sommaire Yves Dallaire (re)devient " Mr
Immigration " par Daniel Allard " Monsieur Immigration " est pleinement de retour dans l'administration municipale de Québec. Loin d'être un inconnu dans le domaine, Yves Dallaire est maintenant Adjoint aux affaires interculturelles. Un nouveau poste, au niveau de la direction générale, officiellement créé depuis le 1er août 2002, avec pour principal mandat de gérer globalement l'ensemble du dossier de l'immigration. Entré à la ville en 1990 à l'Office municipal de développement économique de Québec (OMDEQ) comme directeur de la Division développement industriel et commercial, il est ensuite engagé pour former l'équipe qui a créé le Centre de développement économique et urbain, le CDEU qui a succédé à l'OMDEQ. Après un bref intermède pour aller suivre une formation, il réintègre des fonctions à la planification, en 1997, qui l'occupent pour moitié à l'international et pour l'autre moitié en planification stratégique. Fin 2000, la signature d'une première entente MRCI-Ville commandant une mise en place pour 2001 fait de lui le coordonnateur du Programme d'immigration. Jusqu'en janvier 2001, il s'occupe ainsi des affaires interculturelles au Service de la planification, tout en continuant d'aider l'équipe du Bureau des relations internationales (BRI). En janvier 2002, on lui confiait la direction intérimaire du BRI. Poste qu'il vient de quitter pour redevenir pleinement le " Monsieur Immigration " de la Ville de Québec. Yves Dallaire reprend donc pleinement la barre de la coordination du dossier de l'immigration à la Ville de Québec avec la ferme intention d'y faire sa marque pour plusieurs années. " Mon mandat est très clair et comporte quatre priorités:
(...) Mon supérieur immédiat est Michel Lavoie, le directeur général adjoint aux services à la population ", précise-t-il. Très variée, la Programmation 2002 des actions de la Ville de Québec en matière d'immigration qui le guide comprend, entre autres, l'offre de 20 stages en milieu de travail à la ville. On y parle aussi de collaborer à la création d'une " Maison de transition pour immigrants ", qui viserait à faciliter l'intégration à un logement. Il y a même de la formation de moniteurs immigrants afin de faciliter l'intégration des jeunes. À peu près tout y passe. " Mon job, c'est avant tout de m'assurer que nos partenaires identifient bien ce qu'on leur demande ", continue Yves Dallaire, qui doit s'habituer rapidement à jongler entre le rôle de chef d'orchestre et celui d'animateur-facilitateur en coulisse. Avec pourtant, disons-le, peu de moyen pour une ville d'un demi-million d'habitants. SEULEMENT 200 000$ DE BUDGET " Mon budget d'opération pour 2002 est actuellement de 200 000$:
Plutôt modeste pour une ville dépassant maintenant les 500 000 habitants et qui dit prioriser l'immigration, le financement de la mise en oeuvre de l'entente Québec-MRCI est, de plus, une véritable aubaine pour la Ville de Québec. Le budget provient, en effet, pour 37 500$ de la Ville et pour 162 500$ du Ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration (MRCI). Aura-t-il plus en 2003? " On fait un appel de proposition de projets chaque année auprès de la cinquantaine d'organismes du milieu, à l'automne, en même temps qu'auprès des services de la ville. Après, il y a élaboration du budget. Alors on verra... " De toute façon, il ne voit pas son équipe immédiate grossir énormément. Actuellement, Denis Hains du BRI lui donne 50% de son temps et il partage une secrétaire également avec le BRI. " Mon orientation n'est pas de devenir un service de plus en plus gros. Je me vois plutôt augmenter les actions avec des partenaires. Notre principale croissance va être au sein des organisations avec lesquelles nous travaillons. " LA PROMOTION N'EST PAS LA PRIORITÉ DE LA VILLE Plusieurs observateurs de la scène municipale à Québec se surprennent de voir le maire dire et répéter qu'il priorise l'immigration, pour constater ensuite qu'il n'entreprend pas de grandes campagnes promotionnelles pour le faire savoir à la face du monde. La réponse à cette apparente contradiction est purement technique. " Dans l'entente avec le MRCI, il a été convenu que l'on ne touche pas à la promotion internationale, bien que nous gardons le mandat de formater l'information ", explique Yves Dallaire sur le sujet, spécifiant du même souffle: " (...)la seule portion qui nous revient, c'est l'immigration secondaire, soit celle en provenance de Montréal. Ce qui motive nos nombreuses opérations vers la métropole. Sinon, on laisse essentiellement cette responsabilité au ministère. " " (...)il a été convenu Est-ce à dire que la Ville de Québec s'en remet exclusivement au bon vouloir et à la discrétion des allocations budgétaire du MRCI en matière de promotion? Que jamais elle dira d'elle-même: " Venez vivre à Québec "? Comment attirer des immigrants si on ne leur dit pas de venir? " Oui, on peut quand même prendre l'initiative d'acheter une publicité dans des médias étrangers, par exemple. On l'a fait d'ailleurs, pour la première fois cette année, dans la revue française Vivre à l'étranger. Une page complète dans le numéro de septembre 2002, qui coûte plusieurs milliers de dollars, prise en charge par un pool de six organismes de la région incluant la ville, suite à une initiative du CRCDQ. " Mais pour lui, il s'agit de démarches très coûteuses et manifestement exceptionnelles: " Je ne privilégie pas cette formule, car il serait préférable de pouvoir alors faire du suivi. Et en plus cela coûte cher. "
PRIORITÉ À L'INTÉGRATION, MAIS POUR DES IMMIGRANTS " FANTOMES " " Pour le moment, la priorité de la stratégie demeure l'information et l'immigration secondaire à partir de Montréal en collaboration avec le MRCI et Emploi-Québec. Une méthode qui fonctionne bien d'ailleurs. À Montréal, nous n'agissons pas au hasard. Les rencontres sont organisées suite à la demande des gens. Notre but est d'aller les encourager à continuer les étapes supplémentaires. On a même la possibilité de leur faire trois offres concrètes:
Cette cible dite " immigration secondaire " visant à attirer jusqu'à Québec des immigrants fraîchement arrivés à Montréal est-elle porteuse? " Depuis août 2001, je peux vous dire que 350 personnes ont été rencontrées à Montréal. " Combien sont par la suite venues s'établir à Québec? C'était la question piège! Yves Dallaire ne le sait pas. Et voudrait bien le savoir, en vérité. Il voudrait bien qu'on le lui dise, en fait! Comme tout le monde, il sait que la région a atteint un beau 1 758 nouveaux immigrants en 2001. Mais ce n'est pas des bilans de fin d'année dont a besoin Yves Dallaire. Sous l'argument de la protection des renseignements personnels, il fait comprendre qu'actuellement on le fait littéralement travailler à l'aveugle. Bizarrement, il a la tâche de faciliter leur intégration, mais il n'a pas leur nom. On ne lui donne pas la liste de ces nouveaux arrivants. " C'est Abdou Balouche, au MRCI, qui a les chiffres ", laisse-t-il soudainement tomber, comme une invitation à l'aider. À l'heure des sociétés hyper informatisées, c'est comme si on lui faisait envoyer des messages de fumée dans l'air, en espérant que les principaux intéressés les reconnaîtront et répondront aux appels. Une efficacité d'une époque des livres d'histoire! " Les nouveaux immigrants suivent tous une session d'initiation et d'information, qui dure une semaine, lorsqu'ils arrivent. Là, ils sont informés de notre existence et invités à nous joindre au besoin ", explique Yves Dallaire pour montrer que malgré tout il tente de maximiser les moyens indirects qui lui restent pour se faire entendre par sa clientèle cible. " Maintenant, systématiquement, une visite de groupe est offerte dans l'arrondissement. Puis une autre pour la ville et pour les installations municipales est proposée à ceux qui veulent poursuivre l'exploration guidée de leur nouvelle ville ", poursuit-il. Dans la lettre d'entente signée par le ministre Joseph Facal et le maire Jean-Paul L'Allier le 13 décembre 2001, on dit que le gouvernement s'engage pourtant à " (...)fournir à la Ville les informations utiles à l'élaboration, la mise en oeuvre et l'évaluation des projets liés au plan d'action... " " Autant on n'est pas au-devant de la scène en promotion autre qu'à Montréal, autant on est au-devant de la scène en intégration ", affirme malgré tout dans l'enthousiasme un Yves Dallaire stoïque. " Ma priorité #1 est certainement la qualité de l'intégration des quelque 1 500 nouveaux immigrants qui nous arriveront encore cette année. "
Envoyé au front, mais pour retrouver des fantômes, le Mr Immigration de la ville aura un jour ardemment l'envi de s'accorder des outils plus pro-actifs. Pour l'instant, les moyens lui sont inaccessibles. Côté objectif, il y a aussi un petit grain de sable dans l'engrenage. La même lettre d'entente du 13 décembre 2001 dit aussi: " (...)attendue que le ministre a annoncé que 8 000 à 9 500 immigrants de toutes catégories pourraient s'établir dans la Ville de Québec d'ici le 31 décembre 2003, sur l'objectif régional de 9 000 à 11 000 ". En 2001, on sait maintenant que la région a atteint un sommet en accueillant 1758 nouveaux immigrants. Une belle augmentation par rapport aux quelque 1 500 des années récentes. L'objectif officiel reste donc manifestement surréaliste. Beaucoup plus près du terrain, Yves Dallaire tient d'ailleurs un discours beaucoup plus crédible: " J'aimerais dépasser 2000 en 2003, voire dès cette année. "
Et il a plusieurs autres cordes à son arc pour espérer maintenir une croissance encourageante du niveau d'immigrants reçus. Comme le fait que selon la législation en vigueur, 25% des nouvelles embauches dans la fonction publique québécoise devront notamment provenir des membres des communautés culturelles, qui bénéficient donc d'une priorité de présentation pour les emplois gouvernementaux. Autre gain récent, il y a maintenant une partie de la formation des agents d'immigration du Québec qui se fait à Québec. Et c'est la Ville de Québec qui reçoit le plus grand nombre de réfugiés au Québec, environ 500 par an, soit le tiers de l'ensemble du Québec. Un choix gouvernemental récurent qu'il fait aussi remarquer. Dans sa tête, Yves Dallaire voit de toute façon à long terme: " Je ne suis pas à ce poste de passage. Je me vois ici pour plusieurs années ", conclu-t-il. Alors bon succès " Mr Immigration "! Voici la page complète dans le numéro de septembre 2002 de la revue française Vivre à l'étranger, qui a coûté 5 750$ à un pool de six organismes de la région, incluant la ville (gracieuseté du CRCDQ). |
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