Leader en photonique Doric Lenses pourrait vivre une année exceptionnelle en 2006 2006-01-18 Par Daniel Allard Comment une entreprise qui fabrique de si petits produits de l'industrie de la photonique peut-elle avoir décidé de s'installer dans un si gros bâtiment du Parc technologique du Québec métropolitain? Cette question vient logiquement à l'esprit lorsqu'on arrive à la nouvelle adresse de Doric Lenses, au 357 rue Franquet, juste voisine de l’INO. Cette interrogation devient encore plus troublante lorsqu'on apprend que l'entreprise n'a en fait pas complètement déménagé, que l'ancienne adresse, à quelques kilomètres de là, garde toujours ses fonctions de production: « J'ai acheté cet édifice en 2004 et nous y sommes installés depuis avril 2005 (l’équipe d'ingénierie, les laboratoires de R/D, ainsi que le personnel administratif y ont été relocalisés). Cet édifice du parc technologique – construit initialement pour le défunt Institut du magnésium - m'intéressait d'abord pour des raisons de visibilité, mais aussi pour me rapprocher de nos clients et de nos fournisseurs. Pour l'instant, nous ne l'utilisons qu’à 50% et y réalisons des opérations d'assemblage, mais nous sommes prêts pour l'expansion. J'ai aussi l'intention d'en faire un centre de distribution », explique le fondateur et unique propriétaire de l'entreprise, Sead Doric. Même si le brevet acquis de l'Institut national d'optique (INO) pour lancer son entreprise, il y a maintenant un peu plus d'une décennie, lui permet toujours de réaliser environ 30% de son chiffre d’affaires, les années lui ont permis de développer une importante clientèle lui demandant divers services d’expertise et d'assemblage. Tellement que ses opérations à titre de sous contractant dépasse maintenant les revenus des fameuses diodes lasers, une micro-lentille cylindrique à gradient d'indice si performante qu’elle lui apporta rapidement une renommé mondiale (dès 1995, le magazine Lasers&Optronics le classait parmi les 10 meilleurs produits de l'année, le primant Technology Award Winner). Il reste donc dominant dans le monde des diodes, avec un seul concurrent, basé à Dortmund, en Allemagne, du nom de LIMO Lissotschenko Mikrooptik GmbH, une entreprise de 220 employés, fondée en 1992, qui possède aussi des bureaux à Atlanta, au Japon et en Chine, avec qui il se partage l'essentiel du marché mondial.
Mais inspiré par la croissance rapide des services de production et d'assemblage en électronique, Sead Doric rêve maintenant à un développement exponentiel de ses affaires en offrant un service équivalent pour les systèmes photoniques. L'ingénieur et homme d'affaires est habitué à la croissance. Sa compagnie a toujours été en situation de croissance, hormis le contexte du début des années 2000 : « En 2001, nous avions 34 employés. L'année 2002 a été la seule où nous avons subi une perte. Dès 2003, la croissance est revenue. Et pour 2005, on parle de 25% de croissance du chiffre d'affaires », récapitule-t-il. Bref, les affaires vont bien. Il vient d'ailleurs d'acheter pour 130 000 $US d'équipements ultra spécialisés : un profilomètre PGI-840 de Taylor-Hobson, grâce auquel la compagnie améliorera la qualité de ses lentilles et, sur demande, fournira les certificats pour les profils de ses lentilles. L’équipe fait en tout 25 personnes, dont 7 ingénieurs. Et il dit par ailleurs ne pas souffrir de la recherche de ressources humaines spécialisées à Québec. Alors pourquoi ne retrouve-t-il que des Allemands comme concurrent sur ce marché prospère? « Les autres sous-estiment la valeur des lentilles diodes », explique-t-il tout simplement. Lui, cependant, n’a pas manqué de réaliser que d'être sous contractant en la matière, c’est très payant : « Ça représente 40% de notre chiffre d'affaires actuelle », précise calmement Sead Doric, en donnant l'exemple d'une tête pour tester des disques durs avant de les installer dans leur boîtier qu'il a eu récemment à réaliser. C’est finalement en lui demandant que sera son entreprise dans cinq à dix ans, que l’ampleur de la vision d’affaires de l’entrepreneur se révèle clairement : « Je veux imiter le concept des « contract manufacturing » en électronique. Avant, l'optique, c'était des petits prototypes, en petites quantités. Moi, j'ai choisi de faire dans la sous-traitance. Un contexte qui en plus des délais de livraison très courts, demande un inventaire capable de répondre rapidement à la demande (…) Ma vision tient en trois points: me solidifier dans les composantes spéciales (que les Chinois ne font pas) ; développer le marché de l'assemblage photonique (qui va exploser, prévient-il) ; enfin, offrir notre expertise en « supply chaine management » pour tout ce qui concerne la distribution ». Une image comme une autre, Sead Doric se plaît à dire : « Nous allons faire comme Digi-Key Corp. en électronique » ! C’est donc ici que l’on reconnaît l'idée qu'avait en tête ce concepteur de produits photoniques souvent gros comme un cheveux, en faisant l'acquisition de l’imposant immeuble du Parc technologique, qu’il a d’ailleurs acheté tout à fait seul, en donnant facilement en garantie son autre bâtiment, qui était déjà complètement payé ! 2006 : UNE GROSSE ANNÉE D’EXPANSION Il y a d’ailleurs déjà longtemps que l’entreprise élargit sa gamme de produits : on parle évidemment de lentilles (sphériques, acylindriques, asphériques ou cylindriques), mais de prismes, beam-splitters, coins optiques, lames, filtres et miroirs, de tiges cylindriques, lentilles GRIN cylindriques, collimateurs pour fibre optique, axicons et autres modules DEL - fibre optique. Le plus récent produit : des étalons Fabry-Perot - fibre optique ! Seul maître à bord de son navire, Sead Doric chérit l’indépendance d’action que lui donne sa position de propriétaire unique. Y a-t-il un rapport ?... il n’est pas du genre à chercher mille et un programmes de subvention. Pas friand des programmes gouvernementaux, la seule initiative du genre qu'il évoque est l’aide de Développement économique Canada, soit un prêt de 300 000 $ avec congé d'intérêt pour trois ans, obtenu pour de l'achat équipement. Rien d’autre ! En maintenant une décennie en affaires. Chapeau ! Sead Doric fait ses affaires comme lui l’entend : « Je dors très bien! », lance-t-il en fin d’entrevue, avec un regard paisible. LE RÊVE DE LA « Fused-silica Valley »... UNE DÉCENNIE PLUS TARD ! « (…) je pense que c'est
Fait à Québec le 18 janvier 2006. |
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