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6-7 APRIL 2021: GO FOR THE « MADE IN JAPAN » VIRTUAL Global Technology Governance Summit

Sorry, it will be an other virtual meeting, but COVID-19 still alive… so! Go and lets go with the World Economic Forum initiative to organize the first Global Technology Governance Summit on 6-7 April 2021, as a virtual meeting, hosted by Japan. Organized in close collaboration with the Centre for the Fourth Industrial Revolution (C4IR) Network. The inaugural gathering of the GTGS, with more than 40 governments and international organizations as well as 150 companies, will cover many key topic areas in detail.

Industry Transformation
No industry has been untouched by the global response to COVID-19. The world can no longer operate as it has, and as such markets will have to respond to its new and evolving needs. To survive, every business in the world will have to become a technology company.

Government Transformation
The transformation of government will be front-and-center in the area of digital infrastructure as technology services become an essential public utility comparable to electricity, water, or roadways.

Global Technology Governance
The extent to which the benefits of technology are maximized, and the risks mitigated depends on the quality of governance protocols – policies, norms, standards, and incentives that shape the development and deployment of technologies.

Frontier Technologies
Embracing frontier technologies will be essential across all sectors. Technologies such as 3D printing can revolutionize supply chains, enabling mass customization and offering new pathways to increase the circularity of products. or halt environmental damage caused by climate change.

Ethical artificial intelligence, blockchain
data privacy…

this Summit, builds on the work of the Centre for the Fourth Industrial Revolution Japan and the Forum’s global Network of centres in 13 countries shape the Fourth Industrial Revolution.

The World Economic Forum Centre for the Fourth Industrial Revolution Japan was established in July 2018 as the first global centre in the Network outside San Francisco. Its goal is to contribute to the global development of technology governance. 

“The COVID-19 pandemic has exposed the vulnerabilities of modern society. I believe that the solution to overcome these vulnerabilities are Fourth Industrial Revolution technologies,” said Akira Amari, Chairman of Parliamentary Association for the World Economic Forum, Member of the House of Representatives. “A new framework of technology governance based on the shared values of human rights and the rules of law is pressing issue for our society.”

All sessions are livestreamed on the Forum’s website.

www.weforum.org

For more information about the projects, explore the Centre’s portfolio of work.

Agenda (also in French | Spanish | Mandarin | Japanese).

Pfizer, Moderna, Medicago; Chine, Israël, Canada en passant par le Japon… les routes de la diplomatie vaccinale

Bientôt officiellement un an de vie pandémique sur la Terre entière – rien encore n’a été trouvé du type COVID-19 sur Mars ! – et toute l’humanité survie dorénavant, à vitesse très variable, en mode d’ajustement structurelle vaccinal. À voir aller l’industrie mondiale du vaccin depuis décembre 2020, et les aléas de la distribution et des engagements contractuels, il faudra bientôt sérieusement parler, et sans détour, des dessous d’une malveillante souveraineté vaccinale.

Commençons par le commencement : la Chine! Cette Chine, lieu avéré de départ de l’épidémie trop vite transformée en pandémie. Ensuite, lieu de départ de la recette gagnante pour la conception des vaccins par le partage – merci aux chercheurs! – du séquençage et du code génomique du SARS-Covid2. Un mélange de solidarité mondiale entre les capacités en recherche, de farouche compétitivité entre sociétés multinationales privées ou entreprises de recherche biopharmaceutique et/ou militaire d’État, et aussi d’obligations de résultats devant un état de crise sanitaire planétaire avec des opinions publiques à cran, tout ça aura amené au marché (aux marchés?) une douzaine, voire deux, de vaccins recevant confiance. Sésames d’espérances qui sont actuellement distribués, de manières suffisamment fiables bien que très variables, aux quatre coins du monde. Avec cette même Chine dans le peloton de tête des pays exportateurs de vaccins. Comme la Russie, comme l’Inde, comme doublement les États-Unis d’Amérique eux avec deux vaccins leaders : le Pfizer et le Moderna, comme le Royaume-Uni; mais pas encore le Canada, ou le Japon, ou l’Europe continental et nous y reviendrons… Mais redisons-le, avec la Chine dans le peloton de tête. Une Chine gagnante, bref. Comment s’en surprendre!

On vous résume ici le commentaire :

« Depuis au moins les trois dernières années, j’ai remarqué que la Chine n’a plus rien à envier en matière de biotechnologie… Elle a la propriété intellectuelle… En conséquence, elle demande l’accès aux marchés. Elle est prête. »

Celui qui s’exprimait ainsi c’est Stefan Oschmann, un incontournable de l’industrie pharmaceutique qui depuis 2016 est le grand patron de Merck. Et cette opinion du dirigeant de tête de cette multinationale d’origine européenne, alors partagée mondialement, parce qu’en mode visioconférence dans le contexte de l’un des panels organisés durant l’Agenda de Davos (1), ne pouvait pas ne pas attirer l’attention dès lors que l’humanité entière est toujours au cœur du combat de la pandémie de la COVID-19.

Stefan Oschmann
Former Vice-Chairman and Deputy Chief Executive
Officer and since May 2016, Chairman of the Executive Board and Chief Executive Officer, Merck KGaA


– 1977-82, studied veterinary medicine and 1985, PhD, Ludwig-Maximilians-Universität, Munich.
– 1985, started career at the International Atomic Energy Agency.
– 1987, moved to the German Animal Health Federation, a member association of the German Chemical Industry Association. Worked for the US pharma company MSD, serving as President, Emerging Markets.
– Other positions included member of senior management and corporate officer with responsibility for the business in Europe, the Middle East, Africa and Canada;
– Senior Vice-President in charge of Worldwide Human Health Marketing as well as Vice-President of Europe and the German business.
– 2011, joined Merck as Chief Executive Officer, Biopharma division and Member of the Executive Board. Led the transformation of Biopharma.
– 2013-14, was responsible for the Healthcare business sector of Merck. Oversaw the Biopharma, Consumer Health, Allergopharma, and Biosimilars businesses.

Dire que la Chine est prête! C’est d’ailleurs au dirigeant en chef de la République populaire de Chine, le président Xi Jinping, que fut donné l’honneur d’être le premier chef d’État à prendre la parole, en discours d’ouverture, devant l’auditoire de l’Agenda de Davos le lundi 25 janvier et en discussion avec l’hôte organisateur, Klaus Schwab (Chairman of the Board of Trustees, World Economic Forum). Les Macron, Merkel, Poutine, Netanyahu, roi de Jordanie et quelques autres (mais personne de la Maison-Blanche, ni de la résidence du premier ministre à Ottawa) s’y exprimeront après lui. Le Forum de Davos (WEF) en 2021 recevait la Chine en grand!

Pfizer et la route d’Israël

Si l’Agenda de Davos recevait la Chine en grand, son organisateur en chef n’était certes pas moins fier de discuter plus de quarante minutes avec son autre invité de marque en la personne du premier ministre d’Israël à qui il n’a pas manqué de faire expliquer le comment et le pourquoi de cette « efficacité vaccinale » faisant déjà la renommé internationale de ce pays à petite population.

Oui, Israël n’a pas lésiné sur le prix, et si ce n’est pas sur cet aspect qu’il aura joué au jeu de la négociation, il l’aura fait avec autant plus de force qu’il savait qu’il pouvait offrir de l’or (en métadonnés) pour Pfizer avec son excellente maitrise du data informatique sur l’état de santé de sa population. Netanyahu a bien joué ses cartes – il faut dire qu’il a aussi la pression d’une population qui ira aux urnes électorales en mars 2021 – et son pays est dorénavant reconnu comme LE laboratoire mondial par excellence en matière de compréhension de l’efficacité d’un vaccin COVID-19 et de stratégies d’immunité collective.

La valeur maîtrisée du data en 2021. Un ministre très influent de l’actuel gouvernement du Québec l’avait compris, lui aussi. Malheureusement il ne su pas, le moment venu, l’expliquer et l’utiliser au bénéfice de ses commettants. Mais c’est une autre histoire, qui nous éloigne trop des routes de la diplomatie, sujet principal qui nous intéresse ici…

Medicago et la route du Canada… en passant par le Japon

Mais étrangement, il faut rester au Québec pour ne pas s’éloigner d’une autre des routes pas très connues de la diplomatie à propos du sujet principal qui nous intéresse ici.

Autour de 200 millions de $ d’aide du gouvernement du Canada furent débloqués pendant l’été 2020 pour appuyer, et surtout accélérer, le développement d’un vaccin COVID par la société Medicago installée à Québec, la ville capitale du Québec.

Du maire de la Ville de Québec, au ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec, jusqu’au député fédéral du comté de Québec et aussi ministre influent à Ottawa, la fierté était évidente. Une biotech de Québec, dans ce cas spécialiste des plantes, se démarquait au même titre que les leaders finalement peu nombreux dans la quête aux bons vaccins.

Mais si l’importante aide financière venue du gouvernement du Canada est ici certainement bienvenue, justifiée et à propos, le sourire est aussi de mise au Japon, véritable lieu de contrôle de Medicago. Car, s’il reste exact, en 2021, de dire que Medicago est une société de R&D réputée créée et née dans la ville de Québec en 1999, il faut aussi se souvenir que pour assurer sa survie, son développement et sa croissance, ses dirigeants durent, après l’avoir fait croitre, pendant plusieurs années, comme société inscrite à la Bourse TSX, la privatiser, en la vendant par étapes, à des intérêts aux USA (avec une usine à Durham, en Caroline du Nord), ainsi que du Japon.

Medicago n’est plus à proprement parlé une société de propriété canadienne. C’est ailleurs dans le monde que les grandes décisions de son administration sont prises. La cote de Medicago est d’ailleurs disparue de l’Indice boursier régional de ce territoire (IBR-QCA) le 19 sept 2013, suite au rachat de 60% des actions par son partenaire du Japon, 40% restant au partenaire nord-américain déjà dans l’aventure. Et la société alors ainsi créée à cet effet devenait à capital fermé. Le 4 décembre 2020, la société biopharmaceutique de Québec annonça d’ailleurs la nomination de Takashi Nagao au poste de président et chef de la direction, rappelant qu’au cours des quatre dernières années, il a été président du conseil d’administration de Medicago et a conseillé ses dirigeants pour amener l’entreprise là où elle est aujourd’hui.

Non, les routes de la diplomacie vaccinale en contexte de pandémie de la COVID-19 ne sont pas simples!

(1) L’Agenda de Davos a été la version 2021 de ce qui est habituellement le traditionnel Forum économique mondial de Davos, tenu finalement qu’en mode virtuel, du 25 au 29 janvier, pour une 51e année qui passera là aussi à l’histoire, pour cette organisation. Son prochain rendez-vous réel est planifié pour se tenir à Singapour, en août 2021.

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Pendant ce temps Londres et Tokyo signent un accord de libre-échange

Il y a certes quelques tendances lourdes façonnant le monde et l’une d’elles concerne le déplacement du pouvoir économique, constatant cette masse de nouveaux consommateurs en Asie et dans les pays émergeants. C’est avec cette analyse qu’il faut remarquer la récente signature d’un accord de libre-échange (ALE) entre le Royaume-Uni et le Japon. Constituant, au surplus, le premier geste économico-diplomatique post-Brexit d’importance du gouvernement à Londres, dorénavant libre du contexte communautaire européen.

Si la fin de l’année 2020 sera largement marquée par la suite des choses, après les dépouillements des votes des citoyens des États-Unis d’Amérique déterminant qui gouvernera les institutions politiques de la première puissance mondiale, il faut aussi regarder ce qui se trame ailleurs.

Avec la conclusion de cet accord de partenariat économique global (UK–Japan Comprehensive Economic Partnership Agreement) le monde prend acte du premier accord que le Royaume-Uni a conclu en tant que nation commerciale redevenue indépendante après des décennies à avoir voulu construire une Europe politique solidaire.

D’ailleurs, l’accord va – et il est essentiel de le noter – bien au-delà de l’accord existant de l’Union européenne (UE), assurant des avantages sur mesure pour les entreprises et les citoyens britanniques. Au surplus, il faut retenir qu’il représente une étape importante vers l’adhésion à la Zone de libre-échange du Partenariat transpacifique global, ce qui se traduirait par des liens plus étroits avec 11 pays du Pacifique.

The UK – Japan Comprehensive Economic Partnership Agreement was agreed in principle on 11 September 2020.

It is the government’s ambition to secure free trade agreements with countries covering 80% of UK trade by 2022.  

Entre Londres et Tokyo, mais aussi Moscou, Pékin, Berlin, Paris ou Washington, restera encore à ne pas oublier comment les grandes capitales mondiales s’occuperont des autres tendances lourdes du monde post COVID-19 en émergence: le déplacement démographique, l’espérance de vie plus longue avec les changements de la médecine, les comportements des consommateurs, l’accélération de l’urbanisation, la présence des technologies numériques, l’automatisation et la robotisation au quotidien et dans tous les secteurs de la vie, les changements climatiques se couplant aux enjeux de la rareté des ressources de base (eau, terre cultivable, etc.)

PHOTO: UK International Trade Secretary, Liz Truss signand l’accord avec le ministre japonais Toshimitsu Motegi.

LIRE AUSSI: https://www.gov.uk/government/news/uk-and-japan-sign-free-trade-agreement

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La folle course du « Top 10 » de l’entreprise la plus durable au monde

Quelle entreprise ne voudrait pas figurer parmi les leaders d’un classement « vert » en 2019 ? Bâtir un tel classement est par ailleurs de plus en plus à double tranchant pour une organisation, un média, un groupe parmi la société. Nous saluerons ici l’audace et la belle initiative du magazine canadien Corporate Knights, qui dans son édition de l’hiver 2019 publiait « The Global 100 MOST SUSTAINBLE CORPORATIONS IN THE WORLD INDEX ». Et pour ne pas vous enlever tout intérêt à aller découvrir lesdits 100 entreprises du classement de 2019, nous ne présenterons que le « Top 10 » de son index. Soit bien assez pour constater que la fin des années 2010 nous offrent une totale folle course dans le monde des entreprises à savoir qui est la plus environnementalement respectable!

TABLEAU 1

LISTE DES 10 ENTREPRISES LES PLUS DURABLES DANS LE MONDE EN 2019

Rang

2019

Rang

2018

Entreprise

Pays d’origine

Domaine

1 66 Chr. Hansen Holding A/S Danemark Aliment et agents chimiques
2 47 Kering SA France Vêtements et accessoires
3 2 Neste Corporation Finlande Raffinage pétrolier
4 70 Orsted A/S Danemark Énergie
5 53 GlaxoSmithKline plc Royaume-uni Bio-pharma
6 Prologis, inc. USA Investissements immobilier
7 95 Umicore Belgique Métaux
8 49 Banco do Brazil S.A. Brésil Banque
9 46 Shinhan Financial Group Co. Corée du Sud Banque
10 74 Taiwan Semiconductor Taïwan Semiconducteur

(SOURCE : Corporate Knights Magazine, Winter 2019.)

 

En analysant le tableau du « Top 10 », c’est la comparaison avec le rang obtenu par chacune en 2018 qui témoigne avec force de l’intensité de la course. Une seule entreprise parmi le « Top 10 » de 2018 figure encore au palmarès de 2019; et elle recule : 3e, Neste était 2e en 2018. En fait, toutes les autres n’étaient même pas dans les 45 premières de 2018 et Prologis (6e en 2019) n’apparaissait même pas parmi l’index des 100. C’est que la course se révèle extrêmement intense avec l’apparition de nombreux nouveaux noms : presque la moitié (46) des entreprises parmi les 100 en 2019 n’étaient pas parmi la liste de 2018.

Un énorme brassage des positions en découle. La grande championne de 2018 qu’était Dassault Systèmes se retrouve ainsi à la 38e position de 2019. Elle aussi française, Valeo, qui était à la prestigieuse 3e place, se fait remettre à la 29e. La biopharma belge UCB passant, elle, de la 4e à la 79e place. La finlandaise Outotec Oyj qui arrivait de la 5e place glisse à la 12e en 2019. Amundi (France, 31e), Cisco Systems (USA, 14e), Autodesk (USA, 48e), Siemens (Allemagne, 28e) et Samsung SDI (Corée du Sud, 83e) complétaient dans l’ordre le « Top 10 » de 2018.

Ce qui montre bien que les années présentes témoignent d’une réelle prise d’action par les entreprises, afin d’améliorer leur bilan environnemental, et qu’elles sont de plus en plus nombreuses à mieux réussir et à s’inscrire dans des palmarès.

LECTURE PAR PAYS D’ORIGINE

Si l’on fait une lecture par pays d’origine, il ne faut pas se surprendre que le pays d’origine le plus cité des 100 entreprises listées soit les USA, économie la plus puissante de la planète. La force du nombre reste toutefois impressionnante pour 2019 face au reste du monde : 24 des 100 sont des USA, soit une sur quatre.

La principale surprise vient juste après! Plus de 10% des 100 entreprises les plus vertes du monde en 2019 proviennent de la France : 11 sur 100. Une France qui, incidemment, arrive devant le Japon (mais aussi l’Allemagne ou le Royaume-Uni).

Et la surprise se reproduisant à nouveau de voir la Finlande puis le Canada compléter ce « Top 5 » devant des puissances telles que le Royaume-Uni et l’Allemagne.

TABLEAU 2

PAYS D’ORIGINE DES ENTREPRISES LES PLUS DURABLES DANS LE MONDE EN 2019

Rang 2019 Pays Nombres d’entreprises
1 USA 24
2 France 11
3 Japon 8
4 Finlande 7
5 Canada 6
16 autres R-U, Allemagne, Danemark (4), Brésil (4), Suède (4), Corée du Sud (3), Espagne (3), Belgique (2), Suisse (2), Taïwan (2), Italie (2), Singapour (2), Pays-Bas (2), Australie (2), Irlande, Autriche 5 à 1

(SOURCE : Corporate Knights Magazine, Winter 2019.)

 

Autre élément à remarquer sur ce regard par pays d’origine, c’est qu’ici le seul « Top 5 » regroupe la majorité, car 56% des entreprises en sont. On retrouve donc les 44 autres entreprises réparties entre 16 autres pays. Des pays essentiellement européens… Oui, car 51% des 100 entreprises les plus durables dans le monde en 2019 ont un pays d’Europe pour origine. Et malheureusement aucune n’origine de la Chine continentale, alors que 2 sont de Taïwan. Aucune de la Russie non plus.

Découvrez la méthodologie complète sur www.corporateknights.com

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Sommet Trump-Poutine : les non-dits d’Helsinki

La poussière est encore à retomber suite à l’historique premier sommet politique entre les présidents des États-Unis et de la Russie, Donald Trump et Vladimir Poutine. Toute la journée de ce Sommet Trump-Poutine, tenu à Helsinki le 16 juillet 2018, l’expectative des résultats alimentait les discussions. Mais dans ce genre de rendez-vous, c’est beaucoup dans les non-dits qu’il faut aussi rechercher les meilleures analyses et les legs possibles. Ce cas-ci ne fait pas exception.

Réglons immédiatement ce qui malheureusement monopolise la majorité des médias : l’accusation d’ingérence russe dans la dernière campagne électorale présidentielle des USA. En réalité, les services de renseignement étatsuniens faisaient un beau cadeau à leur président en dévoilant quelques jours avant son rendez-vous les fruits de leur enquête sur la question. Ils lui donnaient une carte à jouer face à son adversaire. Et le timing excluait toute occultation du sujet; on se devait de confronter la question.

Le président Trump a décidé d’en faire un cadeau à son vis-à-vis. Il lui a fait savoir que sa décision était de vouloir le croire alors qu’il dit et redit « qu’il n’y a pas eu d’ingérence russe ». Message envoyé: fin de l’histoire, passons à autre chose.

Ce que le président Trump a fait, ou tenté de faire, c’est de passer l’éponge. Il a décidé de ne pas crisper la Russie avec cette bien triste affaire. Une polémique qui traîne depuis presque deux ans maintenant. Et c’était diplomatiquement parlant la meilleure décision à prendre. Toutes les autres options contribuaient à empoisonner l’avenir de la relation WashingtonMoscou. Or les deux hommes se rencontraient justement pour tenter de l’assainir.

Et connaissant le personnage, c’est un beau cadeau que M. Trump a fait à M. Poutine. Son style laissait plutôt supposer qu’il s’amuserait à encore instrumentaliser la polémique et à jouer de boutades pour la faire rebondir et perdurer dans le flou. Trump a plutôt tenté de mettre tout son poids pour libérer Poutine d’une grave hypothèque d’image. Il espère maintenant en retirer un retour. Ce n’est certes pas ce qu’il a dit. C’est pourtant ce qu’il faut entendre… et attendre. Même 24 heures plus tard!

Et en très bon politique qu’il est, c’est sans doute ce que Vladimir Poutine attendait, lui. Message reçu! Il en doit une à Trump… ainsi va la diplomatie internationale.

***

On l’a vu, ce ne sont pas les sujets internationaux lourds qui manquent pour alimenter la négociation entre les deux hommes d’États. Le contenu de leur rencontre d’Helsinki témoigne à lui seul de l’évidence que ce n’est pas qu’avec le bilan immédiat de cette journée de rencontres qu’il faut savoir juger de l’utilité de l’événement. Ce n’est que la pointe de l’iceberg d’un complexe et long processus.

Et c’est ici que le jeu de lire les non-dits s’impose particulièrement devant le devoir d’analyse.

Enjeux nucléaires civil et militaire en Iran, état de guerre en Syrie, lutte globale au terrorisme, Ukraine incluant la Crimée, IsraëlPalestine… sont tous des sujets dits.

DEUX NON-DITS

Donald Trump fut un homme d’affaires avant de passer à la politique. Et il a toujours le réflexe de vouloir brasser des affaires. Avec la Russie, il savait qu’il avait devant lui un joueur majeur en matière énergétique.

Le premier non-dit de substance de ce sommet concerne ce sujet. Non pas dans son aspect européen de la chose – l’Allemagne fut bien sermonnée à Bruxelles quelques jours avant – mais dans la perspective de Tokyo.

Avec les riches gisements de gaz et de pétrole de Kovytka, au nord-ouest du lac Baïkal en Sibérie, et leur sortie par la baie de Kozmino, sur la côte russe de la mer du Japon (ville de Nakhodka, à l’est de Vladivostok), grâce à la construction de l’oléoduc Sibérie-Pacifique*, Moscou a tenté sans succès de régler son différend frontalier avec le Japon concernant les îles Kouriles. Il ne faut jamais oublier qu’aucun traité de paix n’a encore été conclu entre le Japon et l’URSS – la Russie – suite au conflit mondial de 1939-45. Intraitable, Tokyo demande le retour complet des quatre îles de son extrême nord (c’est par le Traité de Shinoda de 1855 que la frontière passe au-dessus de Eterofu (ou Iturup), Kurashiri, Skikotan et du petit archipel des îlots Habomaïs) occupées opportunément parce que Staline ordonna à l’Armée Rouge, après la capitulation du Japon, de s’y rendre.

Dès la planification du projet de l’oléoduc Sibérie-Pacifique, devant la situation demanderesse du Japon en matière énergétique, Moscou tenta en même temps d’amadouer Tokyo, mais sans succès. Si le Japon a fait exception à sa position globale de négociation, parce qu’il a finalement accepté de participer au financement de l’oléoduc pour pouvoir s’alimenter en énergie**, il refusa autant tout compromis sur la question d’un éventuel traité de paix et demeure tiède à Moscou pour le reste de ses relations.

Tokyo refuse de mêler les deux sujets.

Mais si Moscou n’arrive pas à faire fléchir Tokyo, Washington le peut davantage.

Or, Donald Trump vient de tenter un grand coup avec la carte de la paix en Asie via la Corée du Nord. Il pourrait très bien rêver de jouer le doublé : en plus du souhaité et de plus en plus probable traité de paix Corée du Sud Corée du Nord, encourager le depuis longtemps aussi souhaité traité de paix JaponRussie. Et ainsi dégager complètement l’Asie de l’Est des stigmates de la seconde GGM en matière de frontières internationales.

La Corée du Nord est d’ailleurs le second non-dit de substance que nous souhaitons ici relever.

Dans sa quête de redonner à son pays le lustre de puissance que son passé impérial permettait, le président Poutine regarde stratégiquement vers l’Asie depuis certainement 2004. Et une partie de la politique coréenne de Vladimir Poutine apporte une pièce surprenante à l’équation. Parce que pendant plusieurs années il s’est obstiné à porter un projet (pourtant jugé « désespéré ») parce qu’il donnait un contenu à la prétention russe de jouer le rôle de pont entre Europe et Asie.

Ledit projet ? C’était de relier les deux grands réseaux ferroviaires transsibérien et transcoréen, en passant non pas par la Chine, mais par l’Extrême-Orient russe pour aboutir au port de Pusan, tout au sud de la péninsule coréenne. Tout un programme !

Or, il lui fallait, pour espérer réussir ce grand coup, en plus de la collaboration directe des deux Corée, l’apport financier du Japon (soient les deux facteurs qui consacrèrent alors le jugement « désespéré » de ce projet… et pour cause!)

Mais cette lecture juste du projet, le condamnant à une utopie, jusqu’à tout récemment, d’un appelons-le train TransEuroAsie de la Paix, l’est-elle encore tout autant en juillet 2018 ?

***

« (…) le business de la Russie, c’est le business! En contraste radical avec le passé soviétique, la Russie post-impériale figure parmi les pays les moins idéologiques du monde », analysait déjà en 2007 Dimitri Trenin, un des meilleurs connaisseurs occidentaux de la Russie contemporaine aux yeux d’Hélène Carrère d’Encausse.

Dès sa première arrivée au pouvoir – initialement à titre de premier ministre choisi par Boris Eltsine fin 1999 et comme président avec l’élection de mars 2000 – Vladimir Poutine exposa clairement ce que devait être son pays : puissant, parce que respecté et tenu pour un égal par les autres grands États et participant à toutes les décisions internationales; indépendant, parce que libre de ses décisions fondées sur sa tradition et ses valeurs propres.

Littéralement en faillite en 1992-93 puis à genoux devant le FMI, le chemin de la Russie vers la prospérité fut long. Eh que oui, elle dit merci à ses salvatrices richesses en gaz et pétrole. Long chemin donc, tout comme sa reconquête de puissance.

La Russie, humiliée à bout dans l’affaire de la reconnaissance du Kosovo, ira même jusqu’à instrumentaliser une courte guerre avec la minuscule Georgie, du 7 au 12 août 2008, pour se faire comprendre et respecter, particulièrement par l’OTAN. Président tournant de l’Union Européenne, ce fut alors le français Nicolas Sarkozy qui dut s’activer pour négocier le cessez-le-feu et écouter Medvedev lui expliquer le fond des choses, vue de Moscou.

Avant que l’OTAN ne revienne encore la hanter, cette fois via l’Ukraine, ce pays-frère par ailleurs pour lequel Poutine a très mal jouer ses cartes contrairement à la Georgie, la Russie cependant n’a pas attendu les extrêmes (rappelons ici que le contrat de location de 20 ans de sa stratégique base navale de Sevastopol y tombait à échéance avec 2017) et a « récupéré » en 2014 la Crimée. Ce cadeau de Khrouchtchev fait en son contexte en 1954 qui était devenu intolérable avec les années 2010… Occupation, référendum, annexion et même connexion terrestre, car le président Poutine y a fait travailler des milliers d’ouvriers, sans aucune interruption, pendant plus de 800 jours, pour construire un double pont (route-chemin de fer) de presque vingt kilomètres pour mieux relier la Crimée avec toute la Russie. Il l’a inauguré le 15 mai 2018 et c’est devenu le plus long pont en Europe.

Certes, il est très mal vu en société de reprendre un cadeau donné, mais la Russie se sent maintenant puissante et indépendante. Puis on n’efface pas quelque cinq siècles de réflexe impérial comme ça! Parce que toute l’histoire de la grande Russie c’est bien plus que les sept décennies de l’Union soviétique (1917-1991).

La Russie de Poutine assume incidemment des sanctions de l’Occident depuis son coup en Crimée. Les sommets du G8 repassèrent à G7 l’année même; une année 2014 lors de laquelle la Russie devait même être l’hôtesse du sommet (qui se tint finalement à Bruxelles au beau profit de l’UE).

M. Poutine peut maintenant dire merci à Donald Trump juste pour l’avoir mis ainsi au sommet à Helsinki le 16 juillet 2018. Par ailleurs, le geste témoigne pareillement du non-dit que la vision de Trump de la gouvernance mondiale n’est pas unipolaire, ce qui est une bonne nouvelle pour l’humanité.

Un témoignage aussi que si l’actuel président des États-Unis d’Amérique dit haut et fort America first!, il ne dit pas America alone… Et ça, bien qu’il veuille rebrasser les cartes partout sur son parcours depuis son élection.

Finalement, c’est seulement le temps qui dira sur tous les non-dits d’Helsinki.

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* Le premier tronçon de l’oléoduc Sibérie-Pacifique, long de 2 694 km et inauguré en décembre 2009 (relié opérationnellement début 2011 par un branchement de 930 kilomètres aux raffineries de la ville de Daqing, dans le nord-est de la Chine) compte maintenant un second tronçon de plus de 2 000 km entre Skovorodino et la baie de Kozmino sur la côte russe de la mer du Japon, en service depuis fin 2012. En anglais : ESPO pour Eastern Siberia – Pacific Ocean pipeline system.

** Les exportations russes (crude oil) du terminal Kozmino pour 2016 furent de 31,8 millions de tonnes, en hausse de 4.6%. Pour 2016 toujours, ce pétrole fut exporté ainsi : Chine (69.8%), Japon (12.3%), Corée du Sud (7.5%), Malaysia (5%), Singapore (1.9%), Thailand (1.3%), USA (1%), Philippines et Nouvelle Zélande (0.6%).

Lire notre autre article sur le possible, voire probable G8 de 2020.

Lire aussi :

www.bepax.org/files/files/2011-analyse-dernier-heritage-de-la-guerre-froide-le-conflit-irredentiste-sur-l-archipel-des-iles-kouriles.pdf

http://geopolis.francetvinfo.fr/conflit-des-iles-kouriles-la-russie-et-le-japon-trouvent-une-issue-economique

www.lejournalinternational.fr/Iles-Kouriles-a-l-est-aussi-la-Russie-montre-les-crocs

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