Archives de catégorie : Mondialisation

Savez-vous qui a mis 97 milliards de $ dans son économie verte en 4 ans ?

Non, ce n’est pas le Canada, malheureusement! L’étude « Green growth in motion : Sharing Korea’s experience », du Global green growth institute, qui date de 2011, montre comment la Corée du Sud, par des investissements publics de 97 milliards $ dans l’économie verte entre 2009 et 2013, compte susciter un potentiel de création de 11,8 à 14,7 millions emplois d’ici 2020.

Il ne s’agit heureusement pas d’un cas d’exception. D’autres politiques vertes peuvent mener à des créations d’emplois significatives, selon des études provenant de plusieurs autres pays.

Australie : Mise en place du « facteur 4 », qui s’entend par doubler la valeur des produits tout en divisant par deux la quantité de ressources utilisées : potentiel de création de 3,3 millions emplois.

Afrique du Sud : Énergie peu carbonée, efficacité énergétique et meilleure efficacité d’utilisation des ressources : potentiel de création de 462 000 emplois.

États-Unis : Généralisation de la déconstruction en lieu et place de la démolition : potentiel de création de 200 000 emplois.

Suède : Efficacité de la matière, efficacité énergétique, énergies renouvelables : potentiel de création de 100 000 emplois.

Pays-Bas : Report de la fiscalité du travail vers les ressources (The Ex’tax Project 2014) : potentiel de création de 650 000 emplois.

 

L’OMC a 20 ans: «Regards critiques sur un système en constante évolution»

affiche_colloque_omc_web_thumbnailQuoi de mieux qu’un colloque pour faire le point sur un sujet complexe… « Vingt ans de droit de l’OMC : Regards critiques sur un système en constante évolution » est le thème de celui qui se tiendra à l’Hôtel Château Laurier de Québec, du 17 au 19 septembre 2015. Ce colloque international est organisé par le Centre de droit international et transnational (CDIT) de la Faculté de droit de l’Université Laval.

En 1995, naissait l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avec l’entrée en vigueur des accords du Cycle d’Uruguay. Depuis, malgré les difficultés que connaissent les négociations commerciales multilatérales, le droit de l’OMC n’a jamais cessé de se clarifier, de se renforcer et de se raffiner et ce, notamment grâce à la production jurisprudentielle de l’Organisme de Règlement des Différends.

Preuve du dynamisme – et/ou des enjeux ? – de ce qui était auparavant le GATT, il n’aura fallu que cinq années pour qu’elle s’entende avec la Chine communiste. En novembre 2001, lors de la 4e rencontre ministérielle de l’OMC, à Doha, la Chine y adhérait officiellement (et nous étions sur place, voir : LA CHINE ENTRE À L’OMC: QUI CHANGERA QUI?)

Regards critiques

Le colloque vise à dresser un bilan des 20 premières années d’existence de l’OMC et de l’évolution de son droit. Son programme est articulé autour de grands thèmes liés au champ d’application des accords de l’OMC, aux principales fonctions de l’Organisation, à son rôle dans la gouvernance mondiale et aux défis auxquels elle est confrontée.

Des conférences portant sur la création de l’OMC, sur le rôle de l’Organe d’appel et sur le passé et l’avenir de l’OMC compléteront les thèmes de six panels :

  • la place du droit de l’OMC dans le droit international public
  • le règlement des différends
  • la prise en compte des valeurs non marchandes
  • le développement
  • le régionalisme
  • les chantiers inachevés de l’OMC

Avec maintenant pas moins de 160 États Membres, tout débat sur les enjeux auxquels l’OMC se trouve confrontés est toujours important. À ce rendez-vous de Québec, on tentera de formuler des propositions en vue d’apporter une contribution à l’évolution du système commercial multilatéral.

Bel aspect de la chose, la présidente d’honneur est une femme originaire de Québec, mais depuis des années à l’emploi de l’OMC. Mme Gabrielle Marceau est maintenant conseillère à la Division des affaires juridiques de l’OMC, en plus d’agir comme professeure à la Faculté de droit de l’Université de Genève et de présider la Society of International Economic Law (SIEL).

———————–

COLLOQUE: « Vingt ans de droit de l’OMC : Regards critiques sur un système en constante évolution »

Consultez le programme préliminaireEnglish version.

COLLOQUE: « Vingt ans de droit de l’OMC : Regards critiques sur un système en constante évolution »

Consultez la thématique, la description et les notices biographiques des organisateurs.

Accord Canada-UE : un gain de 1,4 G$ pour les produits canadiens d’ici 2022

Les exportations de produits du Canada vers l’Europe devraient augmenter de 1,4 G$ d’ici 2022 en raison de la réduction des tarifs douaniers au titre de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (…) et l’agriculture, les aliments et boissons et les produits chimiques seraient les principaux secteurs bénéficiaires de l’abolition des tarifs.

Toujours selon cette nouvelle publication du Conference Board du Canada, intitulée Stronger Ties: CETA Tariff Elimination and the Impact on Canadian Exports (Des liens renforcés : Impact de l’élimination tarifaire prévue par l’AECG sur les exportations canadiennes [résumé en français seulement]), il ne faudra pas qu’attendre les baisses de douanes pour bien profiter de l’Accord.

Mais les attentistes y gagneront peu!

 « Bien que l’élimination des tarifs douaniers applicables aux produits soit généralement la caractéristique la plus évidente de tout accord de libre-échange, cela ne représente qu’une facette de l’AECG. Les secteurs d’activité et les entreprises du Canada ne retireront que des avantages modestes de l’entente s’ils restent passifs et attendent que la baisse des tarifs stimule leurs ventes », commente Danielle Goldfarb, directrice associée, Centre du commerce mondial, qui a produit l’étude.

Le poids d’un tel avertissement se fonde sur le fait que les principaux avantages de l’AECG « proviendront sans doute de la réduction des barrières non tarifaires et de la libéralisation du commerce des services », poursuit madame Goldfarb. Ce qui signifie que les entreprises qui innovent de façon proactive et adaptent leurs offres au gigantesque marché de l’UE profiteront beaucoup plus de l’Accord.

Pourquoi cet Accord est important…

  • L’UE est un marché de plus de 17 trillions $, avec des clients à hauts revenus.
  • Le Canada doit diversifier ses marchés et si les exportations de marchandises du Canada vers l’UE ont totalisé environ 33 G$ en 2013, il faut remarquer que les pierres précieuses et les métaux (dont les perles, les pièces de monnaie et les bijoux) ont représenté environ 10 G$ de ce total, presque le tiers.
  • Les entreprises canadiennes paient déjà des tarifs relativement faibles sur les exportations vers l’UE, mais les tarifs douaniers demeurent élevés dans des secteurs tels que ceux des aliments, des boissons et du tabac (9 %), des véhicules et des pièces automobiles (6,5 %), de l’agriculture (près de 5 %), et des produits chimiques, du caoutchouc et des matières plastiques (près de 5 %).

(tous les chiffres sont en dollars de 2007).

L’élimination des droits de douane n’est qu’une facette de l’AECG. Les barrières non tarifaires, par exemple les règlements, l’essai de produits, les exigences en matière d’étiquetage et de certification peuvent être encore plus restrictives à l’égard du commerce et des investissements. Un autre rapport du Conference Board intitulé Réservé aux innovateurs : Entreprises canadiennes et exportation vers l’UE : quelques constats en fait état en détail.

L’Europe est un marché très concurrentiel. Les entreprises réussiront dans l’UE si elles lancent sans cesse de nouveaux produits et adaptent leurs offres aux différents marchés de la région.

Pour bien s’y préparer, il est de bon conseil de se rapprocher du Centre du commerce mondial qui vise à aider les dirigeants canadiens à comprendre les transformations économiques et leurs implications pratiques. Ayant à son actif plus de 50 publications qui s’appuient sur des données probantes et sont lues par un large public, le Centre fait la promotion de solutions documentées pour améliorer la performance commerciale du Canada partout dans le monde. Les membres du Centre, qui proviennent tant du secteur privé que du secteur public, se réunissent périodiquement pour se renseigner sur les nouvelles recherches, les nouvelles politiques et les nouvelles perspectives commerciales.

Suivez le Conference Board du Canada sur Twitter

Changements climatiques : entrer en « concernement »!

Ils seront plusieurs politiciens d’ici décembre 2015 à « faire du millage » sur la question des menaces planétaires qui découlent des changements climatiques. Le grand rendez-vous de Paris pour la conférence COP21 * commande la mobilisation. Pour un temps ou pour le restant? La véritable question c’est : Y aura-t-il un véritable après?

 Le climato-scepticisme n’a presque plus d’effet, la très large majorité des scientifiques de la planète reconnaissent maintenant que l’action humaine influence significativement le climat de la Terre. Mais après? Et après? Outre aux infos une nouvelle catastrophique d’un déluge, d’un ouragan classe 5, d’une tornade de même type, par-ci, par-là, à travers le monde, en quoi le changement climatique annoncée change-t-il quotidiennement nos vies individuellement? En tout cas pas trop pour nous pousser à la mobilisation. Voila pourquoi il faudrait tous nous voir entrer en « concernement ».

Concernement? L’expression fut entendue de la bouche de Florence Rudolf, pendant la conférence qu’elle avait prononcée à l’Université Laval en avril 2012 et qui portait beaucoup sur l’éthique en environnement.

Entrer en « concernement »… c’est quelque chose comme se sentir véritablement concerné, comme pour établir une différence dans la mobilisation, agir avec conscience et solidairement. Effectivement, n’est-ce pas la première étape, afin de s’impliquer…

La chercheure universitaire y était allée de quelques suggestions qui demeurent tout à fait pertinentes.

Éco-quartier ou éco-citoyens?

Par exemple, vaut mieux des éco-citoyens partout dans une ville, que quelques éco-quartiers habités trop souvent par de faux éco-citoyens qui s’achètent une image au passage… Des cas d’éco-quartiers qui ne fonctionnent pas c’est navrant. Elle avait cité Hanovre, en 2000. Par ailleurs, le recyclage c’est bien, la sobriété c’est mieux parce que épargner la consommation des ressources est un « must » éthique. Effectivement, vous pouvez super-consommer en super-bio!

Outre l’auto-limitation volontaire, il faut affirmer une nouvelle éthique d’épargne et de sobriété, d’économie écologique, qui dépasse l’économie strictement monétaire. On doit favoriser l’économie d’usage face à une économie de propriété trop consommatrice. Et ici l’auto est le plus bel exemple.

L’auto-partage, c’est bien plus éthique que l’auto-MOBILE-immobile dans son stationnement.

De la précaution… au refus du statu quo

Il faut également développer une éthique particulière face à ce que nous ne connaissons pas encore. Ici on parle du fameux principe de précaution. Et pas n’importe comment, que défensivement. Face à une menace d’irréversibilité, il ne s’agit pas toujours de décider de ne rien faire. La complexité de nos systèmes commande de penser bien au-delà.

L’heure est aux transformations collectives et significatives. Ne nous trompons pas, ne viser que le 2 degrés celcius d’augmentation au niveau mondial n’est pas une bonne assurance. Le statu quo transforme déjà catastrophiquement notre monde. Et les scientifiques sont inquiets. Jasez avec eux et vous le découvrirez. Nourrissez votre « concernement »!

* COP21 : Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, Paris, 30 novembre au 11 décembre 2015.

FlorenceRudolfjpg

Balayer l’océan pour recycler le 7e continent

On ne vous parle pas ici d’un récent film de science-fiction venu directement de Hollywood. Quoi que l’affaire n’est pas tellement loin de la Californie! Le 7e continent existe véritablement. Il est dans le Pacifique Nord. Oui, le Pacifique Nord supporte un « continent de plastique » rendu de la grosseur de six fois la superficie de la France. On peut certainement convenir ici qu’il y a un problème.

Grâce aux études du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) on sait plus précisément que 13 000 résidus de plastique flottent PAR KILOMÉTRE CARRÉ dans le plus grand océan du globe.

De 79 000 années à maintenant 10 ans!

On part de loin avec le problème du 7e continent. La prévision du chercheur Charles Moore est que 79 000 années seront nécessaires afin de faire disparaître « les vortex de déchets » dans le Pacifique Nord.

Un audacieux innovateur et entrepreneur, Boyan Slat, affirme maintenant pouvoir nettoyer tout ça pour une large part en 10 ans.

La beauté de son audace est qu’en juin 2014 une étude de faisabilité impliquant une centaine de scientifiques démontrait le réalisme de son concept. C’est sa présentation TEDx faite en 2012 qui a fait décoller son initiative avec le premier 100 000 $ amassé ensuite à partir d’une campagne de crowdfunding (sociofinancement). Il en serait rendu à 2 millions $, selon le magazine Inspiro. Un United Nations Champions of the Earth Award est venu s’ajouter depuis. Boyan Slat a abandonné ses études universitaires et fondé The Ocean Cleanup en 2013 pour travailler à appliquer son concept dont la force est sa passivité. Oui, passivité!

« Pourquoi mettre des filets dans l’océan si celui-ci peut venir à nous? » demande humblement Boyan Slat.

Le jeune néerlandais Slat a dû avoir une précédente vie en Chine, car il veut faire advenir une solution en profitant sagement des forces de la nature. Il ne le sait peut-être pas, mais ce qu’il a imaginé est en tout conforme à la philosophie de la Chine ancienne d’aborder le monde. Il tente en effet de nettoyer la mer grâce à de multiples barrières flottantes tout simplement tirées par le vent et les courants naturels. Pas de flottes de navires-usines… uniquement des petits barrages tout aussi flottants que leurs cibles, mues par la force des courants marins, avec mission de balayer l’océan.

En fait le concept est encore plus simple, car il ne nécessite pas l’étape du balai, mais lance en mer un immense porte-poussière autonome qui dérivera du large vers les côtes avec sa charge de morceaux de plastique. En multipliant de tels barrières flottantes, un effet entonnoir récoltera les microrésidus de plastique sans nuire au plancton ni aux poissons.

Il sait déjà que les petits morceaux de plastique sont 40 fois plus présents que les gros en mer. Il faut donc les retirer vite des océans et la solution qu’il a imaginé semble de plus en plus crédible.

Il sait aussi qu’il pourra transformer le plastique récupéré en carburant, voire mieux en de nouveaux matériaux.

Mettre au large un tel dispositif aura encore son lot de défis techniques, tout comme le souci de la protection de la vie sous-marine. Le jeune entrepreneur devrait peut-être aussi partager les risques et profits, par le lancement d’une société en Bourse avec du capital-action ouvert qui donnerait à l’humanité entière l’occasion de participer à la résolution d’un méga problème qu’elle a collectivement créée.

About 8 million tons of plastic enters the ocean each year (Jambeck et al., 2015). Part of this accumulates in 5 areas where currents converge: the gyres. At least 5.25 trillion pieces of plastic are currently in the oceans (Eriksen et al., 2014), a third of which is concentrated in the infamous Great Pacific Garbage Patch (Cózar et al., 2014).

Et une fois le « 7e continent » totalement recyclé, sachez qu’il restera sans doute une bonne part des 89 000 000 000 – oui 89 milliards* – de bouteilles d’eau en plastique vendues annuellement sur Terre à récupérer et recycler dans toutes les mers du monde. L’esprit créatif de M. Slat pourra rendre service encore longtemps.

planetoscope.com

theoceancleanup.com