ENTREVUE Exclusif
Par Daniel Allard et Vincent Doyon C'est une entente « forcée » qui viendra finalement clore la bataille à savoir qui, et surtout comment, sera géré pas moins de 6 millions $ d'argents publics dédiés aux organismes responsables d'appuyer le développement économique régional dans ce que trop de gens d'influence hésitent encore à appeler la grande région métropolitaine de la capitale du Québec. « Le 25 février dernier, le conseil d'administration du CELCA a donné en bonne et dû forme un mandat à sa présidente, madame Dominique Ciechanowski, d'aller signer un protocole de collaboration avec PÔLE pour les services de deuxième ligne », a expliqué lors d'une entrevue téléphonique début mars Christian Audet, le directeur du bureau de Québec de Développement économique Canada (DEC). DEC pèse lourd dans les budgets mis en cause: sur les 4,3 M$ de celui de PÔLE Québec/Chaudière-Appalaches, le bailleur fédéral a contribué pour 1 268 000$ en 2003 et était toujours en négociation pour 2004; sur les 2 M$ que prévoit le budget du CELCA (un organisme qui vient de naître de la fusion de trois acteurs économiques de la région de Chaudière-Appalaches mais pour lequel il n'y a pas encore d'entente de signée actuellement) on parle de 750 000$. Dans la logique du gouvernement du Canada, il y a trois niveaux de services en matière de développement économique régional:
« Il y a seulement PÔLE qui a actuellement mandat d'assumer à la fois les services de 2e et de 3e ligne dans la grande région. Le CELCA n'a pas le mandat de 3e ligne, il doit en principe s'en tenir à ceux de 2e ligne », précise Christian Audet. Paradoxalement, en continuité avec ce que faisait préalablement Chaudière-Appalaches EXPORT avant de se fusionner au sein du CELCA depuis janvier 2004, c'est bel et bien le CELCA qui organise présentement, en collaboration avec la Chambre de commerce italienne au Canada (section de Québec), une mission commerciale qui ira en Italie la dernière semaine de mai 2004. Et la possibilité d'accompagner des gens d'affaires autant de la Rive-Nord que de la Rive-Sud de Québec également à Poitiers-Futuroscope, pour la 9e édition de Futurallia, en France, les 3 et 4 juin 2004, est aussi dans le plan de travail de Michel Caseault: « Nous n'avons pas de problème avec l'idée d'accueillir des entreprises de la région de Québec au sein de ces missions », expliquait ce commissaire à l'exportation bien connu en Chaudière-Appalaches, en entrevue téléphonique le 27 février 2004, à peine remis des décisions du c.a. du CELCA tenu juste deux jours auparavant. Rejoint le 12 mars, le pdg de PÔLE, Charles Boulanger, a confirmé qu'il était effectivement dans un processus de finalisation d'une entente avec le CELCA : « Je ne peux pas vous dire que l'entente est actuellement signée parce que je dois régler les derniers détails par téléphone avec la présidente de CELCA lundi (le 15 mars)... une rencontre jeudi est aussi prévue si c'est nécessaire mais je pense être en mesure de régler ça lundi... De notre côté, nous avions déjà accepté les conditions de DEC bien avant et nous sommes capables de vivre avec. » Ce retournement de situation permettra de faire enfin retomber la poussière sur la bataille de politiciens qui faisait rage surtout depuis le début de 2004 entre Québec et Lévis, et permettra aux gens d'affaires et aux entreprises d'escompter la fin de la récréation et un travail concerté avec des ressources loin d'être marginales : plus de 6 millions $ en budget de diverses sources publiques pour appuyer le développement de la zone économique que constitue les régions administratives de Québec et de la Chaudière-Appalaches; un pôle atteignant le symbolique niveau d'un million d'habitants (1 043 097, dont 501 000 travailleurs actifs et 32 000 entreprises, dont 90% ont 50 employés et moins). Mais preuve que l'atteinte d'une vitesse de croisière normale ne sera pas acquise facilement et que les tensions politiciennes sont encore vives en Chaudières-Appalaches (comme c'est d'ailleurs encore le cas à Québec aussi, qui doit également apprendre à développer une culture de développement à l'échelle de ce qu'elle est devenue depuis janvier 2002), l'unanimité n'est pas solidement de mise : « (...)En cours de route, un maire a refusé de financer le CELCA et a même menacé de transformer son organisme en SDE. Mais on l'a finalement convaincu de faire affaires avec le CELCA... Mais je ne vous infirmerai ou confirmerai aucun nom que vous me suggèrerez », confiait, tout en restant très prudent, un Christian Audet plongé dans un drôle de rôle d'arbitre. « Et il reste toute la question des services de troisième ligne à régler [qui concerne particulièrement l'approche de promotion par filières et la prospection internationale]. Un politicien de la Rive-Sud va-t-il se lever pour dire OK, on fait affaires avec PÔLE? », s'interroge ensuite ouvertement le haut fonctionnaire de DEC. En bout de ligne, peut-on penser ramener le tout sous la CMQ, comme le projet d'origine le prévoyait? « Moi, je n'y crois pas », a répondu sans hésitation Christian Audet. UNE BATAILLE NÉE EN DÉCEMBRE 2001 Le maire de Québec, Jean-Paul L'Allier, avait d'une certaine manière engagé directement les hostilités en décembre 2001, alors qu'il n'avait pas voulu attendre que la Ville de Lévis termine son processus de consultation publique avant de prendre la décision de s'engager oui ou non dans la création d'un organisme de promotion économique rattaché sous le chapeau de la Communauté métropolitaine de Québec. Devant cette demande formelle du maire Garon et des autres élus de la Rive-Sud au fameux conseil de la CMQ de décembre 2001, le maire L'Allier avait décidé de foncer seul et de mettre en place ce qui est progressivement devenu PÔLE Québec/Chaudière-Appalaches (le nom de PÔLE a succédé à celui de la CODEM, la Corporation de développement économique métropolitain, officiellement le 15 avril 2003). Entre le printemps 2002 et décembre 2003, un très laborieux processus de discussion entre leaders économiques des deux rives du fleuve Saint-Laurent à la hauteur de la Capitale du Québec n'aura pas permis l'accouchement d'un consensus à la satisfaction de tous. Le fait que plusieurs hauts dirigeants de grosses entreprises manufacturières de Chaudière-Appalaches (Raynald Bourassa d'OmegaChem, Georges Bourelle de Prévost Car, Paul Drouin d'ADS, Raymond Dutil de Procycle, Placide Poulin de MAXX) aient accepté de siéger au conseil d'administration de PÔLE montre à lui seul comment le débat était déchirant du côté sud du fleuve. Allant au bout de leur logique autonomiste, les élus de la Rive-Sud ne restèrent pas sans réagir et créèrent dans le même but de promotion économique le Conseil économique Lévis Chaudière-Appalaches (CELCA), que dirige depuis le 5 janvier 2004 sur une base intérimaire Louise Laflamme (qui dirigeait jusque-là depuis sa fondation Chaudière-Appalaches EXPORT, un organisme créé en 1996, sous l'impulsion des commissaires industriels voulant que le service à l'exportation soit offert à toutes les MRC de la région) et qui doit maintenant décider si elle postulera formellement pour conserver ce poste pour lequel un concours public sera prochainement ouvert. « LE VAUDEVILLE A ASSEZ DURÉ » C'est fin janvier 2004 que la « bataille » avait atteint un point culminant, alors que quelques jours après le dévoilement de la planification stratégique de PÔLE en conférence de presse, le CELCA demandait à PÔLE Québec Chaudière-Appalaches de retirer l'appellation Chaudière-Appalaches de son nom. « Le vaudeville a assez duré ». C'est sous ce titre que Patrick Simard, le président de la Chambre de commerce de Québec, s'était dit « contrarié » de cette décision du c.a. du CELCA.
Avec 4,3 millions $ d'argents publics d'une part pour PÔLE et 2 millions $ d'autre part pour le CELCA, il est finalement arrivé ce que le bon sens imposait: un des principaux bailleurs de fonds, Développement économique Canada (DEC), a imposé une entente afin d'éviter la duplication des services. PÔLE DÉVOILE ENFIN SON PLAN STRATÉGIQUE : ENTREVUE AVEC CHARLES BOULANGER Il est clair, lorsqu'on entend les propos de celui qui occupe le poste de pdg de PÔLE Québec Chaudière-Appalaches depuis mars 2003, que le plan stratégique déposé récemment par l'organisation ne constitue pas une fin en soi, mais plutôt un début. Le document, qui était très attendu puisqu'il fait suite a bon nombre de consultations effectuées auprès des intervenants économiques de la région au cours de la dernière année, veut clairement identifier les priorités de PÔLE, les buts à réaliser et les moyens choisis pour y parvenir. Le dévoilement de ces stratégies, effectué à la fin du mois de janvier dernier, n'a malheureusement pas eu l'effet escompté par les organisateurs de la conférence de presse qui a largement été mobilisée par la question de la « bataille » avec le CELCA, mentionnée ci-haut. Le document présente clairement les orientations retenues :
Quant aux secteurs ciblés, mentionnés dans les orientations, ils sont au nombre de trois : « Ce sont des orientations avant tout. Notre plan stratégique est un plan de départ qu'il faudra bonifier par la suite, avec l'appui des gens concernés », mentionne Charles Boulanger lors d'une longue entrevue accordée à COMMERCE MONDE le 3 février 2004. Cette bonification s'effectuera principalement lors d'une table de discussion portant le nom de Conseil d'orientation économique de la Capitale Nationale et de la Chaudière-Appalaches (COE). Cette dernière est prévue pour le début du mois de mars. La table réunira des représentants d'entreprises, des élus et des partenaires provenant des deux régions administratives concernées. « Le COE, bien que n'étant pas une entité en soi, sera fort utile pour nous permettre d'avoir une vision régionale partagée », estime le PDG. Il précise que l'attente de la tenue de ce premier COE n'empêchera pas PÔLE de progresser puisque plusieurs dossiers sont en mesure d'évoluer d'ici là. À QUOI DOIT-ON S'ATTENDRE POUR 2004? Parmi ces dossiers, il y a toujours la formation définitive de l'équipe qui demeure à compléter. En ce sens, M. Boulanger précise que le recrutement suit son cours et que 3 ou 4 postes comblés seront annoncés sous peu. Il ne peut par contre confirmer si l'équipe sera complétée à ce moment. « Je cherche encore mon vice-président aux communications », a-t-il laissé tomber, manifestement mal pris d'avoir vu partir un Richard Dumais qui n'a finalement pas occupé ce poste très longtemps. Fin février, PÔLE a d'ailleurs annoncé l'arrivée de deux nouvelles personnes au sein de son équipe : Sophie Pépin, à titre de chargée de développement, filière « Plastiques et matériaux composites » (diplômée de l'Université Laval en génie chimique, Madame Pépin compte plus de douze années d'expérience autant à titre d'ingénieure de procédés de conception qu'à titre de directrice; jusqu'à tout récemment, elle travaillait chez MSA Gallet, une entreprise oeuvrant dans les matières thermoplastiques et composites où elle occupait le poste de directrice ingénierie, de membre du comité exécutif de l'usine et, par intérim, de directrice d'usine). David Lesage, à titre d'économiste (possédant un baccalauréat en économique de l'Université Laval, une maîtrise en administration des affaires publiques et un diplôme de 2e cycle en administration internationale, David Lesage a travaillé au Ministère du Développement économique et régional). Du côté financier, la base de 4,3 millions $ qui était valable pour 2003 le sera encore cette année, à laquelle il faudra ajouter les activités à financer. PÔLE fonctionnera donc sensiblement avec le même budget pour une deuxième année consécutive. « Nous avons beaucoup travaillé avec nos bailleurs de fonds, précise M. Boulanger. Il fallait régler certaines choses, ce que nous avons fait. » Cependant, beaucoup de boulot reste à faire puisqu'il faut maintenant travailler à financer le plan qui a un horizon de trois ans, soit jusqu'en 2007. Est-ce que PÔLE pourra compter, année après année, sur du financement solide? M. Boulanger semble confiant, bien qu'il désire finaliser des ententes à plus long terme. Plus précisément, le PDG souhaite amener les trois niveaux de financement de PÔLE à adopter la même approche de financement, sur une même base d'évaluation. LA FAMEUSE ZONE ÉCONOMIQUE « Vive la ZONE Québec/Chaudière-Appalaches », claironnent tous les dirigeants de PÔLE, qui expliquent à qui veut l'entendre qu'aujourd'hui, ce n'est plus la rive sud du Saint-Laurent contre la rive nord, c'est la ZONE face au reste de la planète. Elle a fait couler beaucoup d'encre, cette « zone économique Québec/Chaudière-Appalaches ». Existe-t-elle vraiment ou n'est-elle qu'illusoire? Les avis sont partagés dans la région mais pour Charles Boulanger, cette zone existe bel et bien : « Dès le départ, nous ne voulions pas « créer » une zone économique; elle existait déjà. Elle n'est pas une intention, mais plutôt une réalité avec laquelle il nous faut composer. Les régions 03 et 12 renferment un million d'habitants... c'est une masse importante, mais à la lumière de ce qui se fait à l'international, 1 million, ce n'est pas tant que ça. Ce n'était pas notre objectif au départ de créer absolument une région de 1 million d'habitants. Notre approche se base davantage sur la cohérence du tissu économique entre Québec et Chaudière-Appalaches. Il n'est pas pareil, mais il est complémentaire », poursuit-il. Que pense-t-il donc du mouvement de contestation qui s'organise autour du Conseil économique Lévis/Chaudière-Appalaches (CELCA) et qui désire que la région 12 s'occupe elle-même de sa destinée? L'argument principal avancé consiste à dire que les deux régions possèdent des économies trop différentes pour pouvoir les regrouper sous une même bannière. Rappelons que le CELCA a été créé à l'automne dernier et se veut un super commissariat industriel fournissant des services de deuxième niveau aux entreprises de Chaudière-Appalaches et qui compte dans ses rangs et parmi ses principaux défenseurs le maire de Lévis, Jean Garon. « Le maire (Jean) Garon ne dit pas différent de nous, il ne possède pas la même perspective, c'est tout, affirme M. Boulanger. Il n'y a jamais eu autant de monde voulant travailler ensemble dans Québec et Chaudière-Appalaches. Nous n'attendrons évidemment pas d'avoir l'unanimité avant d'agir. » LA MÉTHODE PRIVILÉGIÉE PÔLE appuie son modèle de développement économique sur ce qui a été fait dans d'autres marchés canadiens d'importance tels que Montréal, Toronto et Ottawa, qui ont tous adopté une approche par filières. À partir des filières manufacturières et technologiques identifiées pour la région, le conseil d'administration de PÔLE a approuvé certains secteurs de force sur lesquels les efforts devraient être concentrés afin de faire progresser la région. Les filières en question ayant obtenu une validation sont actuellement au nombre de douze (pour chacune desquelles PÔLE procèdera d'ailleurs à un « lancement officiel » au moment opportun):
Mais d'autres pourraient s'ajouter selon la vitalité entrepreneuriale du territoire et l'analyse de la situation. Les filières Équipement médicaux, Matériels de transport, Produits métalliques, Santé animale et Technologie de l'environnement sont d'ailleurs déjà à divers stades de l'étape de la collecte de données et de l'analyse. Ainsi, tel que mentionné précédemment, les trois grands secteurs qui en ont découlés et par lesquels PÔLE souhaite dorénavant faire connaître son territoire ailleurs à travers le monde sont:
Un secteur « entreprises innovantes » existe également dans la structure organisationnelle de PÔLE, pour rejoindre les entreprises non incluses dans les trois autres secteurs, qui sont à fort potentiel d'innovation technologique et répondant à certains critères particuliers de pratiques d'affaires que l'organisme se donne également mission d'appuyer. Comparativement à Montréal, qui se vend actuellement à partir de ses deux secteurs forts reconnus mondialement (Aérospatiale et Biopharmaceutique) et qui ajoute maintenant Télécommunications, TI et Multimédia, fait-il remarquer, la capitale québécoise planifie donc de bâtir elle aussi son image de marque mondiale avec trois secteurs en avant-scène. « Notre orientation vise des marchés ciblés, ce qui est une approche fondamentalement différente de ce qu'a connu la région, estime M. Boulanger. Il est plus facile de travailler sur soi que sur les autres. Nous voulons donc attirer les investissements et les ressources humaines chez nous en nous concentrant sur nos secteurs de force. Nous pourrons ainsi augmenter notre propre richesse en augmentant notre valeur ». Les filières « Cinéma et production audiovisuelle » et « Sécurité et Défense » ne sont pas incluses dans les trois secteurs retenus. La première ne relève tout simplement pas de PÔLE et la seconde vient de faire l'objet d'une entente entre PÔLE et Recherche et développement pour la défense Canada-Valcartier (RDDC Valcartier) pour la création d'un technopôle Sécurité et Défense (voir encadré ci-bas). LA PROCHAINE ÉTAPE : MISSIONS AUX ÉTATS-UNIS ET EN EUROPE Si tout va bien, 2004 verra le lancement de trois ou quatre secteurs de force (d'autres secteurs seront identifiés en cours d'année). Les structures de ces secteurs seront mises en place tandis que l'organisation interne chez PÔLE poursuivra sa progression. Une tournée débutera sous peu afin de positionner et connecter le modèle proposé par PÔLE avec les filières avec les ressources des ambassades du Canada, entre autres. L'Amérique du Nord sera visitée avant l'été puis l'Europe, par la suite. Cette tournée en est une de préparation et n'est que la première étape d'un long processus, souligne M. Boulanger.
LÉVIS VEUT PRENDRE SA PLACE: ENTREVUE AVEC PHILIPPE MEURANT En plus d'être de directeur de la Direction du développement économique, Philippe Meurant est aussi le responsable des affaires internationales, une fonction qui apparaît pour la première fois dans l'organigramme de la Ville de Lévis. La 8 e agglomération en importance du Québec de par sa population réclame, si l'on peut dire, sa place dans le monde, et possède même pour la première fois de son histoire un budget propre aux affaires internationales. Suite aux fusions de l'an 2002, la nouvelle ville de Lévis compte officiellement 125 462 habitants (en décembre 2003) et regarde plus que jamais sa voisine d'en face, Québec, la capitale de la province du même nom, celle qui lui fait de l'ombre depuis bientôt quatre siècles, avec les yeux de la petite sœur qui à la fois l'aime et l'envie! Lévis dépend de Québec pour une bonne partie de sa vitalité économique, et vice versa, mais voudrait bien jouer elle-même pleinement son rôle de capitale administrative de ce qui s'appelle depuis les années 1980 la Région de la Chaudière-Appalaches.« 18 000 Lévisiens travaillent du côté de Québec et 6 000 citoyens de la rive nord traversent le fleuve Saint-Laurent quotidiennement pour venir travailler à Lévis », valide d'ailleurs Philippe Meurant, au fil de la discussion, dans son bureau en bord de rive dans le magnifique édifice de ce qui était aussi l'hôtel de ville de Saint-Romuald, et qui parce que devenu plus central sur l'immense territoire qu'est devenue la municipalité de Lévis post-fusions sert aux mêmes fonctions mais pour maintenant plus de 125 000 citoyens. « Le ministère des Relations internationales, qui est à élaborer une Politique d'internationalisation des régions du Québec, nous a d'ailleurs consulté, particulièrement sur le volet immigration », explique-t-il plus tard, alors questionné sur un autre sujet. Les actions à l'international de la Ville de Lévis ne se limitent d'ailleurs pas à l'enjeu migratoire. Jean Garon avait, par exemple, pris la tête d'une mission économique en France, en janvier 2003. Mais alors que Québec est très officiellement jumelée avec Bordeaux depuis 1962, n'était-il pas surprenant de voir le maire de Lévis prendre alors la route de Pessac, à la tête d'une délégation de gens d'affaires de Chaudière-Appalaches, et d'en revenir avec des intentions de rapprochements crédibles? « Les gens de Pessac nous avaient identifiés... Guy Moteau (le conseiller responsable des affaires internationales de cette ville de la banlieue de Bordeaux) et monsieur Rousset doivent d'ailleurs venir nous visiter en mars 2004 », explique-t-il sans plus de détails. Il faut ici savoir qu'Alain Rousset, l'actuel président du Conseil régional d'Aquitaine et important rival politique de l'actuel maire de Bordeaux, Alain Juppé, est un ancien maire de Pessac. La plaine de l'AIN, près de Lyon, et SICOVAL (une « communauté d'entreprises » de la banlieue de Toulouse qui se développe sous une entente de partage des profits) faisaient également partie de l'itinéraire de la délégation, tout comme Oyonnaz (la « Vallé de la plasturgie française » située près de la Suisse, un cluster modèle pour les gens d'affaires de Québec et Chaudière-Appalaches qui ont également mis sur pieds une démarche comparable depuis deux ans sous le même vocable de « Vallée de la plasturgie »). À 100% Invité à en dire davantage sur le projet d'établissement du Parc technologique du Québec métropolitain sur le territoire de Lévis, qui a fait couler beaucoup d'encre l'an dernier, Philippe Meurant rappellera simplement qu'il voit ici encore un bel exemple de manque d'équité : « À Québec, le ministère des Transports a cédé gratuitement ses terrains au PTQM, qui est maintenant une corporation autonome. Ici, on nous demandait de donner le terrain, de s'engager à ne pas percevoir les taxes pendant des années et de fournir les infrastructures gratuitement. C'est vraiment deux poids, deux mesures. » « La SPEQM disait qu'il y avait 103 centres de recherche sur le territoire, c'était vrai, mais il n'y en avait que 5 à Lévis. On a toujours été pris pour des laissés pour compte sur la Rive-Sud...Le maire Garon a choisi de ne compter que sur les propres moyens de la région Chaudière-Appalaches et vend maintenant l'idée d'un corridor technologique, un concept beaucoup plus approprié à notre réalité », poursuit-il. Le constat semble sans retour, le maire Garon et son équipe dit non à PÔLE et se met à 100% derrière le CELCA, qui lui coûte d'ailleurs « (..)que 30 000$ /an contre le 200 000$ que la rive sud donnait auparavant du temps de la SPEQM ». Un élément de réponse que Jean Garon lui-même ne s'était pas gêné de rappeler, en janvier 2004, questionné par COMMERCE MONDE en conférence de presse de lancement de la nouvelle brochure corporative trilingue de la Ville de Lévis. (La Société de promotion économique du Québec métropolitain a été intégré à PÔLE Québec Chaudière-Appalaches et s'occupait de la promotion économique de l'ancienne Communauté urbaine de Québec et des 12 anciennes villes de la Rive-Sud de la région de Québec post-fusion). « Lévis a un Carrefour de l'économie, mais n'a pas eu de CDTI, finalement », ajoute-t-il encore comme argument. Préférant regarder vers l'avenir, Philippe Meurant sort ses cartes de la nouvelle ville et explique que le territoire compte maintenant 16 parcs et zones industriels (en excluant celui de la Martinière, vaste zone verte encore vierge à la limite orientale du territoire pour laquelle une corporation qui rêve d'y installer un méga-projet de port en eau profonde existe toujours, mais que lui tient à garder dans une catégorie à part... non sans préciser qu'il sait qu'une ville comme Boston vient « d'investir 50 milliards $US dans le portuaire » et que l'enjeu de l'avenir du développement des infrastructures portuaires de la région fait partie de ses grandes préoccupations). « Nous sommes en train de développer un outil géomatique unique à l'échelle du Québec, qui inclura l'étude des besoins pour les 24 prochains mois de l'ensemble des entreprises de notre territoire... La LIC (pour Liste des industries commerciales) est un projet conjoint de la Ville de Lévis, d'Emploi Québec, de CA EXPORT et du CLD... Génivar est le consultant principal et la compagnie Korem, de Québec, était également sur le projet au début... » Est-il confiant de voir le processus de la Communauté métropolitaine de Québec aboutir ? « Oui, les élus de la Rive-Sud participent pleinement au sein de la CMQ. Nous en sommes à l'adoption d'une vision commune. En 2004, l'échéancier prévoit ensuite l'adoption du Plan des grands enjeux. Et celui du SMAD, le Schéma métropolitain d'aménagement et de développement, est prévue pour 2006 ». Un peu comme le vécurent en leur temps et à leur manière les villes européennes de Buda et de Pest en Hongrie, ou celles de Saint-Paul et Minneapolis aux États-Unis, les villes de Québec et de Lévis, que la géographie et la géo-politique condamnent à « vivre ensemble », vivent manifestement avec difficulté le changement de culture que la nouvelle réalité deux villes/une région (ou zone, ou territoire métropolitain, etc.) impose.
250 000$ DE PLUS D'ARGENT FÉDÉRAL POUR ATTIRER DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS Bien que l'analyse du plan stratégique de PÔLE Québec/Chaudière-Appalaches démontre le choix de ne pas faire une priorité de la recherche d'investissements étrangers, tablant davantage sur une développement de type endogène, l'organisme n'a pas manqué de mettre la main sur un quart de million $ d'argent du gouvernement du Canada (montant maximal disponible) dédié en ce sens. Cette annonce avait fait partie de la confirmation de contributions financières du gouvernement du Canada totalisant presque 900 000 $ à des organismes de développement économique régionaux et communautaires au profit des municipalités pour les aider à attirer des investissements étrangers dans leurs régions respectives, le 31 octobre 2003. Dans le cadre du Programme de développement des marchés d'exportation - Investissement (PDME-I), les municipalités et régions adjacentes de Saint John et Fredericton (Nouveau-Brunswick), Québec (Québec), Ottawa (Ontario), Moose Jaw (Saskatchewan) et Leduc (Alberta), ainsi que des municipalités de l'île de Vancouver (Colombie-Britannique) recevaient alors des contributions de 57 250 à 250 000 $. « Les investissements étrangers exercent un formidable effet de levier sur l'économie d'une région. Ils créent des emplois et introduisent de nouvelles technologies en plus d'engendrer des flux de capitaux auprès d'entreprises des secteurs connexes », avait déclaré Pierre Pettigrew, alors ministre du Commerce international. Le PDME-I a été mis sur pied en 1998 afin d'aider les collectivités canadiennes à mieux se préparer à accueillir des investissements et à attirer des investisseurs étrangers. Financé par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et géré par Partenaires pour l'investissement au Canada, ce programme appuie les organisations à but non lucratif et les partenariats entre les secteurs public et privé qui travaillent sur la scène régionale ou municipale. Il finance jusqu'à 50% des coûts liés aux activités admissibles visant à attirer des investissements étrangers. Dans son volet 2 (valeur de 50 000 à 300 000 $) le PDME-I finance des projets qui:
Depuis six
ans, 34 entrevues exclusives ont été publiées dans
|
Commerce Monde #39 |