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Plate-forme d’économie circulaire : le milieu sherbrookois se fait exemplaire au Québec

Il sera fier, l’invité de France, de son passage de trois jours au Québec. La prise de parole de Vincent Aurez, économiste, consultant et expert de l’économie circulaire, a gonflé et confirmé l’enthousiasme sur place : « Le Québec n’est pas en retard. Il y a plusieurs exemples depuis des années. Je vais pouvoir parler dans mes conférences de ce que j’ai vu ici à Sherbrooke»

C’était vers 11 h 30, mercredi le 12 avril 2017, dans le cadre d’une conférence de presse qui s’est tenue chez Défi Polyteck. Plusieurs partenaires du milieu sherbrookois et estrien y confirmaient la mise en place d’une plate-forme d’économie circulaire en Estrie. Une initiative qui devrait vite devenir un exemple de bonne gouvernance au Québec.

« Le fondement de notre modèle économique actuel est basé sur un mode de croissance à l’infini et notre monde se heurte aujourd’hui aux limites des ressources naturelles de notre planète », a alors expliqué Pierre Morency, le directeur, développement stratégie en environnement chez Défi Polyteck et un des principaux leaders de la plate-forme. Et pour qui la mise en œuvre des Plans de gestion des matières résiduelles (PGMR) sur le territoire estrien représente une opportunité pour l’ensemble des acteurs d’élaborer conjointement des projets et une stratégie territoriale vers une économie plus durable et une meilleure gestion.

Ainsi donc: « Défi Polyteck vise à développer avec ses partenaires régionaux une stratégie d’implantation de l’économie circulaire basée sur la création de nouvelles filières de mise en valeur de matières vouées actuellement à l’exportation ou à l’enfouissement. »

Rappelons que l’économie circulaire tend notamment à maximiser l’utilisation des ressources sur un territoire, afin de tendre vers le zéro déchet.

« Un des éléments fondamentaux pour que l’économie circulaire s’implante et se développe est l’organisation de sa gouvernance (…) La plate-forme constituera l’ADN de l’économie circulaire estrienne où chacun des acteurs est indispensable… C’est encourageant de voir en si peu de temps le nombre et la représentativité des partenaires associés à cette démarche. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’Estrie connait un excellent point de départ », a exposé Pierre Racicot, PDG de VRIC – Villes et régions innovantes, réseau de l’économie circulaire, avant de laisser la parole à Vincent Aurez.

M. Aurez avait présenté une conférence « L’économie circulaire, un désir ardent des territoires » devant les membres du Club économique de Québec, en collaboration avec le Réseau de l’économie circulaire (VRIc), le jour précédent, à Québec. Au Québec, il était l’invité du VRIC et du Club, après une semaine passée à New-York à l’invitation de Columbia University.

Outre Défi Polyteck comme catalyseur, ce projet régional de plate-forme d’économie circulaire rallie un grand nombre d’acteurs sociaux, économiques et institutionnels qui s’engagent à collaborer vers la mise en place de ce nouveau modèle économique en Estrie: la Ville de Sherbrooke, le Centre d’excellence en valorisation des matières résiduelles (CEVMR), Sherbrooke Innopole, l’Université de Sherbrooke, le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE), la Chambre de commerce de Sherbrooke, le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) et plusieurs autres.

Ensemble vers une économie circulaire en Estrie !

« En 35 ans d’expérience dans le domaine de l’environnement, jamais le contexte n’a été plus favorable à une telle initiative. L’ensemble des parties prenantes nécessaires à la mise en place de la plate-forme sont présentes et mobilisées, sans compter les nombreux joueurs qui ne demandent qu’à y prendre part. Le Québec en entier a les yeux tournés vers « l’Estrie Zone verte » en tant que leader du développement durable. »

Pierre Morency ne cache pas son enthousiasme. L’économie circulaire est un mode de développement qui offre aussi l’avantage de contribuer à la création d’emplois innovateurs intimement liés à un territoire et à son tissu d’entreprises, donc plus difficilement délocalisables.

Avec Défi Polyteck, Sherbrooke est déjà plus forte de 200 emplois grâce à cette OBNL développant un modèle d’entreprise adapté dans le secteur de l’économie sociale innovante spécialisée dans la sous-traitance, la fabrication, la transformation et la commercialisation d’une vaste gamme de produits, souvent recyclés, tels que papiers, cartons, bois ou céramiques et transformés par des employés ayant des limitations intellectuelles et physiques.

L’économie circulaire, ça peut aussi être cela.

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Photo: M. Vincent Aurez.

www.lapresse.ca/la-tribune/affaires/une-plate-forme-deconomie-circulaire-se-met-en-place

remolino.qc.ca/2017/04/11/leconomie-circulaire

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Sept preuves de l’énorme potentiel des symbioses industrielles

On vous parle de plus en plus de respect de l’environnement, d’écologie industrielle, de synergie inter-entreprise, de ne plus penser « déchet » mais « ressource »… Mais qui vous montre des chiffres que ça fonctionne vraiment et que c’est vraiment intéressant ? Parler du potentiel des symbioses industrielles est facilement séduisant, mais deux auteurs français partagent dans leur récent ouvrage sept preuves de l’énorme potentiel des symbioses industrielles. Alors soyons curieux.

Symbioses industrielles ? Oui, le fait de concrétiser des boucles des flux de matières/énergies entre entreprises au sein d’un territoire. Refiler votre vapeur excédentaire à l’entreprise voisine derrière la votre. Intégrer à vos procédés les résidus de production de l’entreprise voisine face à la votre. Mutualiser des achats similaires. Transformer les déchets de l’un en intrant pour l’autre, en approvisionnement moins coûteux. Faire du gagnant-gagnant.

Les synergies de mutualisation peuvent autant concerner les flux sortants, exemple le traitement des déchets par une prise en charge collective, que les flux entrants, pour l’approvisionnement, en coordonnant des commandes communes afin de bénéficier de tarifs préférentiels. Mais c’est dans la pratique des substitutions que les symbioses industrielle trouvent leur application les plus intéressantes. Ici, le flux entant d’une entité devient le flux sortant de l’autre. Le déchet du premier se transforme avantageusement en matière première pour le second. Des gains bruts immédiats partout, même pour la société en général.

Dans leur ouvrage tout chaud, Vincent Aurez et Laurent Georgeault consacrent tout un chapitre sur les symbioses industrielles. Mais ils ont aussi la qualité de partager les résultats d’une série d’ateliers réalisées en 2016 démontrant noir sur blanc le potentiel impressionnant que représente aussi peu qu’une petite vingtaine d’entreprises en matière de synergies.

Sept preuves de l’énorme potentiel des symbioses industrielles

Date 2 fév. 2016 15 fév. 1er mars 8 mars 2016 15 mars 22 mars 26 avril  2016
Lieu Nord Isère Pau Rennes Quimper Pays du Bruche Lillebonne Grenoble
Entreprises 39 36 42 39 22 29 37
Ressources 300 245 300 290 110 215 270
Synergies potentielles 590 603 366 492 200 248 667

(Source : Économie circulaire – Système économique et finitude des ressources, publié en août 2016 chez l’éditeur deboeck.)

Le tableau d’Aurez et Georgeault cite même un huitième exemple, datant de 2015, mais qui va de toute manière dans le même sens de la démonstration. À Saint-André du Cubzac, lors d’un atelier réalisé le 1er décembre 2015 impliquant 40 entreprises, ce sont 200 ressources qui furent identifiées avec un potentiel de 536 synergies à réaliser.

  • 200 synergies possibles entre seulement 22 entreprises au Pays du Bruche ! C’est une moyenne non négligeable.
  • 667 synergies possibles entre 37 entreprises à Grenoble ! Une moyenne ici renversante.

Regardez le premier parc industriel que vous croiserez sur votre route demain, et d’un coup d’œil vous ne serez pas loin d’englober 20 entreprises voisines ou de proximité. Imaginer l’impact ensuite de 200 synergies industrielle les impliquant. Des gains significatifs. Des économies structurantes partout.

Du parc à la région

Ce mode de développement des entreprises orienté vers le territoire et les réalités de proximité est sans surprise issu du monde des ingénieurs.

« Dépassant la tuyauterie de zone d’activité, qui est un exercice nécessaire, les approches actuelles visent principalement des gains de compétitivité et une croissance endogène des territoires », analysent d’ailleurs Vincent Aurez et Laurent Georgeault.

Ce qu’il faut surtout comprendre ici, c’est que cette stratégie est maintenant en mesure de dépasser le contexte du parc industriel, de l’ÉcoParc et de la proximité immédiate. Avec 20, 30 ou 40 entreprises d’un même parc industriel, la donne est probante. Mais les bonnes pratiques détectées concernant 20 à 30 entreprises peuvent difficilement être répliquées dans un échantillon aussi restreint. L’élargissement du périmètre est nécessaire. Mais le cloisonnement initial dans les démarches menées à l’échelle de zones d’activités constitue un frein qui est actuellement graduellement dépassé. Aux USA, Marian Chertow parle depuis des années de systèmes d’échanges interentreprises organisés à l’échelle d’une région. Ici, en croisant les bilans de flux des entreprises, la croissance des opportunités et synergies potentielles est une exponentielle du nombre d’entreprises participantes.

Voir que les symbioses industrielles permettent de développer structurellement le tissu économique local est une excellente chose. Voir qu’il s’agit d’une stratégie d’attraction de nouvelles entreprises à la portée des agents de développement économique de la région est le complément de la boucle.

C’est encore les coûts, l’effort, d’acquisition des données pour établir les pistes de synergies qui sont la principale et première limite. Au travail !

symbiose

Les boucles d’une symbioses industrielles.

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Source de la Une: e-rse.net/

 

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There is no alternative : La Chine deviendra verte

Mort à la pollution, ou c’est la Chine qui mourra! Dans l’intervalle, des dizaines de milliers de Chinois meurent prématurément chaque année de la véritable crise environnementale qui menace toute la Chine, jusqu’à nouvel ordre. Vite à l’économie circulaire; l’économie linéaire a assez duré!

Une solution circulaire

Il ne faut donc pas se surprendre de voir à quelle vitesse l’élève chinois a vite dépassé ses maîtres (l’Allemagne, le Japon, le Danemark) pour devenir l’actuel leader mondial en économie circulaire. Le pays est même l’un des rares à avoir une Loi en la matière: depuis 2009 (la France se donne 2017 comme objectif). Et pas moins de 100 villes de Chine progressent maintenant à titre de projet-pilote.

Le gouvernement centrale, qui n’a pas de difficulté à mixer les systèmes, réfléchit à voix haute en parlant d’une « Civilisation écologique » à établir!

Il existe plusieurs définitions théoriques de l’économie circulaire.

Au verso du livre de Jean-Claude Lévy et de Vincent Aurez[1] on trouve une définition très abstraite et complète :

« L’économie circulaire est un dispositif d’organisation scientifique, technologique, économique et social, visant à rendre à la nature les flux de matière solide, liquide et gazeuse qui lui sont empruntés aujourd’hui trop dangereusement. Elle doit être insérée dans les planifications urbaines selon un principe de gouvernance territoriale et de “gouvernance des flux” ».

Rémy Le Moigne[2] élabore pour sa part une définition plus descriptive, inspirée du courant «Berceau à Berceau»:

« L’économie circulaire peut être définie comme un système de production et d’échanges prenant en compte, dès leur conception, la durabilité et le recyclage des produits ou de leurs composants de sorte qu’ils puissent redevenir soit des objets réutilisables soit des matières premières nouvelles, dans un objectif d’améliorer l’efficacité de l’utilisation des ressources. »

L’économie circulaire est la seule activité concrète et théorique qui synthétise l’ensemble des théories et des applications du développement durable, tel que défini par l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Et vous devez porter votre regard vers la Chine, afin de découvrir les véritables enjeux en cause: innovation, investissement en R&D, briser tout verrou technologique, mobiliser les populations, établir une gouvernance politique appropriée, etc.

Et au Québec…

ATTENTION! Économie circulaire n’égale pas écologie industrielle. Plusieurs sont ceux qui ne font pas encore la distinction au Québec. Le concept de l’économie circulaire y fait à peine son entrée. Par contre, fondé en 1999, le CTTÉI de Sorel-Tracy a été reconnu Technopole en écologie industrielle en mai 2012.

Depuis à peine deux ans, Ville et Régions innovantes (VRIc) priorise cette stratégie trop méconnue. L’organisme veut aussi prendre en compte les multiples réalités de l’économie circulaire et l’opérationnalisation de la recherche, afin de lui construire un véritable cadre théorique. Sa définition est donc très englobante :

« L’économie circulaire est une notion qui minimise en continu les déchets et les gaz à effet de serre (GES) en levant les barrières technologiques grâce à la recherche et le développement (R&D). L’économie circulaire s’inscrit dans un projet de société, impliquant la mobilisation et l’information des collectivités, dont la stratégie économique tend à remettre dans le “système économique” et dans les circuits les plus courts possible les déchets et les émissions polluantes à chacune des étapes de développement d’un produit soit de l’extraction à la consommation pendant les phases de production, de transformation, de distribution et de transport. Elle implique tous les secteurs d’activités : manufacturier, agroalimentaire, industriel, informatique, forestier, transport terrestre, maritime et aérien des personnes et des marchandises, assurance, aménagement des villes et des régions, finance, éducation, R&D, océanographie, transfert technologique, minier, pêcheries et les services, dont les services juridiques. »

VRIc synthétise cette définition par la formule suivante : « 6RV+0GES » (Récupérer, Réduire, Réutiliser, Recycler, Régénérer, Remplacer, Valoriser + 0 Gaz à Effet de Serre). Ce n’est qu’en 2014 que l’Université de Montréal a intégré économie circulaire dans un nouvel institut de recherche sur l’environnement. Un Québec définitivement en retard.

www.vric.ca

www.eddec.org

www.institut-economie-circulaire.fr