Le Québec possède les moyens pour devenir d’ici 2030 carbonégatif

Pas seulement « carboneutre »… devenir « carbonégatif » ! Voila certainement le rêve des politiciens ayant pleinement conscience des enjeux qu’annoncent les dérèglements climatiques. Mais rêvent-ils en couleur ?

Le mémoire déposé au ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques du Québec dans le cadre de la consultation publique portant sur « Le projet de Politique de développement durable 2020-2027 » que VRIc, Réseau de l’économie circulaire, a présenté en octobre 2020, dit que ce rêve est réalisable, pour le Québec, et aussi vite que d’ici 2030 « à certaines conditions ».

Par son titre même, le mémoire de VRIc donne le ton : « Un État stratège pour réduire la consommation des ressources naturelles et les émissions de GES par l’Économie circulaire afin de répondre à l’urgence climatique ». Et c’est à partir de seulement sept (7) conditions que ses représentants avancent que « le Québec possède tous les moyens pour devenir d’ici 2030 carbonégatif » :

1- qu’il conçoive l’économie circulaire (ÉC) comme le moyen le plus économique pour refroidir le climat;

2- qu’il reconnaisse les entreprises de récupérations comme opérateurs de cette économie;

3- qu’il fasse des centres de recherche et de développement (R&D) les moteurs de l’ÉC;

4- qu’il adopte une écofiscalité qui déplace la richesse des entreprises du système de l’économie linéaire vers celles de l’économie circulaire notamment, en fixant un prix aux émissions carbone;

5- qu’il développe la culture de la mesure dans les entreprises et les organisations pour accélérer la réduction de la consommation des ressources naturelles non renouvelables et, du coup, la réduction des émissions de GES;

6- qu’il réorganise le développement du Québec pour la réindustrialisation des villes/MRC et des régions sur la base des technologies et des procédés propres;

7- qu’il mise sur l’industrie de l’économie circulaire forestière urbaine et rurale pour «forestrer» les quartiers, les villages, les villes/MRC et les régions et ce, dans le cadre d’un développement vert et la construction de la civilisation écologique et démocratique.

Fait notoire, pour VRIc on ne doit plus parler de déchet, mais de « ressource naturelle usagée ». Bien que synonyme de déchet ou de matière résiduelle, ce nouveau vocable offre l’avantage d’opérer une prise de conscience auprès du citoyen consommateur. Souhaitant en faire un acteur plus responsable et moins pollueur.

« L’économie linéaire est le fondement matériel de la civilisation industrielle alors que l’économie circulaire est le fondement matériel de la civilisation écologique et démocratique. » Pierre Racicot, directeur général VRIc, Réseau de l’économie circulaire.

Selon VRIc, qui signifie Villes et Régions innovantes, l’ÉC consiste essentiellement à :

– remettre dans les circuits économiques les ressources naturelles usagées et les émissions après traitement;

– remettre dans les circuits économiques les résidus bioalimentaires par de bioprocédés plutôt que de les éliminer par l’incinération, de les diriger dans les sites d’enfouissement et sur les plateformes de compostage grands producteurs d’émissions de méthane (CH4) et du protoxyde d’azote (N2O) qui sont 298 fois plus puissants que le CO2;

– voir les arbres comme des puits carbone afin de maximiser leur capacité de séquestration du CO2 une fois abattu en privilégiant l’utilisation du bois massif dans la construction des édifices commerciaux, industriels et institutionnels et des maisons ;

– concevoir et construire l’organisation de l’ÉC pour réduire systématiquement la consommation des ressources naturelles non renouvelables et les émissions de GES.

« Entre 1970 et 2017, l’extraction annuelle mondiale de matériaux dans le monde a triplé et continue de croitre, ce qui représente un risque majeur à l’échelle mondiale. Près de la moitié de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre et plus de 90 % de la perte de biodiversité et des conséquences du stress hydrique sont dus à l’extraction des ressources et à la transformation des matériaux, des combustibles et des denrées alimentaires », selon la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil européen, au conseil, au comité économique et social européen et au comité des régions intitulée: Le pacte vert pour l’Europe, Bruxelles, le 11 décembre 2019.

Application web de l’économie circulaire (AW-EC)

Outre d’agir tel un véritable think tank en matière d’économie circulaire, VRIc a beaucoup investi depuis 2016 dans le développement de ce qui se voulait, initialement, un projet de logiciel. Mais la complexité du défi a progressivement fait évoluer la démarche que l’on présente dorénavant comme l’application web de l’économie circulaire (AW-EC).

En partenariat avec une entreprise de Québec de récupération multimatières, Arteau récupération, et le Centre en imagerie numérique et média interactif (CIMMI) du Cégep de Sainte-Foy, le développement de cette application web progresse afin d’être éventuellement commercialisée en tant qu’outil de mesure consistant à agglomérer les données concernant les matières résiduelles remises dans les circuits économiques et la production des GES émis, évités, exportés, importés et séquestrés par les entreprises et les organisations par territoire. Par exemple, l’outil veut permettre de produire des rapports relatifs à la croissance du marché de l’ÉC par villes et régions, analogues à celui produit au Royaume-Uni pour les résidus domestiques.

Vous êtes intéressés à en savoir plus sur cette opportunité : cliquez ici.

La rédaction