ENTREVUE Entrevue avec Patrick Simard Le président de la Chambre de commerce de Québec débute en lion: pignon sur rue à Paris, Commissariat sur la Nordicité, partenariat avec le Forum francophone des affaires...
Entrevue réalisée par Daniel Allard (Commerce Monde) On dirait que l'international vient de prendre du galon sous votre présidence. Est-ce un hasard de circonstance ? (Patrick Simard) « En fait, c'est une continuité qui va peut-être un petit peu plus loin, dans le sens où moi je me suis attardé à cet aspect-là des démarches que la chambre peut faire. Mais une fois que l'on reconnaît Québec comme une région qui est forte, qui se positionne, il faut alors faire des démarches pour aller la vendre cette région-là, se propulser à travers le monde. (...)Je me suis donné personnellement comme mandat de faire de Québec une région qui se positionne, au niveau international notamment. » (C. M.) Vous venez d'annoncer une entente avec la Chambre de commerce France-Canada. Est-ce une réaction au projet d'Association internationale des chambres de commerces francophones de la Chambre de commerce régionale des entrepreneurs de Québec (CCREQ)? (P. S.) « Non, absolument pas... c'est une démarche qui s'insère dans le cadre d'une relation de capitale à capitale (...)Nous avions uniquement l'intention de créer un lien avec une autre chambre de commerce dans une capitale importante: Paris.»
(C. M.) Ce projet de la CCREQ, qui risque fort d'être confirmé dans les prochains jours dans le cadre du 3e Congrès mondial des chambres de commerce, allez-vous l'appuyer? (P. S.) « Nous, on a déjà des relations avec l'Association des chambres de commerce françaises... Il y a le Forum francophone des affaires, un organisme qui existe depuis plusieurs années, qui a maintenant un pdg que je connais très bien, qui est très dynamique et qui va propulser le FFA dans des mandats qui risquent justement d'atteindre à peu près les mêmes objectifs. Alors je ne suis pas sûr d'appuyer une démarche tant que je n'aurai pas vu ce que c'est... Il ne faut pas faire de la structure pour faire de la structure. Il existe déjà des organismes en la matière... attendons voir! »
(C. M.) Revenons à l'entente sur Paris. Va-t-elle plus loin qu'un partage de pied à terre pour vos gens d'affaires membres respectifs? (P. S.) « Absolument. C'est d'établir un pont vraiment entre les deux continents. C'est plus de dire qu'on a un local [en vertu de l'accord avec la Chambre de commerce France-Canada, la CCQ pourra disposer d'un bureau, Ave Franklin D. Roosevelt, près des prestigieux Champs-Élysées et en contrepartie, la Chambre de commerce France-Canada disposera d'une adresse, rue Saint-Louis à Québec]. "Ça permettra la nomination d'ambassadeurs respectifs, que nous annoncerons prochainement... On va développer une quantité de services pour nos membres, exemple la sous-traitance lorsqu'on fait des « road show ». L'entente permettra aux membres de la CCQ d'être accompagnés et soutenus dans leurs démarches d'affaires à Paris. C'est le début d'un long processus. Ce n'est pas une histoire d'un soir cette affaire-là! (...)Nous sommes d'ailleurs la première porte d'entrée de cette chambre de commerce en Amérique. C'est la première fois que la Chambre de commerce France-Canada signe une telle entente avec une chambre de commerce au Canada. »
(C. M.) Pourquoi avec Paris? Est-ce unique ce genre d'entente pour la CCQ? (P. S.) « Non, ce n'est pas unique. La CCQ a déjà une entente avec la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux. (...)Paris parce que c'est une capitale comme Québec. "Ça nous apparaissait naturel. La France est un marché important pour le Québec et c'est une porte d'entrée pour l'Europe. (...)C'était important pour nous aussi d'établir un partenariat dans une région autre que celles où nous avons déjà des partenariats... et il y aura d'ailleurs d'autres ententes, que je m'en vais négocier, en novembre, avec une autre région de France [une troisième donc]. (...)Je vous dis seulement que c'est en Alsace... Je ne dis pas que ce sera Strasbourg nécessairement. Nous voulions quelque chose de complémentaire avec les deux autres ententes par rapport à la France... C'est en excellente démarche. Il y a déjà eu une première rencontre à Québec, à ce propos, dans les dernières semaines... J'espère pouvoir confirmer tout ça fin novembre. (...)Paris et Bordeaux: oui, on peut mettre ces ententes sur un même pied tant qu'à nous, même si le commerce qu'elles veulent susciter est bien différent. »
(C. M.) Il y a aussi une entente avec le Comité national canadien du Forum francophone des affaires. Qu'en est-il? (P. S.) « Le FFA offre une opportunité intéressante aux gens d'affaires dans le contexte de la Francophonie. Il y a eu une première entente ad hoc concernant l'organisation de leur mission Madagascar/Afrique du Sud [5-15 octobre 2003], dans la mesure où le Forum est physiquement présent sur Montréal, mais pas à Québec. Le FFA a donc identifié la CCQ comme étant un partenaire important pour couvrir l'Est du Québec. Dans ce contexte-là, on a ensuite conclu une entente de collaboration formelle qui permettra à la communauté d'affaires de participer à des missions économiques organisées par l'un ou l'autre des partenaires. (...)Pour le Comité national canadien du FFA, dans le cadre du relancement de sa mission, il s'agit aussi d'une première entente du genre, qui servira probablement de modèle. »
(C. M.) Est-il question, un peu comme pour le WTC de Montréal avec la SPEQM, que vous ayez ici à Québec, dans l'équipe de la CCQ, une personne dédiée pour les nombreux services du FFA? (P. S.) « Le protocole prévoit que de façon ad hoc, pour chaque projet que l'on identifie, il y aura négociation sur le partage des coûts - et des revenus le cas échéant. L'entente est une première étape d'une démarche de collaboration... On ne recherche pas d'intégration de nos deux organisations. On veut travailler en partenariat. (...)Une personne dédiée? Absolument, c'est certainement à considérer au fur et à mesure du développement de nos relations, bien qu'il n'y ait pas encore de personne dédié au FFA dans notre organisation pour l'instant. Mais pourquoi pas, si le besoin s'en fait sentir? »
(C. M.) Les membres de la CCQ profiteront-ils automatiquement du tarif membre du FFA lorsqu'ils se joindront à leurs activités? (P. S.) « Il n'y a pas de partage de membership. Ce n'était pas recherché. Mais il y aura une réduction. De mémoire, nos membres profiteront d'une réduction de 50$ s'ils désirent devenir membres du FFA. L'entente visait pour l'instant à offrir sur Québec quelque chose qui n'était pas offert. (...)L'Entente implique également la Chambre de commerce française au Canada, Section de Québec pour toutes les activités qui toucheront la France. (...)D'une part, tant et aussi longtemps que Pôle Québec-Chaudière-Appalaches sera en réflexion sur ce qu'il fera, il faudra que quelqu'un le fasse dans l'intervalle. Alors on le fait! Et puis il faudra voir les objectifs que se fixera Pôle là-dessus, et si on a des objectifs qui sont communs, je suis convaincu qu'on va arriver à des partenariats, pour ne pas dédoubler des structures. C'est ça l'objectif. Peu importe qui le fera, il faut que ça soit fait. »
(C. M.) Autre nouveauté, la CCQ participe à la création et accueillera dans ses bureaux un Commissariat sur la Nordicité. Où en est précisément cette initiative? (P. S.) « Tout le concept est mis à terme, il existe, il est actuellement à la recherche de financement. C'est la dernière étape. Et ce financement-là, il sera attaché au cours des prochains mois. La CCQ accueillera en ses mûrs le Commissariat, étant donné que c'est une initiative d'une de nos tables du GRAPPE. "a fera partie de notre contribution à cet enjeu majeur qui est de faire de Québec un centre d'excellence pour les technologies de la Nordicité. (...)Tout le projet est monté, dès lors que le financement sera complété, le Commissariat ouvrira ses portes. »
(C. M.) Est-ce que c'est déjà une corporation? (P. S.) « Non. Pour qu'on puisse faire une corporation, je préfère attendre de connaître tous les partenaires impliqués. L'Université Laval, le Ministère des transports, plusieurs partenaires privés comme Bombardier sont déjà impliqués, mais je ne veux pas imposer une structure d'avance. (...)Il ne faut pas des ressources énormes pour débuter... Quelques centaines de milliers $. C'est ce qu'il faut pour engager un commissaire et avoir un budget de fonctionnement. »
(C. M.) Votre Commissaire est-il trouvé? (P. S.) « On a plusieurs personnes qui s'offrent, mais vous comprendrez que je préfère attendre que la structure et les partenaires soient définitifs avant de choisir un Commissaire. (...) Oui, ce Commissariat se verra, entre autres, confier la responsabilité d'organiser les prochaines éditions du Sommet mondial de la Nordicité. La création du Commissariat est d'ailleurs en lien direct avec les suites du sommet. Il était prévu d'en arriver là. L'idée, c'est de se faire reconnaître comme étant un endroit où l'on peut faire des affaires lorsqu'on s'approprie son climat. Qu'est-ce que le froid peut permettre comme outil de développement économique? C'est ça le mandat du Commissariat sur la Nordicité. Développement de technologies, produits, façons de faire; recherches scientifiques dans le domaine du vêtement, du transport, etc. Tous les domaines sont interpellés. (...)Il y a déjà en Europe une organisation qui existe et qui a pour mission le développement de produits reliés au froid. Alors on ne part pas de rien, il y a déjà des modèles. Mais le Commissariat était déjà l'outil de développement identifié dans le cadre du suivi du Premier Sommet mondial de la Nordicité [de 1999 par les représentants des pays participants]. C'est pour ça qu'on arrive avec cette formule. (...)On ne devrait pas finir l'hiver qui arrive sans voir la naissance de ce Commissariat. »
(C. M.) Que faut-il faire selon-vous avec les 42 jumelages et autres ententes bilatérales à travers le monde de la Ville de Québec? Comment procéder? On ne sait toujours pas si le maire en débattra au Conseil municipal ou s'il fera ce débat qu'au Comité exécutif? (P. S.) « Il y en a plusieurs qui ne sont que des ententes sur papier. D'autres qui sont plus actives. Il faudra faire des choix! (...)"Ça risque de se régler dans le cadre d'un forum que j'interpelle à être fait sur Québec pour justement identifier nos enjeux. Une fois que la région aura identifié ces enjeux dans le cadre d'un forum que j'ai annoncé, et qu'on travaille à faire et qui sera fait... on arrive à l'étape : comment se propulser à travers le monde? Et faire un choix sur les régions où l'on travaille davantage pour faire du développement. (...)Tant qu'à nous cet aspect sera absolument un élément important de ce forum. »
(C. M.) La CCQ a engrangé un million $ en surplus accumulés au fil des ans. Cet argent va-t-il dormir encore longtemps? (P. S.) « C'est une situation relativement confortable. Nous ne vivons pas de subventions. Ce fonds a toujours été créé pour assurer la pérennité de l'organisation s'il y avait un problème. (...)À partir d'une portion « projets » du fonds et relativement aux surplus propres à l'ancienne chambre de commerce de Beauport, une somme de 15 000$ a été engagée dans le projet d'artère principale de la rue Royal, à Beauport, notamment en partenariat avec le CLD de Beauport. Mais c'est tout. (...)En conformité avec notre stratégie de gestion,
je n'ai donc pas d'objectif de dépense face à cette somme. »
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Commerce Monde #37 |