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De LA COP 26 à SOFIAC: le projet d’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE D’Aéroports de Montréal pave des pistes d’optimisme

Pierre Langlois avait sa place, parmi la délégation officielle du premier ministre du Québec à la COP 26, pour les quelques jours qu’y a consacrés François Legault directement sur le terrain à Glasgow et à Édimbourg, début novembre 2021. M. Langlois, ingénieur et président d’Econoler, n’est finalement pas allé à la COP 26.

« J’étais à Madrid en 2019, à Paris en 2015, en Pologne… » Bref, cet homme d’affaires de Québec, aguerri, ne les compte plus. Dans la longue visio-interview qu’il nous a accordé le 24 novembre, évaluant qu’il avait déjà 6-7 éditions de la conférence des parties de la Convention de l’ONU sur le climat (UNFCCC) à son actif, il n’a pas hésité à nous expliquer que pour la COP 26, il avait finalement décidé de passer son tour.

Et qu’en retient-il d’important, car il l’a tout de même suivie cette COP 26 ?

« Oui, il y a urgence climatique, mais il faut voir ça comme une course à obstacle, un pas à la fois. Glasgow, ce n’est pas un échec, mais pas un succès non plus : ça avance à petits pas », analyse-t-il. Pour lui, c’est « business as usual » et il image le processus des COP climatiques comme un « gros éléphant, qui avance lentement ».

Pierre Langlois avait surtout hâte de nous parler de la Société de financement et d’accompagnement en performance énergétique, la SOFIAC, lancée à l’automne de 2020. Notamment, que l’organisme vient de franchir une étape importante avec la nouvelle annoncée le 29 novembre 2021 impliquant son partenariat avec ADM Aéroports de Montréal dans le développement d’un projet d’envergure.

SOFIAC, Canada
« The Société de financement et d’accompagnement en performance énergétique (SOFIAC) was launched in the fall of 2020 as the first Super ESCO in Canada and likely one of the first in North America. »

« Dans ce domaine-là, on ne travaille pas beaucoup au Canada, mais plutôt dans des pays comme l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis avec lesquels, pour le secteur privé, c’est plus facile de monter et financer de tels projets et où les besoins en financements adaptés sont déjà avancés », explique un Pierre Langlois ayant quelque quatre décennies d’expérience. Il voit évidemment la nouvelle initiative au Québec d’un très bon oeil: « Avec la SOFIAC, on travaille directement en innovation financière, en éliminant les barrières à la mise en application de mesures en efficacité énergétique ».

C’est lors de la COP 25 à Madrid en 2019 que l’initiative de la SOFIAC fut publiquement annoncée pour la première fois. Pierre Langlois est le 5e à droite, en compagnie du ministre québécois responsable de l’environnement, Benoit Charette à droite, avec aussi Stéphane Morency et l’ancien pdg Léopold Beaulieu de Fondaction, et Johanne Gélinas de Transition Énergétique Québec (crédit photo: Econoler).

UNE PREMIÈRE « SUPER ESE » POUR LE CANADA

La SOFIAC avait d’ailleurs tout récemment annoncé par communiqué, le 11 novembre 2021, les détails du premier projet de son histoire, avec le Collège Jean de la Mennais. Un établissement d’enseignement situé à La Prairie, au Québec, avec lequel on vise la mise en chantier d’infrastructures écoénergétiques modernes au printemps 2022, ici sous la gouverne du partenaire et initiateur du projet, C-Nergie, une entreprise de Sainte-Julie.

Mais avec l’ensemble des infrastructures aéroportuaires des sites de YUL Aéroport international Montréal-Trudeau et de YMX Aérocité internationale de Mirabel, on passe à un tout autre niveau : « Bien que l’aérogare à YUL soit celle qui émet le moins de GES en comparaison avec celles des autres grands aéroports canadiens, nous croyons fermement que l’approche innovante de la SOFIAC nous permettra de réduire davantage ses émissions », indiquait par communiqué Philippe Rainville, qui est le pdg d’ADM Aéroports de Montréal.

La SOFIAC lance là « son premier projet d’envergure » avec la phase d’approvisionnement d’une initiative d’investissement « patiente et structurante ». L’idée forte étant, ici, que le projet sera exclusivement remboursé par une portion des économies d’énergie générées au cours des 15 prochaines années. Alors que la construction du projet s’étalera « sur environ 2 ans » en créant des retombées économiques locales de « quelques dizaines de millions de dollars ».

Efficacité énergétique, réduction des émissions de GES, décarbonation, implantation de solutions énergétiques innovantes, réduction importante de la consommation et des coûts d’énergie sont au cœur de ce projet. Pour lequel le mécanisme d’intermédiation de la SOFIAC élimine l’ensemble des barrières à la mise en œuvre des éléments en efficacité énergétique structurants. Réussissant ainsi à rallier les besoins du client aux forces vives du marché de l’efficacité énergétique : entrepreneurs, équipementiers et consultants. Rendant donc possible immédiatement, des actions qui n’étaient pas évidentes autrement.

« La SOFIAC, c’est une première Super-ESE pour le Canada », se réjouit Pierre Langlois. Mais si les acteurs québécois de cette initiative peuvent bomber le torse, ils ne viennent pas d’inventer le concept. Appuyés sur l’expertise et le savoir que développe Econoler depuis 40 ans, ils créent maintenant une nouvelle force d’action inédite en Amérique.

L’approche dite « innovante » de la SOFIAC en termes de financement et d’intermédiation dans le marché s’inspire du concept du contrat de performance (CPE) utilisé par les entreprises de services d’éco-énergie (ESE), en anglais dites Energy Service Compagny (ESCO), qu’Econoler affiche elle-même en guise d’étude de cas avec un client qu’elle accompagna, au début des années 2010, au Moyen-Orient (voir encadré).


Etihad ESCO Dubai, the United Arab Emirates Etihad ESCO2 is an official Super ESCO established in 2013 as an initiative by the Dubai Electricity and Water Authority (DEWA) under the leadership of the Dubai Supreme Council of Energy to help foster an EPC market in Dubai so that building owners can improve efficiency projects (EE) in their buildings.
https://etihadesco.ae/

Super ESCO concept was developed in the 1990s as a potential solution to address not only the limitations of the Energy Performance Contracting (EPC) scheme, but also the Energy Service Company (ESCO) sector’s lack of capacity, willingness, or interest to get involved in project financing.

Dans le cas des aéroports montréalais, ADM s’est engagée dans une démarche visant l’atteinte d’objectifs précis de durabilité, incluant notamment l’amélioration de l’efficacité énergétique, la réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, la réduction de la consommation en eau et l’atteinte de l’objectif ultime zéro déchet.

QUAND C’EST PLUS FACILE D’ACHETER… QUE D’ÉCONOMISER!

Tout ça émane donc du constat qu’il est souvent plus facile pour des entreprises d’acheter de l’énergie que d’en sauver… Au Québec, pour un chef d’entreprise : « Si mes besoins énergétiques augmentent, je passe un coup de fil à Hydro-Québec ou à Énergir, puis le tour est joué. Je n’ai qu’à payer pour ce que je consomme. En revanche, combler ces mêmes besoins en réduisant ma consommation énergétique est beaucoup plus complexe. Je dois financer des technologies, un savoir-faire ainsi qu’une capacité de gestion interne, ce qui ne génère pas souvent un rendement de l’investissement à court ou à moyen terme », explique encore Pierre Langlois. Le résultat étant une évidence : au Canada, et particulièrement au Québec qui demeure un royaume de l’hydro-électricité abordable, il n’y a pas assez d’entreprises qui empruntent cette voie, alors qu’elle demeure vitale au nécessaire processus de transition énergétique et de décarbonisation du fonctionnement de nos sociétés.

La SOFIAC a été officiellement lancée en janvier 2021 à l’initiative d’Econoler et de Fondaction, avec l’appui du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec (MERN) et mise sur pied par une filiale commune Écofonds, fruit de plus de deux années de codéveloppement.

Pour Pierre Langlois, c’est une solution complète pour économiser sans dépenser : « Partenaire de la mise en œuvre de la croissance verte des entreprises et la reprise de notre économie, la SOFIAC est un guichet unique qui propose une solution complète qui optimise la performance énergétique sans investissement de la part des bénéficiaires, et ce, pendant que l’entreprise utilise ses ressources techniques et financières pour développer son projet d’affaires. »

Parce que l’énergie la moins coûteuse, c’est celle qu’on ne consomme pas, les firmes expertes impliquées mettront en œuvre des plans de mesurage et vérification des économies (M&V) approuvés par l’ensemble des parties, en s’appuyant sur le Protocole International de Mesure et de Vérification de la Performance énergétique (IPMVP) de projets en efficacité énergétique, protocole le plus connu et utilisé au monde et développé par l’Efficiency Valuation Organisation (EVO).

200 MILLIONS DE $ SUR LA TABLE

À quelques jours de la COP 26 en Écosse, par communiqué de presse du 28 octobre 2021, la Société de financement et d’accompagnement en performance énergétique du Québec s.e.c. (SOFIAC) annonçait évidemment avec fierté avoir « clôturé son montage grâce à des investissements de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) et de Fiera Dette Privée pouvant aller jusqu’à 200 millions de dollars ». Visant particulièrement la modernisation de bâtiments commerciaux, industriels et multi-résidentiels au Québec, en priorisant la diminution de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Ce montage financier prévoit que la BIC consent un prêt jusqu’à 100 M$ et Fiera Dette Privée, un prêt jusqu’à 60 M$. Fondaction investisant, pour sa part, jusqu’à 30 M$ en capital-actions. À cela doit être ajoutée une subvention initiale de 5,5 M$ de la part du MERN. Les propriétaires de bâtiments dont les dépenses énergétiques annuelles globales de leur portefeuille atteignent 1 M$ sont ciblés par cette initiative, et l’objectif de réduction des dépenses énergétiques est de 25% à 40% par projet, espérant générer des réductions d’émissions de GES de l’ordre de 30% à 50%, voire une décarbonisation complète des bâtiments.

Si les projets sont implantés d’ici 5 ans comme espéré, on anticipe une réduction annuelle estimée de l’ordre de 20 000 tonnes de GES. Le déploiement des projets de la SOFIAC s’inscrit donc dans l’atteinte des objectifs de la Politique énergétique 2030 du gouvernement du Québec visant à améliorer de 15% l’efficacité avec laquelle l’énergie est utilisée et à réduire de 40% la consommation de produits pétroliers.

Les économies ainsi générées sont partagées entre la SOFIAC et l’entreprise cliente, qui profite ainsi d’un rendement de l’investissement immédiat, et ce, sans avoir investi un seul sou de sa propre poche. 

« Nous serons le trait d’union entre ces capitaux disponibles et les forces du marché de l’efficacité énergétique. Notre mécanisme de mise en œuvre à coût nul dégagera des liquidités importantes pour nos clients, en plus de tirer avantage de généreux programmes de subventions disponibles. Par l’entremise de notre offre clé en main et de notre solide expertise en implantation de technologies propres, nous abolissons aujourd’hui les barrières et permettrons à nos clients d’acquérir des installations de pointes nécessaires à la décarbonation de notre économie », avait alors déclaré Michel Méthot, directeur général de la SOFIAC.

LE SECTEUR PRIVÉ AU COEUR DE L’ENJEU CLIMATIQUE

Pierre Langlois est-il optimiste face aux enjeux climatiques? « Nous sommes déjà dans la catastrophe. L’enjeu, c’est de mitiger les impacts. Et à mes yeux, oui il y a de l’espoir et c’est du côté du secteur privé qu’il faut le voir. C’est le secteur privé qui va nous sauver, pas les gouvernements! »

« C’est le secteur privé qui va nous sauver, pas les gouvernements! »

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Détails sur les réalisations et stratégies de développement durable d’ADMhttps://developpementdurable.admtl.com/.

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