Le 3 août 2023, le gouvernement du Québec en a fait l’annonce.
DAVID LEVY SOUHAITE UNE MISSION DIPLOMATIQUE DU QUÉBEC EN ISRAËL…
était le titre de notre article d’origine du
À la fois consul général d’Israël en poste à Montréal et représentant permanent de son pays auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) – elle y a son siège social – le diplomate de carrière David Levy a accepté de nous partager le bilan d’un peu plus de trois années comme résident de la métropole du Québec, à titre de membre du corps consulaire et diplomatique, ayant auparavant occupé des postes en Lettonie, en Corée du Sud et au Cameroun. Commerce Monde l’a rencontré le 29 juin 2021, dans un restaurant portugais de Montréal, à quelques semaines d’être rappelé et de rentrer en Israël avec son épouse et ses quatre enfants. Le directeur des affaires culturelles, Jonathan Burnham, ainsi que le directeur des affaires politiques et publiques et aussi représentant suppléant de la Délégation d’Israël auprès de l’OACI, Gabriel Boulianne Gobeil, ont également participé à cette interview. |
Trois questions à David Levy
Question 1 : Votre mandat de trois années et demi à Montréal (2018-2021) ne sera pas le dernier de votre carrière diplomatique et n’aura pas été le premier, alors que pensez-vous qu’il aura été, pour vous et votre pays, si vous répondez là, le 29 juin 2021, mais également avec en tête ce que vous serez en 2030?
« Après l’Afrique, l’Europe et l’Asie, il s’agissait de mon premier poste en Amérique du Nord et pour la première fois sur un territoire avec une très grande communauté juive et très active. Montréal aura aussi été mon premier poste à titre de chef de mission. Alors, j’ai pu découvrir ici les liens qui existent entre la diaspora juive et l’État d’Israël. Toutes les universités israéliennes ont des liens avec des familles juives montréalaises, vous savez! Si avec les Québécois et les autres Canadiens mon rôle était ici d’aller vers eux, pour les Juifs de Montréal, c’était le contraire, ce sont eux qui venaient à ma rencontre », témoigne-t-il comme résumé d’une expérience humaine très enrichissante pour lui.
Tout comme le fait d’avoir été impressionné de constater « la similitude entre l’île que constitue le Québec en Amérique du Nord et l’île que constitue Israël au Moyen-Orient », en nous expliquant, à ce propos, comment les deux États ont su notamment s’aider en matière d’apprentissage de la langue auprès des nouveaux arrivants.
(…) « Le Canada est un allié important d’Israël. Plus particulièrement, la collaboration entre le Québec et Israël représente un potentiel immense. Durant mon séjour au Canada, nous avons eu l’occasion d’élargir notre relation dans les domaines de la culture et des affaires, ainsi que dans le monde académique et médiatique.
Même si Israël demeure inconnue pour bien des Québécois et que peu d’Israéliens connaissent le Québec, les Montréalais et les Québécois sont maintenant plus au fait de ce qu’Israël a à offrir, que ce soit des partenariats d’affaires, des collaborations en recherche scientifique ou des échanges culturels.
L’implantation d’une mission diplomatique du Québec en Israël consoliderait notre relation étroite et offrirait une superbe occasion d’élargir nos échanges, notamment dans le commerce, le tourisme, les études académiques et bien plus encore », a proposé un consul général qui, bien que sur son départ, affiche sans nuance la main tendue de son pays envers le Canada, et le Québec en particulier.
Question 2 : Considérant l’extrême importance de la gestion de l’eau dans votre pays, que pensez-vous du projet de canal Aqaba–mer morte? Comment évaluez-vous les chances de sa réalisation?
À cette question d’une importance économique et géopolitique fondamentale pour son pays, le consul général Levy a répondu avec l’enthousiasme d’une personne qui ne doute pas un instant de sa prochaine réalisation : « C’est un projet actuellement actif, avec notamment une contribution japonaise », nous a-t-il expliqué d’emblée, précisant au passage qu’Israël n’utilisera plus le charbon comme source énergétique d’ici deux à trois ans, et que la désalinisation de l’eau de mer s’y fait actuellement à partir du gaz naturel, une ressource, d’ailleurs, devenue de plus en plus nationale, suite aux récentes importantes découvertes en gaz off shore au large des côtes israéliennes ces dernières années.
Avant de nous préciser ensuite :
« Israël et la Jordanie ont une relation amicale depuis déjà plus de 25 ans. La stabilité et la prospérité de la Jordanie représentent un intérêt stratégique pour Israël. Nous explorons donc plusieurs avenues pour promouvoir la coopération entre nos deux pays voisins, ainsi que dans la région. En ce qui concerne l’eau, les ministres des Affaires étrangères de nos deux pays, Yair Lapid (Israël) et Ayman Safadi (Jordanie) ont récemment eu une rencontre lors de laquelle ils ont conclu qu’Israël vendrait à la Jordanie 50 millions de mètres cubes d’eau potable cette année.
D’autres projets sont présentement en développement afin d’encourager la collaboration et la stabilité dans la région, ce qui inclut notamment le Canal de la mer Morte qui reliera la mer Morte à la mer Rouge, où se trouve la ville jordanienne d’Aqaba. »
Jeux Maccabiah À deux jours de la cérémonie d’ouverture des JO de Tokyo 2020(2021) il est plus qu’à propos de rappeler le plaisir d’un David Levy de nous signifier que depuis presque un siècle – la première édition se déroula en 1932, alors que la dernière fut celle de 2017 – les Jeux Maccabiah constituent « le 3e plus grand évènement sportif au monde » (le seconde étant le Mundial de soccer); ces jeux impliquant quelque 10 000 participants. |
Question 3 : Pourquoi le Gouvernement du Québec devrait-il continuer ou renouveler l’entente triennale de coopération scientifique qui avait été conclue par le premier ministre Philippe Couillard et sa ministre, Dominique Anglade, lors de leur visite officielle en Israël, et dont la troisième et dernière cohorte vient de prendre fin?
« Montréal et Israël sont tous deux considérés comme des pôles d’innovation de premier plan. Chacun possède d’excellentes universités et des communautés de recherche de renommées internationales. Il est donc naturel pour le gouvernement du Québec, notamment le ministère de l’Économie et de l’Innovation, et l’État d’Israël, notamment l’Autorité d’innovation d’Israël, de renouveler leur soutien aux entreprises en démarrage des deux pays souhaitant collaborer et développer ensemble de nouveaux produits et technologies novateurs et révolutionnaires.
Si nous avons appris quelque chose de la pandémie et de la menace que posent les changements climatiques, c’est que nous ne pouvons pas supposer que ce qui a fonctionné dans le passé fonctionnera dans le futur ou qu’il y aura un retour à la normale que nous connaissions avec la pandémie. La direction dans laquelle nous nous dirigeons tous dans l’ère post-COVID en est une qui sera caractérisée par encore plus d’interdépendance et de connectivité en ligne. Notre façon de consommer l’éducation, le divertissement, les services de santé et financiers change sous nos yeux.
Il s’agit donc d’un défi, mais également une occasion pour les esprits les plus brillants de créer des technologies disruptives. Malgré les risques inhérents à la R&D, les investissements publics dans l’innovation et la R&D sont le moyen le plus gratifiant à long terme de créer des emplois et de la richesse, de retenir notre talent et d’attirer des investissements directs étrangers. Le retour sur investissement dans la R&D conjointe est de loin supérieur à tout risque auquel nous pourrions faire face en cours de route.
Israël et le Québec ont déjà des accords universitaires et scientifiques et, en 2018, le Canada et Israël ont signé le nouvel Accord de libre-échange Canada-Israël (ALÉCI), qui offre une infrastructure juridique nous permettant de tirer profit de nos talents. Nous devons maintenant créer des incitatifs favorisant l’innovation ayant des applications commerciales. Le renouvellement de l’entente triennale de coopération scientifique entre le Québec et l’Israël représenterait un tel incitatif.
(Crédit photo: courtoisie du consulat général. VIGNETTE de cette photo: C’est en avril 2018 que le consul général David Levy signa le Livre d’Or de la Ville de Montréal, trois mois après son arrivée et lors de sa première rencontre avec Valérie Plante, la mairesse de la métropole économique du Québec.)
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