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Le James Bond de Villeneuve sera une IA

L’illustre réalisateur cinématographique québécois Denis Villeneuve vient tout juste de s’entendre avec les nouveaux propriétaires des droits des célèbres films James Bond, que la question qui brûle maintenant toutes les lèvres est évidente : que fera Villeneuve de son personnage en vedette?

Plusieurs osent rêver que James devienne une Jane, mais une féminisation du personnage ne semble pas la première option sur laquelle il faille miser. Le combat féministe, voire trans, est évidemment bien noble. Ce n’est cependant pas à ce que l’on pense en analysant la filmographie du Québécois, qui se consacre présentement à terminer sa série sur Dune.

Denis Villeneuve est pour Hollywood une énorme valeur sûre pour un genre qu’il maîtrise parfaitement : la science-fiction. Vous direz que James Bond n’en est pas. Mais dites moi à qui vous penseriez si on voulait insuffler à la série des James Bond un vent de nouvelles technologies et de science futuriste dans l’air du temps? Oui, M. Villeneuve serait dans le haut de votre liste.

Faire de James Bond un robot, donc implicitement une intelligence artificielle (IA), permettrait à Denis Villeneuve de continuer de nager dans les eaux qu’il aime. Puis, humanoïde à souhait, son personnage pourrait tout autant continuer de charmer son auditoire. Ce mixe de genre le pousserait surtout à nous offrir une incontournable et pertinente réflexion sur l’avenir de l’humanité. Le « sur quoi » son film serait largement jugé.

Mais qui sait ce qui se passe en ce moment dans le bouillonnant cerveau de M. Villeneuve… Il faut encore attendre pour savoir ce que fera Villeneuve de son précieux personnage. Mais gageons que l’IA n’en sera pas loin!

Monde humain, monde virtuel

Dans « Thomas est amoureux », ce film de science fiction belge réalisé par Pierre-Paul Renders et sorti sur les grands écrans en 2000, une belle réflexion sur l’humanité mise en face des fantasmes du monde virtuel nous était offerte à partir de la vie d’un agoraphobe. Et c’était en l’an 2000!

Vingt-cinq ans plus tard, les enjeux de l’humanité face aux menaces de l’IA sont d’un tout autre ordre. Un ordre qui dépasse largement la vie humaine individuelle. C’est l’espèce humaine qui est globalement questionnée. L’homme, le robot, l’homme-robot. Que voulons-nous devenir?

Lire aussi :

Thomas est amoureux — Wikipédia

Crédit de la photo de la Une : image de l’affiche du film « Thomas est amoureux » en 2000.

Signature d’une Convention sur la création de l’Organisation internationale de médiation (IOMed)

Le contexte mondial n’est certes pas favorable à la gouvernance multilatérale des grands enjeux mondiaux. Mais ce n’est pas en restant les bras croisés, regardant les crises se dérouler, que l’entendaient les diplomates réunit à Hong Kong, le 30 mai 2025.

Ce jour-là, les représentants de 33 pays ont signé la convention sur place, en devenant les membres fondateurs. Pour la cérémonie de signature de la Convention sur la création de l’Organisation internationale de médiation (IOMed) des représentants de haut niveau de 85 pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe, ainsi que plusieurs organisations internationales étaient présents.

POURQUOI UNE IOMed?

Il faut voir la création de l’IOMed comme une action importante prise par le Sud global pour promouvoir la réforme et l’amélioration de la gouvernance mondiale. C’est, dans l’histoire des relations internationales, une initiative novatrice dans le domaine de l’état de droit international. L’action ne se déroulant pas par hasard à Hong Kong : elle démontre pleinement, selon Le Quotidien du peuple, « la responsabilité de la Chine de contribuer en matière de biens publics au développement mondial et au progrès avec la sagesse orientale ». 

À préciser, la création de l’IOMed incarne également les buts et principes de la Charte des Nations Unies. Mais elle veut fournir un important bien public juridique pour l’amélioration de la gouvernance mondiale. La médiation est effectivement une des méthodes prioritaires pour le règlement pacifique des différends internationaux, tel que l’énonce expressément l’Article 33 de la Charte des Nations Unies. Mais il n’existait pas, jusqu’à maintenant, d’organisation juridique intergouvernementale dans ce domaine.

Par la création de l’IOMed, on vise à combler cette lacune internationale. Le but étant de permettre la médiation sur les différends entre pays, entre pays et investisseurs étrangers, et les différends commerciaux internationaux sur la base du consentement volontaire des parties concernées.

À cette fin, l’IOMed rassemble l’essence des différents systèmes juridiques dans le monde, respecte les souhaits des parties et tire parti de ses avantages d’être plus flexible, économique, pratique et efficace. Il « complète » et « assure » une synergie avec les mécanismes de règlement des différends internationaux existants, tels que le sont le litige ou l’arbitrage.

AU-DELA DE L’ONU…

Cette initiative veut-elle aller au-delà des outils de l’ONU? Il est déjà acquis que le règlement des conflits par le dialogue et la médiation des différends par la négociation sont des valeurs communes, voire des aspirations universelles des grandes civilisations du monde entier. Mais même avec la création du système onusien dans les années 1940, il y a encore un océan entre la théorie et la réalité.

L’IOMed ne s’engage d’ailleurs pas dans l’arbitrage obligatoire. Mais veut offrir une plate-forme neutre, adhérant aux principes de participation volontaire, de prise de décisions sur un pied d’égalité et d’avantage mutuel, de respect des préoccupations raisonnables de toutes les parties, de poursuite de l’avantage mutuel et des résultats gagnants pour tous. En interprétant concrètement la sagesse de la coexistence pacifique. 

« L’IOMed est un bien public de gouvernance mondiale offert par les pays du Sud Global et apportera une contribution importante au maintien de l’équité et de la justice internationales », explique-t-on.

L’initiative vise à servir principalement les pays en développement (Asie, Afrique et Moyen-Orient). Cela permet à la Chine de se positionner comme un médiateur global et un fournisseur de biens publics internationaux, au même titre que les Nations Unies ou la Cour internationale de justice, mais avec ses propres normes et pratiques. Cependant, elle n’entre pas directement en concurrence avec les juridictions internationales comme la CIJ (Cour internationale de justice) ou le CIRDI (Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements), puisqu’elle ne rend pas de jugements contraignants. Elle vient cependant concurrencer les forums d’arbitrage commercial, comme le SIAC (Singapore International Arbitration Centre) et le LCIA (London Court of International Arbitration).

Avec le temps, l’initiative pourrait introduire des normes et procédures alternatives face à l’Occident, mettant l’accent sur la médiation informelle, la non-confrontation et le respect mutuel, plus en ligne avec les valeurs diplomatiques chinoises. Et si la chose réussit, elle réduira la dépendance des pays du Sud à l’égard des juridictions occidentales, modifiant ainsi l’équilibre normatif global.

À suivre!

O.M.A. est une nouvelle association sans but lucratif qui propose ses services à toute entreprise ou institution nationale ou internationale qui aurait besoin d’intervenants pour l’aider à prévenir ou gérer des conflits.

À lire aussi :

https://www.mfa.gov.cn/fra/zxxx/202506/t20250601_11638479.html

Le nouveau pape Léon XIV : un exemple moteur pour les affaires québécoises

Le nouveau maître du Vatican est d’origines italo-franco-espanole… natif des USA; et il fonctionne à travers une demi-douzaine de langues. On peut y voir facilement un bel exemple de ce qu’amène la richesse de la pluralité. Faisons un pas de plus en portant un regard gestionnaire sur la richesse de la pluralité, à la lumière d’exemples du Québec.

Au Québec, la question des origines et de la diversité culturelle est souvent abordée avec sensibilité, car elle touche à l’identité collective et à la projection de cette société dans l’avenir, riche de quatre siècles de luttes comme Francophonie minoritaire survivante en Amérique mais toujours insécure. Pourtant, dans le monde des affaires comme dans la vie communautaire, la pluralité des racines – qu’elle soit issue de l’immigration récente ou de la diversité des souches plus anciennes – se révèle être un moteur puissant d’innovation, d’adaptabilité et de réussite économique. Des exemples inspirants, tant sur la scène internationale que le contexte locale, démontrent que miser sur la diversité, c’est investir dans la prospérité.

Exemple inspirant : le pape Léon XIV et la force de la diversité

L’élection du pape Léon XIV, né Robert Francis Prevost, illustre bien la force de la diversité. Né à Chicago d’un père franco-italien et d’une mère espagnole, il a vécu et travaillé aux États-Unis, au Pérou, en Italie, et parle couramment cinq langues. Ce parcours témoigne indubitablement de la capacité à fédérer autour de valeurs universelles; à comprendre les enjeux locaux tout en gardant une perspective globale.

Dans le monde des affaires, cette polyvalence linguistique et culturelle permet de bâtir des ponts, d’anticiper les besoins de clientèles variées et d’innover.

Québécois de souches multiples : une richesse à valoriser

Ici, commençons d’abord par clarifier cette idée : l’idée qui parle souvent des « Québécois de souche » comme d’un bloc homogène! Alors que la réalité est bien plus nuancée. Le Québec est, par essence, par sa géographie, par son histoire, un carrefour de cultures.

Les Québécois qui, nés sur le territoire de parents venus d’ailleurs, grandissant à la croisée de plusieurs mondes, développent des qualités précieuses : ouverture, capacité d’adaptation, multilinguisme, et une compréhension fine des dynamiques interculturelles. Cette richesse se traduit souvent par une aptitude à naviguer entre différentes réalités, à bâtir des ponts, voire à innover en s’inspirant de plusieurs traditions.

Les gestionnaires et entrepreneurs qui reconnaissent et valorisent ces atouts se donnent un avantage concurrentiel indéniable.

Plusieurs entreprises québécoises
incarnent la diversité

Au Québec, plusieurs entreprises ont compris que la diversité n’est pas qu’un enjeu social, mais une stratégie d’affaires gagnante.

Olymel : la diversité comme ADN de la réussite

Olymel, leader québécois de la transformation de viande, emploie plus de 15 000 personnes issues de plus de 50 nationalités. L’entreprise a misé sur la diversité dès ses débuts, d’abord en recrutant des talents de différentes régions, puis en ouvrant ses portes aux travailleurs immigrants. Cette stratégie a permis à Olymel de répondre à ses besoins en main-d’œuvre qualifiée et de s’adapter à la démographie du Québec. La diversité y est aujourd’hui considérée comme une force structurante, une pratique d’ailleurs reconnue par le prix Maurice Pollack 2020 pour l’inclusion.

Desjardins : reconnaître les compétences d’ailleurs

La Caisse Desjardins du Centre-nord de Montréal s’est démarquée en mettant en place des mesures concrètes pour reconnaître les équivalences de formation et les expériences acquises à l’étranger. Cette politique favorise l’intégration professionnelle des nouveaux arrivants et valorise les compétences de tous, peu importe leur parcours. En révisant les positionnements salariaux pour refléter cette reconnaissance, Desjardins démontre aussi que l’inclusion enrichit l’organisation et son capital humain.

Jean Duceppe : la scène au service de la diversité

Dans le secteur culturel, la compagnie de théâtre Jean Duceppe s’illustre par ses auditions ouvertes à des talents issus de la diversité. Son projet de laboratoires vise à démocratiser l’accès au théâtre et à favoriser le dialogue. Cette démarche permet à l’organisation de renouveler son public, d’enrichir sa programmation et de mieux refléter la pluralité de la société québécoise.

La diversité, moteur d’innovation et de performance

Les études sont formelles : la diversité culturelle au sein des équipes favorise la créativité, stimule l’innovation et améliore la performance globale des organisations. Un brassage d’expériences, de compétences et de points de vue permet de générer des idées nouvelles, d’éviter les angles morts et de mieux répondre aux besoins d’une clientèle de plus en plus diversifiée.

Selon la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, les entreprises inclusives génèrent en moyenne 1,4 fois plus de revenus par employé et affichent une meilleure capacité d’adaptation face au changement. Message fondamental à retenir : les milieux inclusifs attirent des profils variés et motivent les employés à s’investir durablement dans l’organisation.

Le défi de la reconnaissance et de l’intégration

Mais il y a encore une longue route à faire… Malgré ces avantages, le marché du travail québécois ne reflète pas encore pleinement la diversité de sa population. Trop souvent, les immigrants ou les personnes issues de l’immigration sont sous-employés, leurs qualifications et expériences acquises à l’étranger étant insuffisamment reconnues. Pour tirer pleinement parti de la richesse de cette diversité, il reste essentiel que les organisations reconnaissent ces compétences, puis créent des environnements inclusifs où chaque voix compte.

Car le potentiel pour une identité québécoise à la fois plurielle et plus prospère est bien réel. Moult exemples démontrent que la diversité n’est pas une contrainte, mais une ressource précieuse.

Miser sur des Québécois de souches différentes, c’est s’ouvrir à un monde d’opportunités, renforcer sa capacité d’innovation et bâtir une société plus inclusive et prospère. Et les entreprises qui font ce pari aujourd’hui seront les leaders de demain, capables de rayonner.

Sur un ton plus philosophe, gardons toujours en tête qu’en affaires, comme en pastorale, la diversité est une promesse : celle d’un Québec capable d’accueillir, d’intégrer et de valoriser les talents venus de toutes les « souches » – pourvu que chacun y mette du sien, dans le respect et la collaboration.

Lire aussi :

https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2025-05/leon-xiv-nouveau-pape.html

Tarifs Trump : comment des PME québécoises résistent avec le soutien des consommateurs locaux

La tempête tarifaire signée Donald J. Trump 2025 impose triplement l’instabilité : quand? quoi? combien de temps? La pire crainte du monde des affaires! Au Québec, une analyse des entreprises locales affectées par lesdites taxes fait ressortir des stratégies pour s’en sortir, avec l’appui du citoyen-consommateur. D’autant que la tempête prend des allures d’ouragan : des menaces de tarifs douaniers de 25 % imposés aux PME québécoises en poussent plusieurs à un carrefour critique.

Ces taxes, si elles étaient appliquées, fragiliseraient davantage un tissu économique déjà mis à rude épreuve par la concurrence internationale et une accumulation d’incertitudes géopolitiques. Mais comme cette terre est fertile pour le nationalisme économique, plusieurs trouvent, dans cette crise, une lueur d’espoir dans le soutien massif des consommateurs locaux. Une réaction qui pourrait bien devenir la clé de leur survie et de leur prospérité.

Dans cette crise, ce sont évidemment les secteurs exportateurs du Québec, notamment l’agroalimentaire, la technologie ou le manufacturier, qui deviennent particulièrement vulnérables. À la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, si ces tarifs devaient entrer en vigueur, on s’empresse vite de souligner le lourd poids des conséquences : nos produits deviendraient moins compétitifs sur le marché américain, principal débouché pour nos entreprises.

Mais la réalité serait encore pire, car à la hausse des prix pour les consommateurs aux États-Unis, il faut aussi ajouter la pression sur les marges et les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement transfrontalières comme autant de défis immédiats.

Face à tant de menaces, les PME québécoises ne doivent pas se résigner, et plusieurs de leurs dirigeants mobilisent leurs forces, innovent et, surtout, comptent sur un allié inattendu : le citoyen-consommateur. Parce que selon une étude récente, 86 % des Canadiens, mais 90 % des Québécois, considèrent qu’il est crucial – oui CRUCIAL! – de soutenir les petites entreprises locales. Et la majorité des consommateurs sont également prêts à faire un effort supplémentaire pour privilégier l’achat local. Étant motivés par le désir de soutenir leur communauté, de préserver des emplois et de renforcer leur autonomie économique.

Faut-il voir ce mouvement citoyen comme un simple acte de solidarité? Comme une réaction, passagère, qui ne durera pas? C’est ici qu’il importe que le chef d’entreprise perçoive bien ce mouvement citoyen, pour en faire une véritable stratégie de résilience pour nos PME. Il doit faire passer le message! En achetant local, les consommateurs participent à la création d’un cercle vertueux : ils contribuent à la stabilité économique de leur région, à la diversification des marchés et à la réduction de la dépendance aux marchés américains.

Un bon exemple, les marques de certification « Les Produits du Québec » jouent un rôle essentiel dans cette dynamique, en rassurant les consommateurs sur la provenance et la qualité des produits.

Trois marques de certification sont délivrées par LPDQ: Produit du Québec, Fabriqué au Québec et Conçu au Québec. En date du 10 mai 2024, plus de 160 manufacturiers ont obtenu l'une de ces trois marques, pour un total de plus de 64 000 produits certifiés.

Les initiatives gouvernementales peuvent aussi renforcer cette tendance. En mai 2024, à la suite d’un appel de projets lancé à l’automne 2023 pour promouvoir l’achat local partout au Québec, le Gouvernement du Québec a sélectionné 26 initiatives, auxquelles il accordait des aides totalisant plus de 9,2 millions de dollars. L’une d’entre elles, à réaliser par le Regroupement des Sociétés de développement commercial du Québec (RSDCQ), recevait ainsi 440 400 $, dans le cadre du volet A, pour promouvoir les produits vérifiés par LPDQ par l’entremise d’un programme numérique de fidélisation des consommateurs.

RÔLE CLÉ DES CONSOMMATEURS

Les citoyens-consommateurs jouent donc un rôle de levier dans la résilience des PME face à la hausse des coûts et à l’incertitude économique engendrée par d’importants tarifs douaniers. Et une majorité (66 %) font déjà un effort conscient pour privilégier ces commerces, plutôt que les grandes chaînes ou les plateformes en ligne internationales.

Le message à bien faire comprendre est celui d’une boucle vertueuse. En soutenant leurs commerces de proximité, les citoyens contribuent à maintenir la demande intérieure, à préserver des emplois et à limiter l’impact négatif des mesures protectionnistes externes. Et cette mobilisation citoyenne va au-delà du simple acte d’achat : elle encourage une relocalisation des circuits de production, favorise l’innovation locale et stimule la création d’emplois. En de telle période d’incertitude, la demande croissante pour les produits locaux peut aussi inciter les PME à diversifier leurs marchés, à investir dans des pratiques plus durables et à renforcer leur compétitivité face aux défis internationaux.

Finalement, la conscience collective autour de l’achat local s’inscrit dans une stratégie globale de souveraineté économique. En favorisant les produits locaux, les consommateurs participent activement à la réduction d’une dépendance aux marchés étrangers autant qu’à la consolidation d’un tissu économique résilient.

CRÉER DES « BOUCLES VERTUEUSES »

Selon une étude de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), chaque dollar dépensé dans une PME locale redistribue environ 0,66 $ dans l’économie régionale, contre seulement 0,11 $ lorsqu’il est investi dans une multinationale. Ce puissant phénomène de « boucle vertueuse » permet de soutenir directement la stabilité et la croissance des entreprises, en créant aussi un effet d’entraînement bénéfique pour l’ensemble du marché du travail.

Mais il y a moyen d’être très précis afin de donner une image convaincante de ce que peut représenter un mouvement fort d’achat local. Dans son texte d’opinion d’expert invité que publiait Les Affaires, le vice-président à la recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada (BDC), Pierre Cléroux, met des chiffres très faciles à comprendre : « En 2024, le Canada a importé des biens de consommation américains d’une valeur totalisant 157 milliards $, soit environ 330$ par personne par mois. Or, si chaque personne au pays remplaçait seulement 25$ d’achats mensuels de produits importés par 25$ d’achats de produits canadiens (donc 100$ par mois pour une famille de 4 personnes), cela pourrait ajouter 0,7% à la croissance du PIB canadien cette année. »

« Le remplacement de produits américains par des produits canadiens, dans de telles proportions, entraînerait en effet une baisse de 7,5% des importations de biens de consommation, ou l’équivalent de 12 milliards $, qui seraient alors injectés directement dans l’économie d’ici. Sans compter qu’une telle portée permettrait du même coup de créer 60 000 emplois », continue M. Cléroux.

Wow! Ajouter 0,7% à la croissance du PIB annuel par une simple substitution de 25 $ d’achats par mois! Ces chiffres illustrent à quel point la relance d’une économie peut passer par une mobilisation collective en faveur des producteurs, artisans et commerçants locaux.

Une telle pédagogie économique vise à soutenir la résilience des chaînes d’approvisionnement et à encourager la consommation de produits locaux, contribuant ainsi à la souveraineté économique du Québec. Les PME québécoises, conscientes de leur importance pour l’économie locale, savent qu’elles ne peuvent pas compter que sur des mesures d’aide financière ou sur la diversification de leurs marchés. Leur véritable force réside pour beaucoup dans la solidarité de leurs communautés. D’autant plus si elles s’activent en conséquence et construisent cette force. Elles doivent faire passer le message… En choisissant d’acheter local, chaque citoyen devient un acteur de cette résistance économique, un partenaire dans la construction d’un avenir plus autonome et durable pour le Québec. Pavant même les chemins d’un Québec plus écologique…

Car dans un contexte marqué par la menace de taxes punitives, l’achat local s’affirme comme un acte de résistance et de soutien permettant à nos PME de continuer à innover, à créer des emplois et à renforcer leur compétitivité, tout en affirmant leur identité face à la pression extérieure. Ce contexte s’avère même une occasion idéale de faire avancer plus rapidement la transition vers une économie circulaire, afin qu’ensemble nous bâtissions la résilience économique du Québec.

https://www.lesaffaires.com/opinions/lachat-local-pourrait-injecter-12g-dans-notre-economie-et-creer-60-000-emplois

La gouvernance de l’IA nous annonce-t-elle un retour en force du multilatéralisme?

La nécessité est la mère de l’invention! Le dicton a la vie dure, alors même que les enjeux environnementaux et climatiques, totalement planétaires, n’ont pas conduit l’approche du multilatéralisme, en matière de relations entre les États, à un haut niveau de confiance et de résultats.

Ils étaient pourtant nombreux, experts et politiciens, à se donner rendez-vous les 10-11 février 2025, à Paris, pour le Sommet pour l’action sur l’IA. Pour travailler, ils ont notamment en main le premier rapport indépendant international sur la sécurité de l’IA. Un important document de réflexion rédigé par une équipe d’une centaine d’experts de plus de 30 pays. Le rapport détaille les données probantes sur les risques du développement « mal encadré » de l’IA.

On cherche aussi à aider les politiciens et législateurs à relever les principaux défis mondiaux reliés à l’IA. Un groupe international d’experts a donc formulé des recommandations de politiques publiques pouvant être mise en œuvre à l’échelle mondiale pour protéger la démocratie ou l’intégrité électoral.


Sommet de Paris:

61 pays s’accordent pour une IA
« ouverte », « inclusive » et « éthique »

On le voit déjà très bien, le développement de l’intelligence artificielle (IA) n’a pas de frontières. Toute approche de gouvernance unilatérale, ou bilatérale (de pays à pays), se frappera à l’inefficacité. Pour atténuer efficacement les risques reliés à l’IA, la communauté internationale doit absolument se concerter et travailler de concert.

HEUREUX RETOUR DU BALANCIER

Si la gouvernance de l’IA annonçait un retour du multilatéralisme en matière de relations internationales, il faudrait parler d’un début de retour du balancier. Ce ne sont certainement pas les premières semaines de la présidence de Donald Trump qui annoncent de belles heures pour le multilatéralisme. C’est tout à fait le contraire.

Mais autant des pays comme le Canada et la France ont un énorme avantage à jouer la carte du multilatéralisme sur la scène internationale. Et MM Trudeau comme Macron, leurs leaders politiques, étaient bien là, à Paris (ainsi que le v-p Vance).

Il n’y a pas que pour le domaine de l’IA que la formule s’impose. Pour l’environnement et le climat, nous l’avons déjà dit. Et il faut remarquer ici que si un décret Trump a fait sortir les USA de l’Accord de Paris sur le climat, le pays n’est pas retiré pour autant de l’organisation des fameuses COP (Conference of parties), lieu d’exercice concret du multilatéralisme en la matière.

Avec quelque 193 États souverains à l’ONU, comment penser une gouvernance mondiale pertinente et efficace autrement que par le chemin du tous ensemble?

Si le multilatéralisme se traduit dès la coopération de trois États au moins dans le but d’instaurer des règles communes, c’est par le nombre des parties prenantes qu’il acquière sa plus grande pertinence. Et ici, il y a surtout l’idée que la coopération rend l’action plus efficace. Plus bel exemple : les problèmes environnementaux qui peuvent dépasser le cadre des frontières étatiques; et dans un tel cas une coopération entre États peut s’avérer plus bénéfique pour tous les acteurs concernés que si ceux-ci agissaient seuls.

En théorie, la complexification des relations internationales contemporaines rend le renforcement du multilatéralisme rien de moins qu’inévitable. Un argument difficilement contestable dans un monde globalisé, où l’interdépendance est élevée, voire toujours croissante. Et aucun État, voire même le plus puissant, ne peut espérer résoudre seul tous les défis auquel il est confronté. Un argument se heurtant pourtant à la réalité d’un système international d’État trop anarchique, qui manque de la confiance et de la bonne volonté essentielles pour régler des problèmes.

Rappelons, finalement, que le multilatéralisme montre plus facilement son efficacité dans le domaine du commerce international, dont il est issu.

Si la gouvernance de l’IA nous annonce un retour du multilatéralisme, il faudrait y voir une bonne nouvelle.

Programme du Sommet | Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle