Bien
peu de gens contestent l’inéluctabilité de la mondialisation. Elle est
de plus en plus dans tous les champs de la vie en société:
mondialisation du sport, de la criminalité, de la culture, des enjeux
environnementaux, du commerce, de la politique... Et plusieurs ne savent
pas qu’en faire. Dans
un tel contexte, peut-on faire reproche à ceux qui savent s’organiser?
Les reproches, il faut plutôt les diriger vers ceux qui ne tentent pas
d’agir en conséquence! Le
3e Sommet des Amériques, qui fera de Québec un point
très chaud du globe pendant une grosse semaine en avril prochain, est un
exemple de tentative d’organisation. Une tentative qui choque beaucoup
de gens parce qu’elle incarne la capacité d’organisation du monde des
affaires, des nantis influents auprès des politiciens, des riches de la
planète. Peut-on reprocher aux milieux d’affaires des Amériques de
vouloir s’aménager des conditions favorables pour leurs affaires? Au
nom de quoi? Le
Sommet des chefs d’État ne sera pas Ce
qu’il faut éventuellement craindre, c’est plutôt l’absence de
contrepoids et de contres mesures face à cette initiative. La tenue du Sommet
des chefs d’État ne sera pas l’événement le plus
important à se tenir en avril à Québec. Ce rendez-vous validera et
formalisera des négociations de coulisses préalables qui ont déjà très
largement tout décidé à l’avance. C’est vers la tenue, du 16 au 21
avril, du 2e Sommet des peuples qu’il importe de
tourner l’attention. Réussira-t-il à organiser le contrepoids
populaire? Réussira-t-il à s’approprier une place valable dans le
processus de la mondialisation? Au
XIXe siècle, au coeur de la Révolution industrielle, le rôle du
mouvement syndical a été déterminant dans l’évolution de ce
capitalisme d’abord sauvage vers un capitalisme plus humanisé (fin de
l’exploitation des enfants, assurance contre les accidents, amélioration
des salaires, etc.). La difficulté du mouvement syndical à s’ajuster
au phénomène de la mondialisation, surtout depuis les dernières décennies,
est frappante. L’incapacité du syndicalisme à véritablement sortir du
carcan des structures nationales prive les travailleurs d’un acteur compétant
efficace pour les représenter. Très
peu de gens remarquent qu'à chaque année, quelques jours avant la
rencontre au sommet du G7, les leaders syndicaux à l'échelle
mondiale rencontrent formellement le leader politique hôte du Sommet. Très
peu de gens! Voilà une partie du problème. Qui sont ces leaders
syndicaux mondiaux? Dans la population, ils sont plus souvent
qu’autrement improvisés. Pour l’instant, l’agriculteur français José
Bové fait la joie des médias. Mais à la tête de quoi est-il au
juste? Combien
de fois par an entendons-nous l’Organisation internationale du
travail répliquer aux actions de l’OMC, du FMI, de la
Banque mondiale? Combien de fois par an entendons-nous une «Union
mondiale des syndicats» répliquer au lobby de Davos? Jamais, car
cette dernière organisation n’existe pas! Il y a bien la Confédération
Internationale des Syndicats Libres - dont le siège est à Bruxelles
et qui compte déjà plus de 100 millions de membres – actuellement LA
voie la plus crédible du milieu syndical sur la planète. Mais qui
pourrait déclencher une grève générale mondiale aujourd’hui? Qui,
aujourd’hui, pourrait déclencher
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