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ifo Business Climate Index : sentiment among German businesses remains very strong

The ifo Business Climate Index edged downwards from 116.0 points last month to 115.9 points in August, 2017. But sentiment among German businesses remains very strong. The decline was due to slightly less positive assessments of the current business situation. Companies’ short-term business outlook, by contrast, improved. Germany’s economy remains on track for growth.

Ifo Institute is one of Europe‘s leading research institutes and is also the economic research institute most frequently cited in the German media. Information and research is what the ifo Institute has stood for ever since it was founded in January 1949.

In manufacturing the index once again broke last month’s record. Companies were slightly less satisfied with their current business situation, which nevertheless remains strong. They expressed greater optimism about the short-term outlook. In the automotive sector cartel allegations and the diesel affair have not been reflected in the survey results to date, with the business climate index remaining at a very high level.

In wholesaling the business climate deteriorated slightly. This was due to markedly poorer assessments of the current business situation. Business expectations, by contrast, were adjusted slightly upwards. In retailing the index dropped significantly. Retailers were clearly less satisfied with their current business situation. Their optimism about the short-term business outlook also waned. Car dealers were largely responsible for the downswing.

In construction the index continued its record-breaking run. Contractors were far more satisfied with their current business situation. They also expect business to pick up in the months ahead.

 ifo Business Climate for Industry and Trade (Index, 2005 = 100, seasonally adjusted)
Month/year 08/16 09/16 10/16 11/16 12/16 01/17 02/17 03/17 04/17 05/17 06/17 07/17 08/17
Climate 106.3 109.7 110.6 110.5 111.1 110.0 111.2 112.3 113.1 114.6 115.2 116.0 115.9
Situation 112.6 115.2 115.5 115.9 117.1 117.3 118.7 119.6 121.6 123.4 124.2 125.5 124.6
Expectations 100.4 104.5 105.9 105.3 105.4 103.2 104.2 105.4 105.2 106.4 106.8 107.3 107.9
Source: ifo Business Survey. © ifo Institute

 

ifo Business Climate by Sector (Balances, seasonally adjusted)
Month/year 08/16 09/16 10/16 11/16 12/16 01/17 02/17 03/17 04/17 05/17 06/17 07/17 08/17
Industry and Trade 5.8 12.3 14.0 13.8 15.0 13.0 15.3 17.3 18.8 21.8 22.9 24.6 24.4
Manufacturing 6.5 13.8 17.0 14.9 15.7 14.4 17.3 20.7 21.1 26.0 26.2 29.5 29.9
Construction 5.4 9.1 9.9 10.7 12.8 10.5 7.8 9.5 11.6 13.0 12.6 14.4 17.3
Wholesaling 5.7 12.1 10.3 15.4 18.3 15.1 22.4 18.6 20.0 20.4 23.7 24.2 23.6
Retailing 2.7 8.2 8.0 9.6 9.7 6.2 4.7 6.6 13.5 11.4 16.1 11.0 5.1
Source: ifo Business Survey. © ifo Institute

Image source: www.benzinga.com/markets/bonds/13/01/3273900/german-ifo-business-climate-indicator-rises-sends-european-shares-and-eu

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L’innovation, élément clé du lien Québec-Bavière… de l’aéronautique à l’industrie 4.0 (5e de 5)

La recherche en Bavière c’est :

  • 9 universités d’État, l’Université fédérale des Forces armées, et l’Université catholique d’Eichstätt-Ingolstadt;
  • 17 écoles de formation supérieure d’État (HAW);
  • 12 instituts Max Planck;
  • 9 instituts Fraunhofer;
  • 8 autres institutions de recherche (centre Helmholtz, DLR, etc.);
  • Jusqu’à 9,5 % du budget (en 2009) affecté aux écoles de formation supérieure;
  • plus de 3 300 professeurs d’université (cliniques incluses), dont plus de 1 600 titulaires de chaires d’enseignement;
  • plus de 2 000 professeurs dans les écoles de formation supérieure (HAW).

Cette impressionnante force bavaroise en recherche scientifique et industrielle représente une opportunité d’innovation extraordinaire et il ne faut pas se surprendre qu’elle soit au coeur du lien de coopération de la Bavière avec le Québec. Et effectivement, inscrite dans le partenariat institutionnel entre la Bavière et le Québec, la coopération scientifique en est un volet important depuis 2003.

« En moyenne, annuellement, une vingtaine de projets de recherche conduits en coopération entre des équipes bavaroises et des équipes québécoises constituent le cœur des activités que nous déployons dans ce volet du partenariat », nous explique dans un excellent français la Dr. Florence Gauzy Krieger, coordonnatrice en chef de WKS Bayern-Québec/Alberta/International.

Ces projets bilatéraux ont pour objet des questionnements qui concernent des domaines scientifiques variés, des neurosciences du vieillissement aux changements climatiques en passant par les nouveaux matériaux, la nanotechnologie et le génie biomécanique. D’ampleur et de nature différente, les projets du Programme de coopération scientifique Bavière-Québec ont par ailleurs en commun de reposer sur un partage de savoirs, d’expertises et de méthodes.

À titre d’exemple, un projet « Bavière-Québec » en cours sur le climat et les extrêmes hydrologiques (ClimEx) s’appuie sur la puissance de calcul de l’un des ordinateurs les plus rapides du monde, le Super MUC, présent à l’Université technique de Munich (TUM, lrz), pour rendre encore plus performants les modèles climatiques et hydrologiques de prévision, de gestion et d’adaptation qui existent au Québec, ceci afin de disposer de données spécifiques pour l’évaluation du risque de crues. Sont associés aux travaux du lrz des équipes du consortium OURANOS, du Centre d’expertise hydrique du Québec, de l’École de technologie supérieure (ETS) ainsi que de l’Université Ludwig-Maximilian de Munich (LMU, coordinateur), en partenariat avec l’Agence bavaroise de l’environnement. Il faut noter que cette coopération unique est le fruit d’un partenariat ancien entre la LMU et OURANOS, partenariat qui a vu le jour dès 2006 et a conduit, au fil des ans, à plusieurs réalisations conjointes marquantes dans l’analyse et la modélisation des changements climatiques telles que l’étude Q-BIC³ – Adapting Regional Watershed Management to Climate Change (01.06.2009 – 31.12.2011).

Un maillage réussi entre équipes de recherche de part et d’autre de l’Atlantique est très souvent la clé du succès d’un projet de coopération. Et au niveau gouvernemental, la Bavière et le Québec soutiennent par différents moyens institutionnels cet échange. Le soutien financier apporté par le biais d’aides à la mobilité des chercheurs et jeunes chercheurs en est un aspect, mais pas le seul : des missions de maillage et des aides au montage de projets, comme à la recherche de fonds, complètent le dispositif.

« Nous privilégions à cet effet des partenariats ciblés entre organismes subventionnaires, agences de soutien à la recherche ou regroupements de recherche. Les Fonds de recherche du Québec – les Fonds Santé et Nature et technologies – ont ainsi signé en 2014 une entente avec le Ministère bavarois de la Recherche qui définit des secteurs de financement prioritaires conjoints. Une entente sectorielle en neurosciences signée par les chefs de gouvernement en 2008 a favorisé quant à elle la réalisation de deux écoles d’été pour jeunes chercheurs en vieillissement ainsi que la participation de chercheurs du Québec à deux projets européens d’envergure portant sur des maladies neurologiques rares, TIRCON (2011-2015) et RHAPSODY (2013-2017) », poursuit Florence Gauzy.

DU BILATÉRAL À L’INTERNATIONAL

De plus en plus souvent, des projets qui ont vu le jour au sein de la coopération Bavière-Québec dépassent aussi le cadre bilatéral et deviennent des initiatives de recherche internationales. Le programme cadre de recherche européen, Horizon 2020, est ainsi un objectif de choix pour des équipes fortes. Un partenariat avec la Bavière, partenaire européen, permet aux équipes québécoises de s’arrimer à des projets européens.

Si les sciences naturelles et le génie font l’objet d’une attention toute particulière, au sein du partenariat Bavière-Québec, la coopération scientifique est également ouverte à des projets qui s’inscrivent dans les sciences humaines et sociales. Depuis plusieurs années, un projet en linguistique appliquée sur l’écriture journalistique en langue romane au Québec est ainsi soutenu. Ce projet entre Wim Remysen, professeur à l’Université de Sherbrooke, et Sabine Schwarze, professeur à l’Université d’Augsbourg, analyse la notion d’idéologies linguistiques et a déjà vu la réalisation de nombreux travaux d’étudiants, dont une thèse de doctorat en cogestion, de colloques internationaux, ainsi que de publications conjointes qui ont fait date dans la communauté des linguistiques de langue romane. S’en est ensuite suivie la constitution du réseau international de chercheurs CIRCULA, réseau dédié à l’étude de la conscience linguistique dans les communautés de langue romane. Depuis, ce réseau travaille à l’élaboration d’un corpus textuel dédié qui sera mis en ligne pour en permettra l’accès à des chercheurs de partout dans le monde. Il édite déjà une revue scientifique électronique qui valorise et diffuse la recherche dans ce domaine de la science.

« Cette ouverture aux sciences humaines et sociales correspond à une tendance de fond dans les programmes internationaux de soutien à la recherche et à l’innovation qui requièrent de plus en plus souvent la participation de chercheurs et d’experts de ces disciplines-clé pour la compréhension des enjeux de société et en particulier ceux liés à la transition énergétique ou à la révolution numérique », expose encore Florence Gauzy.

Mais le potentiel d’ouverture et de collaborations multilatérales des acquis Bavière-Québec va beaucoup plus loin. Tout récemment, en 2016, la coopération scientifique Bavière-Québec s’est lancé ce nouveau défi : travailler ensemble, en multilatéral, avec cinq autres régions partenaires dans le monde sur des thématiques d’avenir. Et lesdites régions sont déjà clairement identifiées. Ces cinq autres régions sont São Paulo (au Brésil), le Cap Occidental (en Afrique du Sud), le Shandong (en Chine), la Haute-Autriche et enfin l’État de Géorgie (aux USA). Au sein d’un réseau baptisé « RLS-Sciences » – RLS pour Regional Leaders Summit – des représentants du monde scientifique, du secteur public et du privé mutualisent ressources et savoirs sur le modèle du partenariat Bavière-Québec. Une coopération privilégiée et des projets concrets se sont développés autour des énergies renouvelables, du numérique, de l’aéronautique et des mini-satellites d’observation terrestre.

DES NOMS QUI FONT LA DIFFÉRENCE

De tels succès s’expliquent en partie par la stabilité et la compétence des personnes qui quotidiennement administrent ces partenariats étatiques. Avec 2017, on arrive à la dizième année de l’implication de Florence Gauzy. Une femme au rôle stratégique dans la coopération Bavière-Québec. Un rôle qui s’articule en deux volets principaux : d’abord répondre aux demandes de chercheurs déjà engagés, aussi initier des projets de recherche d’envergure selon les intérêts ou projets de recherche communs entre les deux régions.

« Il s’agit alors d’émettre des idées, de faire des liens entre des personnes ou des institutions qui ne se connaissent pas mais travaillent sur des sujets proches, de leur permettre de se rencontrer et de leur suggérer un projet particulier dans le cadre d’un appel à projets dont j’ai connaissance (…). Récemment, nous avons par exemple mis sur pied une initiative conjointe avec nos partenaires québécois dans le domaine des neurosciences du vieillissement, destinée à améliorer la connaissance et la prise en charge des formes précoces de démence » raconte une Florence Gauzy en poste depuis 2007.

Comment cette coopération scientifique Bavière-Québec a-t-elle changé au fil des années ? « Lorsque je suis arrivée en 2007, nous faisions surtout du cas-par-cas, en répondant aux demandes que nous adressaient des équipes de chercheurs déjà constituées. Le volet « initiation de projets communs » n’est apparu qu’après quelque temps, parce qu’il y avait, aussi bien du côté bavarois que du côté québécois, des interlocuteurs dans les ministères qui s’entendaient remarquablement bien et voulaient faire avancer le partenariat ensemble. Avec l’échange et le dialogue constant qui caractérisent notre coopération, il y a eu une sorte d’émulation positive qui a mené à des mises en contact transatlantiques très fructueuses.

L’excellente collaboration avec le consortium OURANOS, situé à Montréal, est un exemple réussi d’ échange intensif au cours des années qui a préparé la voie à plusieurs projets de recherche sur l’incidence et la modélisation des changements climatiques sur les écosystèmes et le système hydrographique. »

Alors qu’innovation et environnement ont aujourd’hui un lien quasi organique, il est aussi rassurant de constater que la Bavière est un État précurseur dans les domaines de la protection de l’environnement et du climat, ayant été le premier Land d’Allemagne à se doter d’un ministère de l’Environnement.

Pour l’heure, « le cœur de la coopération scientifique Bavière-Québec, ce sont les secteurs des technologies de pointe au service de l’aéronautique et aérospatiale, la médecine – principalement la neurologie – et les technologies médicales, les nouveaux matériaux, et l’environnement et l’efficacité énergétique. Pour ces projets, nous mettons à disposition des fonds internes de mobilité des chercheurs et allons également chercher des fonds auprès d’autres agences gouvernementales », explique-t-elle aussi.

Ce lien institutionnel réussi entre les gouvernements du Québec et de la Bavière n’explique pas tout, mais il est bien connu que lorsque le politique va bien, l’économie s’en porte que mieux encore. Quelque 100 sociétés allemandes, parmi lesquelles les bavaroises Siemens, Hexal, Rehau, Adidas, Liebherr Aerospace, Giesecke & Devrient Systems et Linde se sont implantées dans les régions du Québec au fil des dernières années. Elles génèrent environ 8 500 emplois.

 

Trouver un partenaire en Bavière

La société publique Bayern International, dépendante du ministère de l’Économie bavarois, a développé une base de données pan-bavaroise et pan-sectorielle, Key Technologies in Bavaria. Cette base de données fournit de l’information détaillée sur environ 20 000 entreprises, instituts de recherche, de transfert technologique et de gestion de réseaux, autorités techniques et autres associations professionnelles.

Aussi s’agit-il d’un solide point de départ pour une recherche de partenaires dans le secteur et la spécialité souhaités (NB : langues de recherche : allemand et anglais).

Accédez à la base de données Key Technologies in Bavaria

www.bayern-international.de/en/

 

 

Consultez les autres articles 4 de 5 du Dossier spécial.

 

 

Québec-Bavière Entrevue avec le délégué général du Québec à Munich : Claude Trudelle

(CM) Depuis quand êtes-vous en poste en Allemagne ? Parlez-nous un peu de vous…

Je suis en poste comme délégué général du Québec à Munich depuis décembre 2014, soit depuis environ deux ans et demi. Dans le passé, j’ai aussi travaillé à Berlin, de 2006 à 2008, et en 2013 comme directeur du Bureau du Québec à Berlin ainsi qu’à Munich, de 2001 à 2006, en tant que conseiller aux affaires politiques et publiques. Côté académique, j’ai fait une maîtrise en Relations internationales de l’Université Laval (dans le cadre de laquelle j’avais effectué un stage très intéressant au Conseil de l’Europe, à Strasbourg). Fonctionnaire de carrière, j’ai travaillé pendant dix ans comme conseiller à la Direction des relations interparlementaires de l’Assemblée nationale du Québec, une année au secrétariat de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, à Paris, et six ans dans diverses fonctions au sein du ministère des Relations internationales et de la Francophonie, à Québec.

Le Québec dispose actuellement à Munich et à Berlin d’une équipe d’une dizaine de personnes. Alors que le service économique, qui soutient nos entreprises et nos chercheurs, est basé à Munich, notre service culturel, qui accompagne nos artistes et nos troupes de danse ou de cirque, par exemple, est installé à Berlin. De ces deux villes, nous sommes actifs sur l’ensemble de notre territoire : l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse qui totalisent environ 100 millions d’habitants et qui connaissent une conjoncture économique très favorable.

(CM) Québec-Bavière : est-ce une relation surtout politique, surtout économique, culturel, ou scientifique ?

Les relations du Québec et de la Bavière remontent à quelques décennies déjà. Les bases formelles de notre coopération ont été posées en 1989, quand nos chefs de gouvernement de l’époque, messieurs Bourassa et Streibl, se sont mis d’accord pour rapprocher les ministères, les chercheurs, les entrepreneurs, les étudiants et les créateurs du Québec et de la Bavière. Plusieurs centaines de projets bilatéraux ont été soutenus, accompagnés et réalisés au cours des 26 années suivantes. Nos relations sont donc tout à la fois politiques, économiques, scientifiques et culturelles. 

Bien sûr, nous appuyons toutes les initiatives qui peuvent contribuer à la prospérité du Québec et répondons aux demandes qui nous sont régulièrement adressées par des entreprises québécoises. Nous sommes particulièrement actifs dans le secteur aéronautique et dans celui de la recherche médicale. Mais nous accompagnons aussi nos entreprises lors de divers événements ayant lieu en Allemagne dans les secteurs de la mode, de l’agroalimentaire ou des technologies de l’information. Les stratégies relatives à la numérisation de l’économie et à Industrie 4.0 mobilisent de plus en plus nos ressources.

Il faut par ailleurs savoir que les relations Québec-Bavière couvrent aussi bien la sphère gouvernementale que parlementaire, les parlements québécois et bavarois disposant également de structures qui leur permettent d’échanger de l’information sur divers sujets d’actualité et d’accueillir leurs délégations. Le secteur culturel n’est pas en reste. Ainsi, en mai, plusieurs troupes de danse moderne de Montréal sont accueillies à Munich à l’occasion du grand festival Dance 2017.

Je tiens à souligner aussi que nous sommes de plus en plus actifs en Suisse en général et particulièrement en Suisse romande. Ainsi, de janvier à avril 2017, nous avons vu deux belles activités de promotion du Québec dans ce pays. En premier lieu, la Cinémathèque suisse a organisé une rétrospective du cinéma québécois à Lausanne, où 25 films québécois récents ont été projetés sur une période d’un mois, et, fin avril, le Salon du livre et de la presse de Genève a accueilli 60 auteurs et 70 éditeurs québécois. J’ai eu l’honneur d’inaugurer ces deux activités.

(CM) Pourquoi y a-t-il eu une ouverture d’un Bureau du Québec à Munich initialement et pourquoi est-il devenu une délégation générale ?

C’est en 1997 que le Québec a ouvert un Bureau à Munich, soit un an après la fermeture de la Délégation générale du Québec à Düsseldorf, ville où il était présent depuis 1970. Le Bureau du Québec à Munich est devenu Délégation générale en 2006. Notre Délégation générale vient en fait d’aménager, depuis octobre dernier, dans un nouvel immeuble qui appartient au gouvernement du Québec et dans lequel on trouve les bureaux au rez-de-chaussée et la résidence officielle à l’étage. Quant à l’Antenne du Québec à Berlin, elle existe depuis 1999 et est logée sur la Pariser Platz, à côté de la Porte de Brandebourg, de l’ambassade de France et de l’ambassade des États-Unis, un emplacement bien sûr exceptionnel dans la capitale allemande qui est aussi l’une des plus grandes métropoles culturelles de l’Europe et du monde.

(CM) Êtes-vous initiateur de projets ici-même… Exemples ?

Le premier rôle d’une délégation générale est d’ouvrir des portes à nos entreprises et à nos créateurs, ainsi qu’à nos décideurs politiques.  On s’efforce de les guider, de les accompagner dans leurs prises de contacts et leurs opérations sur un territoire et dans un environnement culturel qu’ils connaissent généralement peu et qui requièrent parfois certains ajustements interculturels pour assurer le succès de nos partenariats et de nos initiatives. Mais une représentation du Québec à l’étranger n’a pas vocation à soutenir financièrement nos entreprises ou nos artistes, ce rôle est joué par nos ministères et organismes publics au Québec. Et nous travaillons bien entendu étroitement avec eux, qu’il s’agisse du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MESI), du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ)  ou de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).

L’ensemble de nos interventions sont bien sûr placées sous le chapeau de la nouvelle Politique internationale du Québec, rendue publique en avril dernier par la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, madame Christine St-Pierre, dont le mandat général est de coordonner l’action internationale du Québec. Il faut d’ailleurs souligner que le MRIF fête cette année son 50e anniversaire.

(CM) Offrez-vous à la Délégation générale des programmes spécifiques pour accompagner les initiateurs de projet ?

Comme je l’ai mentionné précédemment, une représentation du Québec à l’étranger n’a pas vocation à soutenir financièrement nos entreprises ou nos artistes, ce rôle est joué par nos ministères et organismes publics au Québec.

(CM) Pour les gens d’affaires, quelles sont les plus belles opportunités présentement à vos yeux ?

L’enjeu du passage à l’ère numérique chez les manufacturiers allemands est incontournable ici. L’industrie 4.0 exige que tous investissent dans les technologies pour demeurer chef de file en production. Nous participons à plusieurs activités où ce sujet est abordé. Comme les entreprises québécoises offrent plusieurs solutions numériques (optique-photonique, logiciel, robots), il leur est possible de s’insérer dans les chaînes d’approvisionnement.

La transition énergétique, qui doit permettre à l’Allemagne de consommer 80% d’énergies renouvelables d’ici 2050, oblige le pays tout entier à développer les énergies alternatives, ce qui offre la chance aux PME québécoises spécialisées dans le transport et la distribution d’électricité de se faire connaître et de gagner des clients ici.

En lien avec les secteurs de force du Québec, l’aéronautique offre de belles perspectives d’échanges commerciaux avec la Bavière, tant au niveau des manufacturiers, que des nombreux sous-traitants.

(CM) Que va changer l’Accord économique Canada-Europe pour vous ?

L’Accord économique et commercial global (AECG) ratifié le 15 février dernier par le Parlement européen et qui le sera incessamment par le Parlement du Canada, et qui fera également l’objet d’un acte officiel de l’Assemblée nationale du Québec, devrait entrer en vigueur de manière provisoire dans les tout prochains mois. Il s’agit d’une grande victoire combinée des diplomaties européenne et canadienne, bien sûr, mais également d’une grande victoire pour la diplomatie québécoise qui a été très active, bien que de manière parfois discrète, pour s’assurer que cet accord soit, dans un premier temps, négocié, et pour qu’il soit ensuite approuvé aux niveaux européen et national et ratifié par les instances européennes.

Il s’agit d’une grande victoire pour le Québec et le Canada car cet accord ouvre à nos entreprises le marché des 500 millions de consommateurs des 28 États membres de l’Union européenne (plus de 20% du PIB mondial). La vaste majorité des droits de douanes applicables à nos produits en Europe disparaîtront dès l’entrée en vigueur de l’AECG, ce qui représente un gain souvent significatif pour la compétitivité des entreprises du Québec en Europe. Divers produits agroalimentaires du Québec pourraient ainsi bénéficier de l’AECG, les tarifs douaniers devant être éliminés sur le sirop d’érable par exemple. L’AECG stimulera aussi les exportations québécoises de produits du porc, de produits biologiques, de produits de la mer et de petits fruits. Il simplifiera aussi le processus de certification de nos produits en Europe et permettra également à nos entreprises de participer aux appels d’offre des institutions publiques en Europe, non seulement ceux des institutions communautaires, mais également ceux des gouvernements des États membres et de leurs instances régionales. Il s’agit de marchés publics dont on imagine à peine l’envergure car l’État continue de jouer un rôle de premier plan dans l’économie et en matière de services sociaux en Europe, notamment en Allemagne

Dans l’actuel contexte international, cette ouverture réciproque des marchés européen et canadien pourrait s’avérer stratégique sur les plans économique et politique.

Dans cette période d’incertitudes concernant le libre-échange, le Québec et la Bavière pourront profiter d’un cadre réglementaire fiable pour accroître leurs échanges. À terme, la reconnaissance des qualifications professionnelles pourrait combler certaines pénuries de main-d’œuvre au Québec.

(CM) Et pour les relations Québec-Bavière ?

L’AECG ne pourra que contribuer à resserrer les relations économiques entre l’Allemagne et le Canada en général et entre le Québec et la Bavière en particulier. Gardons à l’esprit que l’Allemagne et la Bavière affichent une santé macroéconomique remarquable, connaissent un chômage très faible et demeurent des leaders européens et mondiaux en matière d’innovation technologique. Les obstacles au commerce et aux échanges diminuant ou disparaissant complètement, les entreprises québécoises et bavaroises pourront développer plus facilement des partenariats d’affaires et envoyer leur personnel sur le territoire de l’autre pays étant donné que l’accord prévoit aussi certains aménagements à ce niveau.

Pour la Délégation générale du Québec en Allemagne, il est vraisemblable que le nombre de demandes d’information en provenance de nos entreprises augmentera et que notre travail d’accompagnement commercial, réglementaire (certification) et technologique s’intensifiera. La même chose sera sans doute vraie en matière d’investissements croisés.  Je peux vous confirmer, par ailleurs, que bon nombre d’entreprises bavaroises, ainsi que les associations industrielles bavaroises et allemandes, suivent de près le dossier de l’AECG, bien conscientes que l’économie allemande, foncièrement exportatrice, ne pourra qu’en bénéficier. En tout cas, nous prenons déjà nos dispositions pour faire face à ce défi formidable et historique, car l’AECG marquera sans doute une nouvelle étape des relations déjà matures entre le Québec et l’Europe.

Consultez l’article 1 de 5 du Dossier spécial.

Consultez l’article 2 du Dossier spécial.

Consultez l’entrevue avec Benjamin Emans, le directeur de la Représentation de l’État de la Bavière à Montréal.

Consultez l’article 5 sur l’innovation de ce Dossier spécial.

Fini le chèque du gouvernement : aider le citoyen en valeur d’usage

C’est la France qui tente le coup, avec sa récente Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte :

« Dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur la possibilité de convertir une partie des aides ou des allocations publiques versées sous forme monétaire aux personnes physiques en valeur d’usage, en application de l’économie de fonctionnalité. » (Amendement adopté numéro 738, article 19 de la loi)

Les initiatives autour du développement de l’économie de fonctionnalité s’entendent habituellement dans l’univers des entreprises privées ou des consommateurs. Si l’État s’y pointe, c’est que l’affaire est porteuse d’un potentiel immense.

Au niveau des États, la détermination d’alternatives basées sur l’économie de fonctionnalité permet facilement deux avantages notoires, à savoir :

  • Une moindre nécessité de financement ;
  • Le déploiement d’activités locales liées à la maintenance et à la gestion des biens mis à disposition.

Et on pourrait également espérer une réduction des quantités de déchets, ceci en toute cohérence avec les orientations internationales en matière de découplage.

« Mettre la valeur d’usage au centre des processus de valuation dans les politiques publiques est une rupture cognitive du mode de fonctionnement de l’aide publique, mais aussi une adaptation de celle-ci aux nouveaux impératifs d’efficacité de notre modèle économique », analysent Aurez et Georgeault, dans Économie circulaire – Système économique et finitude des ressources, récemment publié chez l’éditeur deboeck.

En Allemagne, le cas des contrats de performance énergétique qui financent actuellement des opérations de rénovation sur la base du service rendu (réduction du coût de l’usage) et qui produisent des améliorations d’infrastructures n’enclenchant aucune dépense publique supplémentaire se rapproche de l’initiative française. Mais il semble bien que la France se positionne en leader devant le vaste potentiel du développement de l’économie de fonctionnalité dans une perspective étatique et gouvernementale.

Définition de l’économie de fonctionnalité

C’est le Suisse Walter Stahel et son collègue Orio Giarini que firent apparaître l’expression « économie de la fonctionnalité » au milieu des années 1980, en visant à optimiser l’utilisation ou la fonction des biens et des services. L’objectif économique est ici de créer une valeur d’usage la plus élevée possible pendant le plus longtemps possible, tout en consommant le moins de ressources matérielles et d’énergie possible.

But ultime : atteindre une meilleure compétitivité et une augmentation des revenus des entreprises.

C’est d’ailleurs ce que fait Michelin en vendant des kilomètres à certains clients commerciaux, et non plus des pneus ; gardant la propriété et le contrôle sur le produit, elle est par exemple à même de le reprendre avant qu’il ne devienne trop usé et impropre au rechapage.

Vous trouvez que c’est un exemple facile ? Alors parlons d’un fabriquant de tapis.

Interface, qui fabrique en Europe des revêtements de sol, fait aussi depuis longtemps de l’économie de fonctionnalité, mettant à disposition pour une durée déterminée des revêtements pour les clients. À l’issus du service rendu par le produit, Interface le reprend donc pour le recycler. Ici l’intérêt du producteur est notamment guidé par l‘assurance de l’approvisionnement en matière première (le nylon).

Selon le chercheur Johan Van Niel, qui a étudié le cas d’Interface, d’un point de vue environnemental les chiffres sont impressionnants (pour la période 1996-2011) :

  • Les dalles de moquettes produites comprennent entre 39% et 71% de matériaux recyclés ;
  • Pour chaque mètre carré de moquette, le volume de déchets envoyé en décharge a été réduit de 88%;
  • La consommation globale d’énergie réduite de 47%.

Bref « buts atteints », dirait Stahel.

Nous sommes loin ici des prestations d’aides publiques aux personnes et de la délivrance des chèques d’allocations aux citoyens dans le besoin dans nos sociétés. Mais si les exemples positifs de développement de l’économie de fonctionnalité commencent à inspirer le gestionnaire publique et le législateur, c’est force de croire que le modèle à fait ses preuves.

À Paris, c’est du 17 août 2015 que date la promulgation de la LOI n° 2015-992 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Le Rapport attendu « (…) dans un délai d’un an à compter de » est donc normalement déjà entre les mains des parlementaires.

Et vous, sauriez-vous aussi profiter de l’économie de fonctionnalité pour « atteindre une meilleure compétitivité et une augmentation des revenus » de votre entreprise ?

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Source de l’image: www.jinnove.com

LOI n° 2015-992, titre Ier : DÉFINIR LES OBJECTIFS COMMUNS POUR RÉUSSIR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, RENFORCER L’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE ET LA COMPÉTITIVITÉ ÉCONOMIQUE DE LA FRANCE, PRÉSERVER LA SANTÉ HUMAINE ET L’ENVIRONNEMENT ET LUTTER CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

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Accord Canada-Europe : les experts ciblent le 27 octobre pour sa signature

« Si la procédure évolue de manière positive, la tendance actuelle est que le Conseil de l’UE prendra le 18 octobre prochain la décision quant à la signature et entrée en vigueur provisoire de l’AECG. Formellement, c’est lors du sommet Canada-UE à Bruxelles le 27 octobre que l’accord serait signé par l’UE et le Canada », analyse l’avocate experte québécoise Geneviève Gagné, dans la dernière chronique juridique de Commerce Monde.

Et vu l’importance de l’AECG « c’est le premier ministre Justin Trudeau qui en sera le signataire », affirme-t-elle aussi.

L’important accord entrerait par la suite provisoirement en vigueur dans le premier semestre 2017, pour la portion EU-only, avec notamment l’abolition immédiate de la presque totalité des barrières tarifaires et l’accès aux marchés public.

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Geneviève Gagné
est avocate chez JoliCoeur-Lacasse,
à Québec.

L’ENJEU ALLEMAND

Au-delà du Brexit au Royaume-Uni, c’est davantage une vague de recours collectifs en Allemagne demandant à ce que soit empêchée l’entrée en vigueur provisoire de l’AECG qui occupent les experts. Au nombre de cinq, le plus important des recours regroupe plus de 125 000 procurations.

On invoque des violations de la constitution allemande advenant l’entrée en vigueur provisoire et une implication déficiente du parlement allemand, ainsi que des droits exagérés aux investisseurs étrangers et aux comités qui seront créés sous l’égide de l’AECG.

« Ces questions devront être examinées par la cour constitutionnelle allemande (…) le nombre de plaignants n’ayant toutefois aucune influence sur l’issue de la décision. Si l’AECG entrait en vigueur de manière provisoire, mais qu’un État membre faisait défaut de le ratifier par la suite, dans les faits, cela n’aurait aucun impact sur les dispositions EU-only qui continueraient de s’appliquer, seules celles de compétence nationale (environ 5%-10% de l’accord) ne trouveraient pas application. Une fois l’entrée en vigueur provisoire décidée, seule une déclaration par l’UE ou le Canada à l’effet qu’ils ne désirent plus faire partie de l’AECG pourrait l’annuler », explique encore Geneviève Gagné.

Conclusion en cette fin de septembre 2016 : Même si l’adoption de l’AECG « demeure encore soumise à une certaine imprévisibilité due aux aléas politiques », les récents développements en Europe indiquent que l’entrée en vigueur de l’AECG « est désormais plus prévisible que spéculative ».

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