Archives de catégorie : Finance

Souhaitons-nous une finance « positive » !

La traçabilité est vraiment rendue partout. En France, la demande croissante pour une meilleure traçabilité des placements financiers aura poussé un groupe de travail, présidé par Philippe Zaouati, au sein du think tank la Fabrique Écologique pour le développement d’une finance au service de la transition énergétique, à réfléchir à une manière d’obtenir le label « économie circulaire » pour les produits d’épargne.

Le fruit de cet effort de réflexion ? On propose six critères qui pourraient appuyer ladite labellisation. Un produit d’épargne « économie circulaire » devait alors :

  • Afficher une « intention » de recherche d’impact sur l’environnement ;
  • Respecter des critères d’écoconditionnalité ;
  • Utiliser une méthodologie reconnue de mesure de matérialité ;
  • Déployer un processus d’investissement compatible avec l’objectif d’impact environnemental ;
  • Produire des bilans transparents à destination des investisseurs ;
  • Afficher leur impact sur l’économie circulaire en étudiant les retombées ex post du produit.

Agir sur les signaux de marché

Développer une économie circulaire c’est aussi agir sur les signaux de marché pour l’ensemble de la consommation. Ici c’est l’État qui peut modifier des incitations par les prix et l’allocation des taxes.

Pour ne pas pénaliser l’économie circulaire, l’introduction d’une fiscalité durable compte sur deux fondements :

  • Ne pas imposer les ressources renouvelables, Y COMPRIS la main-d’œuvre, mais taxer exclusivement la consommation de ressources non-renouvelables ;
  • Ne pas demander de taxe sur la valeur ajoutée sur les activités préservant la valeur (stock), mais seulement sur l’activité de valeur ajoutée (flux).

Oui, une économie circulaire commande de ne pas taxer la main-d’œuvre. Or, les économies développées sont encore loin du compte : les taxes environnementales représentent à peine 4% des prélèvements totaux en France (la moyenne dans l’Union européenne étant de 6%) contre 52% pour le travail.

Une telle fiscalité favorisera de plus l’innovation et l’adoption de technologies moins consommatrices d’énergies fossiles ou en procédés polluants, et plus intensives dans les facteurs dont le coût aura ainsi été allégé, notamment la main-d’oeuvre.

Une étude réalisée au Pays-Bas (The Ex’tax Project) montre qu’une fiscalité plus « économie circulaire », et SANS augmentation des prélèvements totaux, permettrait de générer 650 000 emplois dans ce pays, tout en répondant aux défis environnementaux actuels.

En fin de course, si l’État veut inciter à la récupération, il faut savoir qu’une étude comparative menée par la Commission européenne a établi que le coût d’enfouissement minimum permettant d’atteindre un taux de recyclage de l’ordre de 50% est de 100 euros par tonne de déchets.

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Qu’espère la New Development Bank: Clinton ou Trump ?

Le banquier indien K.V. Kamath qui préside la « nouvelle banque de développement », la New Development Bank (NDB) selon son sigle anglais, ne répondrait pas à la question de savoir si les fondateurs de ce nouveau bailleur de fonds multilatéral des pays du BRICS souhaitent plus l’élection de l’un ou l’autre des candidats Clinton et Trump pour le vote présidentiel de novembre 2016 aux États-Unis. Mais on peut tout de même poser la question !

Car l’existence de ce nouveau joueur dans l’économie mondiale est une première dans un tel contexte. Les cinq pays membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui représentent environ 40 % de la population mondiale, avaient décidé en 2013 de la fondation de cette nouvelle institution financière, en dotant l’instrument  d’un capital de 100 milliards $US. Inaugurée officiellement le 15 juillet 2014 à l’occasion du sommet des BRICS tenu à Fortaleza au Brésil, son démarrage n’est intervenu qu’en juillet 2015, soit deux semaines après le sommet des BRICS organisé en Russie, à Oufa, sous l’égide du président Vladimir Poutine. Installé à Shanghai depuis février, c’est en avril de cette même année 2016 que furent enfin annoncés les premiers prêts du nouveau bailleur de fonds multilatéral : 811 M $US pour quatre projets d’énergie renouvelable, au Brésil, en Inde, en Chine et en Afrique du Sud.

bricsgenesishead

Fondée en tant qu’alternative à la Banque mondiale (BM) et au Fonds monétaire international (FMI), la NDB souhaite investir 10 milliards $US dans les cinq prochaines années, selon les dires récents de son président indien. Une somme tout de même appréciable.

Et ce n’est pas sans critiquer ouvertement le milieu de la grande finance mondiale que la New Development Bank arrive sur le terrain. Son site internet ne se gêne pas pour analyser le contexte et déclarer:

Current financing and investment patterns are inadequate in meeting investment needs. Private international capital flows are not only volatile they are also insufficient in volume and maturity to fund sustainable development, which typically requires long-term investment.” New Development Bank

Évidemment, à elle seule, la Russie, durement affectée par les sanctions liées à la crise en Ukraine et la chute du rouble, voit dans la NDB et ses réserves de devises un recours contre les institutions financières mondiales comme le FMI et la BM, sous très forte influence étasunienne.

Et comme la politique n’est jamais bien loin des grands enjeux économiques, on a pu lire via l’agence Tasnim en 2015 que « l’Iran envisageait d’adhérer à la banque des BRICS », se référant à l’adjoint du ministre iranien de l’Economie Mohammad Khazaei, lors d’une rencontre avec le ministre brésilien de l’Industrie Armando Monteiro, ce dernier ajoutant: « Nous espérons l’adhésion de l’Iran le plus vite possible, et souhaitons qu’elle obtienne le statut de membre de la banque« .

Clinton ou Trump ?

L’arrivée de l’un ou de l’autre des candidats Hillary Clinton ou Donald Trump à la tête du gouvernement de la première puissance mondiale, en janvier 2017, ne sera pas sans conséquence sur le climat et le contexte du financement des grands projets dans le monde. Sur le climat de l’économie mondiale dans son ensemble, en toute réalité!

À lui seul, Donald Trump est déjà une puissance financière active dans l’économie mondiale. Il a ses réseaux. Une publication spécialisée comme Silver Doctors analysait même, récemment, en quoi un président Trump ferait le bonheur des économies du BRICS: “With those three core concepts in mind, we can explore a bit of the “why a Trump presidency might be the greatest thing gold and silver investors could ever hope for in terms of the oval office.”

The BRICS Candidate: Why A Trump Presidency Might Be the Greatest Thing EVER For Gold”, Posted on September 8, 2016, SilverDoctors.com

Donald Trump est-il autant ami que le couple Clinton avec les familles Agnelli et Rothschild, qui depuis l’an dernier sont les actionnaires majoritaires de l’influent The Economist Group ? Ce n’est pas une sous-question anodine. Agnelli, c’est aussi le contrôle de FIAT – Chrysler.

Et pendant ce temps à Pékin !

Et l’écosystème financier international est encore plus en ébullition que ça ! Outre cette New Development Bank du BRICS, précisons également que la Chine a en plus présidé récemment au lancement d’une autre institution financière multilatérale : la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII), dont le siège social est directement à Pékin. Dotée comme l’autre d’un capital initial de 100 milliards $US, elle a été officiellement établie fin juin 2015 avec cinquante États fondateurs, dont une vingtaine de pays occidentaux tels que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Qui qu’il soit, le prochain président des États-Unis d’Amérique dirigera un monde différent. Les pays en émergence émergent vraiment. Notre monde se complexifie.

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www.ndbbrics.org

www.ndb.int

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Des Panama Papers… au Bahamas Leaks !

Difficile de prévoir quand va s’arrêter le flot des révélations sur les paradis fiscaux, de plus en plus dans la mire des opinions publiques et des médias dans le monde. Et aussi des États, en quête de ressources fiscales. Après les imposantes révélations de la saga des Panama Papers de l’été 2016, voila que les médias partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) ont eu accès à de nouveaux documents confidentiels sur les paradis fiscaux. Cette nouvelle vague concerne Les Bahamas Leaks et 175 000 sociétés offshores enregistrées entre 1959 et 2016 dans ce pays des Caraïbes.

Tout comme pour les Panama Papers, c’est le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung qui a obtenu les données pour ensuite les partager avec l’ICIJ. Les informations proviennent du registraire des entreprises des Bahamas et dressent l’équivalent d’un registre de commerce du paradis fiscal opaque que sont les Bahamas. En plus d’obtenir le nom des sociétés, fiducies et fondations, on y découvre le nom des administrateurs de certaines d’entre elles, jusqu’ici anonymes.

Déjà

des noms commencent à circuler

un peu partout dans

le monde.

Il faut aussi savoir que ces informations provenant des Bahamas ont été ajoutées à la base de données des Panama Papers. Déjà, cette base de données publique d’entreprises enregistrées dans les paradis fiscaux est la plus importante de l’histoire.

Pour plus d’information :

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TMX : Roundtable for solutions to Canada’s growth capital gap

TMX Group will funding an independent working group, the Advancing Innovation Roundtable, which will examine ways to increase access to growth capital for companies in Canada‘s innovation economy. The Roundtable will deliver a set of actionable recommendations in early 2017 on how to successfully scale globally competitive enterprises in a variety of sectors including technology, clean technology, life sciences and advanced manufacturing.

Launching in September 2016, the Roundtable will focus on the scalability issues of Canadian technology and innovation firms caused by insufficient growth funding beyond the initial seed and start-up stages.

Members will include senior leaders from the Canadian investment community, including pension plan groups, banks, endowments, venture capital firms and private equity funds.

This Roundtable will be chaired by Salil Munjal, General Partner at Yaletown Partners, a leading private investment firm focused on financing growth-stage technology companies. Earlier in his career, Mr. Munjal was President & COO of Leitch Technology Corporation, a TSX-listed company that he helped grow to over a thousand employees in six offices globally.

« Where Canada lags behind our global peers is in the development of market-leading technology companies with significant scale. The Roundtable will explore new strategies to increase the supply of growth capital to develop large, next generation companies in Canada. TMX plays a vital role in Canadian capital formation and has a demonstrated history of leadership in driving change, such as the Mining Standards Task Force that gave rise to National Instrument 43-101 and mandated majority voting to help improve corporate governance standards in Canada. I look forward to collaborating with TMX and leading experts in the Canadian investment community to realize the full potential of Canada’s innovation economy companies, » said Mr. Munjal.

« TMX is focused on powering the development of an innovation economy in Canada. Canadian capital markets are vital to helping entrepreneurs through the crucial start-up phase, but also later in the financing chain as their companies scale up to become market leaders. The Roundtable recommendations will help accelerate the growth of Canadian businesses and better position Canada’s economy for high-quality economic development and job creation. Salil’s experience in both the private and public markets as a leading investor and successful business leader positions him well to help guide the Roundtable, » said Lou Eccleston, Chief Executive Officer, TMX Group.

Before delivering its recommendations, the Advancing Innovation Roundtable will consult with industry stakeholders, investors and financial leaders who are key partners in building Canada into a competitive innovation country.

 

Le Groupe TMX financera un nouveau groupe de travail indépendant, la Table ronde pour propulser l’innovation, qui examinera des avenues pour améliorer l’accès au capital de croissance pour les sociétés de l’économie de l’innovation du Canada. Cette table ronde, qui sera lancée en septembre 2016, concentrera ses efforts sur les problèmes d’évolution que connaissent les entreprises canadiennes des secteurs de la technologie et de l’innovation en raison de l’insuffisance du financement de croissance au-delà des stades de la création et du démarrage. Au début de 2017, elle formulera un ensemble de recommandations pratiques sur la façon de faire évoluer les entreprises qui seront concurrentielles sur la scène internationale dans différents secteurs, dont ceux des technologies, des technologies propres, des sciences de la vie et de la fabrication de pointe.

Les membres de la table ronde comprendront des chefs de file des milieux de l’investissement canadiens issus notamment de caisses de retraite, de banques, de fondations, de sociétés de capital de risque et de fonds de capital-investissement. La table ronde sera présidée par Salil Munjal, associé commandité de Yaletown Partners, une importante société de placement privé qui se concentre sur le financement des entreprises technologiques au stade de croissance. Plus tôt dans sa carrière, M. Munjal a été président et chef de l’exploitation de Leitch Technology Corporation, une société inscrite à la TSX qu’il a aidée à faire croître au-delà du seuil de mille employés dans six bureaux partout dans le monde.

Avant d’annoncer ses recommandations, la Table ronde pour propulser l’innovation mènera des consultations auprès des intervenants du secteur, des investisseurs et des chefs de file financiers qui sont des partenaires clés pour faire du Canada un pays concurrentiel sur le plan de l’innovation.

tmx.com

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Victoire du Brexit : Lettre à David Cameron

Malgré les heures de décalage sur Londres, la surprise de votre référendum d’hier n’en est pas moindre à Montréal ou Québec, soit de ce côté-ci de l’Atlantique. Comme vous, nous nous réveillons en ce matin du 24 juin 2016 encore sous le choc : 52% pour le oui au Brexit! (pour «British Exit»)

D’abord, il faut vous féliciter pour le geste démocratique que vous avez promis, soutenu et permis. Un référendum est une initiative rare et fondamentale dans l’exercice du gouvernement d’une société. Il est tout en votre honneur de l’avoir mené à terme.

L’heure est maintenant à la bonne interprétation des résultats. À la meilleure réaction.

Le Royaume-Uni veut-il absolument sortir de l’Union européenne ou surtout modifier la donne? Notons aussi que le vote écossais cause en lui-même un casse-tête cornélien.

En bon Québécois canadien je me dis ceci: Le Royaume-Uni doit-il absolument sortir de l’Union européenne ou surtout modifier la donne?

Vous faut-il donc prendre votre valise vers Bruxelles pour en ramener votre liberté totale ou un nouveau traité?

Le statu quo n’est pas une option.

Rappelons-nous donc le NON! des Français et aussi des Néerlandais pas ci lointain. Le rejet du projet de Constitution européenne par les Pays-Bas, le 1er juin 2005, trois jours après le non de la France, avait plongé l’Europe dans une crise. Vous devenez le troisième peuple à juger et exprimer des insatisfactions majeures face au processus de construction de l’Europe communautaire politique et économique.

VUE D’AMÉRIQUE

De notre côté de l’Atlantique, deux questions pesantes se posent dès ce matin. Qu’adviendra-t-il dorénavant du projet d’accord commercial entre le Canada et l’UE en cours de ratification? Doit-on prendre rapidement l’initiative de proposer la négociation d’un nouvel accord du même genre entre le Canada et le R-U?

Mon poste de radio vient de me rapporter la réaction du président Hollande, à Paris. Il entend que l’occasion est à saisir de provoquer des modifications améliorant l’UE. Il ne baisse pas les bras devant le défi de votre référendum. Et s’il vous tendait du même coup la main?

Devez-vous démissionner la tête basse ou relever vos manches et assumer les conséquences de cette démarche hautement démocratique que le Royaume-Uni tout entier vient de vivre? Ce référendum ne vous donne certainement pas le mandat d’aller négocier un siège différent au sein de l’union. L’initiative ne peut pas, ne peut plus, venir de vous. Mais que feriez-vous devant une offre?

D’ici, j’aimerais mieux vous entendre m’assurer que vous prendrez dès juillet prochain votre valise pour  Bruxelles, en passant par Paris, en espérant non pas un recul face à l’histoire communautaire, mais en espérant diplomatiquement une nouvelle offre européenne à votre peuple. Une offre qui pourrait, si les mots de François Hollande savent se faire féconds, devenir aussi une offre à toute l‘Europe.

En démocratie, un référendum en appel souvent un autre! Comme Québécois né au début des années 1960, j’en ai vu passer trois dans mon propre pays… S’il provoque vos partenaires sur le continent à la bonne réaction, votre référendum du 23 juin 2016 saurait ainsi devenir un levier pour l’Europe et l’humanité, plus qu’un repli isolationniste mal perçu.

De Québec, en ce 24 juin, je vous souhaite et vous partage, monsieur le premier ministre Cameron, toute la chaleur, la lumière réconfortante et l’optimisme de mise de la Fête nationale des Québécois.

Un Québécois avant tout mondialiste!

 

(Crédit image: Gatis SlukaRiga)