Archives de catégorie : Mondialisation

L’affaire de 65 billions de $

Il est intéressant de se rappeler que le Phileas Fogg de Jules Verne a pu faire Le Tour du monde en quatre-vingts jours sans difficulté de passeport ou devoir demander des visas de voyage. De fait, avant la 1er Guerre mondiale, peu de pays émettaient des passeports – la Russie et l’Empire ottoman le faisaient – et ils étaient d’ailleurs considérés comme « peu civilisés ». Ce que l’air du temps disait alors, c’était que grâce au train l’avenir apporterait même la disparition du concept de la frontière, cette ligne tracée sur une carte géographique.

Mais la communauté internationale signa à Paris, en 1920, le premier accord sur l’usage des passeports. La 1er GM avait fait craindre l’espionnage et on voulu tenter de contrôler le passage desdits espions et autres indésirables d’un pays à l’autre.

L’humanité avait donc vécu jusque là sans véritables frontières comme limite au déplacement des gens. For de cette tradition, la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 reconnaîtra d’ailleurs le droit de chacun de pouvoir quitter son pays d’origine (malheureusement sans lui garantir le droit d’être accueilli par un autre…)

Toute cette question du droit de migration internationale constitue actuellement le plus gros enjeu de l’avenir des négociations en matière de libéralisation du commerce mondial. Tant que les robots n’auront pas terminé de gruger l’avantage que peut encore constituer la délocalisation pour profiter de plus bas salaires ailleurs, à cause des frontières entre les pays, des millions de gens sont empêchés d’offrir leur force de travail à des endroits qui seraient à leur avantage.

Juste sur le critère économique, les frontières sont conséquemment la plus grande cause de discrimination de toute l’histoire humaine. Pensons qu’en pleine mondialisation, le monde d’aujourd’hui ne se compose pourtant que d’un population dont seulement 3% vit ailleurs que dans le pays de sa naissance.

COMBIEN DE GENS VEULENT MIGRER DANS LE MONDE?

Le droit à l’immigration appliqué mondialement ne voudrait pas dire que des gens changeraient automatiquement de pays. Il y a bien d’autres critères à prendre en considération. Mais il n’est pas difficile de penser que l’ouverture généralisée des frontières provoquerait d’importants mouvements de populations partout dans le monde. Ces années-ci, juste en terme de réfugiés, on parle en dizaines de millions annuellement.

Une important maison de sondage a fait la démarche de tenter d’évaluer combien de personnes dans le monde veulent changer de pays. Gallup a révélé que mondialement 700 millions de personnes « préféreraient » s’installer dans un autre pays en permanence. Bref, autour de 10% de la population de la planète.

Voilà pour cette aspect de la problématique : il y a une demande. Soulignons ici, sans besoin d’autres analyses, que dans son sondage Gallup utilise le mot « préféreraient »; on doit donc considérer que la marge entre cette intention et le fait éventuellement avéré laisserait place à des écarts significatifs.

Oui, il y a beaucoup de gens dans le monde voulant changer de pays pour améliorer leur vie. Mais que cela changerait-il? Savons-nous le mesurer?

Encore une fois, une étude a tenté de documenter le sujet. D’après Lant Pritchett, économiste de l’Université de Harvard, ouvrir les portes au travail à travers le monde boosterait la richesse de 65 000 000 000 000 $, ou 65 billions $.

Et si nous avons écrit au début de cet article que l’immigration constitue actuellement le plus gros enjeu de l’avenir des négociations en matière de libéralisation du commerce mondial, c’est parce qu’une publication du FMI de 2010 (celle des chercheurs Caselli et Feyrer) concluait que l’abandon des dernières restrictions au capital sur l’ensemble planétaire libérerait 65 milliards de $.

Comparativement, 65 milliards, c’est 1 000 fois moins que les 65 billions de Lant Pritchett.

Ouvrir les portes au travail à travers le monde pour augmenter la richesse sur cette planète? Et surtout aider à réduire les écarts et à mieux la distribuer. Vivement.

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Techno : l’initiative 5G ENCQOR dote le Québec de deux nouveaux sites d’innovation dès 2018

C’est dans le cadre de l’initiative 5G ENCQOR que deux sites d’innovation 5G verront avant la fin de 2018 le jour au Québec. ENCQOR est un partenariat transformateur de 400 millions $ qui réunit cinq chefs de file mondiaux privés du domaine des technologies numériques.

La double initiative prévoit que dès l’automne 2018 des ressources et infrastructures 5G seront mises en disponibilité à Montréal, au Centech de l’École de technologie supérieure (ÉTS), et à Québec, au centre de Recherche et Technologies de Thales, hébergeant l’Unité mixte de recherche en sciences urbaines (UMRsu), situés dans le Parc technologique du Québec métropolitain, permettant ainsi d’établir les bases de la première plateforme pré-commerciale de réseaux de 5e génération de technologie sans fil au Canada.

Au cours des quatre prochaines années, ENCQOR veut ainsi établir le premier corridor pré-commercial de télécommunication sans fil 5G au Canada. Ce qui constitue en fait la prochaine génération de communication numérique et la clé pour déverrouiller l’important potentiel, entre autres, des villes intelligentes, des réseaux électriques intelligents, de la santé en ligne, de l’éducation en ligne, des véhicules autonomes et connectés, du divertissement et des médias sur demande, ou encore, de l’Internet des objets (IdO).

ENCQOR, qui signifie Évolution des services en nuage dans le corridor Québec-Ontario, réunit Ericsson, Ciena Canada Inc., Thales Canada, IBM Canada et CGI avec l’appui au Québec du CEFRIO et Prompt, et en Ontario des Centres d’excellence de l’Ontario. Le partenariat est donc aussi rendu possible grâce à un financement public du gouvernement du Canada et des gouvernements du Québec et de l’Ontario.

« (…) Nous sommes maintenant dans une course mondiale à l’innovation. Afin de préparer l’avenir, nous devons être audacieux, visionnaires et décisifs. Voilà pourquoi notre gouvernement investit dans la technologie 5G », a d’ailleurs précisé par communiqué le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada, Navdeep Bains.

Les deux sites d’innovation, à Montréal et à Québec, fourniront du matériel et des ressources exclusives liées à la 5G voulant soutenir des PME, organisations ou chercheurs, permettant ainsi, dans un cadre pré-commercial, le développement, l’expérimentation et la démonstration de produits et de services relatifs aux technologies de communication à très haute bande passante, dans le contexte d’un environnement collaboratif et innovant.

Des ressources financières seront également mises à disposition à l’attention des PME, par le biais des programmes d’innovation et d’adoption de ENCQOR, rendus publics récemment, qui seront chapeautés par Prompt et le CEFRIO.

Les sites d’innovation ENCQOR seront ouverts à toutes les communautés innovantes issues de l’ensemble des écosystèmes liés à l’entreprise ou à la R&D au Québec. L’expertise et les ressources rendues disponibles dans ces deux sites permettront d’accompagner les entreprises dans leur projet, ainsi que d’en maximiser les résultats.

En amont du lancement officiel des sites d’innovation et des programmes de financement, les PME et organisations québécoises intéressées par la 5G sont invitées à se manifester par le biais du site Web d’ENCQOR – volet Québec, au quebec.encqor.ca.

Cette initiative vise le développement d’une plateforme collaborative de classe mondiale pour accélérer la transition vers la technologie 5G au Canada. Elle réunira un vaste réseau de petites et moyennes entreprises (PME), d’acteurs de l’industrie et du gouvernement, de chercheurs et d’universités dans les deux provinces initiatrices (Québec et Ontario) pour collaborer à la création et à la commercialisation de nouveaux produits, processus et services de rupture.

« Ce partenariat reflète l’engagement continu de Thales envers l’innovation à travers quatre secteurs clés – connectivité, données massives, intelligence artificielle et cybersécurité, soutenant ainsi la création de nouvelles solutions canadiennes pour la 5G, rendant notre vie à la fois meilleure et plus sûre », expose notamment à ce sujet Mark Halinaty, le pdg de Thales au Canada.

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CEFRIO

Organisme de recherche et d’innovation, le CEFRIO accompagne les entreprises et les organisations dans la transformation de leurs processus et pratiques d’affaires par l’appropriation du numérique. Membre de QuébecInnove, le CEFRIO est mandaté par le gouvernement du Québec afin d’agir comme accélérateur de la culture numérique dans les organisations. Il recherche, expérimente, enquête et fait connaître les usages des technologies de l’information et des communications dans tous les volets de la société. Son action s’appuie sur une équipe expérimentée, un réseau de plus de 90 chercheurs associés ainsi que l’engagement de plus de 280 membres. Son principal partenaire financier est le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec.

PROMT

Prompt est une société sans but lucratif qui appuie la création de partenariats et le montage de projets de R&D entre les entreprises et le milieu institutionnel de recherche. Les projets financés couvrent l’ensemble des sous-secteurs des TIC et portent autant sur le développement logiciel que matériel ainsi que sur le développement de composantes, de réseaux et d’applications. Prompt permet le financement par subventions d’un projet de recherche en partenariat jusqu’à 40 % de sa valeur totale.

Lire aussi notre article : www.commercemonde.com/2018/03/5g/

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Un G7 plutôt moyen

C’est finalement le meilleur adjectif pour qualifier le bilan du G7 à présidence canadienne de 2018 : moyen-moyenne.

Moyenne, tout d’abord comme classe moyenne : parce qu’il faut retenir que c’est un des messages de base du premier ministre Justin Trudeau, président du G7 de 2018, soit celui de viser à rehausser la classe moyenne dans l’ensemble des pays du G7.

« (…) Nous devons veiller à ce que la croissance profite au plus grand nombre, de manière à ce que chacun puisse tirer profit du travail accomplit et bénéficier d’une meilleure qualité de vie. Au Canada, nous réalisons des progrès constants vers l’atteinte de cet objectif grâce à des mesures visant à renforcer et faire croître la classe moyenne, ainsi qu’à aider concrètement les gens qui travaillent fort pour en faire partie.
Dans le cadre de notre présidence du G7 en 2018, le Canada propose, au centre du programme de cette année, le défi de réaliser une croissance qui profite à tous », signait Justin Trudeau dans l’introduction d’un document de 23 pages titrant RÉALISER UNE CROISSANCE QUI PROFITE À TOUT LE MONDE.

Le Canada avait donc préparé ce rapport d’une vingtaine de pages, avec nombre de graphiques, pour mettre en évidence ce défi commun, avec des propositions de moyens pour collaborer et pour le relever. « La réussite des principales économies du monde au cours des cinquante dernières années est en grande partie attribuable aux efforts d’une classe moyenne vaste et en plein essor (…) », analyse ensuite le corps du document, qui vise le double défi de l’inégalité et de la croissance.

Or, le tableau des trois dernières décennies à cet égard est celui d’un décrochage, suivi d’un changement de donne… avec une véritable mise au plancher de la classe moyenne.

TABLEAU 1
Élargissement des écarts de revenu des ménages des pays du G7 globalement sur trois décennies (1985-2014)

Comme l’image bien le Tableau 1, si entre 1985 et 1990 l’élargissement des écarts de revenu est presque nul et sans signification, la tendance à l’élargissement devient évidente entre 1990 et 1995, pour passer pendant la décennie 1995-2005 en mode constant. En fait, il faudra la crise financière mondiale de 2007-08 pour stopper le processus de cet élargissement continuel des écarts de revenu au sein de l’ensemble des pays du G7.

La bonne nouvelle, c’est que depuis 2008, donc pour la période 2008-2014, la tendance des écarts entre les ménages à faible revenu, à revenu moyen et à revenu élevé est restée stable.

Au cours des 30 dernières années, il faut tout de même globalement retenir pour l’ensemble des pays du G7, qu’alors que les 10% des gens touchant les salaires les plus élevés ont vu leurs revenus augmenter de 40% en moyenne, les revenus des 40% des gens touchant les salaires les plus bas ont augmenté de moins de la moitié de ce taux : un retard, d’ailleurs, tout à fait dans la même tendance que pour l’ensemble de la classe moyenne, les 40 à 90% des gens touchant un revenu moyen.

Bref, sur 30 ans, les plus riches ont décroché seuls vers le haut, alors que la classe moyenne a eu, elle, tendance à toujours s’éloigner davantage du partage de cette création de richesse. Le G7 a donc vu sa classe moyenne se tasser vers l’appauvrissement relatif.

Mais le constat est aussi que les pays du G7 ne maîtrisent pas collectivement la solution à ce défi : lorsque l’on tient compte de paramètres autres que le revenu, les pays du G7 « peinent » carrément à faire en sorte que la prospérité soit largement partagée.

« Dans l’édition 2018 de l’indice du développement inclusif du Forum économique mondial, qui est une évaluation annuelle du rendement de 103 pays relativement à onze dimensions du progrès économique en plus du PIB, aucune économie du G7 ne figure dans les 10 premiers rangs, malgré notre relative vigueur économique », relève le rapport (p. 8).

Les pays du G7 ne sont donc pas les leaders qui montrent la meilleure direction.

C’est peut être pour cette raison que leur président pour 2018 a osé! Justin Trudeau n’a pas eu peur, dans ledit rapport, d’y inclure cette statistique « renversante » sur les inégalités dans l’ensemble du monde :

« En 2017, 42 personnes possédaient une richesse égale à celle des 3,7 milliards de personnes formant la moitié la plus pauvre de la population mondiale. » (p. 8)

Moyens que propose le rapport canadien :

  • Voir à aider les travailleurs à s’adapter au monde du travail.
  • Réaliser une croissance solide en investissant d’abord dans les gens.
  • Veiller à ce que chacun paie sa juste part en luttant contre les évitements et évasions fiscaux partout.
  • Mieux mesurer la croissance profitable pour tous.

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Moyen, ensuite, pour l’ampleur et le nombre des décisions prises à ce G7 de 2018.

Les journalistes avaient plutôt tendance à trouver le temps plus long que la moyenne au Centre des médias de ce G7, car les points de presse ne s’y bousculaient pas.

Un point de presse pour l’annonce de l’engagement – clairement ici sous le leadership actif de l’institution états-unienne en la matière – d’un groupe d’IFI à viser la constitution d’ici deux ans d’un fonds de 3 G$ dédié à l’entreprenariat féminin dans le monde.

Un point de presse pour l’annonce des 3,8 milliards $ qui seront consacrés à l’éducation des femmes et des jeunes filles dans les situations les plus pénibles à travers le monde.

Et ce n’est ensuite que la conférence de presse de clôture du premier ministre Trudeau qui a confirmé l’adoption d’une position sur les océans (Plan d’action de Charlevoix pour la santé des océans et des mers et des communautés côtières résilientes) avec notamment, en annexe, sa Charte sur les plastiques dans les océans, à portée finalement moyenne, car n’engageant que les dirigeantes et dirigeants du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Royaume-Uni et de l’Union européenne… Les États-Unis et le Japon se sont ici abstenus. M. Trudeau confirmant alors « fièrement » une « Déclaration commune du G7 » alors « avec l’assentiment de tous ».

Mais on sait maintenant que la moyenne au bâton en cette matière fut ensuite « twitement » recalée par le reniement de signature du président Trump, se détachant de ladite « Déclaration commune du G7 de 2018 », dans un fracassant Tweet surprise, envoyé de son avion en plein vol vers Singapour, juste après avoir quitté Charlevoix.

Donald Trump n’a pas aimé la moyenne des mots de Justin Trudeau à son égard pendant la conférence de presse de clôture de ce Sommet du G7. Il en a donc reviré son chapeau de bord.

Bien drôle de moyen, qui n’est certes pas dans la moyenne des G7 en matière de collaboration et de diplomatie entre pays alliés.

Mais l’affaire n’a pas encore fait perdre ses moyens à son hôte et Justin Trudeau a gardé depuis son calme. Il reste satisfait de son sommet. Déjà assuré d’avoir clairement bien défendu et espérant encore pouvoir « (…) renforcer la classe moyenne et favoriser une croissance généralisée (…) », comme il insistait encore dans la conclusion de son document de travail, déjà cité ci-haut !

Au final, un G7 moins que moyen ? Plus que moyen ? Jouons pour plutôt moyen. Ce que le temps, voire l’histoire, confirmera, ou pas !

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Bienvenue au « G8 » de 2020

Rien n’est anodin dans un ballet diplomatique de haut niveau tel qu’un Sommet du G7. Ainsi, la déclaration du président Donald Trump à l’égard de l’absence de la Russie à la table des participants de 2018 avec son souhait de revoir ce pays au sein du Groupe est importante. Dans le contexte actuel, c’est possiblement la manière Trump de faire savoir à ses collègues ce qu’il entend faire pour 2020. Alors bienvenue au « G8 » de 2020, quelque part aux USA.

TRUMP POURRA LE FAIRE

Le contexte, c’est que si pour 2019 c’est la France qui prend les rennes de la présidence du Groupe et qui organisera le prochain Sommet du G7, selon la routine de travaille des membres, viendra ensuite le tour des États-Unis. Et donc en 2020, alors qu’il sera à la dernière année de son actuel mandat présidentiel de quatre ans, Donald Trump pourra très bien prendre l’initiative d’accueillir à titre d’invité le président russe Vladimir Poutine.

« Oui, la marge de manœuvre du président qui organise un Sommet le permettrait », nous a confirmé le professeur John J. Kirton, directeur et fondateur du G7 Research Group de l’Université de Toronto, rencontré au Centre des médias le 8 juin, le jour même de la déclaration surprise du président Trump.

Si le consensus des 7 serait requis pour revoir participer la Russie comme membre du Groupe, et donc revenir du G7 à un G8, l’hôte Trump pourra, seul et devant lui-même, faire de la Russie SON invité et l’imposer à l’entourage des six autres participants. Un peu comme Justin Trudeau a fait à sa manière, en invitant 12 pays pour un sujet unique bien ciblé (la lutte aux déchets plastiques dans les océans), le président Trump aura aussi une marge d’initiative pour donner SA touche à son sommet, en 2020.

Le président Poutine ne pourrait ainsi probablement pas participer à toutes les séances de travail du G7 de 2020, mais il y pèserait certainement de sa seule présence et du fait de l’importance des discussions informelles en marge de la procédure et du déroulement de la réunion. On pourrait donc parler d’un « G8 » entre guillemet! Et reste aussi à voir que seront les thèmes et priorités que le président Trump, président hôte, voudra donner au Sommet de 2020. Ce qui pourrait encore jouer sur la pertinence et les possibilités de faire asseoir plus d’une fois Vladimir Poutine autour de la table.

BIENVENUE À BIARRITZ EN 2019

Quant à 2019, lors de sa conférence de presse, tenue à La Malbaie au sortir du G7 de 2018, le 9 juin, le président Macron de France a été clair sur cette question : « La Russie a été exclue par consensus du Groupe. Il y a eu les Accords de Minsk, suite à l’occupation russe de la Crimée, en Ukraine. Si la Russie respecte les Accords de Minsk, il me fera plaisir de l’accueillir en 2019 ».

En 2019, le Sommet se tiendra à Biarritz, « à la fin de l’été à une date encore à déterminer », a aussi annoncé le président Macron. Et il reste peu probable de voir Vladimir Poutine s’y pointer, pour réintégrer le Groupe des grandes puissances.

Mais pour 2020, les chances sont maintenant très grandes. Soulignons notamment que l’italien Conte avait affirmé, lui aussi sur Twitter, « être favorable » au retour de la Russie dans le groupe.

« Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table de négociations », avait pour sa part dit le président Trump avant de quitter Washington le 8 juin au matin.

La pertinence d’avoir la Russie à cette table de négociations ne peut pas être niée fondamentalement par les autres membres du G7. Et la mise en punition de la Russie ne peut pas être éternelle. Washington et Rome semblent prêts à négocier.

La Russie, expulsée des Sommets en 2014 après avoir annexé la Crimée et avoir vu depuis les leaders du G7 lui imposer des sanctions à ce propos et rappelé, par ailleurs, à l’ordre Vladimir Poutine pour son soutien au régime de Bachar Al-Assad en Syrie, en a cependant beaucoup encore à se faire pardonner.

Très officiellement, les quatre pays européens présents au G7 de Charlevoix de 2018, soit la France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume Uni, sont tombés d’accord à la clôture du vendredi 9 juin pour « refuser » le retour dans le cénacle de la Russie. Emmanuel Macron, Giuseppe ConteAngela Merkel et Theresa May ont convenu que « (…) la position européenne n’est pas un retour de la Russie » tout en rappelant la « vigilance du G7 » face à Moscou et en évoquant « la possibilité d’établir un dialogue »… ce qui semble clairement une concession faite à Rome.

Et un début d’ouverture vers la vision de Donald Trump !

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Voici les chiffres qui tuent la lutte contre les armes biologiques

Ce qui distingue particulièrement la question de la lutte contre les armes biologiques de celle contre les armes chimiques ou autres est toute la question du potentiel de « double usage ». Par « double usage » on entend des biens et équipements susceptibles d’usage militaire, tout autant que civil. Et dans le domaine biologique le recoupement entre le secteur civil et celui potentiellement militaire est de 95%, alors qu’on parle de 65% en matière chimique et de beaucoup moins pour les autres matières. Bref, toute manipulation du biologique semble quasi matière à haut risque, militaire inclus.

Heureusement, le passage à l’acte jusqu’à l’arme biologique est encore très difficile. Les experts appellent « militarisation » le concept de difficulté à transformer en arme de destruction massive une matière biologique ou chimique. Or, la manipulation à des fins explosives de quelques kilos de TNT est relativement simple comparativement à l’usage terroriste d’un agent pathogène qui, lui, représente une extrême difficulté liée à une planification beaucoup plus difficile à effectuer. C’est en bonne partie ce qui explique la quasi absence du terrorisme biologique de facto jusqu’à maintenant (exception faite des cas d’attaques postales à l’anthrax). Mais il ne faut pas dormir tranquille pour autant. Le progrès technologique et les innovations font aujourd’hui du monde un terreau toujours plus menaçant.

1925, 1969 et 2001

Les grandes dates du contrôle des armements à l’échelle planétaire ne sont par nombreuses.

C’est après les horreurs du conflit mondial de 1914-1918 que fut négocié, et adopté, le Protocole de Genève sur la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques, le 17 juin 1925. La Convention ENMOD, entrée en vigueur le 5 octobre 1978, est ensuite venue préciser l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles. Le Protocole de Genève de 1925 a maintenant 140 États parties (les derniers arrivés étant l’ex-République yougoslave de Macédoine le 20 août 2015 et la Colombie le 24 novembre 2015).

Le 25 novembre 1969 peut certes être aussi cité parmi les jours phares de l’histoire du désarmement : le président Nixon annonça effectivement ce jour-là la décision unilatérale des États-Unis d’Amérique de détruire leurs stocks d’armes biologiques. Moins de trois ans plus tard, l’humanité accouchait de la Convention pour l’interdiction des armes biologiques (CIAB), c’était en 1972. En 1993, s’y ajouta l’adoption, à Paris, de la Convention pour l’interdiction des armes chimiques, CIAC, alors par 165 pays signataires – convention entrée en vigueur le 29 avril 1997 grâce à l’enregistrement d’une 50e ratification -, qui est le texte international dans le domaine du désarmement le plus universel à ce jour avec 192 États parties. (Au moment de leur adhésions, six pays ont alors déclaré posséder des armes chimiques et ont donc été astreints au régime spécifique des États dits « possesseurs » : Albanie, Corée, Inde, Libye, Russie et USA. Mais cette convention prévoyait un calendrier contraignant pour la destruction des arsenaux existants avec un délai ultime fixé à 2012.)

Pourtant, le 7 décembre 2001, les diplomates des mêmes États-Unis d’Amérique mirent fin à la Conférence du désarment de Genève, ainsi qu’au « groupe ad hoc » rassemblant des experts chargés de travailler à un « protocole de vérification » à la CIAB. Bref : au seul moyen de rendre cette convention vérifiable, effective et contraignante.

Pourquoi ?

C’est encore le progrès technologique et les innovations qui expliquent – sans le justifier – un tel comportement.

LES CHIFFRES QUI TUENT

C’est qu’entre 1969 et 2001, le secteur de la biologie et des biotechnologies aura franchi un bond majeur. Notamment avec les retombées commerciales des découvertes à faire…
Premier chiffre convainquant : en 2000, aux USA seulement, 29 000 000 000$ furent investis dans le secteur des biotechnologies.

En 2001, au moins 190 000 scientifiques de haut niveau travaillaient dans ce secteur. Et les universités de ce pays diplômèrent, cette année-là, 6 526 docteurs d’État en biologie et en sciences agronomiques, selon la NRCNA.

Dans de telles conditions, alors que – il importe de la rappeler ici – dans le domaine de la biologie 95% des découvertes, des brevets, des innovations sont potentiellement « double usage », la première puissance économique mondiale ne pouvait pas limiter « pour la paix » ses bénéfices probables dans ce champs du biologique, ce qu’arriverait à faire d’une manière ou d’une autre une CIAB vérifiable, si dotée de mécanismes internationaux intrusifs.

Ainsi va le monde !

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