À l’analyse, on peut penser qu’Adidas avait exclu de la vente récente de CCM à l’ontarienne Birch Hill l’usine de Saint-Hyacinthe parce que la multinationale de l’équipement sportif souhaitait faire fabriquer les uniformes des équipes de la LNH par un intermédiaire considéré neutre. Loin d’être des inconnus de cette industrie, les trois propriétaires de Vêtements SP, une entreprise de Granby au Québec, se sont donc entendus avec Adidas pour acquérir ladite usine, Sport Maska, à Saint-Hyacinthe, également au Québec. Une sorte d’icône du monde du hockey sur glace, parce qu’on produit là tous les chandails officiels portés par les joueurs des équipes de la Ligue nationale de hockey. Le regroupement de Vêtement SP avec Sport Maska crée ainsi le plus important fabriquant mondial dans la confection de chandails de hockey dans le haut de gamme, parce que déjà Vêtements SP est notamment sous-traitante désignée d’une autre multinationale du secteur, Nike, pour l’exécution du contrat de confection des chandails de toutes les équipes qui participent aux tournois annuels de la Fédération internationale de hockey sur glace. On parle alors autant des Jeux olympiques, que des Championnats du monde… Oui, le 1er fabriquant mondial de chandail de hockey est maintenant québécois.
Ce n’est pas la valeur monétaire de la transaction qui fait poids dans cette annonce – le prix de vente, de quelques millions $ selon La Presse, n’a d’ailleurs pas été dévoilé – mais le concentré de renommée qu’elle implique. Des chandails de hockey ne sont que tissus et textiles, rien de précieux, et la transaction monétaire en cause ici ne peut être dissociée, au surplus, du fait qu’il s’agit d’entreprises du textile, une industrie aux marges de profits incertaines en Amérique depuis les dernières décennies. Mais le logo qui est cousu sur chacun des produits livrés s’adonne à être l’image et le prestige d’un « dieu du stade ». Les Carey Price, Alexander Ovechkin, ou Crosby, McDavid, P. K. Subban, Weiber et autres Steven Stamkos portent lesdits chandails.On peut comprendre que l’usine de Saint-Hyacinthe avait été exclue de la vente de CCM par Adidas à la firme d’investissement ontarienne Birch Hill, le mois dernier. Et la rondelle n’aura pas mis longtemps à passer de main, des mains plus rassurantes. La transaction est d’ailleurs réalisée « par une nouvelle entité » créée par les trois propriétaires de Vêtements SP : Steve Bérard, Serge Bérard, Manon Bourget, afin de faciliter la « gestion avec les clients ».
Condition du vendeur ou initiative des acheteurs? Qu’importe, car se proclamant « devenir le numéro un mondial dans la production de chandails de hockey haut de gamme » grâce à cette opportunité bien saisie d’acquérir l’usine de Saint-Hyacinthe, le trio gagnant peut certes déjà porter tête haute en se sachant travailler à la fois pour Adidas, CCM et Nike. Comme c’est à l’usine de Saint-Hyacinthe qu’Adidas fait fabriquer les produits sous licence de la LNH par son contrat obtenu il y a deux ans – encore en vigueur pour cinq ans – et que la multinationale allemande le conserve mais l’honorera dorénavant en sous-traitance, les quelque 140 employés y conservent tous leur emploi. À Saint-Hyacinthe sont également fabriqués, pour CCM cette fois, les chandails de la Ligue canadienne de hockey (calibre junior majeur), ainsi que ceux de la Ligue américaine de hockey et de l’ECHL (l’ancienne East Coast Hockey League).
Mais il semble bien qu’Adidas sauvegardait avec Sport Maska davantage un prestige d’image qu’un centre de profit :
Steve Bérard a répondu que l’usine était un « centre de coûts » pour Adidas et que l’endroit « (…) n’était pas géré comme une entreprise pour que les activités soient opérationnellement rentables. Il y a une restructuration à faire, mais pas au niveau du nombre d’employés. Les pratiques d’affaires en place chez Vêtements SP seront insérées dans le modèle de Saint-Hyacinthe », lorsqu’il fut récemment questionné par le journaliste de La Presse sur la rentabilité des opérations à Saint-Hyacinthe.
Le nouveau dirigeant n’a donc pas caché qu’il tentera de faire fabriquer autre chose à Saint-Hyacinthe alors que le hockey est évidemment un marché cyclique, confirmant ainsi la capacité de l’usine à produire autre chose.
Déjà, les deux usines québécoises se spécialisent dans la fabrication sur mesure en répondant au besoin en matière de délais de livraison, de service à la clientèle et de qualité. Se lancer dans le volume à répétition, par exemple des répliques de moindre qualité des chandails, n’est pas de l’ordre du possible pour l’instant. Ce type de produits, on s’en doute bien, est confectionné en Asie par la concurrence.
Construite en 1973 et en opération depuis 1974, l’usine de Saint-Hyacinthe fabrique plus de 200 000 chandails de hockey et bas par année : plus de 200 000. Plus récente, Vêtements SP opère depuis 1999 avec une centaine d’employés qui livrent annuellement plus de 250 000 chandails de hockey. Outre les uniformes de hockey confectionnés pour les Jeux olympiques ou les Championnats du monde, les installations de Granby fabriquent aussi ceux pour la Ligue de hockey midget AAA du Québec et de la Ligue de hockey junior AAA du Québec. On habille aussi la relève, donc.
La relève… un concept que connaît bien la famille Bérard, car le père et le fils sont maintenant le duo masculin des trois dirigeants de ce qu’ils doivent dorénavant pérenniser en tant que 1er fabriquant mondial de chandail de hockey.
Avec les millionnaires du hockey professionnel comme motivation et le demi million de chandails qu’ils savent dorénavant devoir livrer, le trio Bérard-Bérard-Bourget rêve sans doute d’occuper en leaders-gagnants toute la glace et plus encore.
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Source du sujet : www.lapresse.ca/actualites/201708/24/01-5127324-un-geant-quebecois-du-chandail-de-hockey-voit-le-jour.php
(Sources des images : wikipedia.org, canadapost )
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