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Mondialisation : de l’État islamique (EI)… à Yellowstone?

Un autre Sommet du G7 débute au château d’Elmau, en Allemagne, les 7 et 8 juin de cette année 2015. Son agenda prévu tiendra-t-il la route?

L’anecdote date, mais elle s’applique encore largement à la gouvernance mondiale de notre temps : À notre question «Combien faut-il de pays souverains dans le monde pour obtenir une gouvernance mondiale efficace (…) ?» Boutros Boutros-Ghali, qui était alors secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, et de passage dans la ville de Québec, avait répondu avec toute la profondeur de son expérience de diplomate aguerri.

« Première remarque: ce qui est important, c’est d’abord qu’il y ait une volonté politique des États. Et la volonté politique des États n’est pas toujours au rendez-vous face aux questions internationales… Il n’y a pas encore d’approche globale. Lorsque, par exemple, un problème d’ordre mondial survient, je dirais qu’il n’y a qu’une vingtaine d’États qui s’intéressent aux questions internationales. Et ce ne sont pas toujours les mêmes, d’ailleurs (…) »

Boutros Boutros-Ghali, Québec, 10 juillet 2001
Source: commercemonde.com/024/rubriques/r2.html

Une vingtaine d’États… changeants ! Rappelons tout de suite qu’il y en a actuellement 193 en règles avec l’ONU. La vigie de la bonne gouvernance de la planète Terre tient donc à bien peu de préparation et de forces actives en alerte.

Les grands décideurs du G7 (qui punissent encore la Russie à cause de la crise en Ukraine) parleront certes … de la Russie ! Et aussi de l’État islamique : ce véritable « diable » que bien peu d’analystes avaient vu venir sur la scène mondiale. Mais le propre de la scène mondiale est d’être complexe aux extrêmes et excessivement imprévisible. Combien de fois avons-nous vu nos grands leaders se retrouver pour une gestion de crise, plutôt que pour travailler sur leur agenda pourtant si longuement préparé ? Des efforts de coordination et de diplomatie colossaux, très souvent pour rien. L’actualité, la crise, l’urgence du moment, l’emportent tout simplement. C’est la vie !

GOUVERNER, C’EST PRÉVOIR !

Dans l’état du monde en 2015 qu’ils tenteront d’analyser, personne ne viendra leur rappeler que Yellowstone a connu le 30 mars 2014 un séisme de magnitude 4,7 et qu’il s’agissait du plus puissant du genre depuis 30 ans dans le parc. Précisant que depuis, une étude publiée en avril 2015 par des chercheurs de l’Université de l’Utah révèle au monde la présence d’un autre réservoir colossal sous la première chambre du super-volcan, en faisant dorénavant le plus grand réservoir au monde de magma.

ATTENTION : Cette nouvelle représentation du système volcanique de Yellowstone n’augmente pas le risque proche d’une éruption, mais améliore sensiblement notre compréhension du risque.

On sait déjà, par exemple, que 10 à 30% du magma présent sous Yellowstone est à l’état liquide et que c’est donc encore insuffisant pour déclencher une éruption majeure, parce qu’aux yeux des chercheurs, il en faudrait au moins 50%. Mais des poches de magma en fusion pourraient, quand même, causer des éruptions… plusieurs fois plus fortes que celle de 1980 au Mont St-Helens.

Par ailleurs, les enregistrements en continu de l’activité séismique à Yellowstone ne sont disponibles que depuis les années 1970! Une insignifiance à l’échelle géologique qui ne permet pas de tirer de conclusions sur les observations effectuées.

Et nous savons tous qu’une éruption d’importance à Yellowstone serait une catastrophe majeure, inconnue de la civilisation moderne, parce que le monstre qui dort est connu et qu’il a déjà parlé à trois reprises dans l’histoire géologique de la planète.

« Les États-Unis et le Canada seraient recouverts de plusieurs centimètres de cendres qui détruiraient toute végétation jusqu’à 1 600 km du cratère. Deux tiers des États-Unis et un tiers du Canada deviendraient inhabitables. Les émanations toxiques du volcan rendraient l’air irrespirable… Un tel événement causerait des dégâts gigantesques, équivalant à environ 1 000 fois celle du mont St-Helens (WashingtonUSA) en 1980, qui avait engendré l’émission d’un kilomètre cube de matière dans l’air (…) la dernière éruption de Yellowstone il y a 640 000 ans, a rejeté 1 000 kilomètres cubes de matériaux », selon Ilya Bindeman, professeur en sciences géologiques à l’Université de l’Oregon.

Mais pourquoi parler de Yellowstone au fait?

Parce que le super-volcan sera possiblement la vedette de 2015 ou 2016 ou 2026… et que nos leaders au G7 oublieront qu’en 2010 le ciel de l’Europe avait été fermé plusieurs jours, justement pour cause de volcan au travail, sur une portion de la petite et insulaire Islande.

Ils oublieront les leçons de l’expérience et éviteront de prévoir ce qui guette peut-être l’humanité d’un cataclysme majeur actuellement sous surveillance, mais évidemment en dessous des radars de l’actualité. Car rien d’urgent ne semble s’y passer PRÉSENTEMENT.

Bon sommet tout de même !

Attention : révolution robots en vue!

Après la révolution du web – et d’une certaine manière dans le même sillage – l’humanité doit maintenant prévoir la révolution des robots!

L’analyste géopolitique Pierre Fournier et son collègue Angelo Katsoras, de la Banque nationale, disaient déjà il y a presque deux ans: «  La révolution robotique, qui n’a fait que commencer, va redessiner le paysage géopolitique et économique mondial ».

La baisse rapide de leurs coûts d’acquisition va permettre aux robots d’effectuer un nombre beaucoup plus grand de tâches, ce très efficacement. Donc bouleversements considérables à prévoir, notamment la réduction de l’avantage concurrentiel que beaucoup de pays émergents tirent actuellement de leur main-d’oeuvre bon marché. Dans le rayon des bonnes nouvelles, les robots aideront aussi les sociétés vieillissantes à mieux contrôler les coûts de leur système de santé.

« L’ère de la robotique créera certes de nouvelles professions, mais elles ne seront pas suffisantes pour remplacer tous les emplois perdus », préviennent aussi les deux analystes.

Autant de transformations et de changements fondamentaux qui obligeront les pays à débattre de la question de savoir comment la richesse et le travail doivent être redistribués dans la société. Gros débats en perspective!

Combien de robots vous dites?

Il y avait dans le monde 1,15 million de robots industriels en 2011 et ce nombre devrait encore augmenter de 30 % pour 2015. Selon la Fédération internationale de robotique (IFR), il s’est vendu plus de 160 000 robots industriels dans le monde en 2012. À cette époque, la moyenne de robots industriels pour 10 000 ouvriers tournait autour de 55 au niveau mondial, soit environ la situation des pays tels que le Royaume-Uni, l’Australie ou la Suisse; les leaders en la matière étant la Corée du Sud (350), le Japon (339) et l’Allemagne (251). Les pays tels que l’Italie, la Suède, le Danemark, les États-Unis, l’Espagne, la Finlande, Taiwan, la France, la Belgique, l’Autriche, le Canada et les Pays-Bas se situant, eux, autour de 150 à 100 robots pour 10 000 ouvriers.

Tous secteurs confondus, c’est au Japon qu’il y a le plus de robots industriels en opération, devant les États-Unis, second à ce titre. Mais pour combien de temps?

La Chine a considérablement accru ses achats au cours des dernières années en achetant 22 577 juste pour 2011 (une hausse de 51 % par rapport à l’année précédente), l’année qui en fit le troisième acheteur de robots dans le monde. L’IFR avait prévu que la Chine sera dès 2014 le premier acheteur de robots dans le monde.

Pourquoi cette croissance?

Fabriquer des biens en Chine coûtait 18 % moins cher qu’aux États-Unis en 2003. L’écart n’était plus que de 7 % une décennie plus tard. La hausse des coûts salariaux en Chine combinée à une énergie meilleure marché et à l’automatisation croissante des usines du pays de l’oncle Sam expliquent largement le phénomène.

Sur les quelque 200 000 robots multi-rôles qui seront livrés en 2015, 35 000 prendront la route de la Chine, soit autant que pour le Japon, devançant ainsi tous les autres pays du monde.

Et pour quoi faire?

Alors que le secteur industriel utilisait le plus de robots, la demande mondiale d’installation automatisée croit fortement dans des secteurs comme la défense, la santé et l’agriculture. La demande de robots capables d’effectuer des tâches domestiques, tels que passer l’aspirateur ou tondre une pelouse, est aussi en forte expansion.

Si le robot industriel était surtout employé pour souder, peindre, visser ou transporter des composantes, la nouvelle génération de robots dotés de capteurs d’images et de son est capable d’analyser l’entourage et de distinguer différentes composantes et même de s’insérer dans la chaîne de production en se mélangeant à des ouvriers en chair et en os.

On n’arrête pas le progrès, direz-vous ? Mais il y a une grande différence entre la révolution robotique actuelle et les révolutions industrielles antérieures. Il fallait encore beaucoup de monde pour concevoir, fabriquer et faire fonctionner les nouvelles machines. Les robots, de plus en plus, fonctionnent seul et pourront peut-être même un jour se fabriquer eux-mêmes. L’automatisation poussée ramènera aussi au premier plan la question de la redistribution de la richesse et du travail.

Voir autre article, pour des exemples en entreprise: « Révolution robots »: vous voulez-des exemples?