Analyse
du référendum sur le multipartisme
Pourquoi les
Ougandais ont rejeté la démocratie
Le
29 juin dernier, l’Ouganda organise un référendum, tel que
promis dans la nouvelle constitution ougandaise de 1995. Les
Ougandais ont alors le choix entre le multipartisme et le statut
quo, i.e., virtuellement, un système politique à parti unique.
Lors d’un vote généralement décrit comme libre, 91% des
Ougandais s’étant rendus aux urnes rejettent le pluralisme démocratique
qui leur est offert, optant plutôt pour le statut quo.
Pourquoi?
Les Ougandais veulent-ils vraiment la démocratie? Existe-t-il un
système politique plus approprié à la réalité africaine que la
démocratie à l’occidentale, comme le clame le président
ougandais actuel, Yoweri Museveni? Ou, ce dernier est-il
simplement un autre dictateur africain?
JE
M’APPELLE KABEGO
“ Je
m’appelle Kabego. Je suis un Ougandais vivant maintenant en
Grande-Bretagne. Pourquoi je m’oppose au multipartisme? Parce que
les partis politiques ont tué ma famille et anéanti mon avenir. Je
ne crois pas qu’un retour au multipartisme soit possible en
Ouganda avant au moins dix à quinze ans. ”
Kabego
a livré ce témoignage lors d’un forum de discussion en ligne de
la BBC, quelques jours avant le référendum de juin dernier.
Les propos de Kabego expriment, en fait, toute la peur des Ougandais
envers la chose politique, peur qui les a poussés à voter en masse
pour le statut quo.
Pourquoi
cette peur des Ougandais vis-à-vis les partis politiques? Tout
simplement en raison du résultat tragique de l’exercice politique
en Ouganda depuis l’indépendance du pays en 1962: vingt années
de guerre civile, un million de mort, 500 000 réfugiés et une économie
en ruines. C’est cette terrible réalité qui marque la mémoire
collective ougandaise.
LE
SAUVEUR
Dans
ce contexte, quand un homme réussit à rétablir l’ordre dans le
pays, il devient un sauveur et on l’adule. Cet homme, c’est
Museveni. L’actuel président de l’Ouganda a pris le pouvoir par
la force en 1986 et ne l’a pas perdu depuis.
“ Je
suis Ougandais,
écrit Okot Joseph dans le forum Internet de la BBC. Je
n’ai pas quitté le pays depuis ma naissance en 1968. Quand j’étais
jeune, des fonctionnaires de l’UPC m’ont battu parce que je
portais une chemise verte, la couleur verte étant associée au DP.
Je n’étais même pas en âge de voter à l’époque. L’Ouganda
n’a jamais été aussi stable depuis l’arrivée au pouvoir de
Museveni et l’application de son système politique sans partis en
1986. Les Africains sont déjà assez divisés par des questions
ethniques. Ils n’ont certes pas besoin de partis politiques en
plus. ”
Steven
Nsubuga,
un Ougandais vivant maintenant aux États-Unis, renchérit: “ Le
système politique sans partis de Museveni a apporté la paix, la
stabilité et le développement politique à l’Ouganda. À
l’opposé, que nous ont donné les partis politiques, sinon la
corruption, le tribalisme et la dictature. ”
HISTORIQUE
D’UNE TRAGÉDIE
Les
Britanniques font de l’Ouganda une poudrière lorsqu’ils créent
le pays en 1894; ils unissent alors le royaume du Buganda et
l’ancienne province septentrionale d’Equatoria. L’Ouganda
devient indépendante en 1962. Milton Obote, leader du Uganda
People’s Congress (UPC) est alors élu premier ministre du
pays. À l’époque, l’Ouganda compte une autre formation
politique importante, le Democratic Party (DP).
Le
roi du Buganda, Mutesa II, devient, lui, le président de
l’Ouganda. Toutefois, voulant briser la puissance économique et
politique de Mutesa II et de son royaume, Obote, un nordiste, dépose
le roi du Buganda en 1966 avec l’aide de son chef d’état-major,
Idi Amin Dada, qui est originaire, quant à lui, d’une
petite ethnie du nord-ouest de l’Ouganda. Obote concentre le
pouvoir dans ses propres mains.
Puis,
en 1971, Amin, tel que Brutus, renverse Obote. Il dirige le
pays d’une manière encore plus arbitraire qu’Obote. Il
s’acharne notamment sur les Bagandas, un groupe ethnique du sud de
l’Ouganda. En 1972, Amin décide d’expulser les membres de la
communauté indo-pakistanaise du pays, qui sont entre autres propriétaires
d’une grande partie des terres agricoles ougandaises. Ce mouvement
de persécution ethnique plonge l’Ouganda dans une grave crise économique.
Puis,
en 1978, Kampala envahit et occupe une minuscule portion du
territoire tanzanien, située à l’embouchure de la rivière
Kagera. Cette annexion sert de prétexte à Dodoma, un an
plus tard, pour une intervention militaire qui rétablit en Ouganda
un régime civil, avec Yusuf Lule.
Lule
est remplacé presque aussitôt par Godfrey Binaisa. Puis,
moins d’un an plus tard, la Tanzanie impose le retour d’Obote
avec des élections truquées. Le premier ministre ougandais revient
aux méthodes dictatoriales d’Amin, dont les principales victimes
sont encore une fois les populations du sud de l’Ouganda. Cette
nouvelle vague de persécutions alimente la formation d’un
mouvement de guérilla dans le Baganda. Yoweri Museveni en est le
leader.
En
1985, Museveni chasse Obote du pouvoir. Il prend la tête de
l’Ouganda en 1986, à la suite de lutte brutale contre son ancien
allié militaire, Tito Okello. Il s’engage alors dans une
politique de réconciliation nationale. Par ailleurs, il bannit les
partis politiques ougandais qu’il accuse d’être seulement des
sources de division ethnique et religieuse.
LA
FIN DE LA GUERRE
L’arrivée
au pouvoir de Museveni met fin à vingt ans d’instabilité et de
terreur meurtrière. De 1986 à 1995, Museveni gouverne l’Ouganda
sans tenir d’élections, par le biais d’une chaîne de conseils,
du niveau local au national, appelés “ Resistance
Councils ” (conseils de résistance). Ces conseils
forment le National Resistance Movement (NRM), plus
communément désigné sous le nom de “ mouvement ”
(Movement).
En
1995, l’Ouganda adopte une nouvelle constitution, à la suite
d’une vaste consultation populaire. La nouvelle constitution prévoit
la tenue d’élections présidentielles et législatives avant la
fin de l’année 1997, mais toujours sans la présence de partis
politiques. La constitution de 1995 promet aussi un référendum en
l’an 2000 où la population pourra choisir de continuer avec le
système sans partis de Museveni ou d’opter pour le multipartisme.
En mai 1996, Museveni est élu à la présidence avec 74,2% des
votes, lors d’un scrutin généralement libre.
Des
mouvements rebelles existent toujours dans le nord et dans l’ouest
de l’Ouganda. Toutefois, l’état de l’ordre qui règne présentement
en Ouganda est remarquable dans l’histoire du pays.
Un
des éléments importants expliquant la stabilité actuelle de
l’Ouganda est le contrôle qu’a Museveni sur l’armée du pays,
qui est issue du mouvement de guérilla l’ayant porté au pouvoir
en 1986.
En
retour, ce contrôle militaire exercé par Museveni constitue un
facteur central expliquant sa popularité auprès des Ougandais. “ Les
gens ont voté pour Museveni au référendum de l’été dernier
parce que voter pour les multipartistes, c’est choisir l’insécurité,
me dit Dorothy Okello, une amie ougandaise. Museveni a le
contrôle sur l’armée. Avec les autres, on ne sait pas ce qui
pourrait arriver. Avant Museveni, on ne pouvait même pas travailler
dans les champs ou aller chercher de l’eau sans craindre d’être
attaqués par des soldats ou des rebelles. ”
UN
MIRACLE ÉCONOMIQUE AFRICAIN
Par
ailleurs, depuis l’arrivée au pouvoir de Museveni, l’économie
ougandaise a crû d’une manière tout à fait impressionnante pour
un pays africain. La moyenne du taux de croissance économique du
pays pour la période 1986-1997 se chiffre à 6%.
Quant au taux d’inflation, il était de 10% en 1997. La
croissance de l’économie ougandaise a ralenti quelque peu depuis
les trois dernières années, se chiffrant à 5% en 1996-1997.
Toutefois, comparativement à d’autres pays africains tels que le
Zimbabwe, on peut parler de miracle économique dans le cas de
l’Ouganda. En moins de cinq ans, le Zimbabwe est passé d’un des
moteurs économiques de l’Afrique au pays ayant le taux de décroissance
économique le plus élevé du continent, soit 4,2% pour cette année.
Depuis
1986, l’Ouganda est aussi devenue le chouchou africain des
donneurs internationaux et de leurs précieux dollars, un des
facteurs expliquant le succès économique du pays, d’ailleurs.
Museveni, un ardent communiste, a été forcé de se convertir à
l’économie de marché à la suite de l’écroulement des prix du
café, le principal produit d’exportation ougandais, à la fin des
années quatre-vingt. Depuis, il applique les recommandations du Fonds
monétaire internationale (FMI) et de la Banque mondiale
(BM) à la lettre. En retour, son statut de bon élève a valu à
l’Ouganda d’être le premier pays à bénéficier du Heavily
Indebted Poor Countries Initiative du FMI et
de la BM en 1997. On parle ici de 1,5 milliard de dollars en dettes
effacées.
De
plus, l’arrivée au pouvoir de Museveni a poussé beaucoup de pays
à délier les cordons de la bourse de l’aide bilatérale pour
l’Ouganda. La Grande-Bretagne est le plus important donneur bilatéral
ougandais. Reconnaissant les “ progrès démocratiques
faits par l’Ouganda depuis 1986 ”, Londres n’a cessé
d’accroître son aide au pays. La Grande-Bretagne envisage ainsi
d’augmenter son financement de 27% pour 2000-2001, soit de 100
millions à 120 millions. En 1996, l’Ouganda a reçu plus d’un
milliard de dollars en assistance internationale. En fait, l’aide
internationale représente la moitié du budget national ougandais.
Pour l’occident, Museveni représente un interlocuteur fiable et
un contrepoids utile face aux islamistes au pouvoir au Soudan.
La
corruption est flagrante en Ouganda, mais le problème est perçu
comme “ normal ” dans le contexte africain. Les
autorités britanniques estiment que 7,6% du budget annuel du
gouvernement ougandais est détourné dans les différents ministères
ou au niveau local. C’était un peu plus de 100 millions de
dollars en 1996-1997. Toutefois, Londres reconnaît les “ efforts
anti-corruption ” de Kampala; nombre de hauts
fonctionnaires ont ainsi été renvoyés ces dernières années. En
clair, en matière de corruption, l’Ouganda ne s’en tire pas
trop mal comparativement au reste de l’Afrique.
L’ENVERS
DE LA MÉDAILLE
Pourtant,
tout n’est pas rose en Ouganda. Le pays est actuellement dévasté
par une épidémie d’Ebola, qui a fait plus de 150 morts depuis la
résurgence du virus il y a trois mois. Cette épidémie d’Ebola révèle,
en fait, les piètres conditions d’hygiène et la pauvreté de
l’Ouganda. L’hôpital à partir duquel s’est développé l’épidémie,
à Lacor, servait de refuge nocturne à de nombreux habitants.
Chaque soir, ils y arrivaient par dizaines avec un matelas ou une
simple couverture, pour dormir à l’abri des rebelles de l’Armée
de résistance du Seigneur (LRA).
En
Ouganda, seulement 38% de la population a accès à de l’eau
potable. En 1994, le taux de mortalité infantile était de 121o/oo
. Quant à l’espérance de vie, elle était de 40,2 ans. Le
taux d’alphabétisation au pays était, lui, de 61,1%. Selon
l’ONU, 55% des Ougandais vivent avec moins d’un dollar par jour.
Au
même moment, l’Ouganda est impliquée depuis 1997 dans une guerre
en République démocratique du Congo (RDC) qui lui coûte une
fortune. Kampala a dix mille soldats en RDC. Les dépenses
militaires ougandaises pour son intervention au Congo sont passées
de 200 millions de dollars en 1997 à 425 millions de dollars en
1999.
L’implication
ougandaise dans la guerre en RDC ne fait d’ailleurs pas
l’unanimité au pays. Certains se questionnent sur les véritables
motivations de Kampala, rejetant les prétentions de Museveni qui
dit seulement vouloir défendre les frontières ougandaises. “ Pourquoi
reste-t-on là-bas si ce n’est que pour enrichir les officiers? ”,
s’interroge Isaac, un jeune habitant de Kampala interviewé
par Le Monde. En septembre 1997, le journal indépendant
ougandais The Monitor (28 000 exemplaires) rapportait
que le président congolais, Laurent-Désiré Kabila, avait
remis des quantités importantes d’or au gouvernement ougandais en
échange d’un appui militaire.
UN
AUTRE DICTATEUR AFRICAIN?
Au
plan politique, malgré l’appui massif des Ougandais au référendum
de juin dernier en sa faveur, le système sans partis de Museveni
n’est pas sans critiques non plus. Matovu Henry, un
Ougandais vivant maintenant aux États-Unis, écrit dans le forum de
discussion en ligne de la BBC précédant le référendum: “ Museveni
ne propose pas de solution véritable aux problèmes africains. Son
`mouvement` est davantage une façon pour lui de se maintenir au
pouvoir en dictateur. En fait, Museveni ne fait qu’empirer les
choses pour l’Afrique en proposant son système sans partis comme
la panacée pour le continent. ” Le leader de
l’ex-Parti démocratique (DP), Paulo Semogerere, renchérit,
qualifiant Museveni “ de dictateur, qui interdit les
partis politiques afin de conserver son monopole sur le pouvoir. ”
Le
député multipartiste Norbert Mao accuse lui aussi Museveni
de mentir à la population: “ De 1986 à 1989, l’Ouganda était
trop instable pour permettre la compétition politique entre différents
partis. La période de transition imposée par Museveni était donc
justifiée. En 1989, toutefois, le parlement fut forcé de prolonger
de cinq autres années cette période de transition, sans la tenue
d’élections. Museveni prétexta alors qu’il avait besoin de
temps pour mettre en place une nouvelle constitution et
pacifier le pays. En 1995, cette nouvelle constitution est promulguée,
mais sans que les partis politiques puissent enfin opérer en toute
liberté. Là, on arrive à un référendum sur le multipartisme
sans que la population puisse vraiment juger de la valeur de cette
option, les partis politiques étant toujours interdits. En fait, ce
référendum ne sera qu’un vote sur le bilan politique de
Museveni, un concours de personnalité. C’est tout simplement
politiquement incorrect d’être multipartiste en Ouganda.”
En
effet, il est difficile pour les Ougandais de pouvoir juger “ du
pour et du contre ” de l’option multipartiste s’ils
n’en connaissent que le “ contre ”, i.e. vingt années
de guerre civile meurtrière. D’autant plus que, comme l’ont noté
les observateurs internationaux, durant la campagne référendaire
de juin dernier, les deux camps n’ont pas bénéficié d’une
chance égale de présenter leurs arguments respectifs. La liberté
de la presse a été généralement respectée. De plus, on n’a
pas rapporté de cas importants d’usage de violence ou
d’intimidation. Toutefois, les multipartistes ne disposaient pas
du tout de moyens égaux pour faire valoir leur point de vue.
NON
AUX PARTIS ETHNIQUES ETRELIGIEUX
Quoi
qu’il en soit, une question s’impose ici: les partis politiques
ougandais ont-ils changé? Les Ougandais ont-ils raison d’en avoir
toujours peur, comme le montre leur rejet du multipartisme, l’été
dernier?
Museveni
soutient que l’Afrique n’est pas prête pour le multipartisme.
Le président ougandais affirme que l’économie du continent
n’est pas assez développée pour qu’existent en Afrique des
classes sociales fondées sur autre chose que l’appartenance
religieuse ou ethnique, qui ne sont sources, selon lui, que de
division et de guerre. Il utilise à ce sujet l’exemple de
l’Ouganda et de son passé tragique. Museveni soutient que les
représentants politiques doivent être choisis sur la base de leur
compétences personnelles et non de leur affiliation à un parti
politique.
Objectivement,
il est difficile de déterminer si les Ougandais devraient faire
confiance à leurs partis politiques, si ce n’est que parce
qu’ils sont présentement interdits et il est donc impossible d’évaluer
leur valeur. Néanmoins, une chose est sûre, à l’heure actuelle,
l’opposition ougandaise est toujours dépourvue d’une véritable
culture démocratique. Nombre de politiciens de l’opposition ont
ainsi sauté la clôture au cours des dernières années pour
joindre le pouvoir et ses offres alléchantes.
Dans
The Politics of Opposition in Contemporary Africa, le
politicologue John Ssenkumba affirme que “ les
membres de l’opposition ougandaise sont davantage guidés par leur
soif de richesses et de pouvoir que par les principes démocratiques. ”
Par ailleurs, parmi les membres actuels de l’opposition
ougandaise, on retrouve de nombreuses têtes de la “ vieille
garde,” dont le chef du DP, Paulo Semogerere.
L’AFRIQUE
EST PRETE POUR LA DÉMOCRATIE
Il
ne faudrait pas pour autant conclure, comme le fait Museveni, que
l’Ouganda et l’Afrique ne sont pas prêtes pour le multipartisme
et la démocratie. Ssenkumba récuse l’argument de Museveni qui
affirme que le développement capitaliste est un préalable au
pluralisme politique. Selon Ssenkumba, le capitalisme n’amène pas
nécessairement la formation de classes sociales mieux organisées.
Ssenkumba soutient que la démocratie occidentale est, en fait, le
fruit de la lutte des classes ouvrières (des dépossédés contre
les privilégiés). Ainsi, même dans un régime capitaliste, la démocratie
est impossible si les travailleurs sont incapables de résister à
l’oppression pour protéger leurs droits.
Comme
l’affirme l’opposition ougandaise, si Museveni est le démocrate
qu’il prétend être, pourquoi ne démocratise-t-il pas la
structure du NRM? Pourquoi ne met-il pas fin au patronage? Pourquoi
ne confie-t-il pas au parlement son pouvoir considérable de
nominations politiques? Museveni s’est notamment servi de ce
pouvoir pour nommer des membres supplémentaires dans des comités
d’élus de façon à limiter l’influence des opposants qui y siégeaient.[1]
Les
tentatives de cooptations de groupes d’intérêts pratiquées par
le NRM mettent aussi en doute la sincérité des prétentions démocratiques
de Museveni. Par exemple, en 1996, lors des dernières élections
parlementaires, des sièges de la chambre ont été réservés
spécifiquement pour des représentants de la jeunesse (5 sièges),
des femmes (39 s.), des syndicats (3 s.) et des handicapés (5 s.).
Ces groupes font partie de l’électorat traditionnel du “ mouvement ”.
UN
SYSTEME POLITIQUE À PARTI UNIQUE
Museveni
n’est pas un dictateur, comme le clament certains de ses
opposants. En 1995, la rédaction de la nouvelle constitution
ougandaise a été faite à la suite d’une vaste consultation
populaire. De plus, depuis 1996, des élections libres et
significatives sont organisées en Ouganda. La preuve: plusieurs
membres importants du NRM ont connu la défaite lors des dernières
élections législatives (1996), tout cela alors que des opposants
du “ mouvement ” faisaient leur entrée au parlement.
Par ailleurs, le président Museveni respecte généralement la
liberté de la presse ougandaise, qui est bien établie et souvent
critique, comme on le voit avec The Monitor.
Néanmoins,
comme le dénoncent les multipartistes, les partisans de Museveni et
de son “ mouvement ” dominent la scène politique
ougandaise, un virtuel système à parti unique. 156 des 276 sièges
du parlement ougandais appartiennent à des sympathisants du NRM. En
fait, seulement une vingtaine de députés se réclament ouvertement
du multipartisme. En outre, 42 des 48 ministres ougandais sont des
ardents défenseurs des politiques de Museveni.
Le
problème: la communauté internationale aime bien Museveni, en qui
elle voit un interlocuteur fiable et un contrepoids face aux
islamistes du Soudan. Lors du sommet africain de mars 1998 organisé
en Ouganda, le président américain, Bill Clinton,
soulignait ainsi le statut de “ bon élève ” du pays
qui en avait fait une “ success story ” sur le
continent. Par ailleurs, comme dans le cas de nombreux pays
africains, la population ougandaise est peu politisée. Au référendum
de juin dernier, par exemple, seulement la moitié des électeurs
ougandais sont allés voter.
En
fait, le quasi monopole du pouvoir que détient Museveni en Ouganda
et le manque de politisation de la population ougandaise laissent
entrevoir de graves problèmes de succession pour le pays. Particulièrement,
étant donné que les successeurs pressentis de Museveni au sein du
NRM sont déjà morts…du sida.
Il est vrai que nos politiciens occidentaux utilisent parfois
les mêmes tactiques.
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