La tempête tarifaire signée Donald J. Trump 2025 impose triplement l’instabilité : quand? quoi? combien de temps? La pire crainte du monde des affaires! Au Québec, une analyse des entreprises locales affectées par lesdites taxes fait ressortir des stratégies pour s’en sortir, avec l’appui du citoyen-consommateur. D’autant que la tempête prend des allures d’ouragan : des menaces de tarifs douaniers de 25 % imposés aux PME québécoises en poussent plusieurs à un carrefour critique.
Ces taxes, si elles étaient appliquées, fragiliseraient davantage un tissu économique déjà mis à rude épreuve par la concurrence internationale et une accumulation d’incertitudes géopolitiques. Mais comme cette terre est fertile pour le nationalisme économique, plusieurs trouvent, dans cette crise, une lueur d’espoir dans le soutien massif des consommateurs locaux. Une réaction qui pourrait bien devenir la clé de leur survie et de leur prospérité.
Dans cette crise, ce sont évidemment les secteurs exportateurs du Québec, notamment l’agroalimentaire, la technologie ou le manufacturier, qui deviennent particulièrement vulnérables. À la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, si ces tarifs devaient entrer en vigueur, on s’empresse vite de souligner le lourd poids des conséquences : nos produits deviendraient moins compétitifs sur le marché américain, principal débouché pour nos entreprises.
Mais la réalité serait encore pire, car à la hausse des prix pour les consommateurs aux États-Unis, il faut aussi ajouter la pression sur les marges et les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement transfrontalières comme autant de défis immédiats.
Face à tant de menaces, les PME québécoises ne doivent pas se résigner, et plusieurs de leurs dirigeants mobilisent leurs forces, innovent et, surtout, comptent sur un allié inattendu : le citoyen-consommateur. Parce que selon une étude récente, 86 % des Canadiens, mais 90 % des Québécois, considèrent qu’il est crucial – oui CRUCIAL! – de soutenir les petites entreprises locales. Et la majorité des consommateurs sont également prêts à faire un effort supplémentaire pour privilégier l’achat local. Étant motivés par le désir de soutenir leur communauté, de préserver des emplois et de renforcer leur autonomie économique.
Faut-il voir ce mouvement citoyen comme un simple acte de solidarité? Comme une réaction, passagère, qui ne durera pas? C’est ici qu’il importe que le chef d’entreprise perçoive bien ce mouvement citoyen, pour en faire une véritable stratégie de résilience pour nos PME. Il doit faire passer le message! En achetant local, les consommateurs participent à la création d’un cercle vertueux : ils contribuent à la stabilité économique de leur région, à la diversification des marchés et à la réduction de la dépendance aux marchés américains.
Un bon exemple, les marques de certification « Les Produits du Québec » jouent un rôle essentiel dans cette dynamique, en rassurant les consommateurs sur la provenance et la qualité des produits.
Trois marques de certification sont délivrées par LPDQ: Produit du Québec, Fabriqué au Québec et Conçu au Québec. En date du 10 mai 2024, plus de 160 manufacturiers ont obtenu l'une de ces trois marques, pour un total de plus de 64 000 produits certifiés. |
Les initiatives gouvernementales peuvent aussi renforcer cette tendance. En mai 2024, à la suite d’un appel de projets lancé à l’automne 2023 pour promouvoir l’achat local partout au Québec, le Gouvernement du Québec a sélectionné 26 initiatives, auxquelles il accordait des aides totalisant plus de 9,2 millions de dollars. L’une d’entre elles, à réaliser par le Regroupement des Sociétés de développement commercial du Québec (RSDCQ), recevait ainsi 440 400 $, dans le cadre du volet A, pour promouvoir les produits vérifiés par LPDQ par l’entremise d’un programme numérique de fidélisation des consommateurs.
RÔLE CLÉ DES CONSOMMATEURS
Les citoyens-consommateurs jouent donc un rôle de levier dans la résilience des PME face à la hausse des coûts et à l’incertitude économique engendrée par d’importants tarifs douaniers. Et une majorité (66 %) font déjà un effort conscient pour privilégier ces commerces, plutôt que les grandes chaînes ou les plateformes en ligne internationales.
Le message à bien faire comprendre est celui d’une boucle vertueuse. En soutenant leurs commerces de proximité, les citoyens contribuent à maintenir la demande intérieure, à préserver des emplois et à limiter l’impact négatif des mesures protectionnistes externes. Et cette mobilisation citoyenne va au-delà du simple acte d’achat : elle encourage une relocalisation des circuits de production, favorise l’innovation locale et stimule la création d’emplois. En de telle période d’incertitude, la demande croissante pour les produits locaux peut aussi inciter les PME à diversifier leurs marchés, à investir dans des pratiques plus durables et à renforcer leur compétitivité face aux défis internationaux.
Finalement, la conscience collective autour de l’achat local s’inscrit dans une stratégie globale de souveraineté économique. En favorisant les produits locaux, les consommateurs participent activement à la réduction d’une dépendance aux marchés étrangers autant qu’à la consolidation d’un tissu économique résilient.
CRÉER DES « BOUCLES VERTUEUSES »
Selon une étude de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), chaque dollar dépensé dans une PME locale redistribue environ 0,66 $ dans l’économie régionale, contre seulement 0,11 $ lorsqu’il est investi dans une multinationale. Ce puissant phénomène de « boucle vertueuse » permet de soutenir directement la stabilité et la croissance des entreprises, en créant aussi un effet d’entraînement bénéfique pour l’ensemble du marché du travail.
Mais il y a moyen d’être très précis afin de donner une image convaincante de ce que peut représenter un mouvement fort d’achat local. Dans son texte d’opinion d’expert invité que publiait Les Affaires, le vice-président à la recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada (BDC), Pierre Cléroux, met des chiffres très faciles à comprendre : « En 2024, le Canada a importé des biens de consommation américains d’une valeur totalisant 157 milliards $, soit environ 330$ par personne par mois. Or, si chaque personne au pays remplaçait seulement 25$ d’achats mensuels de produits importés par 25$ d’achats de produits canadiens (donc 100$ par mois pour une famille de 4 personnes), cela pourrait ajouter 0,7% à la croissance du PIB canadien cette année. »
« Le remplacement de produits américains par des produits canadiens, dans de telles proportions, entraînerait en effet une baisse de 7,5% des importations de biens de consommation, ou l’équivalent de 12 milliards $, qui seraient alors injectés directement dans l’économie d’ici. Sans compter qu’une telle portée permettrait du même coup de créer 60 000 emplois », continue M. Cléroux.
Wow! Ajouter 0,7% à la croissance du PIB annuel par une simple substitution de 25 $ d’achats par mois! Ces chiffres illustrent à quel point la relance d’une économie peut passer par une mobilisation collective en faveur des producteurs, artisans et commerçants locaux.
Une telle pédagogie économique vise à soutenir la résilience des chaînes d’approvisionnement et à encourager la consommation de produits locaux, contribuant ainsi à la souveraineté économique du Québec. Les PME québécoises, conscientes de leur importance pour l’économie locale, savent qu’elles ne peuvent pas compter que sur des mesures d’aide financière ou sur la diversification de leurs marchés. Leur véritable force réside pour beaucoup dans la solidarité de leurs communautés. D’autant plus si elles s’activent en conséquence et construisent cette force. Elles doivent faire passer le message… En choisissant d’acheter local, chaque citoyen devient un acteur de cette résistance économique, un partenaire dans la construction d’un avenir plus autonome et durable pour le Québec. Pavant même les chemins d’un Québec plus écologique…
Car dans un contexte marqué par la menace de taxes punitives, l’achat local s’affirme comme un acte de résistance et de soutien permettant à nos PME de continuer à innover, à créer des emplois et à renforcer leur compétitivité, tout en affirmant leur identité face à la pression extérieure. Ce contexte s’avère même une occasion idéale de faire avancer plus rapidement la transition vers une économie circulaire, afin qu’ensemble nous bâtissions la résilience économique du Québec.