivions-nous aussi en février 2020.

Proposant que monsieur Trudeau se devait de le faire s’il voulait réussir le Canada 2.0, le prochain Canada, le New/Nouveau Canada… qui sera à l’évidence multi-couleur et multicolores de peaux comme de cultures, et surtout un bel exemple, voire exemplaire, pour la suite de l’humanité, cette humanité de bientôt 8 milliards de personnes en route vers son meilleur avenir possible. Si possible ? Sauver le pays et le monde des dérèglements climatiques Sauver son pays du déshonneur apporté par le traitement fait aux Autochtones. Réussir son «Canada in back again». Bref, être un grand leader politique…

Go Canada Go ! Go Habs go ! La coupe des peuples du monde entier en main, pour un meilleur demain pour tous… Voilà votre chance, M. Trudeau. Les autres chefs ne vous en donneront pas de facile. Une campagne électorale, c’est un sport extrême.

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N.B.: Les 8 (en langue française à 20 h 00 HNE) et 9 (en anglais à 21 h 00 HNE) septembre, tous les Canadiens seront attentifs, alors que les chefs des cinq principaux partis politiques fédéraux du pays participeront aux deux principaux débats de la campagne électorales 2021.

(Crédit photo de la une: la photo officielle du G7 de Charlevoix de juin 2018 au Canada.)

Canada : jeu électoral extrême jusqu’au 20 septembre; le gagnant ira à Glasgow en novembre

Après une semaine de ce qui constituera la plus courte campagne électorale permise – selon l’actuelle Loi sur les élections fédérales au Canada – les partis politiques étaient théoriquement prêts : car la rumeur courrait depuis des mois. Le pays a rapidement été tapissé des traditionnelles pancartes des candidats dès le jour 1. Le premier ministre sortant ayant provoqué cet appel au peuple du fait de sa demande de dissolution du Parlement, selon un privilège que lui accorde le fonctionnement du système de la monarchie-parlementaire qui est appliqué au Canada depuis au moins 1867. Cela, en rendant visite à la gouverneure générale et cheffe d’État du pays, Mary Simon, dans la matinée du dimanche 15 août 2021, plongeant immédiatement le Canada entier dans une course au vote de 37 jours, à travers 338 circonscriptions.

L’électorat canadien est donc convoqué aux urnes le lundi 20 septembre 2021 pour ce qui sera certainement une période électorale historique. D’abord parce que concurrente à une pandémie toujours virulente; aussi parce que largement non désirée autant par la population, que par tous les partis politiques constituant les quatre oppositions au Parlement du Canada. Convoqué à ce qui sera peut-être un dangereux jeu électoral extrême! Ceci pour plusieurs raisons.

D’emblée, au Canada, c’est « l’été » et une période générale de vacances jusqu’à la dite « Fête du travail », qui sonne avec chaque premier lundi de septembre. L’esprit de la population n’était donc par tellement à l’heure des débats d’idées et de choix de société. Le 15 août étant même le jour de la fête nationale des Acadiens, tout comme celle de l’indépendance de l’Inde moderne; elle, à un autre bout de la planète, mais qui retrouve une partie de plus en plus significative de ses ressortissants avec une double identité, en partage, avec le Canada.

Et si le chef du Parti libéral du Canada et premier ministre sortant, Justin Trudeau, a lancé le débat électoral en justifiant que : « C’est important de donner l’occasion aux Canadiennes et aux Canadiens de s’exprimer (…) », dans le contexte actuel, personne n’est pour autant dupe que sa véritable intention est d’aller se chercher une majorité de siège, afin de pouvoir continuer sa gouverne, mais comme gouvernement majoritaire. Dans ce Canada qui aurait normalement dû ravoir ses prochaines élections fédérales, selon le mécanisme à date fixe récemment instauré, qu’à l’automne de 2023; bien qu’en contexte minoritaire, le premier ministre conserve sa prérogative d’un déclenchement selon son bon jugement. Précisons que la tentation était belle et bien grande, alors qu’il n’a qu’à aller chercher la quinzaine de sièges aux Communes qui le sépare de cette confortable situation.

Jeux extrêmes

Ensuite, c’est alors que le variant Delta de la COVID-19 prendra probablement le visage d’une réelle et significative 4e vague pandémique à travers l’ensemble du pays – notamment avec les rentrées scolaires et académiques – que les premiers jours de septembre seront aussi ceux qui verront les chefs des principaux partis se croiser au cœur de la campagne avec les trois principaux débats télévisés nationaux (deux en langue française, les 2 et 8, et un en anglais à la chaîne publique le 9 septembre).

La question de l’urne émergera-t-elle de ça? Économie, environnement, climat, questions autochtones, qualité de vie de tous et particulièrement de groupes minorisés, immigration et intégration au marché du travail, dette publique, politique étrangère, etc. Serait-ce possible que pour une rare fois une question internationale vienne peser lourdement sur le résultat d’élections au Canada? La chute de Kaboul, en Afghanistan, s’est invitée comme un voleur imprévu. Monsieur Trudeau a dû aujourd’hui même interrompre sa campagne pour participer à une réunion spéciale du G7 sur cette crise. Avec ses 158 citoyens-soldats morts pour cette cause, plus d’une décennie d’efforts, l’électorat canadien est à l’écoute.

Mais il y a aussi les feux de forêts qui brûlent sans cesse en Colombie-Britannique, et c’était des églises un mois plus tôt; la plus importante province de l’Ouest du Canada, comptant avec une population pour qui les enjeux environnementaux et sociaux sont toujours dans les priorités des électeurs.

Les enjeux environnementaux et sociaux, nous y voilà : exactement ce dont le gagnant du 20 septembre devra aller débattre, à Glasgow, en novembre.

Le gagnant ira à Glasgow

Tous les yeux humains de la planète seront tournés sur cette ville écossaise à partir du 1er novembre 2021, alors que les délégations d’experts et les diplomates de presque toutes les souverainetés de la Terre débuteront leurs travaux de dix jours pour la COP26 : la 26e édition annuelle de la Conférence des parties (Conference of Parties) en suivi de la COP21, il y a 6 ans, qui avait vu l’édition de Paris faire naître le fameux Accord de Paris sur le climat. L’ONU convoque à nouveaux l’Humanité à une croisée des chemins!

Justin Trudeau ou Erin O’Toole? Erin O’Toole ou Justin Trudeau? Qui d’autre? Iront-ils en personne? Quand? Avec quel mandat et pour faire quoi? Car l’heure sera aux actions! Pas aux mots, car les maux sont clairement connus.

En 2015, il s’en était fallut de peu pour que les négociations achoppent. Il est dorénavant de notoriété publique que les Canadiens sur place ont fait une grosse différence, dans les négociations de coulisse, pour arracher ce qui devint le consensus rendant possible l’Accord de Paris sur le climat. Stéphane Dion, aujourd’hui ambassadeur du Canada en Allemagne, et Catherine McKenna, alors ministre de l’Environnement et des Changements climatiques, en ont fait le partage à leur prise de parole dans un atelier sur le sujet lors de la dernière édition de la conférence Americana, les 22 et 23 mars 2021.

Le 15 août au matin, encore gavé d’un record de médailles tout juste ramenées au pays par la délégation canadienne ayant concouru aux JO de Tokyo, il était à son meilleur, le ton juste, invitant ses concitoyens à lui dire quoi faire : « C’est au peuple de décider de l’avenir du pays »… Nobles mots, noble intention de la part de Justin Trudeau, alors que ses adversaires l’accusent facilement de ne rêver qu’à une majorité parlementaire pour pouvoir continuer de gouverner. De Glasgow à Ottawa, c’est effectivement le Canada en question.

Et il est cocasse de constater que le 1er premier ministre canadien, John Alexander Macdonald, était né (janvier 1815) à Glasgow, en Écosse, avant de devenir un Canadien et ensuite cet historique politicien à la tête du pays naissant, « à la britannique », de 1867 à 1873 et de 1878 à 1891. Cette écossaise de ville et même Glasgow que le prochain premier ministre élu, à la suite des élections qui permettront de le choisir le 20 septembre 2021, devra fouler pour aller y représenter un pays à la croisée des chemins, plus peut-être que l’ensemble des quelque 200 États souverains que compte actuellement l’humanité et qui y seront aussi représentés.

Du 20 septembre, jusqu’aux 11 et 12 novembre – les deux jours clés de la COP26 -, donc des intenses 37 jours de campagne passés à sillonner le Canada, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, ne restera qu’une autre quarantaine de jours pour se préparer à aller « réussir » Glasgow avec sa COP26 à gagner. Pour ce Canada, deuxième plus grand pays au monde par sa superficie. Ce Canada souvent espoir du monde à bien des égards; pays de diversité, d’immigration, d’eau douce – liquide ou gelée – et de forêts, de ressources naturelles abondantes, puissance moyenne au potentiel d’actions diplomatiques significatives, comme son histoire l’a souvent démontré.

Question de l’urne: la route vers Glasgow?

Si le Canada vivra un jour d’élection historique le 20 septembre 2021, dès le 12 novembre son premier ministre fraîchement élu reprendra son avion de retour, après avoir participé quelques jours à la Conférence des Nations Unies sur le climat. La population canadienne est parmi les plus privilégiées des humains de la Terre, riche d’un niveau de confort et de conscience des enjeux face à son avenir à court, à moyen et à long terme. Demain il faut boire, manger, travailler, survivre; à court terme, il faut gagner sa vie, aimer et protéger ses proches ainsi que le plus possible autrui aussi, progressivement préparer sa propre fin de vie et sa mort dignement par simple respect des survivants; à long terme, il faut tenter d’être passé sur cette planète – individuellement et collectivement – sans y avoir été un passif et, en tant que membre d’une société humaine, avoir contribué à un monde meilleur. En tant qu’Humanité, c’est une espèce de responsabilité universelle ça, non?

Ce n’est peut-être pas avec toutes ses questions en tête que le premier ministre sortant, Justin Trudeau, s’est lancé dans l’enjeu électoral en cours au Canada il y a déjà une bonne semaine.

Bonne campagne à tous et espoir qu’elle ne démontre pas trop cruellement que la politique garde toujours quelque chose qui ressemble à du sport extrême.

À suivre… (RDV, ici, après les trois débats).