Archives par mot-clé : Corée du sud

Deux pays, un drapeau : une bien étrange guerre des médailles commence

Le Jeux Olympiques qui commencent dans quelques heures nous avaient historiquement habitué à un duel de médailles USAURSS, pendant presque tout le XXe siècle. La Russie sera non seulement déclassée, mais officiellement absente des très officielles XXIIIe Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en 2018. Et la rivalité entre l’Occident et le « monde communiste » n’a plus la même couleur, depuis que, récemment, l’immense population de la Chine s’impose mathématiquement à l’humanité entière. Aucun « guide de paris sportifs » ne saura vous garantir la qualité de vos pronostiques pour la nouvelle guerre des médailles qui commence. Mais la plus belle affaire à suivre sera peut-être le complet déroulement des efforts des imprévues délégations des « Deux pays à un seul drapeau ».

Corée vs Corée : après le surréaliste défilé des athlètes, lors de la cérémonie d’ouverture, déployant une grande nation coréenne exceptionnellement unie sous un seul drapeau, que le temps d’un tour de stade, commencera, avec les compétitions, une fort étrange guerre des médailles. Et ici, la politique effacera toute la beauté du sport et de l’idéal olympique.

Reste donc à espérer que c’est la diplomatie qui remportera la plus belle médaille d’or de ces jeux.

Mais la pure récupération politique, en grand habit de propagande, part nettement en avantage.

Vite, du pain et des jeux.

Parce qu’en direct de Pyongyang, les politiciens nord-coréens seront obsédés en priorité, et uniquement, par la valeur de toute gloire olympique qu’un athlète, ou une athlète, du pays saura remporter et rapporter en Corée du Nord. Avec du pain au retour, si possible.

Oui, du pain et des jeux. Vite! Surtout des jeux… pour oublier le manque de pain.

Selon une source russe (Vestifinance) les soldats nord-coréens ont récemment encore reçu des congés de longue durée pour trouver de la nourriture ou gagner de l’argent afin d’en acheter. « Mais cela ne suffit pas. » Et le site d’info Daily NK rapportait que les collaborateurs de l’État de la Corée du Nord « fouillent les maisons et les fermes pour y trouver de la nourriture cachée, ou de l’argent, afin de les redistribuer à l’armée ». Pire : la sécheresse de la dernière année a détruit une partie des récoltes et la saisie de nourriture pour les militaires entraîne des affrontements entre les civils et l’armée.

FAMINE ET MÉDAILLES

En juillet dernier, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié un rapport mettant en contexte la situation sanitaire inquiétante de la population nord-coréenne face à un état  de sécheresse : « La pire en 15 ans ». La FAO mettait ainsi en garde contre « le risque de graves pénuries ».

Toujours selon l’ONU, on savait déjà que même dans les années sans sécheresse, « plus de 40% de la population nord-coréenne souffre de sous-alimentation ».

Mais bien que la FAO arguait d’une aide internationale, à l’évidence toutes les livraisons alimentaires internationales ont fortement diminué suite à la montée des tensions liées aux programmes militaires nucléaires de Pyongyang et au resserrement des sanctions économiques conséquentes.

Bref, tous les Coréens auront soif de médailles, mais les Coréens au Nord auront probablement plus faim tout court.

ROCHES ET MÉDAILLES

Et comme si leur pénible situation alimentaire ne suffisait pas, voila que le contexte de ces jeux, plutôt que d’offrir pleinement les douceurs de la trêve olympique, vient de leur servir l’affaire des rochers dits de Liancourt.

Il y avait pourtant raison de pavoiser : fruit de longues discussions datant initialement des années 1960, et utilisé pour la première fois qu’en 1991 lors d’un tournoi de tennis de table (… au Japon), le fameux « drapeau unifié », qui représente, sur fond blanc, la Corée entière, sans démarcation, en bleu ciel, donc ledit drapeau, fait actuellement scandale … au Japon.

En s’accordant sur la participation historique d’une équipe féminine commune en hockey sur glace. Aussi en hissant le drapeau de la Corée du Nord (normalement illégal au Sud) au village olympique de Pyeongchang. C’est définitivement avec la décision commune de défiler ensemble le 9 février au stade olympique, sous le même drapeau, que ce podium complet du rapprochement entre les deux Corée impressionnait le plus. Mais voila que les diplomates coréens dans leur ensemble semblent vouloir encore compliquer la facette politique des Jeux olympiques de Pyeongchang.

Impossible de croire que l’avancée diplomatique entre les deux pays ennemis de la péninsule se fait en ayant oublié de vieilles tensions entre la Corée du Sud et son voisin, le Japon.

Sur fond blanc, représentant la Corée entière et sans démarcation, en bleu ciel, à côté de la silhouette, apparaît en effet sur ledit drapeau un petit point censé représenter un groupe d’îlots situés en mer du Japon : Les rochers de Liancourt.

Également appelés « Dodko », soit « les îles solitaires » (en coréen) ou « Takeshima », soit « les îles aux bambous » (en japonais), contrôlées par la Corée du Sud, elles sont revendiquées de longue date par le Japon.

« Le drapeau est inacceptable au vu de notre position sur la souveraineté de Takeshima », a indiqué un porte-parole du gouvernement de Tokyo, à quelques jours du début des JO, précisant avoir « fermement protesté auprès de la Corée du Sud ».

Peut-être surtout insignifiants à première vue, les îlots (huit et douze hectares pour les plus gros) cachent non moins un conflit territorial latent depuis plus d’un demi-siècle.

Évidemment, la Corée du Sud, autant que le Japon, revendique pour des enjeux économiques, cette zone géographique laissée « dans le flou » lors de la ratification du traité de San Francisco, en 1951. Ce qui explique la dénomination choisie par la communauté internationale, Les rochers de Liancourt, pour ne vexer personne. Mais qui offrent pas moins au « pays propriétaire » une exclusivité des droits d’exploitation des 200 milles marins aux alentours.

Alors si votre guide de paris sportifs se disant spécialiste des enjeux olympiques vous limite à ne regarder que le duel Corée vs Corée, sachez que cette belle affaire en alimentera aussi une autre, elle triangulaire, entre Séoul, Pyongyang et Tokyo. Et que les médaillés japonais sauront peut-être rendre service, eux-aussi, à leur gouvernement, même si c’est à Pyongyang que toute place des leurs sur une marche du podium à Pyeongchang sera le plus savamment récupérée par le régime, dans cette étrange guerre des médailles qui commence.

————————————

Source de l’imagehttps://histoireetsociete.wordpress.com

Sources :

https://www.lci.fr/international/coree-du-nord-kim-jong-un-economie-population-la-famine-est-elle-toujours-une-realite-dans-le-pays-2067129.html

https://fr.sputniknews.com/presse/201801241034870624-coree-du-nord-guerre-mondiale/

IA : une croissance annuelle de 50% d’ici 2025, ça vous intéresse ?

Le marché de l’intelligence artificielle (IA) aurait de quoi faire saliver n’importe qui, selon des données venant de la France et des USA. Le marché de l’IA pour les applications en entreprise est estimé à plus de 36 milliards $ d’ici à 2025, contre 643 millions $ en 2016, selon une étude récente du cabinet d’analyse Tractica. C’est-à-dire un potentiel de croissance de plus de 50% par an. Ajoutez-y le potentiel du marché du « data analytics » et on arrive à une estimation de 70 milliards $ en 2021, ici selon une étude de Merrill Lynch.

Plusieurs gouvernements sont déjà très proactifs pour attirer la manne sur leur territoire :

  • La Corée du Sud a récemment annoncé un plan IA avec 800 millions d’euros sur la table sur cinq ans. Un centre de recherche national y sera créé sous la forme d’un partenariat public-privé.
  • La Chine, depuis mai 2016, a dévoilé un programme de trois ans comprenant la construction de plateformes pour l’innovation. Dans le cadre de son plan Internet+ un fonds spécifique IA de 140 millions d’euros a été mis à la disposition de l’Académie des sciences de Chine. En juillet 2017, le gouvernement à Pékin a aussi annoncé son intention de faire de la Chine le pays numéro un de l’intelligence artificielle d’ici 2030 avec un marché national de 150 milliards $US.
  • Au Japon, l’ouverture en 2016 de deux nouveaux centres de recherche en IA fondamentale et appliquée impliquant des investissements respectifs de 57 et 157 millions d’euros  témoignent de l’intérêt du gouvernement à Tokyo.
  • La France compte une plateforme en ligne pour son initiative « France is AI » : www.franceisai.com
  • Ailleurs en Europe, il est intéressant de noter que le 16 février 2017, par 396 voix pour, 123 contre et 85 abstentions, le Parlement européen avait adopté un rapport préconisant de créer « au plus vite » un cadre juridique européen pour les robots.
  • Au Canada, la ville de Montréal se construit une réputation de « 1er carrefour mondial de l’IA », notamment grâce à la présence de grands noms de la R&D en la matière : Yoshua Bengio, Hugo Larochelle, et d’investissements par les gros noms de l’industrie : Google, Microsoft (acquisition de Maluula en janvier 2017), Facebook, qui y installent des centres de recherche dédiés à l’intelligence artificielle.

Le gouvernement du Québec a aussi annoncé, en mai 2017, qu’il investirait 100 millions $ canadiens au cours des cinq prochaines années afin de créer, autour de Montréal, une grappe québécoise en IA. Un petit mois plus tard, en juin, l’entreprise montréalaise Element AI, co-fondée par le chercher Y. Bengio, Jean-François Gagné et Nicolas Chapados (en impliquant Real Ventures), annonçait, elle, avoir obtenue pas moins de 137,5 M$ pour financer ses activités. Elle s’investira donc massivement dans des projets internationaux d’envergure et deviendra probablement le leader canadien de l’IA pour un bon bout de temps.

D’autres starts-up du domaine, à Montréal, sont aussi des noms à surveiller : Automat, Fluent AI et Imagia.

Par ailleurs, Jonathan Gaudrault, professeur de génie informatique à l’Université Laval, a exposé pourquoi il fallait, selon-lui, prendre sérieusement les prétentions de Montréal de se faire leader mondial en IA :

  • Présence de la matière première essentielle (main-d’oeuvre qualifiée et bassin de compagnies manufacturières diversifiée);
  • Assise solide en génie et IA;
  • Bonne culture d’intrapreneurship;
  • Tradition d’interdisciplinarité dans la recherche;
  • Bonne collaboration entre les acteurs.

Le professeur-chercheur Gaudrault était alors conférencier à l’invitation d’un des centres de recherche de l’Institut des hautes études internationales de l’Université Laval, en collaboration avec le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec, dans le cadre des 50 ans de la création de ce dernier, lors du colloque « L’avenir économique du Québec : de la Révolution industrielle à la Révolution numérique », tenu à Québec, le 10 octobre 2017.

***

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI

Savez-vous qui a mis 97 milliards de $ dans son économie verte en 4 ans ?

Non, ce n’est pas le Canada, malheureusement! L’étude « Green growth in motion : Sharing Korea’s experience », du Global green growth institute, qui date de 2011, montre comment la Corée du Sud, par des investissements publics de 97 milliards $ dans l’économie verte entre 2009 et 2013, compte susciter un potentiel de création de 11,8 à 14,7 millions emplois d’ici 2020.

Il ne s’agit heureusement pas d’un cas d’exception. D’autres politiques vertes peuvent mener à des créations d’emplois significatives, selon des études provenant de plusieurs autres pays.

Australie : Mise en place du « facteur 4 », qui s’entend par doubler la valeur des produits tout en divisant par deux la quantité de ressources utilisées : potentiel de création de 3,3 millions emplois.

Afrique du Sud : Énergie peu carbonée, efficacité énergétique et meilleure efficacité d’utilisation des ressources : potentiel de création de 462 000 emplois.

États-Unis : Généralisation de la déconstruction en lieu et place de la démolition : potentiel de création de 200 000 emplois.

Suède : Efficacité de la matière, efficacité énergétique, énergies renouvelables : potentiel de création de 100 000 emplois.

Pays-Bas : Report de la fiscalité du travail vers les ressources (The Ex’tax Project 2014) : potentiel de création de 650 000 emplois.