le mot de Routhier La télévision en danger par Benoît Routhier Depuis 50 ans, la Société Radio-Canada a fait vivre de belles années à la télévision canadienne et québécoise. Pendant quelques années elle a été seule à éduquer les téléspectateurs, à leur présenter des émissions d'une grande qualité avec des animateurs et des acteurs qui s'exprimaient dans un excellent français. TVA a su prendre sa place avec, elle aussi, une très bonne qualité d'expression de ses animateurs et acteurs et une programmation orientée vers le divertissement, oui, mais un divertissement qui savait éduquer en même temps. Je deviens nostalgique quand je pense à nos Pierre Nadeau, Michelle Tisseyre, Jacques Boulanger, Lise Payette, René Lecavalier, etc. Il y en a encore qui savent bien parler et n'hésitent pas à utiliser un langage correct sans pour autant être affecté. Je pense à Bernard Derome et au fils de Michelle Tisseyre, Charles. Et quelques autres. Il y a aussi quelques bonnes émissions à caractère éducatif. Mais grands dieux qu'elles sont rares. Aujourd'hui, si je veux m'instruire au moyen de la télévision, il me faut aller fouiner dans les innombrables canaux spécialisés. Et, bien sûr, il faut payer pour ce service. Quant aux stations de télévision généralistes, telles Radio-Canada, TVA et TQS, elles sont devenues d'une platitude telle que les téléspectateurs se font de moins en moins nombreux. Quant à écouter des émissions niaises, qui ne font que répéter à satiété des informations floues entendues partout, quant à écouter, regarder des téléromans sans saveur qui misent sur des éléments accrocheurs et superficiels plutôt que de traiter intelligemment de sujets qui font évoluer les téléspectateurs, je préfère aller lire un bon roman ou les journaux d'ailleurs sur l'Internet… Et que dire de la qualité du français à la télévision d'aujourd'hui? Même à Radio-Canada, quoique le mal soit moindre à cette station, trop souvent le français se fait joualisant. Dans certaines émissions censées être humoristiques (et elles sont légions, à croire que les Québécois ne peuvent s'élever plus haut que le rire gras), nous pataugeons dans la boue et, il faut le dire, dans la merde, tellement le jargon utilisé par les supposés humoristes est pitoyable. Je vais citer comme exemple une émission de variétés, heureusement disparue, " Piment fort ". Devant mon écran, j'avais honte de ces artistes (?) qui acceptaient d'aller faire les clowns en méprisant d'autres artistes dans un langage qui me faisait aussi honte. Vous n'avez qu'à penser deux minutes aux émissions censées humoristiques pour que d'autres exemples vous viennent à l'esprit. Même les reporters utilisent parfois un langage de rue inacceptable à la télévision, lieu qui devrait servir de modèle aux téléspectateurs. ÉVITER L'ÉPARPILLEMENT SOUS PEINE DE MORT Les propriétaires de postes de télévision devraient par ailleurs faire preuve de retenue dans leur volonté de multiplier les stations spécialisées. Si ce peut être payant à court terme, à long terme cela peut signifier un avenir sombre pour plusieurs de ces stations. Les stations généralistes, à force d'être vidées de bonnes émissions éducatives et récréatives " non débilitantes ", verront leur part de téléspectateurs réduite à la portion congrue. Et plus ces stations seront privées de bonnes émissions éducatives, plus elles seront tentées de se contenter du plus bas dénominateur commun qui peut attirer la clientèle, soit recourir à la facilité par des émissions qui ne coûtent pas cher mais qui ne valent rien. Les ondes, autant pour la télévision que pour la radio, appartiennent au public. C'est dire que tout le monde, même les gens les moins fortunés, doivent avoir un accès honnête à ces ondes. Or, la multiplication des stations spécialisées payantes, limite cet accès à cette catégorie de gens et c'est inacceptable. ET LA RADIO Ce que l'on entend sur les ondes des postes de radio fait autant honte que ce que nous voyons et entendons à la télévision. C'est pire parce que les gens qui y parlent une langue si pauvre qu'on pourrait se demander s'ils sont allés à l'école un jour sont dans la plupart des cas des animateurs et des journalistes. Les animateurs d'émissions d'affaires publiques, en majorité, emploient un langage si honteux que j'en viens toujours, au bout de quelques semaines de grande patience, à ne plus pouvoir les écouter. Sous le prétexte de faire " proche du monde ", ces animateurs deviennent la honte des Québécois. Ils n'auraient pas un grand avenir en France… Si Yves Duteil les entendait, il serait tenté de réécrire sa chanson et de biffer le passage où il dit que dans ce pays de neige on parle encore la langue de chez nous… |
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