Archives de catégorie : Environnement

Sept preuves de l’énorme potentiel des symbioses industrielles

On vous parle de plus en plus de respect de l’environnement, d’écologie industrielle, de synergie inter-entreprise, de ne plus penser « déchet » mais « ressource »… Mais qui vous montre des chiffres que ça fonctionne vraiment et que c’est vraiment intéressant ? Parler du potentiel des symbioses industrielles est facilement séduisant, mais deux auteurs français partagent dans leur récent ouvrage sept preuves de l’énorme potentiel des symbioses industrielles. Alors soyons curieux.

Symbioses industrielles ? Oui, le fait de concrétiser des boucles des flux de matières/énergies entre entreprises au sein d’un territoire. Refiler votre vapeur excédentaire à l’entreprise voisine derrière la votre. Intégrer à vos procédés les résidus de production de l’entreprise voisine face à la votre. Mutualiser des achats similaires. Transformer les déchets de l’un en intrant pour l’autre, en approvisionnement moins coûteux. Faire du gagnant-gagnant.

Les synergies de mutualisation peuvent autant concerner les flux sortants, exemple le traitement des déchets par une prise en charge collective, que les flux entrants, pour l’approvisionnement, en coordonnant des commandes communes afin de bénéficier de tarifs préférentiels. Mais c’est dans la pratique des substitutions que les symbioses industrielle trouvent leur application les plus intéressantes. Ici, le flux entant d’une entité devient le flux sortant de l’autre. Le déchet du premier se transforme avantageusement en matière première pour le second. Des gains bruts immédiats partout, même pour la société en général.

Dans leur ouvrage tout chaud, Vincent Aurez et Laurent Georgeault consacrent tout un chapitre sur les symbioses industrielles. Mais ils ont aussi la qualité de partager les résultats d’une série d’ateliers réalisées en 2016 démontrant noir sur blanc le potentiel impressionnant que représente aussi peu qu’une petite vingtaine d’entreprises en matière de synergies.

Sept preuves de l’énorme potentiel des symbioses industrielles

Date 2 fév. 2016 15 fév. 1er mars 8 mars 2016 15 mars 22 mars 26 avril  2016
Lieu Nord Isère Pau Rennes Quimper Pays du Bruche Lillebonne Grenoble
Entreprises 39 36 42 39 22 29 37
Ressources 300 245 300 290 110 215 270
Synergies potentielles 590 603 366 492 200 248 667

(Source : Économie circulaire – Système économique et finitude des ressources, publié en août 2016 chez l’éditeur deboeck.)

Le tableau d’Aurez et Georgeault cite même un huitième exemple, datant de 2015, mais qui va de toute manière dans le même sens de la démonstration. À Saint-André du Cubzac, lors d’un atelier réalisé le 1er décembre 2015 impliquant 40 entreprises, ce sont 200 ressources qui furent identifiées avec un potentiel de 536 synergies à réaliser.

  • 200 synergies possibles entre seulement 22 entreprises au Pays du Bruche ! C’est une moyenne non négligeable.
  • 667 synergies possibles entre 37 entreprises à Grenoble ! Une moyenne ici renversante.

Regardez le premier parc industriel que vous croiserez sur votre route demain, et d’un coup d’œil vous ne serez pas loin d’englober 20 entreprises voisines ou de proximité. Imaginer l’impact ensuite de 200 synergies industrielle les impliquant. Des gains significatifs. Des économies structurantes partout.

Du parc à la région

Ce mode de développement des entreprises orienté vers le territoire et les réalités de proximité est sans surprise issu du monde des ingénieurs.

« Dépassant la tuyauterie de zone d’activité, qui est un exercice nécessaire, les approches actuelles visent principalement des gains de compétitivité et une croissance endogène des territoires », analysent d’ailleurs Vincent Aurez et Laurent Georgeault.

Ce qu’il faut surtout comprendre ici, c’est que cette stratégie est maintenant en mesure de dépasser le contexte du parc industriel, de l’ÉcoParc et de la proximité immédiate. Avec 20, 30 ou 40 entreprises d’un même parc industriel, la donne est probante. Mais les bonnes pratiques détectées concernant 20 à 30 entreprises peuvent difficilement être répliquées dans un échantillon aussi restreint. L’élargissement du périmètre est nécessaire. Mais le cloisonnement initial dans les démarches menées à l’échelle de zones d’activités constitue un frein qui est actuellement graduellement dépassé. Aux USA, Marian Chertow parle depuis des années de systèmes d’échanges interentreprises organisés à l’échelle d’une région. Ici, en croisant les bilans de flux des entreprises, la croissance des opportunités et synergies potentielles est une exponentielle du nombre d’entreprises participantes.

Voir que les symbioses industrielles permettent de développer structurellement le tissu économique local est une excellente chose. Voir qu’il s’agit d’une stratégie d’attraction de nouvelles entreprises à la portée des agents de développement économique de la région est le complément de la boucle.

C’est encore les coûts, l’effort, d’acquisition des données pour établir les pistes de synergies qui sont la principale et première limite. Au travail !

symbiose

Les boucles d’une symbioses industrielles.

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Source de la Une: e-rse.net/

 

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Fini le chèque du gouvernement : aider le citoyen en valeur d’usage

C’est la France qui tente le coup, avec sa récente Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte :

« Dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur la possibilité de convertir une partie des aides ou des allocations publiques versées sous forme monétaire aux personnes physiques en valeur d’usage, en application de l’économie de fonctionnalité. » (Amendement adopté numéro 738, article 19 de la loi)

Les initiatives autour du développement de l’économie de fonctionnalité s’entendent habituellement dans l’univers des entreprises privées ou des consommateurs. Si l’État s’y pointe, c’est que l’affaire est porteuse d’un potentiel immense.

Au niveau des États, la détermination d’alternatives basées sur l’économie de fonctionnalité permet facilement deux avantages notoires, à savoir :

  • Une moindre nécessité de financement ;
  • Le déploiement d’activités locales liées à la maintenance et à la gestion des biens mis à disposition.

Et on pourrait également espérer une réduction des quantités de déchets, ceci en toute cohérence avec les orientations internationales en matière de découplage.

« Mettre la valeur d’usage au centre des processus de valuation dans les politiques publiques est une rupture cognitive du mode de fonctionnement de l’aide publique, mais aussi une adaptation de celle-ci aux nouveaux impératifs d’efficacité de notre modèle économique », analysent Aurez et Georgeault, dans Économie circulaire – Système économique et finitude des ressources, récemment publié chez l’éditeur deboeck.

En Allemagne, le cas des contrats de performance énergétique qui financent actuellement des opérations de rénovation sur la base du service rendu (réduction du coût de l’usage) et qui produisent des améliorations d’infrastructures n’enclenchant aucune dépense publique supplémentaire se rapproche de l’initiative française. Mais il semble bien que la France se positionne en leader devant le vaste potentiel du développement de l’économie de fonctionnalité dans une perspective étatique et gouvernementale.

Définition de l’économie de fonctionnalité

C’est le Suisse Walter Stahel et son collègue Orio Giarini que firent apparaître l’expression « économie de la fonctionnalité » au milieu des années 1980, en visant à optimiser l’utilisation ou la fonction des biens et des services. L’objectif économique est ici de créer une valeur d’usage la plus élevée possible pendant le plus longtemps possible, tout en consommant le moins de ressources matérielles et d’énergie possible.

But ultime : atteindre une meilleure compétitivité et une augmentation des revenus des entreprises.

C’est d’ailleurs ce que fait Michelin en vendant des kilomètres à certains clients commerciaux, et non plus des pneus ; gardant la propriété et le contrôle sur le produit, elle est par exemple à même de le reprendre avant qu’il ne devienne trop usé et impropre au rechapage.

Vous trouvez que c’est un exemple facile ? Alors parlons d’un fabriquant de tapis.

Interface, qui fabrique en Europe des revêtements de sol, fait aussi depuis longtemps de l’économie de fonctionnalité, mettant à disposition pour une durée déterminée des revêtements pour les clients. À l’issus du service rendu par le produit, Interface le reprend donc pour le recycler. Ici l’intérêt du producteur est notamment guidé par l‘assurance de l’approvisionnement en matière première (le nylon).

Selon le chercheur Johan Van Niel, qui a étudié le cas d’Interface, d’un point de vue environnemental les chiffres sont impressionnants (pour la période 1996-2011) :

  • Les dalles de moquettes produites comprennent entre 39% et 71% de matériaux recyclés ;
  • Pour chaque mètre carré de moquette, le volume de déchets envoyé en décharge a été réduit de 88%;
  • La consommation globale d’énergie réduite de 47%.

Bref « buts atteints », dirait Stahel.

Nous sommes loin ici des prestations d’aides publiques aux personnes et de la délivrance des chèques d’allocations aux citoyens dans le besoin dans nos sociétés. Mais si les exemples positifs de développement de l’économie de fonctionnalité commencent à inspirer le gestionnaire publique et le législateur, c’est force de croire que le modèle à fait ses preuves.

À Paris, c’est du 17 août 2015 que date la promulgation de la LOI n° 2015-992 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Le Rapport attendu « (…) dans un délai d’un an à compter de » est donc normalement déjà entre les mains des parlementaires.

Et vous, sauriez-vous aussi profiter de l’économie de fonctionnalité pour « atteindre une meilleure compétitivité et une augmentation des revenus » de votre entreprise ?

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Source de l’image: www.jinnove.com

LOI n° 2015-992, titre Ier : DÉFINIR LES OBJECTIFS COMMUNS POUR RÉUSSIR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, RENFORCER L’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE ET LA COMPÉTITIVITÉ ÉCONOMIQUE DE LA FRANCE, PRÉSERVER LA SANTÉ HUMAINE ET L’ENVIRONNEMENT ET LUTTER CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

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Une ville : une mine

L’habitude et la tradition veulent que l’humain considère la ville comme un lieu de consommation, alors que la nature et les régions sont les endroits d’exploitation, de production ou de cueillette des ressources. On n’a pas l’habitude de retrouver une mine au cœur d’une ville. Pourtant, à l’heure où dorénavant plus de la moitié de l’humanité vit dans un milieu urbain, trop souvent dans des méga-cités de millions de citadins, il faudra s’habituer à voir la ville elle aussi comme une mine de ressources. Dans quelques années, nombre de législations interdiront d’ailleurs la mise en décharge des déchets. Oui, la ville sera de plus en plus une véritable mine… à ciel ouvert, en plus.

On sait déjà que la production mondiale de déchets solides municipaux est estimée à 1,2 milliard de tonnes par an. Mais encore 80% des déchets sont mis en décharge. Ce qui, prenons le temps de le dire, impose une importante production d’émission de méthane, ce gaz 25 fois plus néfaste pour le climat que le CO2.

On sait aussi qu’il faut s’attendre à rien de moins qu’un doublement de la production mondiale de déchets solides municipaux d’ici 2030, et cela majoritairement à cause de la Chine. Il faut donc partiellement se réjouir de savoir que la Chine est parmi les pays leaders des pratiques de développement de l’économie circulaire.

Une ville = une mine

L’équation « Une ville = une mine » n’est pas une fantaisie d’écologiste. La généralisation de son usage fait partie du coffre à outil qui permettra d’améliorer la pérennité de l’espèce humaine.

Voici quelques exemples de ce que le concept « Une ville: une mine » représente très concrètement:

  • Une tonne de vieux papiers permet d’obtenir 900 kilogrammes de papier recyclé ; alors qu’il faut 2 à 3 tonnes de bois pour fabriquer une tonne de papier classique.
  • Une tonne de papier recyclé épargne ainsi 17 arbres matures, 20 litres d’eau et l’équivalent de 1 000 litres de pétrole.
  • Une tonne de plastique recyclé économise 830 litres de pétrole.

Dans la ville de Dunkerque, en France, on utilise l’énergie « fatale » pour alimenter un réseau de chauffage urbain ; et la chaleur issue des procédés industriels permet-là d’alimenter le réseau à hauteur de 70% des besoins.

L’énergie fatale est l’énergie résiduelle produite au cours du processus industriel, mais qui reste non utilisée. Une véritable mine d’or : l’énergie fatale représente environ le tiers de la consommation énergétique industrielle française chaque année, selon EDF.

En Suisse, les systèmes de récupération de la chaleur des eaux usées apportent l’énergie nécessaire pour chauffer 30 000 appartements. Une approche loin d’être marginale, car le potentiel total d’énergie qui pourrait être ainsi récupéré est de 2 000 000 kWh/an, soit l’équivalent en énergie de la consommation d’eau chaude de 12% de la population du pays, selon SuisseÉnergie.

Une ville, oui c’est aussi une mine.

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Source de l’image: www.chaudiereappalaches.com/thetford-mines-une-ville-sculptee-par-les-mines/

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La CMI règle l’enjeu du niveau d’eau dans le fleuve St-Laurent

Les commissaires, canadien et états-unien, de la Commission mixte internationale (CMI) ont signé, ce 8 décembre 2016, le règlement de la régularisation des niveaux d’eau et des débits dans le lac Ontario et le fleuve St-Laurent. L’ordonnance mise à jour, avec son Plan 2014, remplacent un système qui avait été mis au point dans les années 1950.

L’approbation par la CMI du Plan 2014 opérationnalise précisément un nouveau plan de régularisation pour déterminer les débits au barrage Moses-Saunders, situé sur le fleuve Saint-Laurent entre Cornwall, en Ontario, et Massena dans l’État de New York.

« Les commissaires sont persuadés que le Plan 2014 apportera des améliorations dans l’ensemble du système, en tenant compte de la santé des écosystèmes et de la navigation de plaisance, de même que des collectivités riveraines, de la navigation commerciale et de la production d’hydroélectricité », a affirmé par voie de communiqué Gordon Walker, le président de la Section canadienne de la CMI.

« Le Plan 2014 est un plan moderne de gestion des niveaux et débits qui restaurera la santé et la diversité des zones humides côtières, procurera un meilleur rendement dans des conditions climatiques changeantes et continuera d’assurer une protection contre les niveaux d’eau extrêmement élevés et bas », a soutenu la présidente de la Section américaine, Lana Pollack.

Essentiellement, le Plan 2014 continuera de protéger les propriétaires riverains et conservera, inchangées, les conditions environnementales et les protections des côtes sur le cours inférieur du fleuve Saint-Laurent, en aval du barrage Moses-Saunders.

Il permettra aussi d’améliorer la santé des écosystèmes et la diversité sur les rives du lac Ontario et du cours supérieur du fleuve Saint-Laurent et d’apporter des avantages économiques nets.

Par exemples:

  • En permettant de rapprocher davantage les niveaux du lac Ontario et du Saint-Laurent de leurs « valeurs naturelles », le plan créera les conditions nécessaires pour restaurer 26 000 hectares de zones humides côtières et améliorer l’habitat du poisson et des espèces sauvages.
  • Le plan permettra aussi d’allonger souvent la saison de la navigation de plaisance…
  • (…) de maintenir de meilleurs niveaux pour la navigation dans l’ensemble du système…
  • (…) et d’augmenter la production hydroélectrique.

Navigation commerciale

Dans l’ensemble, l’application du Plan 2014 maintiendra les mêmes avantages économiques pour la navigation commerciale. La fréquence des bas niveaux au port de Montréal restera la même. Les rares années où les niveaux sont bas – il y en a eu deux dans le siècle dernier –, certains navires traversant le lac Ontario auraient à réduire leur charge.

Toutefois, les années normales, la navigation profitera d’une petite augmentation des profondeurs disponibles qui permettra à certains navires de transporter des charges plus lourdes plus fréquemment.

Hydroélectricité

En matière énergétique, les fluctuations plus naturelles permises par le Plan 2014 feront augmenter légèrement la production d’hydroélectricité aux centrales d’Ontario Power Generation, de la New York Power Authority et d’Hydro-Québec. L’augmentation représenterait environ 0,02 % de la valeur de l’hydroélectricité produite à ces centrales, cependant plus à l’avantage des premières que d’HQ.

Seize années d’études scientifiques

Le Plan 2014 est le résultat de plus de 16 années d’études scientifiques, d’engagement du public et d’examen gouvernemental. La CMI a continué à optimiser des solutions élaborées au cours de l’étude et a tenu des réunions publiques en 2012 et des audiences publiques en 2013 avant de proposer le Plan 2014 aux deux gouvernements fédéraux.

Conséquemment, la CMI donnera prochainement des instructions à son Conseil pour s’assurer que les débits pour l’aspect hydroélectrique soient établis conformément audit Plan, à compter de janvier 2017.

La Commission mixte internationale, créée en vertu du Traité des eaux limitrophes de 1909, aide les États-Unis et le Canada à prévenir et à résoudre les différends relatifs à l’utilisation des eaux qu’ils partagent.

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Pour en savoir plus sur la CMI : www.ijc.org

Plan 2014 Fiche de renseignements

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Véhicules électriques : le Québec compte 32 lois les favorisant

Ce n’est pas faute d’essayer que les ventes de véhicules électriques n’atteignent pas encore les espérances au Canada, et particulièrement au Québec. Avec pas moins de 32 lois, le Québec est la province canadienne qui compte le plus de loi visant à favoriser ce type de véhicule. Mais la part de marché est encore à moins de 1% : très précisément, c’est 0,9% du marché qui est allé aux véhicules électriques et hybrides branchables au Canada en 2015.

Pourtant, pour atteindre les cibles de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, il faudra que d’ici 2040 pas moins de 40% des véhicules neufs vendus soient électriques, selon ce que recommande à ce propos l’Agence internationale de l’énergie. Et les analystes prédisent qu’au rythme actuel, aucune province ne risque d’approcher l’objectif de 2040, même le vaillant Québec. Pire, les bonnes politiques restent encore en plan; dorénavant seulement des « mesures fortes » permettront d’y arriver.

« Malheureusement, nous voyons que le Canada dans son ensemble n’adopte pas les politiques nécessaires pour que la mobilité électrique se développe de manière importante », constate le chercheur Jonn Axsen, directeur d’une équipe de la Faculté de l’environnement de la Simon Fraser University, en Colombie-Britannique, dans un récent rapport.

Faudra-t-il de nouvelles lois ? Voici des exemples de « mesures fortes » proposées :

  • La Loi zéro émission adoptée récemment au Québec, qui oblige les constructeurs à vendre une part définie de VE sous peine de sanction;
  • Des aides à l’achat plus importantes et pérennes (exemple de l’Ontario et de la Norvège);
  • Taxation significativement plus forte de l’essence et du carbone;
  • Que les municipalités contribuent au déploiement des infrastructures de recharge et définissent des règles d’intégration de celles-ci dans les bâtiments;
  • Légiférer sur l’offre (pour augmenter la variété, la disponibilité et l’accessibilité des véhicules);
  • Engager davantage le gouvernement fédéral du Canada (pas assez actif actuellement).

Encore loin de la fin du pétrole

L’analyse de l’avenir du marché des véhicules électriques partout à travers le monde doit aussi être mise en contexte avec les évaluations de la fin de l’ère du pétrole. Et à cet égard, les idéalistes prévoyant une disparition rapide du concurrent véhicule à essence ne doivent pas compter sur l’hypothèse de la pénurie des stocks.

Du pétrole, il y en aura encore très longtemps.

« À 2,8 millions de barils par jour en 2013, les ÉAU occupaient le 3e rang des pays exportateurs nets; à ce rythme, la 7e réserve mondiale de pétrole devrait être exploitable pour encore un siècle », citions-nous Thibault Cadro, dans son livre de 2015, dans un article précédent du cyberjournal (2020 sera l’année des Émirats arabes unis).

Oui, la numéro deux mondiale du pétrole, Royal Dutch Shell, vient d’annoncer qu’elle pense que le pic mondial de la demande de pétrole aura lieu plus rapidement que ce qui est généralement admis dans l’industrie, tablant elle sur 2021. Après quoi la demande mondiale baissera. Mais elle ne fera que baisser, certainement pas disparaître.

« Nous pensons depuis longtemps que la demande atteindra son pic avant l’offre », a confié Simon Henry, chef des finances de Shell, récemment à Bloomberg, avec un horizon 5 à 15 ans en tête, donc d’ici 2021 à 2031.

En fait, le rythme de passage aux énergies renouvelables et moins polluantes sera déterminé par leur coût, et nullement par la pénurie du pétrole concurrent.

Faudra-t-il encore ici de nouvelles lois ?

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