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Sommet Youth 7 : Quand la jeunesse parle au G7

Nous y sommes, du 16 au 19 avril 2018, le Sommet Y7 se déroule à Ottawa, capitale du Canada et pays hôte du Sommet du G7 de 2018. Cette rencontre a été organisée par les Jeunes diplomates du Canada (YDC). Le Sommet du G7 intègre officiellement, et pour une première fois dans l’histoire des G7, un sommet jeunesse : le Youth 7 ou Y7.

Ainsi donc, les jeunes délégués du Y7, c’est-à-dire 4 jeunes de chaque État membre du G7, se rencontrent pour « négocier » et « formuler des recommandations politiques » pour le G7 reflétant « les priorités des jeunes qu’ils représentent ».

Leurs recommandations seront incidemment présentées aux sherpas du G7 en espérant qu’elles soient, par la suite, adoptées par les dirigeants du G7, en juin, au Québec.

Particulièrement active dans ce processus, l’ONG Oxfam-Québec est membre du Comité consultatif Y7. Oxfam-Québec a pour rôle de s’assurer que la voix des jeunes soit entendue et de veiller à ce que leurs recommandations soient prises en compte.

Les cinq thèmes de la présidence canadienne du G7  affectent directement la jeunesse :

  • croissance économique profitable à tous;
  • emplois de l’avenir;
  • égalité des sexes et autonomisation des femmes;
  • changements climatiques, océans et énergie propre;
  • monde plus pacifique et plus sûr.

En août 2016, Oxfam-Québec publiait d’ailleurs son premier rapport Jeunes et inégalités : appuyons les jeunes pour qu’ils deviennent maîtres de leur avenir, qui fût diffusé à travers le monde.

The Youth 7 (Y7) is a Formal G7 Engagement Group Summit held alongside the G7 Summit, bringing together youth delegates to represent the millions of young people who live, study and work across G7 member states and the European Union.

Each year, Y7 delegates meet to negotiate and form policy recommendations for the G7 that reflect the priorities of young people. Forming a Y7 Communiqué, the recommendations are presented directly to G7 leaders.

 

En conférence de presse à Toronto, le 30 mai 2018, les représentants du Sommet Youth7 ont appelé les leaders du G7 à intégrer à leurs décisions de 2018 leurs recommandations en matière d’éducation et de lutte contre les violences à caractère sexuel, de sauvegarde des plans d’eau et de protection de la vie privée.

 

www.y7canada.com/

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Libre-échange: Quand Ottawa négocie avec Pékin…

Les discussions sur le libre-échange sont encore bien actives entre le Canada et la Chine. Mais quand Ottawa négocie avec Pékin… Le 10 avril 2018, la Presse canadienne émettait à ce sujet un communiqué dans lequel il était possible de lire les commentaires de l’ambassadeur chinois qui soutient que « son pays rejette catégoriquement les tentatives du Canada d’enchâsser les normes du travail dans un éventuel accord de libre-échange ».

Lu Shaye estime que l’ordre du jour « soi-disant progressiste » du Canada « n’a pas sa place dans un accord de libre-échange ».

C’est donc dire comment malgré sa récente visite officielle en Chine, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a été dans l’impossibilité de convaincre le gouvernement de Pékin d’inclure, dans le cadre d’un processus de négociations, des enjeux sociaux concernant les droits des travailleurs, l’égalité des genres, l’environnement ou la gouvernance.

La Chine
ne veut pas parler de normes du travail
ou d’égalité

En effet, à l’issue de son voyage officiel de quatre jours en Chine, en décembre 2017, Justin Trudeau n’a pu en revenir avec un engagement formel pour aller au-delà des discussions exploratoires et passer aux véritables négociations en vue d’un accord de libre-échange ChineCanada.

De plus, il faut considérer dans cette équation le fait que la Chine ne fut pas signataire du nouvel Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTGP), finalement conclu tout récemment par le Canada et dix autres pays, mais sans les États-Unis non plus.

L’ambassadeur de Chine à Ottawa a soutenu, cependant, que l’ouverture de négociations pour un accord de libre-échange avec le Canada « adresserait un message fort à un monde qui doit composer actuellement avec la vision très protectionniste de l’administration de Donald Trump aux États-Unis ».

QUAND LA CHINE SE MÊLE DE L’ALENA…

L’ambassadeur Lu a estimé, par ailleurs, que l’insistance du Canada sur les normes du travail à la table de négociations pour le renouvellement de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) « ne se traduira pas par une hausse des salaires au Mexique, mais plutôt par des fermetures d’usines et des pertes d’emplois dans ce pays ».

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Lire aussi : http://business.financialpost.com/opinion/ambassador-lu-shaye-why-canada-china-free-trade-is-a-win-win-for-both-countries

 

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Démographie mondiale: savez-vous nommer les maintenant 13 pays de 100 millions et plus ?

Si la géopolitique de l’humanité, encore en 2018, se joue officiellement à 194 pays selon l’ONU, seulement 13 de ceux-ci regroupent chacun une tranche de la population mondiale qui se compte en plus de 100 millions de personnes. L’intérêt premier de bien identifier lesdits 13 pays est d’abord qu’ensemble ils représentent plus de 4 700 000 000 de personnes sur les 7,6 milliards de Terriens, soit presque 60% de l’humanité. Pourriez-vous les nommer, les nouveaux inclus ?

Oui, nouveaux avec un pluriel, car sachez d’abord qu’ils étaient 11 dans notre dernier regard sur le sujet (voir notre article de 2016). Et ils deviennent 13 en 2018 (les deux passages ayant de fait été accomplis autour de 2016/2017. D’ailleurs, ils seront « égyptement » 14 avec 2019. Et s’ajoutera ensuite le Viet Nam autour de 2021. L’humanité aura vu, alors, quatre ajouts en cinq ans (2016-2021). Mais n’en tirez pas trop vite une moyenne : avec son exceptionnel taux de croissance (3,28%) le prolifique Congo (RD) n’est attendu dans ce « club » que dans six ans, soit vers 2024.

Ensuite – tous trois présentement autour de 82 M d’habitants – l’Allemagne (0,22%), l’Iran (1,05%) et la Turquie (1,45%) croissent beaucoup plus lentement et leur entrée audit « club » se fera bien attendre… assurément pas dans cet ordre, voire peut-être jamais pour l’Allemagne.

Mais l’humanité, elle, continuera sa progression globale d’environ 1% par an, avec une croissance autour de 83 millions d’humains annuellement, pour de nombreuses années encore avant une « stabilisation » annoncée.

Alors qui sont donc le 12e et le 13? Ce sont l’Éthiopie et les Philippines (mais  probablement pas dans cet ordre).

Ce, alors que nous attendions – sic ! – le Viet Nam ! Un Viet Nam, qui réussit donc sa politique de contrôle de sa population.

Oui, l’impressionnante Éthiopie affichant 2,46% de taux de croissance (soit ces temps-ci environ 2 500 000 nouveaux habitants annuellement), qui de fait a donc coiffé en rang, autour du passage, les Philippines, pourtant elle aussi en forte croissance à un taux de plus de 1,5% (soit environ 1,5 M).

Tableau

Population mondiale: pays de plus de 100 M d’habitants en 2018

Pays 2017 Estimation
(fin 2018)
Taux Variation annuelle Migrant
(net)
Chine 1 409 1 415 0.39%  +5 528 531 -339 690
Inde 1 339 1 354 1.11% 14 871 727 -515 643
États-Unis 324 327 0.71% +2 307 285 900 000
Indonésie 264 267 1.06% +2 803 601 -167 000
Brésil 209 211 0.75% +1 579 676 3 185
Pakistan 197 201 1.93% +3 797 863 -236 384
Nigéria 191 196 2.61% +4 988 926 -60 000
Bangladesh 165 167 1.03% +1 698 398 -505 297
Russie 143,99 143,96 -0.02% -25 045 203 577
Mexique 129 131 1.24% +1 595 798 -60 000
Japon 127,5 127,2 -0.23% -299 118 71 627
Éthiopie 105 107,5 2.46% +2 577 444 -12 000
Philippines 105 106,5 1.52% +1 593 984 -130 000
À venir (90+)
14- Égypte 97,5 99,4 1.87% +1 822 590 -55 005
15- Viet Nam 95,5 96,5 0.99% +950 346
D’ici 10 ans
16- RD Congo        81 84 3,28% +2 665 000

Source: www.worldometers.info/world-population/population-by-country/

DE 13… À 15 D’ICI 2021

En 2018, ils sont donc 13 au « club » des pays de 100 millions et plus sur la Terre. Avec, sur la ligne, deux prétendants à l’horizon des années proches, comptant déjà plus de 90 millions de population : l’Égypte et le Viet Nam (oui, l’Égypte, avant ledit Viet Nam, car la population égyptienne croit présentement deux fois plus rapidement que la vietnamienne).

DE 13… À 16 DANS LA DÉCENNIE

La République démocratique du Congo avait 76 millions de citoyens en 2015, mais 81 M en 2017, et terminera 2018 autour de 84 M. Ce pays d’Afrique centrale vient donc de coiffer l’Allemagne (82 M) parce qu’il se gonfle au rythme de 2,7 millions de personnes supplémentaires par an, actuellement. L’âge médian n’y est que de 16,8 ans !

Ce pays sera le seul autre à s’ajouter au « club » (vers 2024) d’ici l’horizon d’une décennie.

Mais dans 10 ans, ce Tableau aura surtout changé pour ceci :

  • le Mexique aura rattrapé, voire dépassé, la Russie ;
  • l’Inde (dans moins de 10 ans) aura dépassé la Chine ;
  • ce sera probablement le Japon qui disputera le bas de la liste d’un « club » à 16 avec le Viet Nam, parce que l’Éthiopie, les Philippines et l’Égypte auront tous les trois coiffé la déclinante population japonaise.

Projection par continent du « club des 100 M et + »

Amérique (3)

 

Afrique et Europe (5)

 

Asie (8)

 

2018 États-Unis

Mexique

Brésil

Nigéria

Russie

Éthiopie

 

Chine

Inde

Indonésie

Pakistan

Bangladesh

Japon

Philippines

2028 Égypte

Congo (RD)

Viet Nam

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Catastrophes naturelles: les 10 pays les plus exposés

Eh oui, la science est maintenant capable de nous ordonner les zones les plus à risque de la planète, en matière de catastrophes naturelles…

Heureusement, il s’agit surtout de petits et de très petits pays. Mais l’existence de cette liste des pays les plus à risque d’une catastrophe naturelle, ne doit pas cacher que c’est la Terre entière, qui est sous la grande menace du dérèglement du climat et de ses conséquences. Voici donc un petit tour de ces cas les plus à risque.

C’est le tableau “par pays” qui utilise des moyens permettant de les lister en ordre d’importance… Ainsi, si deux très petits pays insulaires que sont Vanuatu et Tonga trônent dans le Top 3, il reste préoccupant de voir des masses humaines telles que la population des Philippines et du Bangladesh (deux pays ayant chacun plus de 100 millions d’habitants) et du Guatemala (le plus populeux des pays d’Amérique centrale) compléter le Top 5 des pays les plus exposés.

TABLEAU 1
LES 10 PAYS LES PLUS EXPOSÉS À UNE CATASTROPHE NATURELLE

  1. Iles Vanuatu
  2. Philippines
  3. Iles Tonga
  4. Guatemala
  5. Bangladesh
  6. Iles Salomon
  7. Costa Rica
  8. Salvador
  9. Cambodge
  10. Papouasie-Nouvelle Guinée

Toujours dans cette liste de 10, avec un large regard continental, aucun n’est donc en Afrique ou en Europe, mais sept en Asie du sud/océan Pacifique, contre trois en Amérique centrale.

PAR VILLE, IL Y A PLUS DE DIVERSITÉ

Mais si l’on précise les territoires géographiques en ciblant par ville, la liste des endroits les plus risqués à travers le monde se diversifie beaucoup. Y apparaissent alors des villes aux USA, au Moyen-Orient et en Afrique, même si c’est encore l’Asie qui en aligne la majorité, mais encore ici avec plus de diversité, en touchant cette fois, durement même, la Chine et le Japon.

Faces aux aléas naturels, la même source énumère donc, par villes, les endroits les plus exposés de la planète (sans ordre d’importance cette fois) comme suit : Los Angeles, Guatemala City, Lagos, Istanbul, Le Caire, Téhéran, Calcutta, Dacca, Rangoun, BangkokJakarta, Manille, Osaka-Kóbe, Tokyo-Yokohama, Nagoya et Shanghai, ainsi que tout le delta de la rivière des Perles en Chine du sud: Canton, Shenzhen et Hong Kong.

Avant de voyager ou d’établir votre entreprise ou ses filiales à quelque part à travers le monde, souvenez-vous de cette double liste.

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Image: la Terre sans eau !

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À très exactement 12 mois du Brexit… que penser ?

La commotion du résultat du référendum du 23 juin 2016 au Royaume-Uni confirmant le processus de sortie de ce pays de l’Union européenne (baptisé « Brexit ») laissa ensuite flotter des mois de questionnement, voire de requestionnement. Mais lorsque le 29 mars 2017 la lettre de notification au président du Conseil européen lui fut parvenue, il n’y avait plus de doute : l’application de l’article 50 du traité de l’Union se confirmait. S’ouvrit alors la période statutaire de deux ans pour conclure les négociations de sortie. Avec mars 2018, qui se termine demain, nous sommes donc très exactement à mi parcours dudit deux ans. Ce sont donc les douze mois à partir d’actuellement qui détermineront l’avenir de l’économie du Royaume-Uni (R-U). Et peut-être aussi de l’Union européenne (UE)! Voyons-voir…

Première grande question : y aura-t-il aussi un nouvel accord d’association… associé à la sortie officielle du R-U de l’UE? Ce triller, qui se joue parallèlement, a son propre cadre d’opération. Car s’il y a le « Comment sortir le R-U de l’UE? », se pose aussi la question de comment organiser ensuite la relation commerciale entre les deux parties…

Car au-delà de techniquement réussir « le détricotage des relations complexes liées à l’appartenance à l’Union européenne », comme en parle Vincent Vicard*, ce « tricotage » n’est pas rien, parce qu’il est devenu un véritable marché unique, et que le R-U en sortira.

L’IMPORTANTE VARIABLE « UNION DOUANIÈRE »

Bien que le R-U n’était pas des fondateurs du départ (du 25 mars 1957) avec les Traités de Rome instituant par exemple la Communauté économique européenne (CEE), il « tricote » son appartenance depuis 1973. Et institué grâce à l’Acte d’union signé en 1986, visant le « marché unique », l’aboutissement de l’Europe communautaire jusqu’à l’union douanière européenne est devenu une complexe réalité, solidement liée, sur les quatre fondamentaux que sont le libre accès des marchandises, des services, des personnes, des capitaux, et ce entre tous les pays membres de l’UE.

Il y aura donc eu 1973-2019 : l’Union européenne avec le R-U.

Et on sait aussi, déjà, que l’après ne ressemblera pas aux relations commerciales qu’a cette UE avec ses autres voisins immédiats.

Pourquoi?

Parce qu’est déjà connue – et il s’agit du plus gros morceau du casse-tête – la volonté affirmée par Londres de récupérer la souveraineté sur la politique commerciale, avec notamment la capacité à signer des accords commerciaux avec d’autres pays. Ceci nécessitera donc la sortie du R-U de l’union douanière qu’est le « marché unique » européen. Donc, particulièrement, le retour de sa capacité à jouer les barrières non-tarifaires aux échanges (en passant, la bête noire de l’efficacité du système commercial international depuis les récentes années…)

S’il y a un accord R-U/UE, il ne sera donc pas semblable à celui TurquieUE, ni à l’Espace économique européen (EEE) impliquant l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein.

À l’analyse, on doit davantage attendre un accord commercial global de type classique, tel que l’AECG récemment signé entre le Canada et l’UE. (Une alternative pourrait être le modèle « à la pièce » de l’Accord Suisse-UE, mais Bruxelles a, devant Londres, déjà annoncé sa position de principe sur l’indivisibilité des quatre fondamentaux de son « marché unique » : libre accès des marchandises, des services, des personnes et des capitaux.)

Mais hors union douanière, que seront ces possibles nouvelles barrières non-tarifaires aux échanges à partir d’avril 2019 entre le R-U et les 27 de l’UE ? Voila une sous-question à la première grande question qui est très lourde de conséquences.

Au minimum, ce sera la réalité de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s’appliquera. Même sans un nouvel accord commercial R-U/UE, toujours membre de l’OMC, le R-U en sera. Il devra d’ailleurs, conséquemment, redéfinir ses « listes de concessions » – à moins de décider de dupliquer celle de l’UE – pour établir ses relations avec ses partenaires de l’OMC, bref le reste du monde ?

Pourquoi l’enjeu de l’impact des barrières non-tarifaires aux échanges est très important dans l’équation ? Soyons très concret : qu’arrivera-t-il pour la production des futurs avions d’Airbus qui actuellement passe, outre par les sites en Allemagne, en Espagne et en France, par le site de Filton, au R-U ?

Il faut ici comprendre qu’en situation de « marché unique » – d’union douanière – le gain passe largement par la diminution, voire la disparition, des barrières non-tarifaires aux échanges, telle que l’absence de formalités douanières, telle que l’harmonisation de normes qui éliminent donc les coûts de certification, etc. Ce qui fait que le marché unique crée « (…) près de trois fois plus de commerce entre pays membres que ne le fait un accord commercial régional classique » (selon Mayer, Vicard et Zignago; 2017).

Trois fois plus de commerce…

Ce choix de Londres de vouloir récupérer sa pleine souveraineté commerciale à travers le Brexit est donc majeur, alors qu’il n’est pas du tout obligatoire (rappelons-nous les accords TurquieUE et avec l’EEE).

Éventuellement, il coûtera des emplois à Filton.

UN COÛT SIGNIFICATIF, SURTOUT POUR LONDRES… ET L’IRLANDE

Il en coûtera… Justement, peut-on, dès à présent, évaluer l’impact économique de ce Brexit-là?

Oui.

« Dans le cas où  le Royaume-Uni et l’UE s’accorderaient sur un accord commercial classique après le Brexit, on peut estimer qu’à long terme le commerce extérieur britannique diminuera de 36% avec l’UE et augmentera de 12% avec le reste du monde, de sorte que son commerce total diminuera de 14% » (encore selon Mayer, Vicard et Zignago; 2017).

La même évaluation, cette fois selon l’impact sur le produit intérieur brut (PIB), donne -1,8% comme coût du Brexit à l’économie du R-U, voire -2,5% si une absence d’accord ne faisait appliquer que le cadre de l’OMC (mais c’est comparativement -0,3% ou -0,5% pour l’UE globalement).

On voit donc ici (entre -2,5% et -1,8% du PIB) l’incitatif important pour Londres de s’entendre avec Bruxelles pour avoir un accord commercial pour l’après Brexit rapidement. Incitatif qui est, par ailleurs, presque similaire pour le cas spécial de l’Irlande, géographiquement piégée, qui se voit prédire le même ordre de grandeur de contre-coûts dans les deux cas de figure. Alors que le poids de ce commerce R-U/UE pour l’Union, globalement, n’est évidemment pas du tout du même ordre ; et que les coûts, ici évalués en moyenne entre -0,3% ou -0,5% du PIB, voire seulement -0,2 pour les gros pays que sont la France et l’Allemagne, ne mettent pas la même pression à négocier rapidement à Paris, Berlin et Bruxelles.

Quelles seront les règles commerciales en avril 2019 entre le R-U et les 27 de l’UE? À 12 mois du Brexit, la réponse à cette question est impossible à prédire avec justesse. D’abord, il y aura le poids de l’entente de négociation de sortie. Ensuite, il faut rappeler que le Canada ou la Corée du Sud avaient mis 7 à 8 ans de négociations avant de concrétiser leur accord de commerce classique avec l’UE. C’est dire comment l’ombre du « plancher » OMC plane lourdement sur l’immédiat post-Brexit.

Finalement, sentez-vous sagement invités à retenir que 12 mois en politique, c’est une éternité !

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* Vincent Vicard est économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), Paris (voir : L’économie mondiale 2018, un livre publié par le CEPII).

Source de l’image: www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-le-brexit-les-medias-et-un-sondage/

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