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L’autre « évasion »… devrait aussi nous préoccuper

Avec les « Panama papers » l’humanité est aux abois et chasse joyeusement les abuseurs de la fiscalité des nations, les profiteurs de paradis fiscaux de par le monde. Des milliers de cachottiers sortent du sac. En France, le président François Hollande, se réjouit de l’éventuel nouvel entrée d’impôts dans son budget. L’Islande vit la chose davantage comme une crise, son premier ministre s’est retrouvé sur la sellette et sa tête est tombée!

Une bonne trentaine de pays sont encore bien pointés du doigt par la communauté internationale comme étant des mauvais joueurs en maintenant de véritables systèmes opaques facilitant l’évasion fiscale; permettant ainsi aux plus riches de la Terre (individus, comme entreprises) de cacher leurs revenus et d’éviter l’impôt national.

Des milliards de $ évitent ainsi de contribuer à la distribution collective de la richesse mondiale, à la gestion publique de la vie en société, État par État. Leur maintien dans la sphère privée de la vie économique encourage notamment le banditisme, le marché noir et aussi le terrorisme.

L’AUTRE ÉVASION

Le hasard aura voulu que la révélation internationale, via une source documentaire opérant au Panama, de toute cette information se fasse qu’avec quelques jours de décalage avec un sommet sur les armes nucléaires tenu à Washington. Rendez-vous ayant rassemblé plusieurs chefs d’État, dont Barak Obama. Incidemment, chef d’État et des armées de la première puissance mondiale des temps présents…

Hors, personne n’a trouvé à redire des sommes que le domaine militaire engouffre annuellement. De l’argent bien public ici. Des milliers de milliards de $ annuellement. Des choix politiques d’allocations de ressources facilement renouvelés.

Un chroniqueur du quotidien Le Soleil, de Québec, nous aura appris que les États-Unis, détenteur d’une vingtaine de tonnes de plutonium, préféreront probablement plutôt les entreposer très loin sous terre, que de les recycler en combustible pour les centrales nucléaires civiles, question d’une part de coût, et aussi de les garder disponibles… au cas ou!

Il n’est pas malaisé dans le présent contexte de percevoir les gros budgets militaires des nations du monde comme un autre mécanisme d’évasion, par rapport aux lourdes charges fiscales que les citoyens doivent supporter pour faire fonctionner la société.

Vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, la fin de la guerre froide, la militarisation de l’économie mondiale est-elle encore aussi nécessaire? N’entretenons-nous pas à l’excès un système du passé? Alors que c’est le climat de la Terre qui se réchauffe, aucunement le risque de guerres massives, ne faudrait-il pas davantage désarmer les cheminées polluantes de la Chine et d’ailleurs, plutôt que de maintenir des armes nucléaires certainement encore en surnombre?

L’ESPOIR VENU DU CANADA

Le jeune gouvernement du premier ministre Justin Trudeau, qui vient de présenter son premier budget, a fait un geste encourageant, le mois dernier, en annonçant dans ledit budget le report des achats visant le renouvellement des équipements militaires du Canada. Des milliards de $ que le gouvernement précédent avait planifiés, mais qu’une autre vision politique des choses vient d’orienter ailleurs. Vers le revenu des familles pauvres, de la santé publique, de l’environnement…

Imaginons que la tendance devienne mondiale… Pourquoi le Canada a-t-il fait ça en 2016-2017? Qui l’a inspiré? Qui peut-il inspirer?

Qu’est-ce qui empêche vraiment l’humanité d’avoir des pays qui décident collectivement, par traité, de tous couper de moitié leur budget militaire avec l’année précédente et de passer à plus urgent? D’investir ainsi les sommes libérées à la construction d’un monde meilleur.

En passant, les universités nous apprennent que le terrorisme n’est jamais vaincu par des armes. La piste de solution est ailleurs.

Claude Béland devant le Club économique de Québec

Après une longue entrée en matière partant de l’émergence de l’éveille économique des Canadiens français à partir de 1760, en passant par l’appel d’Étienne Parent de 1846, du « Modèle québécois » de l’après 2e G-M et du contexte présent, l’ex président du Mouvement Desjardins, Claude Béland, a souhaité l’émergence d’un nouveau monde économique.

Devant une quarantaine de membres du Club économique de Québec rassemblés pour un lunch-conférence le 31 mars 2016, à Québec, l’homme qui refuse de prendre sa retraite à 86 ans a constaté plus que jamais, exemples à l’appui, que :

« Le monde bancaire est fait pour ceux qui ont de l’argent (…) Ce n’était pas l’approche de Desjardins à sa fondation ».

Rappelant les cinq « révolutions » qu’il aura vécu, lui né en 1932 :

  • La révolution de TI ;
  • La révolution des moyens de production (mécanisation-robotisation) ;
  • La révolution de la spéculation (depuis la fin de l’étalon or en 1973) conduisant à l’explosion du crédit et de l’économie de l’endettement ;
  • La révolution environnementale de par la surconsommation ;
  • La révolution qu’il nomme « génétique », avec l’allongement de la durée moyenne de la vie des humains ;

il reste à se questionner à savoir pourquoi le génie humain – si grand par ailleurs – n’arrive pas à créer un système pour bien vivre ensemble, sans guerre.

Son espoir et sa certitude : « Le changement va se faire par la base. » En rappelant comment le Québec a su, à sa manière, trouver une solution à la crise dans les années 1980-90, en créant les Chantiers de l’économie sociale.

« Ça devait durer 2 ans (…) ; on vient d’obtenir une Loi cadre pour mieux poursuivre et appuyer cette démarche. »

Et Claude Béland est-il satisfait de cette Loi cadre du Québec sur l’économie sociale ?

« J’aimerais que les gens s’en servent davantage », nous répondra-t-il avec une moue disons sceptique.

« C’est dommage que madame Leroux (la présidente sortante) pense que le Mouvement Desjardins ce n’est pas de l’économie sociale », prendra-t-il le temps d’ajouter.

Promesses politiciennes : des statistiques encourageantes au Canada

Selon les calculs du Polimètre Trudeau, le tout récent budget – son premier ! – du ministre des Finances du Canada, Bill Morneau, a réalisé 34 nouvelles promesses, 13 entièrement et 21 partiellement. Le Polimètre permet de suivre la réalisation de promesses électorales au Canada et au Québec de manière évolutive.

« C’est un score impressionnant, d’autant plus que les budgets alloués dépassent ce qui avait été promis dans plusieurs domaines, par exemple la culture, les Premières Nations, et la protection de l’emploi, mais au prix d’un dépassement colossal du déficit prévu. La promesse de ne pas dépasser 10 milliards de dollars de déficit en 2016 est donc rompue » explique l’initiateur du Polimètre, François Pétry, professeur de science politique à l’Université Laval et directeur par intérim du Centre d’analyse des politiques publiques (CAPP).

Le Polimètre Trudeau a répertorié 345 promesses de la plateforme du parti libéral. Chaque promesse est classée «réalisée», «partiellement réalisée», «rompue» ou «en suspens». La classification change au fur et à mesure des actions entreprises par le gouvernement. Chaque verdict est appuyé par des citations tirées des communiqués de presse du gouvernement et d’autres sources documentaires officielles ou journalistiques.

Le budget du 22 mars a été l’occasion d’une importante mise à jour du Polimètre Trudeau, un outil en ligne animé par des chercheurs du CAPP de l’Université Laval.

Ces résultats sont accessibles à www.poltext.org/polimetre-trudeau et facebook.com/TrudeauPolimeter

AU QUÉBEC

Le deuxième budget du ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, présenté le 17 mars 2016 à l’Assemblée nationale du Québec, a permis une mise à jour similaire du Polimètre Couillard. Après deux ans au pouvoir, le gouvernement libéral de Philippe Couillard a rempli entièrement ou partiellement 87 de ses 158 promesses, soit 55 %.

Le Polimètre Couillard est accessible à www.poltext.org/fr/polimetre-couillard/.

Les Polimètres Harper et Marois archivés peuvent également être consultés sur le site du projet poltext à www.poltext.org/fr/volet-3-les-polimetres/polimetres-archives.

« Nous croyons que les journalistes et les chercheurs seront intéressés de connaître l’évolution des promesses électorales de Justin Trudeau et de Philippe Couillard d’un point de vue objectif. Nous formons également le souhait que les résultats de nos recherches documentées permettent aux citoyens de faire des choix électoraux basés sur des faits », observe le professeur François Pétry.

Lisa Birch, directrice générale du CAPP, Dominic Duval, doctorant en science politique, Evelyne Brie et Julie Martel, étudiantes à la maîtrise, Camille Girard-Robitaille, étudiante au premier cycle en science politique et le chercheur François Pétry constituent le comité de suivi du Polimètre. Ce dernier est financé par une subvention du Fonds de recherche du Québec sur la société et la culture (FRQSC).

Comment exporter l’eau du Québec ?

L’affaire est très mathématique. Puisque une tonne de céréale équivaut à 1 000 tonnes d’eau, le commerce international des céréales est le moyen le plus efficient d’exporter de l’eau !

Pour le Québec, cette réalité de l’agriculture est doublement intéressante du fait que son territoire est relativement très vaste d’une part et dispose de terres agricoles, et surtout de beaucoup d’eau disponible en second lieu.

Toujours au Québec, un projet d’exportation d’eau en vrac en grand volume avait été étudié par un comité avec participation gouvernementale dans les années 1990. C’est surtout la complexité d’organiser le transport à partir des pétroliers venant d’Afrique du Nord qui avait rendu ce projet trop complexe. Le fait que le pétrole était de propriété différente des bateaux le transportant achoppait particulièrement. L’obligation d’adapter les navires devenait une tâche difficile à justifier auprès de leurs propriétaires.

Charger des poches de blés ou de sarrasins sur des tankers vides devient cependant beaucoup plus simple. Il y a aussi tellement de containers vides qui s’en retour par mer…

Nonobstant les enjeux du transport, avant de penser détourner des rivières et de déplacer des tonnes d’eaux en vrac à travers le monde, pensons donc valeur ajoutée !

Ah oui ! Dernier détail : saviez-vous qu’environ la moitié de ce qui nourrit l’humanité est encore constitué de céréales? Pour environ 230 kilogrammes/par personne/par an.

Lors de la dernière édition de la Journée mondiale de l’eau du 22 mars 2016, le tableau suivant fut diffusé par les agences de l’ONU.

watter day

Urbanité mondiale : comment sauver la Cité ? (part 2/2)

Urbanité mondiale : comment sauver la Cité ? (part 1/2)

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Face à une humanité qui dépasse déjà les 7 milliards de Terriens, avec plus de 3,5 milliards d’urbains; face à un demain proche qui en comptera un total de 9 milliards avant une stabilisation annoncée, comment sauver la Cité ?

Globalement par la maîtrise de l’énergie et un développement à faible entropie. Essentiellement parce que la décroissance n’est pas une option :

« L’humanité peut-elle évoluer sans croissance? Non. C’est tout simplement contre sa nature », analyse Gaëtan Lafrance, p 177, dans Qui peut sauver la Cité?

Pessimiste? Pas en considérant que la bonne nouvelle veut que cette croissance s’effectue de plus en plus dans l’économie virtuelle.

Ce livre récent, écrit avec sa fille, nous rappelle que l’univers urbain a aussi fait ses devoirs face au défi du moment, lors du Sommet mondial des villes et territoires sur le climat, à Nantes, en 2013. Mais la mobilisation planétaire à propos des changements climatiques n’est qu’à ses débuts et la réflexion a encore sa place.

Gaëtan Lafrance est un intellectuel québécois qui a beaucoup analysé et écrit sur les villes du monde depuis 1970. Il a plusieurs livres à son actif. Sa réflexion sur les qualités d’une ville viable est profonde et appuyée. Ses propositions ne sont pas utopiques.

Pour les nouveaux développements urbains, il propose la planification intégrée du transport des personnes, de l’entreposage des marchandises, du transport et de la distribution des marchandises, du choix des modes de transports, de l’aménagement des centres commerciaux; pour les villes existantes, une politique d’harmonisation demeurant très hypothétique, à court terme il penche pour l’implication du pouvoir public dans la planification des transports de marchandises.

Déçu devant le recul du rail, mais quasi résigné… il ajoute comme seconde solution tout le champ de l’amélioration des technologies (motorisation hybride, etc.) pour diminuer le camionnage, triste héritage du just-in-time.

Ensuite, sur la même trame, remplacer le diesel par du biodiesel, de l’éthanol ou du gaz naturel.

Quatre: optimiser les distances origine-destination pour l’ensemble d’une flotte. Trop de camions roulent en partie vides, un tiers selon les chercheurs. Un gaspillage pur. Alors vive la logistique intelligente à la Benoit Montreuil!

« Pour la seule sortie De Mortagne, sur l’autoroute 20, à Boucherville, vers 10h00 lors d’une journée de semaine, nous avons observé une fréquence de 100 camions à  l’heure », dans Qui peut sauver la Cité?

Cette statistique, bien que toute montréalaise, témoigne de l’ampleur du problème du camionnage urbain partout dans le monde.

HABITATION ET ALIMENTATION

Du côté de l’habitation et de la question de la densification de la population, l’enjeu devient encore plus complexe qu’escompté, lorsque les auteurs nous apprennent que les édifices sont proportionnellement énergivores avec leur hauteur. Le condo en gratte-ciel coûte plus en énergie au mètre carré que le petit duplex. Le gain à faire est alors de savoir que le premier citadin n’utilisera pas autant une voiture que celui en duplex de la banlieue.

Du côté de l’alimentation, on apprend que l’urbain doit se soucier de l’énergie GRISE. C’est la quantité d’énergie cachée, correspondant à l’énergie totale consommée tout au long de la durée de vie du produit, de sa production à sa destruction.

Encore et encore des efforts de sensibilisation et de responsabilisation au niveau des individus citoyens.

S’il faut certes se préoccuper de l’avenir des villes, faut-il en avoir peur? N’oublions jamais que l’urbanité permet de mieux rationaliser les ressources. Et qu’un humain trouve mieux à améliorer son sort en ville qu’en milieu rural, et cela avec une entropie plus faible.

Oui l’avenir de l’humanité passe par celui des villes.