Tous les articles par Daniel Allard

Depuis 1997, Daniel Allard a co-fondé et dirige le cyberjournal CommerceMonde.com. En 2013, il fit de même avec l'Association des sociétés québécoises cotées en Bourse, organisant notamment le Gala annuel des sociétés en Bourse (2008 à 2015). Le développement de l'équipe de LiNNOVarium.com est son actuelle priorité.

Sauriez-vous nous amener à Nollywood?

Nollywood… comme Bollywood et surtout comme Hollywood! Amérique, Asie… Afrique; Nollywood, comme le Hollywood de l’Afrique. Eh oui! Et c’est au Nigeria qu’il vous faudra aller, dans ce pays qui deviendra plus populeux que les USA d’ici quelques décennies.

MERCI À LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE

On entend depuis longtemps parler du pendant indien de la Mecque de l’industrie cinématographique mondiale, qui opère de Bombay depuis des lustres. Les nouvelles TIC et l’industrie du DVD ont cependant permis à l’Afrique de se doter du troisième pôle mondial du cinéma.

La révolution numérique a même permis à l’Afrique de se faire pionnière dans l’innovation peu coûteuse. Grâce particulièrement au cinéma numérique Nollywood a pu se développer rapidement et devenir, en terme de valeur, la 3e industrie cinématographique du monde après Hollywood et Bollywood.

Maintenant deuxième employeur du Nigeria derrière l’agriculture, cette industrie de 500 à 800 millions $ par an produit une moyenne de 2 000 films long métrage par année. Et le secret de la recette n’est pas sorcier : un long métrage en DVD se vend 2 $ et s’écoule en moyenne à 50 000 exemplaires, constituant directement un moyen de divertissement abordable pour les Africains et un modèle de production rapide qui s’exporte de plus en plus à travers le continent.

Pourquoi le DVD?

L’Afrique dans sa totalité n’offre qu’une seule salle de cinéma par million d’habitants. C’est vingt fois moins qu’en Inde et un taux encore 13 fois moindre que celui de la Chine.

TABLEAU 1 : LES SALLES DE CINÉMA DANS LE MONDE
Territoire Nombre de salles de cinéma
USA 40 000
Inde 20 000
Chine 13 000
Afrique Moins de 1 000

Source : Carlos Lopes, revue Géopolitique africaine, No. 53-54, 2015, pp. 17-23

 

L’accès à une salle de cinéma n’a heureusement rien à voir avec la capacité du continent à produire du cinéma de qualité. Avec ses 54 pays comptant plus de 3 000 cultures différentes, la créativité africaine restera pour longtemps encore un vivier de la diversité humaine.

« Les défis du Canada face aux grandes tendances mondiales » : Le Club Économique de Québec se lance avec Jean Charest comme conférencier

C’est du deux nouvelles en une! Bien inspiré du Club économique de New York, le fondateur du Journal Chefs d’entreprises, Pierre Drapeau, lance le Club Économique de Québec. Un regroupement de membres provenant des plus hautes sphères du domaine des affaires et de la finance ainsi que des milieux industriels, gouvernementaux, institutionnels et commerciaux visant à constituer « un important forum de discussions portant sur un large éventail de sujets d’intérêt pour gens d’affaires avertis ».

« The Economic Club was founded in 1907 by J.W. Beatson, Secretary of the National Economic League in Boston, and four business leaders from New York City. Its founders sought to follow the successful example of the Economic Clubs of Boston, Providence, Worcester, Portland, Springfield, and New Haven with the aim of bringing business people and professionals together for serious discussions of economic, social and other public issues in a non-partisan forum. »
Source: www.econclubny.org

Apolitique et non partisan, le nouveau club de Québec n’y va pas de main morte pour sa première activité. Son lunch-rencontre inaugurale de 10 septembre 2015 présente comme vedette l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest. M. Charest a accepté de développer un sujet qu’il connait bien, ayant été lui-même aux origines du déclenchement des négociations commerciales avec l’Union européenne. Si le thème de sa conférence concerne « Les défis du Canada face aux grandes tendances mondiales », il est certain que Jean Charest donnera largement son avis sur la récente entente de libéralisation des échanges entre le Canada et l’UE. Un sujet qui provoque encore des tensions. L’ampleur des concessions canadiennes n’étant pas encore mesurable.

Un bon contact, qui avait été proche des négociations Mexique-UE il y a plus de dix ans maintenant, nous a déjà révélé qu’il n’aurait pas souhaité être à la place des négociateurs canadiens une décennie plus tard. Parce que selon-lui, l’UE est devenue une force négociatrice implacable, qui de plus en plus arrache tout à l’adversaire. Le conférencier Jean Charest sera certes questionné à ce propos.

« Monsieur Charest exposera quelques grandes tendances mondiales comme l’avènement des nouvelles technologies, les économies émergentes, le vieillissement de la population, la crise économique et financière de 2008, les changements climatiques, la réduction de la pauvreté, le pivot de l’économie mondiale vers l’Asie, l’émergence d’une nouvelle classe moyenne et la montée du nationalisme liée à une intensification de la militarisation. Ensuite, il présentera le portrait canadien vis-à-vis ces tendances mondiales », nous explique l’organisateur Pierre Drapeau.

Inspiration new-yorkaise!

N’ayant aucun agenda politique, la principale motivation du Club Économique de Québec est d’être un forum crédible et structuré où des dirigeants choisis, tant au Québec qu’à l’étranger, peuvent s’adresser aux membres et à leurs invités.

Puisque ses conférenciers ont l’entière liberté d’expression, « le Club vise à devenir l’un des plus importants forums entièrement indépendant au pays », explique son site web.

Les conférenciers seront choisis en fonction de leur important statut et de leur rôle de premier plan dans l’actualité. Le Club recevra donc des chefs de gouvernement, des ministres, des législateurs, des économistes, des banquiers, des chefs d’entreprises, des chefs syndicaux, des recteurs d’universités, des gouverneurs, des juges, des généraux et amiraux, des ambassadeurs et des scientifiques.

Les rencontres auront habituellement lieu lors de grands dîners, mais parfois à l’occasion de déjeuners, dans la salle de bal d’un important hôtel de Québec. La teneur de la seconde activité du Club Économique de Québec n’est pas encore connue.

Si l’inspiration new-yorkaise persiste, un gros nom sera du rendez-vous. Stephen S. Poloz, le gouverneur de la Banque du Canada y était l’invité le 12 novembre 2014. Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a aussi prononcé un discours devant l’Économic club de New York, le 20 septembre 2006. Toujours dans la métropole états-unienne, les membres souscrivent annuellement 600$ pour ce statut qui ouvre les portes de la suite 4910 du 350 Fifth Avenue.

Club Économique de Québec
www.econclubny.org

Pour inscription au lunch du 10 septembre: clubeconomiquedequebec.com/#evenements
(Photo: plq.org)

L’Université Laval rafle 98 des 350 M$ pour le Nord

L’Université Laval vient d’obtenir une subvention historique de 98 M$ du gouvernement fédéral canadien pour sa vaste stratégie de recherche baptisée Sentinelle Nord. Il s’agit de la plus importante subvention de recherche de son histoire. La somme récoltée représente environ 30% des 350 millions $ octroyés par le programme Apogée Canada à des établissements d’enseignement post-secondaires du Canada, sur une période de sept ans.

Le programme vise l’enrichissement des connaissances scientifiques, mais également l’atteinte de l’excellence à l’échelle mondiale dans des domaines qui procurent des avantages économiques à long terme au pays.

« Améliorer notre compréhension de l’humain, de son environnement et des répercussions des changements environnementaux sur la santé »: voilà l’objectif de cet ambitieux projet.

Scientifiques et chercheurs souhaitent tracer en temps réel la cartographie de l’écosystème et des géosystèmes arctiques, subarctiques et nordiques de l’axe humain-environnement, grâce à l’apport d’une instrumentation scientifique novatrice et transdisciplinaire. Sentinelle Nord mise autant sur l’approche humaine que sur les technologies de pointe comme l’optique-photonique et la neurophotonique.

Le programme de recherche prévoit notamment la création d’un panel scientifique international, de nouvelles chaires de recherche et d’unités mixtes de recherche, d’un programme de bourses, de même que l’organisation d’écoles internationales.

« Il s’agit d’une reconnaissance inestimable couronnant des années de travail dans le développement de nos chaires de recherche au sein de nos facultés, de notre approche intersectorielle et de nos collaborations à l’international », souligne le recteur Denis Brière qui estime que la sélection du projet Sentinelle Nord par Apogée Canada  consacre le statut de chef de file de l’Université Laval en matière de recherche.
Source: Fil

Noé sauvera-il l’humanité une autre fois?

Les Nouvelles options énergétiques (Noé) étaient proposées dès les années 1990 pour amener l’humanité à un monde viable. À Québec, en septembre 2014, le premier Festival du film sur le nucléaire à se tenir en Amérique du Nord avait présenté un documentaire choc dans lequel témoignaient plusieurs environnementalistes convertis à cette source d’énergie, après avoir constaté qu’il serait impossible de sauver l’environnement de la catastrophe autrement. En bonne cause parce que la place que les énergies renouvelables arrive à prendre face aux énergies fossiles reste trop marginale. Le monde commandant trop d’énergie pour ce que la biomasse, le solaire, l’éolien, etc. arrivent à produire. Noé manquera-t-il le bateau?

NOÉ en rappel

J’ai retrouvé Noé en furetant dans ma bibliothèque. Je suis tombé sur Atlas des énergies – pour un monde vivable (ed. Sirios, 1994), et comme ce travail de Benjamin Dessus vient tout juste de traverser ses deux décennies pour la publication – mais 25 ans pour les statistiques prises en compte – j’ai décidé d’y chercher quelques leçons, fort de son quart de siècle de recul.

Première leçon:

Le monde de 1990 diagnostiquait les mêmes grands problèmes énergétiques qu’aujourd’hui :

  • accès aux ressources pétrolières
  • accumulation des déchets nucléaires
  • augmentation des gaz à effet de serre

Seconde leçon:

Bien que global, le problème de l’énergie trouvera plus efficacement ses solutions sur une base locale et dans le respect des diverses réalités géographiques, culturelles et de moyens disponibles.

Incidemment, la proposition de scénario Noé impliquait un redéploiement partiel des capacités d’innovation et d’organisation, principalement mobilisées au service de la productivité de la main-d’oeuvre, vers la réduction des besoins énergétiques. Pour montrer qu’il y a là matière à gains significatifs, Benjamin Dessus nous explique que la poursuite de la croissance de la productivité du travail conduirait, à structure de population active identique, à réduire l’horaire hebdomadaire de travail à 20 heures dès 2020 et à 7 heures en 2060, ou bien a accepter des niveaux de chômage sans commune mesure avec nos réalités.

L’innovation et le progrès technique sont certes sollicités car il faut effectivement faire face à une augmentation constante des besoins mondiaux d’énergie (et ces travaux n’avaient pas vu venir la croissance chinoise à son meilleur, ne la calculant qu’autour de 4% de PIB annuel).

Besoins mondiaux d’énergie En milliards de TEP (tonne équivalent pétrole)
1950 2
1990 8,7
2020 13 à 17 (10,1 scénario Noé)

Les progrès techniques sont souvent spectaculaires :

  • La télé noir et blanc des années 1950 consommait 500 watts, les versions couleurs de 1990 en étaient à 50 ou 100 watts selon leur taille. Les récepteurs à écran plat à cristaux liquides de haute définition sortant des usines japonaises en consomment moins de 20. Une consommation divisée par 25 en quarante ans.
  • En 1990, il fallait 40% d’énergie de moins qu’en 1950 pour produire une voiture.
  • Entre 1972 et 1988, la consommation moyenne d’énergie d’un réfrigérateur chuta de 32%.

Troisième leçon:

« Au cours de la période 1973-1986 (…) les pays de l’OCDE ont montré leur capacité à déconnecter leur croissance économique de leur consommation d’énergie. Alors que leur produit intérieur brut augmentait de 37% au cours de la période, leur consommation globale d’énergie n’enregistrait qu’une croissance de 7%. » (Source : ENERDATA)

Le message ici c’est que les mesures d’efficacité énergétique et d’économies d’énergie demeurent la principale source à puiser.

Quatrième leçon:

La volonté politique restera toujours fondamentale. N’est-il pas désolant de lire, avec Dessus, que les modèles d’automobiles les plus économiques en énergie fabriqués localement au Brésil par les firmes étrangères consommaient 30% de plus d’essence que ceux fabriqués sous la même marque en France ou aux USA? Ça, essentiellement parce que les constructeurs n’avaient pas d’intérêts immédiats à exporter leurs technologies les plus performantes!

Cinquième leçon:

Il y a encore un long chemin avant d’atteindre une certaine équité en matière de développement et d’énergie. En 1990, en Inde chaque habitant consommait en moyenne 300 litres de pétroles par an, contre 7 900 litres de pétroles par an pour un Américains, c’est-à-dire 26 fois moins. La moyenne mondiale s’établissait alors à 1 600 litres de pétroles par an.

Mais Benjamin Dessus concluait sur une note optimiste, bien loin du déluge et surtout bien conscient du potentiel à puiser dans le champ des économies d’énergie:

« Globalement ce que montre Noé, c’est qu’il est possible, sans révolution technologique, d’aboutir vers 2100 à un système énergétique en équilibre avec la nature, qui permette le développement de l’ensemble de l’humanité sans remettre en cause l’avenir de la planète ».

Benjamin Dessus est l’un des 6 fondateurs, en 1992, de www.global-chance.org

La circularisation de l’économie : une stratégie de création d’emploi

Ce qui définit le plus simplement l’économie circulaire c’est l’optimisation de l’utilisation des ressources. Faire plus et mieux avec le moins possible. Et ce n’est pas un concept abstrait, car bien qu’il n’existe pas de données officielles comptabilisant la chose une étude estime que l’économie circulaire « emploie déjà près de 600 000 personnes en France ».* Le potentiel pour la création d’emplois supplémentaires est, de plus, évalué entre 200 000 à 400 000 pour la France seulement. Il y a mieux: les études les plus poussées, qui proviennent du Royaume-Uni, estiment que plus de 500 000 emplois pourraient être créés à l’échelle de ce pays.

Dans un pays qui développe le recyclage depuis longtemps, il est intéressant de constater que les 29 500 ETC (équivalant temps complet) dans le recyclage en France représentent moins du quart des personnes travaillant dans l’industrie du déchet (131 310 ETC).

Les chiffres pour le réemploi et la réutilisation sont encore plus faméliques: 18 400 ETC en 2012.

Des exemples en économie de fonctionnalité, qui mise sur la vente de l’usage plutôt que du produit, montrent cependant le leadership de multinationales telles que Michelin, pour la vente du kilométrage plutôt que de pneumatiques dans des flottes de poids-lourds, et Ricoh, pour la vente des impressions plutôt que des imprimantes.

Et qui sait que la multinationale Coca Cola (shéma circularité) possède déjà sa stratégie en économie circulaire?

Au Japon, les taux de recyclage atteignent presque 100% pour les emballages; 95% pour le béton et le bois de construction. Pas moins de 120 000 emplois nets y ont été créés dans le secteur, entre 2000 et 2007, selon l’étude bilan de 2010 menée par le gouvernement japonais sur la politique des 3R.

Ailleurs dans le monde, c’est aux USA que l’on retrouve l’industrie du remanifacturing la plus développée. Le rapport en 2012 dédié à ce sujet de la United States International Trade Commission estime le secteur à 180 000 ETC. Entre 2009 et 2011, le chiffre d’affaire total de cette industrie est passé de 37 à 43 milliards $ avec une création nette de 14 000 emplois. Mais une étude de 2014 rapportée par la Fondation Ellen MacArthur évalue à un total de 500 000 emplois l’industrie du remanufacturing aux États-Unis.

Déchet vs emploi

Le coût de la mise en décharge atteint une moyenne de 80 euros/tonne en France, contre par exemple 160 en Suède, ce qui montre l’écart et le potentiel d’amélioration du secteur. Une étude comparative conduite en 2012 par la Commission Européenne (CE) établit que le coût d’enfouissement minimum permettant d’atteindre un taux de recyclage de l’ordre de 50% est de 100 euros/tonne.

Tableau 1

Nombre d’emplois créés selon le mode de traitement des déchets

MODE DE TRAITEMENT EMPLOIS CRÉÉS pour 10 000 t traitées (ETC)
Mise en décharge 1
Incinération 3 à 4
Compostage ou méthanisation 11
Démantèlement 50

(Source : ADEME, France, 2013)

La décision d’enfouissement contre celle du compostage représente un rapport dépassant 10 contre 1, lorsque l’on se préoccupe des emplois créés. Le même rapport passe à 50 contre 1 si on pousse jusqu’à la stratégie du démantèlement du déchet, ce qui est énorme à une échelle nationale. De quoi certainement nourrir une politique macro-économique de lutte au chômage.

 

* Deboutière et Georgeault, Quel potentiel d’emplois pour une économie circulaire?, Institut de l’économie circulaire, Paris, 2015.