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La « mission diplomatique » du Québec en Israël que souhaitait David Levy se réalise

Le 3 août 2023, le gouvernement du Québec en a fait l’annonce.

DAVID LEVY SOUHAITE UNE MISSION DIPLOMATIQUE DU QUÉBEC EN ISRAËL…

était le titre de notre article d’origine du

À la fois consul général d’Israël en poste à Montréal et représentant permanent de son pays auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) – elle y a son siège social – le diplomate de carrière David Levy a accepté de nous partager le bilan d’un peu plus de trois années comme résident de la métropole du Québec, à titre de membre du corps consulaire et diplomatique, ayant auparavant occupé des postes en Lettonie, en Corée du Sud et au Cameroun. Commerce Monde l’a rencontré le 29 juin 2021, dans un restaurant portugais de Montréal, à quelques semaines d’être rappelé et de rentrer en Israël avec son épouse et ses quatre enfants. Le directeur des affaires culturelles, Jonathan Burnham, ainsi que le directeur des affaires politiques et publiques et aussi représentant suppléant de la Délégation d’Israël auprès de l’OACI, Gabriel Boulianne Gobeil, ont également participé à cette interview.

Trois questions à David Levy

Question 1 : Votre mandat de trois années et demi à Montréal (2018-2021) ne sera pas le dernier de votre carrière diplomatique et n’aura pas été le premier, alors que pensez-vous qu’il aura été, pour vous et votre pays, si vous répondez là, le 29 juin 2021, mais également avec en tête ce que vous serez en 2030?

« Après l’Afrique, l’Europe et l’Asie, il s’agissait de mon premier poste en Amérique du Nord et pour la première fois sur un territoire avec une très grande communauté juive et très active. Montréal aura aussi été mon premier poste à titre de chef de mission. Alors, j’ai pu découvrir ici les liens qui existent entre la diaspora juive et l’État d’Israël. Toutes les universités israéliennes ont des liens avec des familles juives montréalaises, vous savez! Si avec les Québécois et les autres Canadiens mon rôle était ici d’aller vers eux, pour les Juifs de Montréal, c’était le contraire, ce sont eux qui venaient à ma rencontre », témoigne-t-il comme résumé d’une expérience humaine très enrichissante pour lui.

Tout comme le fait d’avoir été impressionné de constater « la similitude entre l’île que constitue le Québec en Amérique du Nord et l’île que constitue Israël au Moyen-Orient », en nous expliquant, à ce propos, comment les deux États ont su notamment s’aider en matière d’apprentissage de la langue auprès des nouveaux arrivants.

(…) « Le Canada est un allié important d’Israël. Plus particulièrement, la collaboration entre le Québec et Israël représente un potentiel immense. Durant mon séjour au Canada, nous avons eu l’occasion d’élargir notre relation dans les domaines de la culture et des affaires, ainsi que dans le monde académique et médiatique.

Même si Israël demeure inconnue pour bien des Québécois et que peu d’Israéliens connaissent le Québec, les Montréalais et les Québécois sont maintenant plus au fait de ce qu’Israël a à offrir, que ce soit des partenariats d’affaires, des collaborations en recherche scientifique ou des échanges culturels.

L’implantation d’une mission diplomatique du Québec en Israël consoliderait notre relation étroite et offrirait une superbe occasion d’élargir nos échanges, notamment dans le commerce, le tourisme, les études académiques et bien plus encore », a proposé un consul général qui, bien que sur son départ, affiche sans nuance la main tendue de son pays envers le Canada, et le Québec en particulier.

Question 2 : Considérant l’extrême importance de la gestion de l’eau dans votre pays, que pensez-vous du projet de canal Aqabamer morte? Comment évaluez-vous les chances de sa réalisation?

À cette question d’une importance économique et géopolitique fondamentale pour son pays, le consul général Levy a répondu avec l’enthousiasme d’une personne qui ne doute pas un instant de sa prochaine réalisation : « C’est un projet actuellement actif, avec notamment une contribution japonaise », nous a-t-il expliqué d’emblée, précisant au passage qu’Israël n’utilisera plus le charbon comme source énergétique d’ici deux à trois ans, et que la désalinisation de l’eau de mer s’y fait actuellement à partir du gaz naturel, une ressource, d’ailleurs, devenue de plus en plus nationale, suite aux récentes importantes découvertes en gaz off shore au large des côtes israéliennes ces dernières années.

Avant de nous préciser ensuite :

« Israël et la Jordanie ont une relation amicale depuis déjà plus de 25 ans. La stabilité et la prospérité de la Jordanie représentent un intérêt stratégique pour Israël. Nous explorons donc plusieurs avenues pour promouvoir la coopération entre nos deux pays voisins, ainsi que dans la région. En ce qui concerne l’eau, les ministres des Affaires étrangères de nos deux pays, Yair Lapid (Israël) et Ayman Safadi (Jordanie) ont récemment eu une rencontre lors de laquelle ils ont conclu qu’Israël vendrait à la Jordanie 50 millions de mètres cubes d’eau potable cette année.

D’autres projets sont présentement en développement afin d’encourager la collaboration et la stabilité dans la région, ce qui inclut notamment le Canal de la mer Morte qui reliera la mer Morte à la mer Rouge, où se trouve la ville jordanienne d’Aqaba. »

Jeux Maccabiah

À deux jours de la cérémonie d’ouverture des JO de Tokyo 2020(2021) il est plus qu’à propos de rappeler le plaisir d’un David Levy de nous signifier que depuis presque un siècle – la première édition se déroula en 1932, alors que la dernière fut celle de 2017 – les Jeux Maccabiah constituent « le 3e plus grand évènement sportif au monde » (le seconde étant le Mundial de soccer); ces jeux impliquant quelque 10 000 participants.

Question 3 : Pourquoi le Gouvernement du Québec devrait-il continuer ou renouveler l’entente triennale de coopération scientifique qui avait été conclue par le premier ministre Philippe Couillard et sa ministre, Dominique Anglade, lors de leur visite officielle en Israël, et dont la troisième et dernière cohorte vient de prendre fin?

« Montréal et Israël sont tous deux considérés comme des pôles d’innovation de premier plan. Chacun possède d’excellentes universités et des communautés de recherche de renommées internationales. Il est donc naturel pour le gouvernement du Québec, notamment le ministère de l’Économie et de l’Innovation, et l’État d’Israël, notamment l’Autorité d’innovation d’Israël, de renouveler leur soutien aux entreprises en démarrage des deux pays souhaitant collaborer et développer ensemble de nouveaux produits et technologies novateurs et révolutionnaires.

Si nous avons appris quelque chose de la pandémie et de la menace que posent les changements climatiques, c’est que nous ne pouvons pas supposer que ce qui a fonctionné dans le passé fonctionnera dans le futur ou qu’il y aura un retour à la normale que nous connaissions avec la pandémie. La direction dans laquelle nous nous dirigeons tous dans l’ère post-COVID en est une qui sera caractérisée par encore plus d’interdépendance et de connectivité en ligne. Notre façon de consommer l’éducation, le divertissement, les services de santé et financiers change sous nos yeux.

Il s’agit donc d’un défi, mais également une occasion pour les esprits les plus brillants de créer des technologies disruptives. Malgré les risques inhérents à la R&D, les investissements publics dans l’innovation et la R&D sont le moyen le plus gratifiant à long terme de créer des emplois et de la richesse, de retenir notre talent et d’attirer des investissements directs étrangers. Le retour sur investissement dans la R&D conjointe est de loin supérieur à tout risque auquel nous pourrions faire face en cours de route.

Le renouvellement de l’entente triennale de coopération scientifique entre le Québec et l’Israël représenterait un tel incitatif.

Israël et le Québec ont déjà des accords universitaires et scientifiques et, en 2018, le Canada et Israël ont signé le nouvel Accord de libre-échange Canada-Israël (ALÉCI), qui offre une infrastructure juridique nous permettant de tirer profit de nos talents. Nous devons maintenant créer des incitatifs favorisant l’innovation ayant des applications commerciales. Le renouvellement de l’entente triennale de coopération scientifique entre le Québec et l’Israël représenterait un tel incitatif.

(Crédit photo: courtoisie du consulat général. VIGNETTE de cette photo:  C’est en avril 2018 que le consul général David Levy signa le Livre d’Or de la Ville de Montréal, trois mois après son arrivée et lors de sa première rencontre avec Valérie Plante, la mairesse de la métropole économique du Québec.)

Lecture complémentaire suggérée:
Un réseau de fibres optiques pourrait relier Israël et l’Arabie Saoudite (siecledigital.fr)

http://embassies.gov.il/montreal

Déjà une vingtaine de contrats en retombée pour le 2e Sommet mondial «AgriTech Au Féminin»

Ce rendez-vous avait été donné dans la semaine suivant la clôture de l’historique COP 26 que l’ONU a tenue, en Écosse, sur les changements climatiques et la mise en application de l’Accord de Paris sur le climat. Bien des yeux de la planète y étaient tournés du 31 octobre jusque, finalement, au samedi 13 novembre. Sa thématique, elle aussi, était d’extrême importance : les 17 et 18, puis jusqu’au vendredi 19 novembre 2021 pour un gala d’excellence, il fallait s’être gardé de l’énergie pour visio-participer à des panels voués à accélérer le leadership des femmes dans l’agriculture. Femme et agriculture !

L’agriculture « (…) à l’ère de la quatrième révolution technologique! » insistera Sâadia Lakehal, déjà fière de nous annoncer « qu’une vingtaine de contrats en retombée » peuvent être mis au bénéfice de son second sommet mondial « AgriTech Au Féminin », ce après les deux précédents eux aussi bâtis sur l’enjeu et les potentiels de la révolution numérique, dites 4e Révolution industrielle.

C’est qu’elle en connaît quelque chose, dame Sâadia, entrepreneure continuellement au front depuis au moins une dizaine d’années animant, de Montréal, l’écosystème industrialisation-entrepreneuriat féminin-environnement/économie circulaire. Tantôt en dirigeant une association de parc industriel, tantôt en étant conférencière-experte dans des colloques internationaux.

Au surplus, particulièrement forte en réseautage international, ses invitées d’honneur, une dizaine, incluaient notamment: Josephine Joseph Lagu, ministre de l’Agriculture du Soudan du Sud; Josefa Leonel Correia Sacko, commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine; Jeminah Njuki, directrice Afrique à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI); l’ambassadeur Ertharin Cousin, fondateur de Systèmes alimentaires pour l’aveni; ainsi que Ndaya Beltchika, spécialiste technique principal – Genre et inclusion sociale au Fonds international de développement agricole (FIDA).

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET INCLUSION DES FEMMES

Organisé par Emperia Industries Connect, l’entreprise qu’elle a elle-même mise sur pied après une feuille de route déjà imposante, cette 2ème édition du Sommet Mondial Agritech au Féminin (GWIA21) avait pour thème : « Cultivons ensemble l’avenir ».

« Le sommet GWIA vise à dynamiser le leadership au féminin à l’ère de la quatrième révolution technologique et à donner la parole aux femmes qui ont un rôle à jouer pour le développement de l’agriculture 4.0 », explique Sâadia Lakehal.

Crises climatiques ou pas, l’enjeu de nourrir la planète est et reste un défi énorme. Si une conférencière est venue expliquer que l’humanité a présentement la capacité de nourrir jusqu’à 12 milliards d’humains, il s’agit d’une capacité, au-delà de la possibilité technique ou industrielle, qui devient théorique, lorsque confrontée aux réalités terrains tels que les taux de gaspillages alimentaires, les aléas de chaine d’approvisionnement ou de chaine de production, voire les impacts environnementaux ou variables climatiques.

Le système alimentaire mondial subit d’énormes transformations. Les objectifs d’une « production alimentaire responsable » ou d’une « sécurité alimentaire », ce encore plus à la suite de la pandémie en cours, figurent évidemment à l’ordre du jour d’un sommet privilégiant la place des femmes dans l’AgTech.

Tablant cette fois sur les liens de partenariat du Canada avec les Pays-Bas, avec des représentants de ces deux importants pays dans les domaines de l’agriculture mondialement, madame Lakehal a pu compter sur la participation de Marie-Claude Bibeau, la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, pour une prise de parole officielle. Madame Meiny Prins y était l’invitée d’honneur pour les Pays-Bas.

Meiny Prins is CEO and co-owner of Priva. She was proclaimed Business Woman of the Year 2009 and received the first CleanTech Star of World Wildlife Fund for Priva, a high-tech company that develops hardware, software and services in the field of climate control, energy saving and optimal reuse of water.

Au surplus, particulièrement forte en réseautage international, ses invités d’honneur, une dizaine, incluaient notamment: Josephine Joseph Lagu, ministre de l’Agriculture du Soudan du Sud; Josefa Leonel Correia Sacko, commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine; Jeminah Njuki, directrice Afrique à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI); l’ambassadeur Ertharin Cousin, fondateur de Systèmes alimentaires pour l’aveni; ainsi que Ndaya Beltchika, spécialiste technique principal – Genre et inclusion sociale au Fonds international de développement agricole (FIDA).

INNOVER, CONNECTER, MOBILISER

La mission de l’événement était notamment de faire découvrir les perturbations au sein de l’industrie, d’identifier les bons modèles commerciaux pour accélérer la commercialisation des technologies avancées agricoles, de générer des partenariats et des collaborations à l’échelle mondiale.

Un Salon Agtech virtuel avait aussi été aménagé pour mettre en valeur les entreprises de hautes technologies en agriculture qui participaient au sommet, offrant au surplus un outil de réseautage avec les experts du secteur. L’événement, qui reviendra l’an prochain était en partenariat avec près d’une quarantaine d’entreprises internationales, canadiennes et québécoises, dont Sollio Groupe Coopératif, Financement Agricole Canada, la Zone Agtech, WOMA Marketing, rainMKRS, Evol, Industries Harnois, Geenfield Global, Priva, IICA, Dutch GreenHouse Delta et GBA.

Après la France en 2020 et les Pays-Bas en 2021, Sâadia Lakehal ne nous confirmait pas encore le pays partenaire avec lequel elle compte tenir son édition 2022, mais la région du Moyen-Orient semblait dans sa mire.

DOSSIER SPÉCIAL À PARAÎTRE
Février 2022
En partenariat avec Emperia Industries Connect ,
CommerceMonde publiera une série d’articles en lien avec le
Sommet Mondial Agritech au Féminin (GWIA21) ainsi que sa prochaine édition de 2022.
Vous voulez vous y joindre? Contactez nous.
Annoncez ici – Cyberjournal Commerce Monde

Les vidéos de l’événement sont disponibles sur demande.

(CRÉDIT PHOTO: prise d’écran de l’animatrice Sâadia Lakehal, lors du Gala du 19 nov. 2021.)

Canada : jeu électoral extrême jusqu’au 20 septembre; le gagnant ira à Glasgow en novembre

Après une semaine de ce qui constituera la plus courte campagne électorale permise – selon l’actuelle Loi sur les élections fédérales au Canada – les partis politiques étaient théoriquement prêts : car la rumeur courrait depuis des mois. Le pays a rapidement été tapissé des traditionnelles pancartes des candidats dès le jour 1. Le premier ministre sortant ayant provoqué cet appel au peuple du fait de sa demande de dissolution du Parlement, selon un privilège que lui accorde le fonctionnement du système de la monarchie-parlementaire qui est appliqué au Canada depuis au moins 1867. Cela, en rendant visite à la gouverneure générale et cheffe d’État du pays, Mary Simon, dans la matinée du dimanche 15 août 2021, plongeant immédiatement le Canada entier dans une course au vote de 37 jours, à travers 338 circonscriptions.

L’électorat canadien est donc convoqué aux urnes le lundi 20 septembre 2021 pour ce qui sera certainement une période électorale historique. D’abord parce que concurrente à une pandémie toujours virulente; aussi parce que largement non désirée autant par la population, que par tous les partis politiques constituant les quatre oppositions au Parlement du Canada. Convoqué à ce qui sera peut-être un dangereux jeu électoral extrême! Ceci pour plusieurs raisons.

D’emblée, au Canada, c’est « l’été » et une période générale de vacances jusqu’à la dite « Fête du travail », qui sonne avec chaque premier lundi de septembre. L’esprit de la population n’était donc par tellement à l’heure des débats d’idées et de choix de société. Le 15 août étant même le jour de la fête nationale des Acadiens, tout comme celle de l’indépendance de l’Inde moderne; elle, à un autre bout de la planète, mais qui retrouve une partie de plus en plus significative de ses ressortissants avec une double identité, en partage, avec le Canada.

Et si le chef du Parti libéral du Canada et premier ministre sortant, Justin Trudeau, a lancé le débat électoral en justifiant que : « C’est important de donner l’occasion aux Canadiennes et aux Canadiens de s’exprimer (…) », dans le contexte actuel, personne n’est pour autant dupe que sa véritable intention est d’aller se chercher une majorité de siège, afin de pouvoir continuer sa gouverne, mais comme gouvernement majoritaire. Dans ce Canada qui aurait normalement dû ravoir ses prochaines élections fédérales, selon le mécanisme à date fixe récemment instauré, qu’à l’automne de 2023; bien qu’en contexte minoritaire, le premier ministre conserve sa prérogative d’un déclenchement selon son bon jugement. Précisons que la tentation était belle et bien grande, alors qu’il n’a qu’à aller chercher la quinzaine de sièges aux Communes qui le sépare de cette confortable situation.

Jeux extrêmes

Ensuite, c’est alors que le variant Delta de la COVID-19 prendra probablement le visage d’une réelle et significative 4e vague pandémique à travers l’ensemble du pays – notamment avec les rentrées scolaires et académiques – que les premiers jours de septembre seront aussi ceux qui verront les chefs des principaux partis se croiser au cœur de la campagne avec les trois principaux débats télévisés nationaux (deux en langue française, les 2 et 8, et un en anglais à la chaîne publique le 9 septembre).

La question de l’urne émergera-t-elle de ça? Économie, environnement, climat, questions autochtones, qualité de vie de tous et particulièrement de groupes minorisés, immigration et intégration au marché du travail, dette publique, politique étrangère, etc. Serait-ce possible que pour une rare fois une question internationale vienne peser lourdement sur le résultat d’élections au Canada? La chute de Kaboul, en Afghanistan, s’est invitée comme un voleur imprévu. Monsieur Trudeau a dû aujourd’hui même interrompre sa campagne pour participer à une réunion spéciale du G7 sur cette crise. Avec ses 158 citoyens-soldats morts pour cette cause, plus d’une décennie d’efforts, l’électorat canadien est à l’écoute.

Mais il y a aussi les feux de forêts qui brûlent sans cesse en Colombie-Britannique, et c’était des églises un mois plus tôt; la plus importante province de l’Ouest du Canada, comptant avec une population pour qui les enjeux environnementaux et sociaux sont toujours dans les priorités des électeurs.

Les enjeux environnementaux et sociaux, nous y voilà : exactement ce dont le gagnant du 20 septembre devra aller débattre, à Glasgow, en novembre.

Le gagnant ira à Glasgow

Tous les yeux humains de la planète seront tournés sur cette ville écossaise à partir du 1er novembre 2021, alors que les délégations d’experts et les diplomates de presque toutes les souverainetés de la Terre débuteront leurs travaux de dix jours pour la COP26 : la 26e édition annuelle de la Conférence des parties (Conference of Parties) en suivi de la COP21, il y a 6 ans, qui avait vu l’édition de Paris faire naître le fameux Accord de Paris sur le climat. L’ONU convoque à nouveaux l’Humanité à une croisée des chemins!

Justin Trudeau ou Erin O’Toole? Erin O’Toole ou Justin Trudeau? Qui d’autre? Iront-ils en personne? Quand? Avec quel mandat et pour faire quoi? Car l’heure sera aux actions! Pas aux mots, car les maux sont clairement connus.

En 2015, il s’en était fallut de peu pour que les négociations achoppent. Il est dorénavant de notoriété publique que les Canadiens sur place ont fait une grosse différence, dans les négociations de coulisse, pour arracher ce qui devint le consensus rendant possible l’Accord de Paris sur le climat. Stéphane Dion, aujourd’hui ambassadeur du Canada en Allemagne, et Catherine McKenna, alors ministre de l’Environnement et des Changements climatiques, en ont fait le partage à leur prise de parole dans un atelier sur le sujet lors de la dernière édition de la conférence Americana, les 22 et 23 mars 2021.

Le 15 août au matin, encore gavé d’un record de médailles tout juste ramenées au pays par la délégation canadienne ayant concouru aux JO de Tokyo, il était à son meilleur, le ton juste, invitant ses concitoyens à lui dire quoi faire : « C’est au peuple de décider de l’avenir du pays »… Nobles mots, noble intention de la part de Justin Trudeau, alors que ses adversaires l’accusent facilement de ne rêver qu’à une majorité parlementaire pour pouvoir continuer de gouverner. De Glasgow à Ottawa, c’est effectivement le Canada en question.

Et il est cocasse de constater que le 1er premier ministre canadien, John Alexander Macdonald, était né (janvier 1815) à Glasgow, en Écosse, avant de devenir un Canadien et ensuite cet historique politicien à la tête du pays naissant, « à la britannique », de 1867 à 1873 et de 1878 à 1891. Cette écossaise de ville et même Glasgow que le prochain premier ministre élu, à la suite des élections qui permettront de le choisir le 20 septembre 2021, devra fouler pour aller y représenter un pays à la croisée des chemins, plus peut-être que l’ensemble des quelque 200 États souverains que compte actuellement l’humanité et qui y seront aussi représentés.

Du 20 septembre, jusqu’aux 11 et 12 novembre – les deux jours clés de la COP26 -, donc des intenses 37 jours de campagne passés à sillonner le Canada, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, ne restera qu’une autre quarantaine de jours pour se préparer à aller « réussir » Glasgow avec sa COP26 à gagner. Pour ce Canada, deuxième plus grand pays au monde par sa superficie. Ce Canada souvent espoir du monde à bien des égards; pays de diversité, d’immigration, d’eau douce – liquide ou gelée – et de forêts, de ressources naturelles abondantes, puissance moyenne au potentiel d’actions diplomatiques significatives, comme son histoire l’a souvent démontré.

Question de l’urne: la route vers Glasgow?

Si le Canada vivra un jour d’élection historique le 20 septembre 2021, dès le 12 novembre son premier ministre fraîchement élu reprendra son avion de retour, après avoir participé quelques jours à la Conférence des Nations Unies sur le climat. La population canadienne est parmi les plus privilégiées des humains de la Terre, riche d’un niveau de confort et de conscience des enjeux face à son avenir à court, à moyen et à long terme. Demain il faut boire, manger, travailler, survivre; à court terme, il faut gagner sa vie, aimer et protéger ses proches ainsi que le plus possible autrui aussi, progressivement préparer sa propre fin de vie et sa mort dignement par simple respect des survivants; à long terme, il faut tenter d’être passé sur cette planète – individuellement et collectivement – sans y avoir été un passif et, en tant que membre d’une société humaine, avoir contribué à un monde meilleur. En tant qu’Humanité, c’est une espèce de responsabilité universelle ça, non?

Ce n’est peut-être pas avec toutes ses questions en tête que le premier ministre sortant, Justin Trudeau, s’est lancé dans l’enjeu électoral en cours au Canada il y a déjà une bonne semaine.

Bonne campagne à tous et espoir qu’elle ne démontre pas trop cruellement que la politique garde toujours quelque chose qui ressemble à du sport extrême.

À suivre… (RDV, ici, après les trois débats).

Changements Climatiques: prendre le défi par une efficace flotte de CL-415

Le nouveau rapport du GIEC rendu public le 9-08-2021 invite l'humanité à s'engager, sans plus de délai, dans des solutions efficaces et faciles à mettre en opération face aux défis du dérèglement du climat, ainsi qu'à des mesures d'adaptation. Un de nos lecteurs propose, avec une vision toute québécoise, de "prendre les moyens d’y faire face". Nous le remercions pour ce partage d'opinion.

par F. Pierre Gingras, Prévost, Canada

Les changements climatiques se manifestent par différents cataclysmes de grande envergure; notamment par des feux de forêts massifs. Concernant ces feux de forêt, il serait possiblement opportun de s’équiper massivement pour y faire face. Un moyen serait d’utiliser davantage la polyvalence de nos forces armées.

La mise sur pied au sein de notre force aérienne d’un commandement articulé sur les bombardiers à eau de type CL-415, doté d’une flotte de quelques 100 à 125 appareils, donnerait cette capacité d’intervenir massivement et immédiatement lors du début d’un incendie et non plus, de façon désordonnée et progressive une fois celui-ci bien au-delà de la possibilité d’être contrôlé.

Contrôler les feux de forêts massifs massivement.

Au départ, on oublie que cet appareil, est déjà capable de transporter 34 passagers. Ce qui lui permet autant d’évacuer une population menacée, que de transporter – à quelques heures d’avis – une force d’intervention humanitaire, ou militaire, n’importe où, tant sur une piste sommaire de gravier que sur une piste de glace ou encore de se poser sur un lac (comme on en trouve en moyenne à tous les trois à cinq kilomètres dans les régions éloignées du Canada).

De plus, ces appareils peuvent idéalement être adaptés pour remplir plusieurs autres fonctions pour lesquelles nos Forces armées ne sont pas, ou sont peu, équipées; notamment, en plus de la lutte aux feux de forêt, sauvetage et/ou surveillance maritime et de l’environnement, assistance humanitaire, patrouille anti – sous-marine, arrosage, gunship et autres. L’appareil est environ cinq à six fois moins dispendieux qu’un appareil de combat. Et il servirait davantage. L’Indonésie et la Grèce ont déjà acquis des appareils à ces fins.

Lors de sinistres à l’étranger, des interventions courtes et spectaculaires de nos Forces armées, pour la protection de l’environnement et des populations, donnerait au Canada un prestige exceptionnel. Ainsi, on donnerait enfin une première démonstration de ce que notre glorieux premier ministre aux chaussons colorés annonçait au monde entier, aussitôt élu, il y a plusieurs années, en homme de théâtre, déclarant partout à travers le monde : « Canada is back, Canada is back », phrase demeurée creuse jusqu’à maintenant.

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Changement de garde à l’OACI ET NON-taxation du kérosène des avions : ce tabou, vole du siècle, sera-t-il levé?

La Chinoise, Mme Fang Liu, actuelle secrétaire générale de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) qui termine les derniers mois de son deuxième mandat, a accepté d’être la visio-conférencière à la tribune virtuelle du CORIM, pour le lunch-midi d’un 19 mai 2021 pressé à échanger sur un ordre du jour costaud : « Quelles perspectives pour l’aviation civile ? » Un homme qui connaît très bien l’industrie, Philippe Rainville, l’actuel PDG à Aéroports de Montréal, animant la discussion de trente minutes. Les thèmes abordés étant déjà annoncé, il est assuré que le sujet pourtant essentiel de la non-taxation du kérosène des avions ne sera pas, encore une fois, substantiellement débattu.

Thèmes abordés (selon le programme annoncé)
– Comment concilier la collaboration internationale et les intérêts nationaux en aviation civile?
– Le rôle et le leadership des aéroports pour la reprise du transport aérien.
– Passeport vaccinal et règles sanitaires : assurer une relance sécuritaire.
– Les attentes post-pandémie du tourisme international.

L’OACI est une organisation internationale intergouvernementale financée par 193 gouvernements qui lui donnent mandat d’appuyer leurs activités diplomatiques et leur coopération dans le domaine du transport aérien en tant qu’États signataires de la Convention de Chicago (1944). Sa fonction essentielle consiste à gérer un appareil administratif composé d’experts – le Secrétariat de l’OACI – à partir d’un siège sociale initialement établi à Montréal et qui y est toujours. La métropole du Québec est conséquemment souvent décrite comme étant la « capitale mondiale de l’aviation civile internationale », les présences d’autres organisations (IATA) et d’acteurs industriels majeurs aidant (Pratt&Withney, CAE, Bombardier, etc.)

En 1944, il fallait d’abord sortir de la 2e GGM et certainement aider la naissance de l’aviation civile, belle héritière de l’aviation militaire triomphante. Car c’était essentiellement par navires que les soldats et marchandises traversèrent l’Atlantique pour aller renverser Hitler, sauver l’Angleterre, libérer la France, etc. C’est ainsi que le texte de la Convention de Chicago fut négocié, puis adopté, en faisant un cadeau inestimable à cette industrie : la non-taxation du kérosène des avions. À la minute que ceux-ci franchissent une frontière internationale, donc dès que vous faites un vol international, c’est zéro taxe, lorsque vous passez à la pompe pour vos précieux milliers de litres de kérosène.

En 2021, ce cadeau de presqu’un siècle à l’industrie, et aux compagnies aériennes, voire aux passagers que nous sommes tous également, se révèle être un espèce de « vole » en ce siècle, car avoir en ces années 2000 une telle exonération de taxation à la face du monde, et des autres secteurs industriels de nos économies modernes, a quelque chose de très proche d’une injustice de plus en plus inacceptable.

Ce choix politico-diplomatique des années 1940 est aujourd’hui pesant de conséquences. Le malheur, c’est que n’amende pas une convention internationale qui veut ! C’est comme les constitutions des pays, voire bien plus difficile avec presque toujours 200 parties prenantes à la table.

Taxe kérosène et Commission européenne

Citons Anton Kunin qui, le 13 mai 2019, rappelait qu’une étude commandée par la direction générale des transports de la Commission européenne recommandait « de taxer le kérosène des avions 33 centimes d’euro le litre ». But recherché : faire diminuer le trafic aérien de 10% dans l’Union européenne.

Mais toute action simplement continentale ou régionale reste ici hautement problématique avec les incidences de compétitivité et de traitement équitable des parties.

2021 une mauvaise année ?

Faut-il parler de taxer ou non le kérosène en 2021 ? Certes, l’aviation civile internationale a les genoux par terre avec la pandémie de la COVID-19 qui perdure. Une injustice doit-elle en excuser une autre ? Et il y a un changement de garde à la tête de l’OACI, un contexte qui n’arrive pas souvent.

Pendant les quelques jours d’avril 2021 consacrés à rejoindre un des représentants canadiens en fonction à l’OACI, notre chance fut au rendez-vous et le fonctionnaire qui a accepté de nous parler quelques minutes au téléphone – en nous prévenant bien qu’il ne pourrait pas répéter l’exercice sans que nous passions préalablement par Affaires mondiales Canada pour l’autoriser à donner une interview à un journaliste – nous a dit qu’il ne savait rien du sujet et qu’à sa connaissance l’instance à laquelle il participe depuis quelques années déjà ne l’a jamais abordé. Très cordial, il nous invita à contacter Affaires mondiales Canada pour tenter d’avoir une idée de la position officielle du Canada en la matière. (Nous y travaillons…)

Notre compréhension actuelle est que la non-taxe kérosène pour l’aviation civile internationale est proche d’un sujet tabou à l’OACI.

On verra bien ce que sa haute-direction, confiée à un homme né en Colombie à partir du 1er août 2021, changera à la donne. C’est de Montréal qu’il prendra cette charge de diriger l’OACI en cette période plus que difficile. Les États membres l’ayant décidé ainsi en février.

États du Conseil de l’OACI (2019-2022)

Les États suivants ont été élus parmi les 193 États membres de l’OACI au Conseil de l’Organisation, organe directeur composé de 36 membres, lors de la session 2019 de l’Assemblée de l’OACI.  

1re PARTIE − ​États d’importance majeure dans le transport aérien: Allemagne, Australie, Brésil, Canada, Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France, Italie, Japon et Royaume-Uni.

2e PARTIE − ​États qui contribuent le plus à fournir des installations et services pour la navigation aérienne civile internationale: Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Colombie, Égypte, Espagne, Finlande*, Inde, Mexique, Nigéria, Pays-Bas* et Singapour

​3e PARTIE – ​États dont la désignation assure la représentation géographique: Costa Rica*, Côte d’Ivoire*, Émirats arabes unis, Guinée équatoriale*, Grèce*, Malaisie, Paraguay*, Pérou*, République de Corée, République dominicaine*, Soudan*, Tunisie* et Zambie*.  

*États nouvellement élus en 2019  

(Source : https://www.icao.int/about-icao/Pages/FR/default_FR.aspx)
 

Autres sources d’intérêt sur le sujet :

Taxer le kérosène des avions pour financer la transition écologique ? – Bing video

Taxer le kérosène des avions : la Commission européenne à l’heure du choix (consoglobe.com)

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-05-18/biocarburant-aerien/paris-montreal-avec-de-la-vieille-huile-de-friture.php