Analyses de la semaine |
En
collaboration avec les étudiants du Programme de journalisme
international de l'Université Laval.
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Les étudiants du Programme de journalisme international de l'Université Laval publiront, pour les prochaines semaines, leurs meilleurs textes hebdomadaires. Le cyberjournal COMMERCE MONDE s'est engagé à publier pour cette période tous les textes qui seront jugés pertinents en rapport avec son mandat et sa mission dans cette nouvelle rubrique spéciale du journal: ANALYSES DE LA SEMAINE. Florian Sauvageau, le directeur de ce programme conjoint Laval-Lilles (en France) a accepté de se joindre à cette initiative du cyberjournal COMMERCE MONDE - Québec Capitale voulant reconnaître la qualité du travail journalistique des étudiants de l'Université Laval et souhaitant faciliter le rayonnement de la présence à Québec du Programme de journalisme international de l'Université Laval. Cette initiative veut aussi reconnaître l'importance de favoriser le plus vite possible l'intégration des étudiants de l'Université Laval à la vie professionnelle. |
Sommaire
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Pays
«les moins développés» par
Michel Bolduc Éffacer
la dette des pays pauvres n’est pas la solution à leurs problèmes de développement,
conclue un rapport de l’ONU,
déposé le 13 octobre dernier. La Conférence
des Nations unies sur le commerce et le développement a identifié 48
nations comme «pays les moins développés». Selon l’ONU, pour que
l’économie de ces pays croissent enfin, les pays riches doivent doubler
leur niveau d’aide internationale, qui a d’ailleurs chuté du tiers au
cours des dix dernières années. L’occident doit aussi ouvrir ses marchés
aux produits d’exportation des pays pauvres. Le
rapport de l’ONU tient aussi les pays du tiers-monde responsables de
leurs problèmes de développement. L’ONU soutient que ces nations,
majoritairement africaines, doivent réformer leur économie pour attirer
davantage les investisseurs étrangers. Il
n’y a aucun doute que les économies des pays pauvres doivent être
restructurées pour devenir plus compétitives. La corruption, par
exemple, constitue un poids majeur sur les économies africaines. De
l’ordre doit aussi être mis dans les finances des pays fortement endettés.
Le Soudan dépense ainsi 1,5 million de dollars par jour pour une guerre
civile qui dure depuis près de vingt ans. La
spirale de la dette Les
réformes économiques ne suffisent pas, toutefois, pour permettre aux
pays pauvres d’échapper à la spirale de la dette dont ils sont
prisonniers. Depuis 1997, les pays du tiers-monde doivent faire face à un
triple problème : la baisse de leurs revenus d’exportation,
l’augmentation des taux d’intérêts sur leurs nouveaux emprunts et la
diminution des flux de capitaux. Les
pays pauvres doivent rembourser leur dette extérieure en devises étrangères.
Pour ce faire, ils utilisent principalement leurs revenus d’exportation
(pétrole, gaz, minéraux, caoutchouc, sucre). Or, les prix de ces
produits d’exportation sont en forte baisse depuis 1997, enregistrant
des diminutions annuelles de 15 % à 40 % en 1998. Cette
baisse des prix représente un poids supplémentaire sur les épaules des
pays fortement endettés. Pour respecter l’échéance sur leurs
emprunts, les pays pauvres contractent de nouveaux prêts… pour pouvoir
rembourser les anciens. Comme
si ça ne suffisait pas, les taux d’intérêts que doivent payer les
pays du tiers-monde sur leurs emprunts augmentent. Par ailleurs, les détenteurs
de capitaux du Nord sont de plus en plus prudents dans leurs
investissements. Selon la Banque
mondiale (BM), les flux financiers vers les pays de la périphérie
ont ainsi chuté de 47 % entre 1997 et 1999. La
crise de la dette est une tragédie pour les pays pauvres. Le tiers-monde
paie chaque année plus de 200 milliards pour rembourser sa dette, qui se
chiffrait à environ 1950 milliards en 1997. Quant à l’aide publique au
développement, y compris les prêts remboursables à un taux inférieur
à celui du marché, elle n’a pas dépassé 45 milliards par an ces
dernières années. La conséquence concrète de cette montagne de
chiffres: l’Afrique subsaharienne dépense quatre fois plus pour payer
sa dette que pour toutes ses dépenses en santé et en éducation. Le
G7 se défile Face
à l’ampleur de la tragédie, les propositions de la communauté
internationale sont pour le moins timides. À Cologne, en 1999, les sept
pays les plus industrialisés de la planète (G7) se sont dit prêts à
annuler jusqu’à 90 % de la dette que les pays pauvres leur devaient.
Cette offre ne représente, toutefois, que l’effacement d’au mieux 2 %
de la dette totale du tiers-monde. Il
existe trois grandes catégories de détenteurs de la dette extérieure
des pays de la périphérie : les institutions multilatérales
(principalement le Fonds monétaire
international [FMI] et la BM), le secteur privé (banques, fonds de
pensions, fonds mutuels) et les États (principalement les pays
industrialisés). Or,
les mesures d’annulation de la dette proposées par le G7 ne concernent
que les dettes d’État à État et ce, avant tout rééchelonnement. En
général, les pays les plus endettés ont négocié un rééchelonnement
de leur dette à partir de 1985. Par ailleurs, les emprunts d’État à
État ne forment qu’une mince proportion des dettes des pays pauvres.
Entre 30 % et 75 % de la dette de la majorité des pays d’Afrique
subsaharienne est plutôt due au FMI et à la BM.[1]
La
BM et le FMI abdiquent aussi La
BM et le FMI ont mis sur pied un programme de soulagement de la dette en
1996, l’initiative HIPC. Ce plan est, cependant, critiqué pour sa timidité par nombre
d’organisations non gouvernementales, dont Oxfam.[2]
Certes, avec l’initiative HIPC, le Burkina Faso, le Honduras, la Guinée,
le Malawi et la Mauritanie devraient voir le service de leur dette
diminuer de 20 %; la Bolivie, le Cameroun, le Mozambique, le Rwanda et
l'Ouganda, de 30 %. Mais,
pour certains pays, dont le Sénégal, la Zambie et la Tanzanie, le
programme de réduction de la dette de la BM et du FMI entraînerait une
augmentation de la charge financière due à la dette. La différence
provient du fait que, jusqu’à maintenant, ces pays n’assumaient pas
l'ensemble des obligations financières reliées à leurs emprunts, alors
qu'il sont tenus de le faire dans le cadre du programme HIPC. Par
ailleurs, Oxfam estime que les paiements pour le remboursement de la dette
demeureront encore très élevés avec le programme de soulagement de la
dette des institutions de Bretton
Woods. Dans le cas de la Zambie, les paiements pour la dette représenteront
encore 40 % de l'ensemble des revenus de l'État; de 25 % à 35 % au
Cameroun, en Guinée, au Sénégal et au Malawi; et de 15 % à 20 % au
Honduras, au Mozambique, en Tanzanie et en Mauritanie. En
fait, pour participer à l’initiative HPIC, les pays pauvres doivent
avoir appliqué pendant six ans un programme d’ajustement structurel
renforcé, qui fait lui-même généralement suite à dix ou quinze ans
d’ajustement antérieur. Jusqu’à maintenant, seules la Bolivie et le
Guyana ont vu leurs efforts réformateurs être récompensés par
l’effacement d’une partie de leur dette. De
plus, ces réformes structurelles du FMI et de la BM, que les pays en développement
doivent appliquer pour voir une partie de leur dette être effacée, ont
souvent des effets sociaux dévastateurs. Les institutions de Bretton
Woods exigent entre autres des pays pauvres qu’ils coupent dans leurs dépenses
en santé et en éducation. Au Mozambique, un quart des enfants meurent de
maladies infectieuses avant l'âge de cinq ans. Pourtant, le pays consacre
deux fois plus d'argent au remboursement de sa dette qu'aux dépenses en
santé et en éducation. Par ailleurs, comment un pays peut-il avoir une
économie compétitive si sa main-d’œuvre est malade et peu scolarisée,
demandent les critiques. En
ce qui concerne la dette extérieure détenue par les institutions privées,
la troisième catégorie de détenteurs de la dette extérieure des pays
de la périphérie, aucun chef d’État ne propose de mesures
d’annulation. Or, cette catégorie représente plus de 50 % de la dette
des principaux pays d’Amérique latine et de l’Asie du Sud-Est. La
dette : un poids destructeur La
dette des pays pauvres n’a cessé d’augmenter depuis vingt ans. Entre
1990 et 1997, la dette des pays du tiers-monde a augmenté de 15 %. On
note une hausse de 75 % entre 1980 et 1990. Conséquence : la plupart
des habitants des 48 pays les moins développés ont moins de deux dollars
par jour pour vivre. De
plus, la hausse du prix du pétrole rend encore plus fragile la situation
des pays pauvres. Parmi les pays les plus durement touchés par la flambée
du coût du brut, onze figurent parmi ceux qui sont éligibles au
programme d'allégement de la dette de la BM et du FMI. Comment
exiger que la Zambie consacre 40 % de son budget pour rembourser les pays
riches alors que la malnutrition chronique tue 73 000 enfants de moins de
cinq ans chaque année dans le pays, un nombre en constante augmentation
par surcroît? De
leur côté, le FMI et la BM soutiennent qu’effacer complètement la
dette des pays pauvres encouragerait les pays riches à réduire encore
davantage leurs prêts et leur aide au développement. [1]
En 1999,
le G7 avait aussi promis d’aider 25 des 40 nations identifiées par
la BM et le FMI comme les plus affectées par le problème de la
dette. C’était, bien sûr, une aide conditionnelle à l’assurance
que l’argent soit bel et bien utilisée pour réduire la pauvreté.
Toutefois, jusqu’à maintenant, seule l’Ouganda s’est qualifiée
pour ce programme spécial d’aide. [2]
Le
problème, c’est que la BM et le FMI n’ont d’international que
le nom. Au FMI, par exemple, les États-Unis détiennent 18 % des voix
contre 0,06 % pour le Mozambique.
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par
Vincent Cormier Autriche,
Belgique, Danemark, Italie, Suisse. La liste des pays européens aux
prises avec une extrême droite politique puissante ne cesse de
s'allonger. Ainsi, le 8 octobre, Anvers, la deuxième ville des Flandres
belges, a vu le Vlaams Blok (Bloc flamand) devancer, et de loin, les partis
traditionnels. Le phénomène n'est pas nouveau, mais tend à s'amplifier
au point qu'une accession au pouvoir n'est plus un simple rêve pour
certains. Longtemps
les analystes politiques et les partis traditionnels ont attribué la montée
des partis d'extrême droite à la crise économique que traversait l'Union
européenne. Si cette explication pouvait s'appliquer aux succès électoraux
du Front national en France ou en Wallonie (partie francophone de la
Belgique), elle est amplement insatisfaisante pour justifer les résultats
obtenus dans ces cinq pays prospères. En
réalité, cette prospérité est peut-être le premier élément
d'explication. Ainsi, la Ligue du
Nord en Italie ou le Vlaams Blok en Belgique fondent leur discours sur
leur refus de partager les fruits de la croissance avec leurs compatriotes
du sud. De même, la Suisse, le Danemark ou l'Autriche sont des régions
dont le taux de croissance est supérieur à la moyenne européenne. Ce
repli sur soi vise donc à protéger une économie prospère que l'on
estime menacée par une ouverture aux autres. Mais
la réussite économique n'est pas la seule chose que les partis d'extrême
droite prétendent vouloir protéger. Ce phénomène de la montée extrémiste
en Europe coïncide avec une intégration européenne de plus en plus
poussée. La crainte grandit de voir sa culture, son identité se fondre
dans une bouillie européenne dans laquelle personne ne se reconnaît.
C'est notamment la raison pour laquelle les Danois ont voté dernièrement
contre l'entrée de leur pays dans la zone Euro. C'est aussi le sens du
message du FPÖ de l'Autrichien
Jörg Haider. Sans être
europhobes, les Autrichiens craignent de devenir un homo europeanus, sur le modèle de l'homo sovieticus que l'URSS avait essayé de créer. Outre
l'Europe, l'autre menace pour l'identité nationale, c'est l'immigrant. Si
le discours peut varier d'un parti à l'autre, le rejet de l'étranger
fait partie de l'argumentaire de tous ces partis d'extrême droite. Le mot
d'ordre "Immigration zéro" rencontre un réel succès dans des
régions traditionnellement d'émigration et donc peu habituées à leur rôle
relativement récent de terre d'accueil. Ceci est particulièrement vrai
pour les Flandres ou l'Italie du nord, mais beaucoup moins pour l'Autriche
où la peur de l'étranger relève beaucoup plus du fantasme. Face
à ce danger, les partis traditionnels réagissent différemment. Les
conservateurs autrichiens, italiens ou suisses ont décidé de s'allier à
ces concurrents et même d'en faire des partenaires gouvernementaux. La
raison officielle avancée est que ces partis sont par essence des partis
d'opposition. Leur participation au gouvernement, et donc la confrontation
aux réalités, ne peut que miner leur discours. L'Autriche est l'exemple
même de cette théorie. Depuis son accession au pouvoir, le FPÖ a connu
une véritable chute dans les sondages. Il y a fort à parier que les
sanctions votées à la va-vite par les autres membres de l'Union européenne
ne sont pour rien dans cette baisse. De même en Italie, depuis sa
participation aux affaires gouvernementales, la Ligue du nord, en Italie,
n'a plus rencontré le même succès qu'auparavant. D'autres
pays se refusent à faire ce pari risqué. Ainsi, en Belgique, à Anvers,
bien qu'ayant obtenu 28,5% des voix lors des élections municipales de
1994, le Vlaams Blok s'est vu refuser l'entrée de l'Hôtel de ville par
une coalition de tous les partis dits démocratiques. Cet ostracisme n'a
pas découragé les électeurs du Blok, bien au contraire. Ainsi, dimanche
dernier, le parti d'extrême droite flamand a remporté 33% des voix à
Anvers. Le pacte démocratique s'est à nouveau formé. Dans quel but ? Au
cours du mandat précédent, les partis de cette coalition trop large se
sont évertués à trouver des compromis pour éviter la séparation, délaissant
les vraies préoccupations des Anversois, au premier rang desquelles :
l'insécurité. Avec le tiers des voix, le Vlaams Blok a désormais le
droit de convoquer le conseil quand il le désire. Un tel pouvoir sur le
fonctionnement des institutions municipales risque d'affaiblir encore le
pacte démocratique et de rendre difficile la cohabition d'idées si différentes.
La
solution que les socialistes belges ont rapidement proposée aux vues des
derniers résultats revient à octroyer le droit de vote aux immigrés. De
cette manière, noyée dans cet afflux de nouveaux électeurs, peu
susceptibles de voter pour le Blok, l'influence de celui-ci en sera réduite.
Dans la même logique que les sanctions imposées à l'Autriche, cette
solution revient à briser le thermomètre sous prétexte qu'il fait trop
chaud. Réduire la part du vote extrême ne diminue en rien le nombre d'électeurs
tentés par le discours xénophobe et intolérant des Haider, Rossi (Umberto
Rossi, chef de la Ligue du nord italienne) et autres Dewinter (Filip Dewinter, chef du Vlaams Blok). Jusqu'à
maintenant, aucun pays n'est réellement parvenu à endiguer la montée
des partis d'extrême droite. Si le Front national français ou belge
s'est dernièrement effondré, c'est sous le coup de ses luttes
fratricides. Compter sur la division de son adversaire, n'est certainement
pas le meilleur moyen de repousser définitivement la peste brune. La
politique de l'autruche non plus. |