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100 ans de recherche en science au Canada à souligner… ça débutera à l’Université Laval

L’année 2022 qui se pointe permettra d’analyser avec le recul d’un siècle entier, et donc de mieux comprendre, l’état de la science en langue française dans le monde. Un sujet qui a son importance, pas seulement parce que les calendriers nous invitent à souligner le centenaire de la création d’une association s’y étant dédiée depuis 1923. Mais parce que la science – mobilisée pour la lutte pandémique, toujours en cours – vient de prendre, dans toutes les sociétés, un rôle central qui lui a rarement été accordée. Savoir si la langue anglaise se maintiendra en tant que lingua terra de la recherche et des publications scientifiques dans le monde? Savoir si, concurremment, la langue française offre toujours une valeur ajoutée propre pour ceux en science qui la choisissent ? Voilà des questions qu’il faut poser.

L’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas) fut créée le 15 juin 1923, à Montréal, alors que cette ville était autant la métropole du Québec que du Canada en entier. Elle était loin d’être la première du genre dans le monde: le Royaume-Uni (1831), l’Italie (1839), les États-Unis (1848), la France (1872), l’Australie et la Nouvelle-Zélande (1887), l’Afrique du Sud (1902) et l’Inde (1912) avaient agit bien avant.

« […] Si nous avions jadis favorisé la recherche scientifique, nous aurions réalisé on ne sait combien d’économies, ouvert au commerce, à l’agriculture, à l’industrie des domaines nouveaux et profitables », avait clamé un Omer Héroux, le 7 octobre 1937, dans le journal Le Devoir.

Quatre décennies plus tard, un gros bout du chemin avait été fait, car en 1978, l’idée de transformer l’Acfas en une « Association québécoise pour l’avancement des sciences » (AQAS) fut tenté, mais rejetée. L’enjeu d’ainsi exclure les chercheurs francophones des autres provinces du Canada pesant lourd et imposant un meilleur réalisme. En 2001, l’Acfas est cependant renommée « Association francophone pour le savoir » à titre de dénomination « plus moderne » qui souligne encore son caractère francophone en gardant son même acronyme, et que l’on veut dorénavant imposer : Acfas.

DEUX ANS POUR EN FÊTER 100

L’Acfas, qui arrive donc à son 100e anniversaire, a décidé de le célébrer à travers deux moments forts, de mai 2022 à juin 2023, d’abord avec son 89e Congrès annuel, puis encore jusqu’au, et avec, le 90e.

Le 89e Congrès de l'Acfas se déroulera du 9 au 13 mai 2022 à l'Université Laval. Une semaine complète d'événements, de colloques et de discussions sur la recherche et les savoirs.
89e Congrès de l’Acfas
Lieux : Université Laval, Ville de Québec, Canada
Dates : Du 9 au 13 mai 2022
90e Congrès de l’Acfas
Lieux : Université de Montréal / HEC / Polytechnique Montréal, Canada
Dates : mai 2023

En 2023, on retournera d’ailleurs à ses sources, car l’Acfas fut fondée en 1923 par un groupe de professeurs de l’Université de Montréal, notamment le radiologue Léo Pariseau, ainsi que le botaniste frère Marie-Victorin.

Les colloques de l’Acfas sont conçus pour faire « rayonner les savoirs comme moteur de développement des sociétés en rassemblant, dans ce cas, les personnes choisissant de faire de la recherche avec les atouts de la langue française ». Ils sont un événement structurant au sein de la Francophonie. Mais l’Acfas demeure une organisation sans but lucratif avec des moyens conséquents. Bien que sa mission est vaste : promouvoir l’activité scientifique, stimuler la recherche, diffuser le savoir en français pour tous les domaines.

Déjà important par sa durée – de 5 jours – ce congrès, qui se déroule habituellement en mai avec la collaboration d’une université hôtesse au Canada, avait pour son édition du 80e fait exception en s’installant au Palais des congrès de Montréal, ce en collaboration avec l’ensemble des universités et des collèges de son réseaux. Et une autre exception vient de s’imposer avec le 88e Congrès, évidemment un « jamais vu » qui du 3 au 7 mai 2021 aura fait se tenir, pour la première fois, entièrement via une plateforme en ligne pour cause de conditions sanitaires pandémiques, une édition mise en place en collaboration avec l’Université de Sherbrooke et l’Université Bishop’s qui aura su impliquer quelque 6 000 congressistes. Sur le thème « Du jamais su » l’activité aura ainsi réuni 219 colloques, quelque 4 000 communications scientifiques et 556 communications libres ; les organisateurs signalent aussi plus de 6 500 publications et partages générés sur Twitter (2020 fut la première année, depuis 1933, où l’évènement annuel n’a pas eu lieu en se faisant imposer un report du 88e Congrès en 2021.)

Parallèlement au volet purement scientifique d’un tel congrès, les 12 activités « tous publics » de la programmation Science-moi! ayant eu lieu au cours de ladite semaine – réunissant quelque 3 000 personnes – visaient à relever le défi de l’importance du dialogue entre les sciences et la société. Un volet devenu particulièrement stratégique, Car rendu ici, c’est aussi la question du dialogue entre science et le monde des affaires qui se pose.

RÉUSSIR LA RÈGLE DE TROIS ? PRIX-INNOVATION-ENTREPRENEURIAT…

Si le congrès annuel de l’Acfas est considéré comme « le plus grand rassemblement scientifique multidisciplinaire de la Francophonie », ses acteurs organisent de nombreux prix et concours devenus récurrents :

  • Journées de la relève en recherche (#J2R) ;
  • concours Ma thèse en 180 secondes (#MT180);
  • concours Génies en affaires;
  • concours La preuve par l’image;
  • concours de vulgarisation de la recherche;
  • et le Forum international Science et société;
La finale internationale de Ma thèse en 180 secondes 2022 sera accueillie à Montréal, au Québec, à l'automne 2022 par l'Acfas et l'Université de Montréal.

Mais pour réussir significativement cette sorte de règle de trois que constituent les concepts de l’émulation (créer et organiser divers prix et reconnaissances faisant rayonner les meilleurs), l’innovation (créer un changement) et l’entrepreneuriat (créer une entreprise génératrice de création de richesse), il y a ici une recette que les milieux universitaires francophones canadiens ne maîtrisent pas suffisamment. Le 23 février 2017, une journée complète avait d’ailleurs été organisée, à l’Université Laval : le Forum « Connexion 2017 ». Et à l’initiative du Parc Technologique du Québec Métropolitain, du scientifique en chef québécois Rémi Quirion, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui y avait envoyé son vice-président d’alors Christian Dubé, et de l’Institut de gouvernance numérique, quelque 200 personnes y démontraient déjà, par leur seule présence, l’importance de proposer des solutions à la trop grande solitude qui perdure entre les mondes de la recherche publique et celui des affaires, particulièrement au Québec.

En ayant créé AXELYS (une réorganisation des organismes de valorisation de la recherche universitaire ayant fait naître un nouvel organisme né officiellement le 1e avril 2021), l’État québécois tente de changer la donne face au dialogue, aux ponts qui doivent se multiplier entre science et monde des affaires et de la création d’entreprise.

DE l’ACFAS À l’AUF: MÊME COMBAT?

D’ailleurs, il n’y a pas que les dirigeants et membres de l’Acfas qui pourront aimer le passage des années 2021 et 2022. C’est ici la marque de 60 ans d’existence que l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) atteignait le 13 septembre 2021. Ainsi, 1007 établissements membres à travers 119 pays, c’est-à-dire un peu plus que la moitié des pays du monde, furent conviés du 21 au 24 septembre 2021 à la 1er édition de la Semaine mondiale de la francophonie scientifique, avec la tenue  d’Assises en Roumanie, en mode hybride à la fois en présentiel et virtuel, à l’Université Politehnica de Bucarest. Un Livre blanc de la francophonie scientifique fut publié à cette occasion. Puis l’approbation de pistes de réflexion et d’action visant à « redessiner le réseau » afin qu’il favorise une conception plus globale – de la petite école jusqu’aux étapes doctorales – des systèmes éducatifs et privilégiant « l’ouverture sur le monde socioéconomique » ne sont pas sans provoquer de nouvelles attentes, voire un souffle dynamisant.

On le constate, l’AUF (qui était l’AUPELF à sa fondation à Montréal en septembre 1961 et porte le nom actuel depuis 1998) est, elle aussi, à la recherche de la bonne route vers une efficace et véritable Francophonie économique.

De la centenaire Acfas à sa cadette, mais tout autant mature organisation, l’AUF, voilà deux acteurs structurants de la Francophonie comme de la science mondialement parlant. Et à travers les moments légitimes voulant souligner des jalons symboliques du temps, arrivent aussi les occasions de faire les bons bilans. En quoi, pourquoi et comment la langue française constitue toujours une forme de valeur ajoutée propre à ceux qui en font le choix en science? Il ne manquera donc pas d’occasion pour chercher réponses et solutions face à cette grande question dans les prochains mois.

88e Congrès – Du jamais su | Acfas