Une récente étude canadienne propose que l’apport économique des congrégations religieuses multiplie par plus de dix, oui 10!, la valeur des crédits d’impôt et autres exonérations fiscales que l’État, au Canada, leur consent. Autrement dit, selon l’expérience canadienne, pour chaque dollar provenant de l’État par l’entremise d’un congé de taxe foncière, de l’impôt sur le revenu ou de taxes de vente, les organismes en cause procurent l’équivalent de 10,47 $ en retombées socio-économiques à la société.
L’exemple du Canada démontre ainsi que les États auraient pas moins de 10 fois raison d’investir dans les organisations religieuses oeuvrant sur leur territoire de juridiction.
Selon l’étude L’exonération fiscale des organismes religieux, un plus pour tous les Canadiens, diffusée en novembre 2024 par le Centre de recherche Cardus, lesdites retombées auraient totalisé quelque 16,5 milliards $ en 2019, au Canada.
Méthodologiquement parlant, l’étude a calculé l’effet de halo ainsi que la valeur des exonérations et crédits d’impôt pour 64 congrégations chrétiennes au Canada, de 2018 à 2020. Les auteurs le reconnaissent eux-mêmes : « À étudier les tenants d’une autre foi, on obtiendrait peut-être un autre résultat. »
Une étude précédente de Cardus avait estimé que l’effet de halo des congrégations religieuses au Canada atteint environ 18,2 milliards de dollars par année.
On appelle « effet de halo » la valeur en dollars de l’apport socio-économique d’une congrégation religieuse. Par retombées socio-économiques à la société, on entend ici notamment : la valeur des programmes et services offerts tels la lutte contre les dépendances ou le parrainage de réfugiés, la valeur des espaces offerts pour des activités culturelles ou communautaires, les dépenses directes et les activités générées en attirants diverses cérémonies.
C’est Ram Cnaan, à l’Université de Pennsylvanie, qui a cherché par ses travaux à établir la valeur en dollars de l’action de proximité des congrégations religieuses : un apport que l’on l’appelle ici l’effet de halo.
UNE HISTOIRE REMONTANT À 1601
L’exemple du Canada doit-il inspirer les autres pays du monde? Faut-il faire de l’exonération fiscale des organismes de bienfaisance une recette de bonne gouvernance universelle? Il faut savoir que l’exonération fiscale des organismes de bienfaisance dûment enregistrés découle de la promulgation, en Angleterre, en 1601, du Statute of Charitable Uses. Une action de l’État qui fut ensuite adoptée par les colonies d’Amérique.
Les organismes ainsi reconnus d’utilité publique, comme les organismes religieux, étant donc réputés aider le citoyen en donnant un sens à sa vie, en le rendant plus heureux, en lui offrant divers biens et services. En 2024, cette approche se confronte à la réalité de la nécessaire laïcité de l’État dans une société moderne qui souhaite respecter les diversités de ses populations.
On peut aussi considérer que de nombreuses recherches en sciences sociales ont démontré que les organisations religieuses multiplient les bienfaits qui profitent autant aux individus, qu’aux groupes.
QUI EST CARDIUS ?
Cardus est un centre de recherche non partisan qui s’engage, par la recherche et le dialogue, à clarifier et renforcer les moyens par lesquels les institutions de la société peuvent collaborer pour le bien commun. Fondé en 1974, il est basé en Ontario, au Canada.
(04-01-2022) Avec le recul du temps, et à l’heure des bilans de fin d’année, impossible d’oublier la dorénavant grand-messe du climat, voire celle des enjeux Économie-Éthique-Écologie, alors que la COP26 tenue à Glasgow, en Écosse, aura gardé le monde entier en haleine pendant deux semaines complètes du 31 octobre au 13 novembre 2021. Mais au bilan de 2021, la place à donner à cet événement change dès que vous prenez une perspective incluant le temps en avant, à advenir. Du 21 au 26 mars 2022, dans sa capitale Dakar, c’est le Sénégal en entier qui accueillera le 9e Forum mondial de l’eau. Un autre des grands rendez-vous de la gouvernance mondiale, en ce cas triennal, qui fut lui aussi reporté d’un an pour cause pandémique. Puis c’est un autre pays d’Afrique, l’Égypte, qui accueillera la COP27 (7-18 nov.) pour faire une nouvelle mise au point du processus de lutte au dérèglement du climat. Sénégal, Égypte… deux pays déjà parmi les très assoiffés du monde. De la COP de Glasgow, au forum de Dakar… jusqu’à la COP de Charm el-Cheikh, se pourrait-il que 2022 s’impose comme une charnière année de l’eau ? Analyse.
VOIR GLASGOW DE HAUT
Les attentes étaient énormes. Quelque 39 500 personnes y composaient la liste officielle des participants, dont 2 800 médias représentés par quelque 3 800 journalistes accrédités. Ce rendez-vous de Glasgow s’invitait « historique » : six ans après l’Accord de Paris sur le climat obtenu à l’arraché en 2015 lors de la COP21 ; presqu’autant d’années de sable dans l’engrenage du retrait-retour (effet Trump/effet Biden) des USA au processus ; puis l’année supplémentaire perdue pour raison pandémique (le rendez-vous qu’avait donné le gouvernement de l’Italie pour 2020 y est malheureusement passé). Oui, une pression énorme s’exerçait sur les diplomates, les gens du politique et tous les politiciens à l’échelle de la planète pour ENFIN s’entendre sur une mise en oeuvre, un effectif passage à l’action. Les objectifs convenus à Paris, en 2015 – faits accord international signé en 2016 – c’était bien… Cette à la fois subtile et costaude cible du 1,5 °C : encore faut-il organiser son atteinte. Car le temps commence à manquer.
Article 2 de l’Accord de Paris (2015) 1. Le présent Accord (…) vise à renforcer la riposte mondiale à la menace (…) dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, notamment en: a. Contenant l’élévation de la température (…) nettement en dessous de 2 °C (…) et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques;
De plus en plus d’indicateurs clignotent en rouge foncé.
Les ONG et ONGI sont à bout (quelque 12 000 personnes en représentaient près de 1 800 à Glasgow). La militante Greta Thunberg n’est que la pointe au sommet de l’iceberg des efforts de militantismes en la matière. Les scientifiques aussi : ils se mutent de plus en plus en acteur dramatique/metteur en scène de films-vidéos-documentaires chocs… Eux aussi, de Youtube à Tik Tok, ne sachant plus comment au mieux passer leurs messages. Ce qui devient de plus en plus préoccupant en soi. D’ailleurs, l’avant dernier point de presse pour lequel le cyberjournal COMMERCE MONDE a eu son journaliste sur place, vers la fin de ce qui devait être la dernière journée de la COP26, à 15h15 le vendredi 12 novembre, était organisé par le collectif Scientists Warning Europe. Il fallait voir son porte parole, Ed Gemmell, avocat, Managing Director du groupe, qui au final des présentations du trio au micro se mis debout, se crispa, puis explosa d’une impressionnante charge de paroles et d’émotions ne voulant rien cacher de l’exaspération de beaucoup de scientifiques envers le monde politique.
MALAISE GRANDISSANT Le malaise grandissant entre beaucoup de scientifiques et le monde politique fut un échos que nous avons aussi entendu en participant aux activités du Pavillon sur la cryosphère : l’idée de créer une « Section science/Science Corner » lors de la COP27, en 2022, afin de contrebalancer le lobby du « fossile noir » et pouvoir mieux faire entendre celui du « fossile bleu » y fut avancée par cette communauté de scientifiques spécialistes des glaciers, de l’écologie de l’Arctique et de l’Antarctique.
Les médias eux médiatisent, parfois en amplificateurs imparfaits transformant tout de même les populations en masses anxieuses. Avec résultat que le citoyen est en alerte, et en attente : il faut faire quelque chose ! Du même pas allant vite à l’interrogation suivante : nos dirigeants font-ils ce qu’il faut faire ?
Il y aurait pu ne pas y avoir de consensus final. Glasgow en a livré un !
Les premiers dirigeants de la Chine et de la Russie se sont exemptés du déplacement et de la joute des rencontres en tête à tête, mais leurs délégations y étaient bien actives. La lourde machine onusienne a travaillé et elle a fonctionné : l’opération reste une victoire du multilatéralisme, même si l’Inde y a pris un mauvais rôle avec son amendement de dernière minute. Ce pays a quand même joué le jeu, plutôt que de l’ignorer. Il faut écouter les plus de quatre heures de la séance de clôture finale du samedi 13 novembre. Entendre plusieurs délégués parmi les pays qui ne sont pas des grandes puissances tenir à exercer leur droit de parole pour dire qu’ils ne briseront pas, ici, l’opportunité du consensus, tout en faisant bien comprendre qu’ils ravalent, cette fois, et qu’ils sauront s’en souvenir, lors de la prochaine ronde de négociation. Et cela c’est là, déjà maintenant, puis beaucoup encore en Égypte en novembre 2022. Mais aussi bien avant, car les COP – Conference Of the Parties – sont un processus, une partie d’un processus. Chacune de ces grandes conférences n’est que le moment le plus médiatiquement immergé d’une machine diplomatique perpétuelle, alimentée de négociations continuelles.
Deux exemples parmi plusieurs :
– en attente imminente du Groupe-2 du GIEC
À Glasgow le principal et plus récent document pertinent du GIEC disponible était celui du Groupe-1. Les prochains rapports du Groupe-2 et du Groupe-3 n’arriveront qu’en cours de 2022 (en février pour l’un, en novembre pour l’autre). Ce sont ceux-là qui feront l’objet des plus grandes attentions à la COP27 égyptienne. C’est là que les leaders politiques trouveront leurs matières à faire de la cohérence pour l’ensemble du long chemin encore à parcourir. Ils auraient même pu prétexter officiellement de ce délai – plusieurs l’ont vraisemblablement fait aux tables des négociations en huit clos – bref, attendre ces importants rapports d’étapes à venir pour en faire encore moins. Ils auraient pu ne pas s’entendre du tout.
Il ne faut jamais oublier que le GIEC est une immense machine, notamment répartie en trois groupes de travail : le premier évalue les éléments scientifiques des changements climatiques, alors que le deuxième s’occupe des conséquences, de la vulnérabilité aux changements et de l’adaptation à ceux-ci, et que le troisième évalue les mesures d’atténuation. Si tout l’enjeu des « pertes et dommages », c’est-à-dire toute la question des dégâts irréversibles, actuels et en devenir, que cause et causera le dérèglement climatique (inflation de sécheresses, d’inondations, d’ouragans, etc.) semble avoir été balayée sous le tapis en Écosse, les promesses faites il y a 12 ans de mobiliser 100 milliards $US par année pour aider les pays les plus démunis à s’adapter aux bouleversements du climat restent de mise. Le fruit n’était tout simplement pas à maturité lors de la COP26.
– un énième rapport de la FAO
Un substantiel nouveau rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a été publié début décembre, et donc à peine un demi mois après la COP26 de Glasgow. « Des systèmes au bord de la rupture », c’est le titre du rapport, exposant la nécessité d’agir « en urgence » pour appliquer des solutions durables face à une exploitation des ressources « poussées à la limite de leurs capacités de production ». S’alarmant déjà de graves problèmes de subsistance alimentaire mondialement, les travaux des experts de cette agence onusienne rajoutent à l’intense fatigue pandémique actuelle, doublée d’une anxiété climatique croissante, voire bientôt chronique dans les populations. Un tout qui complexifie la donne, mais la FAO le fait tout de même, au risque d’avoir momentanément l’apparence d’un cri dans le désert.
Alors qu’ils sont nombreux à dénoncer les trop petits pas accomplis, que plusieurs accusent la COP26 de Glasgow d’avoir fait trop de surplace, il faut toujours garder en tête qu’il s’agit d’un processus. C’est l’action sur la décennie en cours qui sauvera la mise pour l’Humanité, pas un seul événement annuel.
« Oui, il y a urgence climatique, mais il faut voir ça comme une course à obstacle, un pas à la fois (….) » nous disait l’ingénieur et homme d’affaires québécois Pierre Langlois, dans un de nos articles récents.
« L’essentielle coordination gouvernements-entreprises-instances internationales fait encore très largement défaut », avançait dans son analyse l’éditorialiste Guy Taillefer (Le Devoir, 28 décembre 2021). À la porte du concept, pourquoi ne pas parler franchement de ce dont il faut dorénavant débattre, soit des gouvernances mondiales à améliorer ou à mettre en place ? Il ne faut plus avoir peur des mots; les grands maux sont tous là! Gouvernance pour le climat, pour la paix mondiale, pour tellement de défis…, dont certainement celui de la gouvernance mondiale de l’eau.
L’OBLIGATOIRE LIEN CLIMAT-EAU
Notre première stupéfaction en débutant notre couverture journalistique sur place dans l’immense section des pavillons de la COP26 fut de s’y faire expliquer que la présence du Water Pavilion y était une première. Ils durent même s’y mettre à presque quarante partenaires pour le concrétiser.
Il faut dire que les pavillons thématiques y sont une chose toute récente. Se revendiquant premier du genre, sorte de lègue de la COP25 de 2019 voulu par le Chili « qui souhaitait que l’on continue de parler des glaciers », nous a expliqué la docteur en glaciologie Heïdi Christiane Sevestre à nouveau membre de l’équipe sur place, un Pavillon sur la cryosphère avait pu être concrétisé à Madrid, et elle en était aussi. Ce Cryospher Pavilion vivait donc une seconde expérience à Glasgow, encore ici avec des fonds du Chili. Mais aussi, en bonne partie, « beaucoup grâce au financement du gouvernement fédéral suisse », nous a confirmé son représentant sur place, Grégoire Hauser, géographe, conseiller scientifique au Département des Affaires étrangères de la Confédération suisse.
On voit là deux exemples qui témoignent du fait que l’enjeu climat devient de moins en moins pris en compte qu’en vase clos (peut-être il l’était trop?) voire en silo. Il faut voir là une des bonnes nouvelles à rapporter de cette COP26.
Le piège des silos, exactement ce dont a parlé le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, alors qu’il répondait à notre question à propos de la gouvernance de l’eau dans une perspective mondiale, lors de la conférence de presse qu’il a accordée le vendredi 12 novembre à 16h00. Il avait déjà expliqué qu’il en était, lui personnellement, à sa 19ièm COP sur le climat. Qu’il était même à la 1ère à Berlin en 1995, puis là pour la première fois participant comme ministre et élu représentant un gouvernement: « Il faut comprendre que pendant longtemps, le processus de négociation, ici, a évolué en silo (…) » a dit le ministre, en faisant ensuite entendre que maintenant les choses évoluent pour le mieux, notamment avec les actions du Canada, alors que nous lui demandions pourquoi l’eau semblait un sujet tabou, à Glasgow.
« En route vers le – 0,5 °C lors de la COP27 en Égypte, pour remplacer l’Accord de Paris, et tendre vers le zéro le plus vite possible ? N’est-ce pas ce que j’ai entendu ici ? Ce que vous dites, vous, les scientifiques ? » Georg Kaser, professeur autrichien d’Innsbruck tout juste retraité de quelques mois et qui résumait les pensées de plusieurs à la conférence de clôture du Cryosphere Pavilion (12 nov. 2021).
Le ministre Steven Guilbeault savait-il déjà, à Glasgow, que le discours du Trône lu une dizaine de jours plus tard, le 23 novembre, à Ottawa par la gouverneur générale du Canada mentionnerait la création d’une Agence canadienne de l’eau ? Une initiative dont le financement veut notamment soutenir la science et la recherche internationales sur l’eau douce en encourageant les efforts de coopération internationale, y compris ceux avec les Grands Lacs africains…
Le regard des experts du climat de l’ONU (GIEC) a déjà partagé au monde qu’il s’exposait, avec la donne démographique prévisible, à un déficit en eau de 40% avant la fin de la présente décennie, soit d’ici 2030. Alors que selon la FAO le niveau de production alimentaire devra augmenter de 50% d’ici 2050 pour combler la demande mondiale. N’oubliant jamais que l’agriculture est de loin la plus grande consommatrice d’eau douce de la planète, y a-t-il ici un problème inextricable, alors que fatigue des sols, disparition des surfaces cultivables pour cause d’urbanisation et augmentation des incertitudes climatiques ajoutent à l’équation ?
« Les changements climatiques diminuant la capacité d’accueil mondiale, des guerres d’agression pourront se produire à propos de la nourriture, de l’eau et de l’énergie. Les nombreux décès engendrés par la guerre, la famine et la maladie réduiront la taille de la population totale. Ce qui, avec le temps, équilibrera le nombre de personnes sur Terre avec la capacité d’accueil de la planète. » Cet extrait d’un rapport secret du Pentagone sur le climat de… 2004 que rapporte Ugo Gilbert Tremblay, dans le no. 84 de la revue québécoise L’Inconvénient du printemps 2021 donne froid dans le dos.
Quel monde voulons-nous bâtir demain, puis ensuite et pour qui? Au final, le premier obstacle risque donc d’être encore le défi d’éveiller l’ignorance du citoyen qui vote. En plus de redonner de l’espoir à ces jeunes qui disent déjà : « Madame, il est maintenant rendu trop tard. » Allez relire ce troublant témoignage de la professeure de science politique au Collège Lionel-Groulx, une Judith Trudeau (Libre opinion, Le Devoir, 2 déc. 2021) qui appelle littéralement à l’aide.
Si l’eau c’est la vie, que l’enjeu climat menace aussi, des suites de la COP de Glasgow en passant par le 9th World Water Forum de Dakar de mars, jusqu’à la suivante COP du climat en Égypte de novembre, il se pourrait bien que 2022 s’invite comme une charnière année pour l’eau.
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Si nécessité est mère d’inventions, l’histoire qui est partagée ici l’illustre dans le pointu du détail qui peut faire la différence entre une mission réussie ou l’échec. Voire, permettre le sauvetage d’une vie humaine ! Mis devant l’opportunité de relever un défi concret exposé par un plongeur de la Marine royale canadienne, un ingénieur-chercheur-entrepreneur québécois se lança, confiant, pour trouver une solution au problème de la compression de la combinaison qui neutralisait l’isolant.
« Je savais que même le néoprène, doté de bulles d’air ou de gaz, s’écrase de 7 à 4 millimètres à seulement 15 mètres sous l’eau », nous explique-t-il, selon un témoignage qu’il a obtenu d’un habitué du domaine.
En clair, lui-même expert de la lutte contre le froid, il décida de s’investir dans la quête d’une solution pour les plongeurs devant affronter des eaux froides extrêmes et ayant besoin d’un équipement plus performant. Rompu au domaine du vêtement spécialisé au fil de plus de deux décennies en entreprise à titre de chef de la R&D, et ayant aussi roulé sa bosse à travers d’autres cheminements d’entrepreneurs similaires, décider de relever ce défi lui semblait réaliste. Mais on ne fabrique pas un vêtement pour des eaux très froides, un équipement de plongée sous-marine dédié aux mers arctiques; un vêtement, donc, dédié à l’enjeu de la protection marine et à celui contre l’hypothermie, comme une grand-mère tricote, de tradition, ses pantoufles en chaude laine vierge, en cadeau, à Noël, pour ses petits-enfants.
RÉGLER LE PROBLÈME DE L’EFFET DE COMPRESSION SOUS L’EAU
La nature est ainsi faite : des lois de la physique imposant que les combinaisons de plongée se compriment, sous la pression d’eau, réduisant l’efficacité de l’isolant. Sous l’angle particulier d’un plongeur, ceci a pour conséquence directe de limiter son temps sous l’eau à cause du froid, voire de rendre une mission impossible à cause des facteurs combinés profondeur et température de l’eau. Cette protection contre le froid dans une combinaison étanche, c’est généralement par un vêtement de polar qu’elle est obtenue. Mais ledit polar reste un matériau compressible. Une matière qui, malheureusement, sous l’effet de la pression de l’eau, voit la couche censée procurer un effet isolant s’affaisser, en réduisant d’autant la protection pour le plongeur.
On l’aura donc compris, jusqu’à maintenant, la protection contre le froid sous la pression de l’eau, jusqu’à 100 mètres, demeurait très limitée par les produits courants à cause de cette fameuse pression. On sait par exemple qu’à pression atmosphérique, un isolant perd facilement 70% de son efficacité à seulement 20 mètres de profondeur d’eau. On sait, également, qu’afin que la perte thermique soit négligeable, lors d’une plongée classique, (environ 1 heure) il faudrait toujours que l’eau soit à une température supérieure à 32°C parce que le corps humain demeure un organisme homéotherme. C’est-à-dire que sa température corporelle naturelle reste quasi constante, à une température interne de 36,5 à 37,5 degré. Il faut le rappeler : les humains ne sont pas faits pour être dans l’eau. Le corps y perd à son contact énormément plus de chaleur que lorsqu’il se trouve à l’air libre et à la même température. Une eau froide agitée devenant d’autant plus préoccupante, alors que pour ne pas s’y noyer un nageur bouge et qu’ainsi il perd encore plus de chaleur. La plongée dite « en eau froide » est d’ailleurs considérée telle dès lors que les fonds atteignent une température inférieure à 10°C.
Notre journaliste a pu essayer le prototype de la veste.
C’est en mettant au point le principe NAUTIS – NAUtical Thermal Insulation System – se voulant similaire aux vestes de duvet, dans lesquelles on retrouve des rangées de tubes textiles qui sont là remplis dudit duvet, que l’innovation a pris forme. À la différence que NAUTIS remplit les cavités non plus avec du duvet : le principe, c’est ici d’y introduire ingénieusement des microsphères de verre, dont la résistante à la pression atteint 250 psi. Des microsphères, vides à l’intérieur, qui offrent non seulement un coefficient de protection thermique élevé, mais qui en plus ajoutent l’avantage de la légèreté avec une densité inférieure à 0,2 et dont le mouvement libre à l’intérieur des tubes textiles procure une impressionnante isolation thermique.
Notre inventeur ne s’arrêta pas en si bon chemin ! Un confectionneur de vêtement de protection de la ville de Québec put ensuite développer une veste isolante du type NAUTIS, à porter sous le Dry Suit, permettant au concepteur de débuter la validation en situation concrète de l’invention. Les tests d’isolation faits pour mesurer le clo (clothes en anglais : 1 clo = 0,155 m2 K W-1 ; c’est l’unité d’isolation thermique qu’utilise l’industrie du vêtement) à partir d’une comparaison entre NAUTIS (600g/m2) et deux épaisseurs de Polarfleece (totalisant 754g/m2) démontrent que si sans pression le polar et NAUTIS offrent une protection thermique similaire, dès lors que vous appliquerez une pression de seulement 0,02 psi sur les échantillons, votre polar perdra 10% de sa capacité isolante, alors que NAUTIS en gagne, lui, 10% !
Première notion d’isolation : l’isolation est ce qui permet à une personne au repos de maintenir l’équilibre thermique de son corps dans une atmosphère à 21 °C (70 °F) ; au-dessus, la personne transpire et en-dessous elle ressent le froid. (Source : Wikipédia)
« La hausse de l’isolation avec NAUTIS s’explique par la jonction entre les tubes qui s’aplanissent empêchant la déperdition de chaleur au joint des tubes », explique le concepteur, tout à son aise de détailler sa technologie, alors qu’un brevet a déjà été déposé au Canada.
TESTER JUSQU’À 59 MÈTRES… ET PLUS !
Aux portes de l’étape de la commercialisation, la technologie ici en question a donc traversé l’étape de la mise au point et a été qualifiée par des essais et des démonstrations. Si les conditions de test avec la machine ont empêché d’ajouter des fortes pressions comme à 25 m de profond (50 psi), en appliquant une pression de seulement 4,5 psi sur le polar on induit une réduction de l’épaisseur de 75% qui réduira le facteur CLO de plus de 50%. Comme NAUTIS, lui, maintient son épaisseur, donc son facteur isolant initial, même à des pressions de 100 psi – on parle ici d’une profondeur de 59 mètres ! – le facteur isolant initial protègera avec assurance toute personne à la manœuvre dans un enfer de froidure. On vous demande de pousser la machine encore plus ? Une fois remonté à la surface, vous irez lever votre verre au judicieux choix du verre dans votre équipement expert : les microsphères résistant jusqu’à 250 psi, grâce à la combinaison des microsphères de verre et du principe tubulaire – tel qu’on le retrouve traditionnellement dans un vêtement de duvet – la veste NAUTIS procure des propriétés isolantes soutenues même sous une pression d’une plongée à 100 m.
Sous la pression d’eau, les isolants conventionnels perdent plus de 75% de leur efficacité. Mais l’innovation ici proposée maintient à 100% l’isolation originale. Notamment parce que chaque microbulle du principe NAUTIS assure une conductivité thermique de 0,047 W/m, c’est-à-dire un facteur isolant comparable aux meilleurs isolants synthétiques.
L’avantage clé de l’innovation est donc, incontestablement, sa valeur de non compressibilité, constituant une réponse à une lacune universelle des isolants conventionnels pour vêtements.
Dans l’industrie courante, les isolants portés sous un Dry Suit sont habituellement conçus pour un environnement atmosphérique aérien (pression de 1 atmosphère). Ici, pour la première fois, le plongeur en eaux froides accède à un isolant développé expressément pour des conditions de plusieurs atmosphères.
PROCHAINE ÉTAPE : VALIDER LE MARCHÉ ET TROUVER UN PARTENAIRE
Si n’importe qui peut s’acheter, depuis longtemps, une combinaison de plongée en eaux froides, sur Amazone, pour moins de 100$, il est question ici d’une clientèle beaucoup plus restreinte. Raison pour laquelle notre inventeur recherche des partenaires pour les prochaines étapes de la route de la commercialisation.
Pour produire avec du volume, une méthode industrielle d’introduction des microbilles dans les tubes de la doublure reste à être mise au point. Le procédé implique de travailler avec une cagoule, avec apport d’air, sous une hotte ventilée. La méthode en mode manuelle est cependant déjà développée.
« Nous ne sommes pas encore passés à l’étape d’industrialiser la méthode. Nous attendons de voir l’intérêt du marché d’abord », ajoute-t-il en précisant que bien que l’industrie du vêtement de plongée en eaux froides apparaisse en haut de sa liste, plusieurs autres secteurs économiques pourraient profiter de cette innovation : les matériaux nouveaux et améliorés, la plasturgie, les matériaux composites, ainsi que l’ensemble du monde de l’océanographie.
Non, l’humanité ne sauvera pas l’Arctique, ni l’Antarctique, sans être bien habillée! Ni les touristes aventureux amateurs de safari polaire (ces temps-ci en Antarctique ou en Islande, aussi en Sibérie ou encore en Colombie-Britannique, voire autour de Terre-Neuve et Labrador – encore au Canada – et jusqu’au Groenland aussi). Une clientèle ici déjà considérable, alors que sur son site web, le seul opérateur Abyssworld fait mention que « plus de 2 000 plongeurs » lui font confiance chaque année https://www.abyssworld.com/fr/univers-abyss/). On pense encore à des travailleurs de la mer en contexte périlleux en Mer du Nord, ou à des chercheurs universitaires en expédition sur un navire tel que l’ex brise-glace canadien dédié dorénavant à la science, l’Amundsen, confrontés à des situations imprévues extrêmes, etc.
Tous rêvent déjà de toujours se trouver le mieux habillé possible, protégé, en sécurité.
UNE DÉCENNIE PLUS TARD : RETOUR SUR L’EXPÉDITION « Deepsea Under The Pole by Rolex »
Entre le 26 mars et le 10 mai 2010, une petite dizaine d’Européens concrétisèrent leur projet, pour lequel ils mirent plus de trois années de minutieuses préparations : Deepsea Under The Pole by Rolex. Une exceptionnelle expédition polaire sous-marine qui s’est déroulée sur la banquise de l’Arctique, à proximité du pôle nord géographique, avec pour principal objectif de réaliser un témoignage-reportage inédit sur l’univers sous-marin de la banquise. Aussi parallèlement à l’exécution de deux programmes scientifiques. Le premier s’intéressa à l’épaisseur de neige sur la glace – un paramètre crucial pour estimer le volume de glace -, alors que le second fut consacré à la physiologie humaine à travers des études sur le sommeil et l’évolution de la température interne des membres de l’équipe.
Huit équipiers, et un Husky, menés par le leader Ghislain Bardout, se firent ainsi déposer à 65 km du pôle après avoir transité par l’extrême nord du Canada. Et pendant 45 jours de progressions à ski, tirant leurs précieux traîneaux avec une cargaison assurant leur survie, ils réalisèrent 51 plongées, de toute évidence en eaux froides extrêmes. Et bien qu’écourté : « Le projet a atteint ses objectifs au terme d’un périple éprouvant pour le matériel et les hommes », explique le journal du leader reproduit sur le site.
Deepsea Under The Pole by Rolex(Expédition de 2010) 51 plongées entre 0 et 35 m, sur 9 sites 45 jours de banquise entre -1°C et -52°C 1 océan à -1,8°C 20 000 photos et 40 h de film 2 programmes scientifiques Dépose à 89° 25’ N; récupération à 87° 52’ N en avions DC3 et Twin Otter 3 tonnes de fret avec 3 équipements de plongée Plusieurs gelures de second degré et 4 points de suture
Les remarquables images rapportées grâce à cette audacieuse expédition, notamment de l’envers de la banquise, témoignaient non seulement d’un monde humainement méconnu, mais révélèrent une planète déjà en processus de bouleversement du fait du réchauffement climatique. C’était en 2010!
Le principe NAUTIS n’était pas avec eux…
Oui, nous sommes une bonne décennie plus tard et c’est un monde pandémique incertain qui mobilise, ou paralyse : comme plusieurs, la 23ème édition du Salon de la Plongée de Paris, qui devait se tenir du 8 au 11 janvier 2021, aura malheureusement passé son tour. En contexte COVID-19 et ses variantes, des audacieux tentent tout de même de lancers de nouveaux projets. Si vous habitez la région de la capitale du Québec, un ambitieux projet de course à voile Québec-Vancouvervia le Passsage du grand nord canadien dans l’Arctique (du calibre de celle de la Route du rhum ou des autres mythiques courses internationales du monde de la grande voile) a été rendu publique par des promoteurs de France, au courant de l’été 2021.
L’organisation d’une telle course, défi extrême, aurait certainement aussi besoin d’embarquer le principe NAUTIS dans les bagages des témérères participants.
Vous souhaitez joindre l’équipe qui ira plus loin avec le principe NAUTIS ? Cliquez ici !
(Crédit des deux photos : gracieuseté du chercheur.)
(8 sept 2021) Plus la décennie 2020 défile et plus le Canada sent la fumée, voire le brûlé. Sa province la plus occidentale, la Colombie-Britannique, fut carrément en feu avec des températures records en juin 2021, frisant les 50 degrés Celsius. Les incendies de forêt dévastateurs qui en découlèrent, conduisant même à la disparition quasi-totale d’une ville de quelque 2 500 habitants – Lytton – ; non sans avoir entendu le coroner en chef de ladite province déclarer que 719 décès soudains et inattendus y avaient été signalés pendant cette vague de chaleur historique pour une période de sept jours seulement. Résultat : 2–0 dans le combat Climat–Canada ! Tout ça, à quelques jours de sa fête nationale du 1er juillet, jour déjà endeuillé par la nième intensification de l’enjeu Premières Nations. Enjeu, lui, à nouveau exacerbé par trois identifications rapprochées – et il y en aura bien d’autres… ce n’est que le début ! – de déjà trop de sépultures égarées d’enfants autochtones ayant vécu la face malheureuse, jusqu’à l’indigne pour trop, du système des pensionnats d’une période de l’histoire canadienne que tous souhaiteraient aujourd’hui ne pas voir dans le livre de son histoire comme pays. Si seulement les mains tendues du pouvoir politique au Canada n’en avaient pas déjà plein les bras…
Lorsqu’il a accueilli le G7 dans Charlevoix, au Québec, en juin 2018, le premier ministre Justin Trudeau avait une analyse juste et pertinente des grands défis de son pays et du reste du monde. Il avait fait ses devoirs avant d’y accueillir le grand monde, avec les Merkel, Johnson, Macron et Trump en tête. Un document d’analyse et de travail qu’il avait mis sur la table concernait toute la question des écarts de richesse et de la lente disparition des classes moyennes dans les économies les plus développées de la planète depuis une, voire deux décennies, avec l’importance de s’attaquer à ce constat. Et il était à même de démontrer que le Canada savait être un bon élève en la matière face à ses invités. Puis sa volonté de lutter contre la pollution de l’Océan mondial en s’attaquant aux plastiques l’envahissant était aussi honorable. Mais depuis que le président Trump quitta précipitamment, voire cavalièrement, ce damné G7 de Charlevoix, puis le rabroua tout en faisant sa route à lui vers son 1er tête-à-tête avec le leader de la Corée du Nord, on dirait qu’un mauvais sort a poursuivi Justin Trudeau, voire toute la politique, nationale comme étrangère, du pays.
Rendu en février 2020, alors que sa propre épouse devait se soigner parmi les premières victimes de la COVID-19, et lui-même conséquemment se mettre en isolement, il dû gérer péniblement la crise nationale que provoqua l’intervention d’une frange de la Premières Nations Wet-Su-Etin. Parce que celle-ci tenta de bloquer la construction d’un pipeline de ce côté-là du pays ; non sans provoquer un arrêt quasi complet du transport ferroviaire, pendant plusieurs semaines, dans tout le pays, par cause de solidarité entre Autochtones face au déjà dit enjeu Premières Nations.
Puisque depuis toujours, tout ce qui traîne se salit, et n’ayant éteint que de manière cosmétique le gros du feu face à cet enjeu fondamentale pour le Canada, il ne fallait pas se surprendre que l’affaire rebondisse à nouveau un été plus tard. Même si le Rapport d’une commission d’enquête sur les pensionnats autochtones qui avait été rendu publique en 2015 annonçait totalement ce qui est devenue une « crise nationale » et finalement un deuil, voire espérons-le maintenant, un cheminement véritable et sincère vers la grande réconciliation et ensuite un Nouveau-Canada (voir notre édito 01) !
Puis après ce dur hiver 2020, le Canada aura eu aussi un chaud été, empêtré dans l’affaire We Charity. Une autre néfaste crise de leadership et de gouvernance que le premier ministre canadien dû payer, celle-là avec la tête de son ministre des Finances. Momentanément sorti d’affaire, il aura la chance de se refaire une santé – physique et politique – avant d’affronter le cœur de la tempête pandémique avec l’enjeu de trouver des vaccins pour tous, mais encore ici pour devoir piteusement recourir au système COVAX pour s’approvisionner en vaccins et sauver la face aux yeux de sa propre population. Mais certainement pas aux yeux du reste du monde ! Et privé de chef d’État en titre depuis l’autre crise de gouvernance provoquée par l’ex-gouverneure générale Julie Payette qui dû démissionner début 2021 (une personnalité forte et célèbre que Justin Trudeau avait personnellement tenue à mettre à cette fonction), l’annonce du 6 juillet de la nomination de Mary Simon à cette haute fonction avait le potentiel de se révéler un « game changeur » dont a besoin Justin Trudeau pour réellement faire l’histoire avec un grand H. Le choix de cette femme née à la fin des années 1940 et qui a grandi au Nunavik (le grand nord du Québec) avec sa mère Inuit et son père anglo-québécois, donc une femme métis, quasi unanimement acclamé, fut un très gros coup pour lui. D’ailleurs, il ne mis pas long à le mettre hautement en valeur en lui rendant visite, presque aussitôt installée, pour lui demander de dissoudre le Parlement et de déclencher des élections pour le 20 septembre 2021. Nous en sommes là ! Le Canada en est là : 37 jours d’une campagne électorale en cours…
AUX URNES LE 20 SEPTEMBRE 2021
Non seulement des forêts brûlent encore dans l’ouest du pays ; après trop d’églises aussi… alors que la rancœur des Premières Nations reste profonde, et qu’hier encore ce sont des livres d’une bibliothèque en Ontario qui goûtèrent à la vindicte, par le feu et le symbolisme, pour tenter d’apaiser le malaise. Alors soulignons que madame Simon fut non seulement une canadienne fière et accomplie, à titre de journaliste à l’emploi de la société d’État CBC et ensuite ambassadrice du Canada en poste à Copenhague (et donc avec notamment le Groenland et des institutions internationales telles que le Conseil de l’Arctique parmi ses responsabilités). Et que devenue gouverneure générale, elle vient de se faire confier un mandat gonflé de charges émotives et symboliques à un moment charnière de la jeune histoire du Canada à titre de pays pleinement souverain. Puis tant qu’à contribuer à refaire le Canada sur de meilleures bases, en tout respect de toutes ses parties prenantes et constituantes, n’eut été de la COVID-19 persistante, nous lui aurions souhaitée un stage d’apprentissage de la langue de Molière en chaude terre des Caraïbes. Parce que de retour pour un discours du trône, qu’elle devra obligatoirement lire dans les deux langues officielles du Canada, elle en aurait peut-être rapportée de stimulantes idées novatrices, à partager avec tous les chefs des partis politiques actifs au Parlement renouvelé ? Comme par exemple – puisque l’Afghanistan c’est fini ! – ceci:
Ce Canada de demain, en plus d’enfin tendre véritablement la main à ses Premières Nations, et s’il offrait aussi aux Haïtiens de faire partie à part entière de l’aventure canadienne ? 25 000 Afghans chanceux deviendront prochainement, aussi, de nouveaux Canadiens. Bravo ! Ne sont-ils pas déjà des centaines de milliers à êtres déjà Canadiens et Haïtiens ? Terre-Neuve, une autre île, est devenue canadienne en 1949. Haïti, devenant une espèce d’Alaska du sud pour le Canada, ne ferait certainement pas pire que son voisin du sud pour ce territoire du Nord. Et pas question ici d’acheter un territoire. Haïti est certes un fier pays souverain, mais dans quel état ? L’associer… l’inclure dignement au Canada peut sembler faire « néo-colonialiste » aux yeux de certain. Mais en 2021 l’humanité n’est-elle pas déjà ailleurs ?
La solidarité mondiale, il ne faut pas qu’en rêver abstraitement. Commençons alors juste par en débattre de cette idée, car une telle aventure haïtienne pour le Canada serait, ici, du calibre de l’historique et courageuse décision des Allemands de la RFA de tendre la main à leurs frères et sœurs d’Allemagne de l’Est, à la suite des bouleversements politiques de 1989.
« Si son actuel premier ministre Justin Trudeau aime encore ce pays, son pays, et par ailleurs son père, il doit se sacrifier et démissionner, immédiatement, pour détendre, délier et permettre de solutionner la crise actuelle de gouvernance que le Canada traverse, avec ce que les historiens nommeront probablement l’affaire des trains bloqués et du pipeline mal aimé », écrivions-nous aussi en février 2020.
Proposant que monsieur Trudeau se devait de le faire s’il voulait réussir le Canada 2.0, le prochain Canada, le New/Nouveau Canada… qui sera à l’évidence multi-couleur et multicolores de peaux comme de cultures, et surtout un bel exemple, voire exemplaire, pour la suite de l’humanité, cette humanité de bientôt 8 milliards de personnes en route vers son meilleur avenir possible. Si possible ? Sauver le pays et le monde des dérèglements climatiques Sauver son pays du déshonneur apporté par le traitement fait aux Autochtones. Réussir son «Canada in back again». Bref, être un grand leader politique…
Go Canada Go ! Go Habs go ! La coupe des peuples du monde entier en main, pour un meilleur demain pour tous… Voilà votre chance, M. Trudeau. Les autres chefs ne vous en donneront pas de facile. Une campagne électorale, c’est un sport extrême.
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N.B.: Les 8 (en langue française à 20 h 00 HNE) et 9 (en anglais à 21 h 00 HNE) septembre, tous les Canadiens seront attentifs, alors que les chefs des cinq principaux partis politiques fédéraux du pays participeront aux deux principaux débats de la campagne électorales 2021.
(Crédit photo de la une: la photo officielle du G7 de Charlevoix de juin 2018 au Canada.)
Après une semaine de ce qui constituera la plus courte campagne électorale permise – selon l’actuelle Loi sur les élections fédérales au Canada – les partis politiques étaient théoriquement prêts : car la rumeur courrait depuis des mois. Le pays a rapidement été tapissé des traditionnelles pancartes des candidats dès le jour 1. Le premier ministre sortant ayant provoqué cet appel au peuple du fait de sa demande de dissolution du Parlement, selon un privilège que lui accorde le fonctionnement du système de la monarchie-parlementaire qui est appliqué au Canada depuis au moins 1867. Cela, en rendant visite à la gouverneure générale et cheffe d’État du pays, Mary Simon, dans la matinée du dimanche 15 août 2021, plongeant immédiatement le Canada entier dans une course au vote de 37 jours, à travers 338 circonscriptions.
L’électorat canadien est donc convoqué aux urnes le lundi 20 septembre 2021 pour ce qui sera certainement une période électorale historique. D’abord parce que concurrente à une pandémie toujours virulente; aussi parce que largement non désirée autant par la population, que par tous les partis politiques constituant les quatre oppositions au Parlement du Canada. Convoqué à ce qui sera peut-être un dangereux jeu électoral extrême! Ceci pour plusieurs raisons.
D’emblée, au Canada, c’est « l’été » et une période générale de vacances jusqu’à la dite « Fête du travail », qui sonne avec chaque premier lundi de septembre. L’esprit de la population n’était donc par tellement à l’heure des débats d’idées et de choix de société. Le 15 août étant même le jour de la fête nationale des Acadiens, tout comme celle de l’indépendance de l’Inde moderne; elle, à un autre bout de la planète, mais qui retrouve une partie de plus en plus significative de ses ressortissants avec une double identité, en partage, avec le Canada.
Et si le chef du Parti libéral du Canada et premier ministre sortant, Justin Trudeau, a lancé le débat électoral en justifiant que : « C’est important de donner l’occasion aux Canadiennes et aux Canadiens de s’exprimer (…) », dans le contexte actuel, personne n’est pour autant dupe que sa véritable intention est d’aller se chercher une majorité de siège, afin de pouvoir continuer sa gouverne, mais comme gouvernement majoritaire. Dans ce Canada qui aurait normalement dû ravoir ses prochaines élections fédérales, selon le mécanisme à date fixe récemment instauré, qu’à l’automne de 2023; bien qu’en contexte minoritaire, le premier ministre conserve sa prérogative d’un déclenchement selon son bon jugement. Précisons que la tentation était belle et bien grande, alors qu’il n’a qu’à aller chercher la quinzaine de sièges aux Communes qui le sépare de cette confortable situation.
Jeux extrêmes
Ensuite, c’est alors que le variant Delta de la COVID-19 prendra probablement le visage d’une réelle et significative 4e vague pandémique à travers l’ensemble du pays – notamment avec les rentrées scolaires et académiques – que les premiers jours de septembre seront aussi ceux qui verront les chefs des principaux partis se croiser au cœur de la campagne avec les trois principaux débats télévisés nationaux (deux en langue française, les 2 et 8, et un en anglais à la chaîne publique le 9 septembre).
La question de l’urne émergera-t-elle de ça? Économie, environnement, climat, questions autochtones, qualité de vie de tous et particulièrement de groupes minorisés, immigration et intégration au marché du travail, dette publique, politique étrangère, etc. Serait-ce possible que pour une rare fois une question internationale vienne peser lourdement sur le résultat d’élections au Canada? La chute de Kaboul, en Afghanistan, s’est invitée comme un voleur imprévu. Monsieur Trudeau a dû aujourd’hui même interrompre sa campagne pour participer à une réunion spéciale du G7 sur cette crise. Avec ses 158 citoyens-soldats morts pour cette cause, plus d’une décennie d’efforts, l’électorat canadien est à l’écoute.
Mais il y a aussi les feux de forêts qui brûlent sans cesse en Colombie-Britannique, et c’était des églises un mois plus tôt; la plus importante province de l’Ouest du Canada, comptant avec une population pour qui les enjeux environnementaux et sociaux sont toujours dans les priorités des électeurs.
Les enjeux environnementaux et sociaux, nous y voilà : exactement ce dont le gagnant du 20 septembre devra aller débattre, à Glasgow, en novembre.
Le gagnant ira à Glasgow
Tous les yeux humains de la planète seront tournés sur cette ville écossaise à partir du 1er novembre 2021, alors que les délégations d’experts et les diplomates de presque toutes les souverainetés de la Terre débuteront leurs travaux de dix jours pour la COP26 : la 26e édition annuelle de la Conférence des parties (Conference of Parties) en suivi de la COP21, il y a 6 ans, qui avait vu l’édition de Paris faire naître le fameux Accord de Paris sur le climat. L’ONU convoque à nouveaux l’Humanité à une croisée des chemins!
Justin Trudeau ou Erin O’Toole? Erin O’Toole ou Justin Trudeau? Qui d’autre? Iront-ils en personne? Quand? Avec quel mandat et pour faire quoi? Car l’heure sera aux actions! Pas aux mots, car les maux sont clairement connus.
En 2015, il s’en était fallut de peu pour que les négociations achoppent. Il est dorénavant de notoriété publique que les Canadiens sur place ont fait une grosse différence, dans les négociations de coulisse, pour arracher ce qui devint le consensus rendant possible l’Accord de Paris sur le climat. Stéphane Dion, aujourd’hui ambassadeur du Canada en Allemagne, et Catherine McKenna, alors ministre de l’Environnement et des Changements climatiques, en ont fait le partage à leur prise de parole dans un atelier sur le sujet lors de la dernière édition de la conférence Americana, les 22 et 23 mars 2021.
Le 15 août au matin, encore gavé d’un record de médailles tout juste ramenées au pays par la délégation canadienne ayant concouru aux JO de Tokyo, il était à son meilleur, le ton juste, invitant ses concitoyens à lui dire quoi faire : « C’est au peuple de décider de l’avenir du pays »… Nobles mots, noble intention de la part de Justin Trudeau, alors que ses adversaires l’accusent facilement de ne rêver qu’à une majorité parlementaire pour pouvoir continuer de gouverner. De Glasgow à Ottawa, c’est effectivement le Canada en question.
Et il est cocasse de constater que le 1er premier ministre canadien, John Alexander Macdonald, était né (janvier 1815) à Glasgow, en Écosse, avant de devenir un Canadien et ensuite cet historique politicien à la tête du pays naissant, « à la britannique », de 1867 à 1873 et de 1878 à 1891. Cette écossaise de ville et même Glasgow que le prochain premier ministre élu, à la suite des élections qui permettront de le choisir le 20 septembre 2021, devra fouler pour aller y représenter un pays à la croisée des chemins, plus peut-être que l’ensemble des quelque 200 États souverains que compte actuellement l’humanité et qui y seront aussi représentés.
Du 20 septembre, jusqu’aux 11 et 12 novembre – les deux jours clés de la COP26 -, donc des intenses 37 jours de campagne passés à sillonner le Canada, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, ne restera qu’une autre quarantaine de jours pour se préparer à aller « réussir » Glasgow avec sa COP26 à gagner. Pour ce Canada, deuxième plus grand pays au monde par sa superficie. Ce Canada souvent espoir du monde à bien des égards; pays de diversité, d’immigration, d’eau douce – liquide ou gelée – et de forêts, de ressources naturelles abondantes, puissance moyenne au potentiel d’actions diplomatiques significatives, comme son histoire l’a souvent démontré.
Question de l’urne: la route vers Glasgow?
Si le Canada vivra un jour d’élection historique le 20 septembre 2021, dès le 12 novembre son premier ministre fraîchement élu reprendra son avion de retour, après avoir participé quelques jours à la Conférence des Nations Unies sur le climat. La population canadienne est parmi les plus privilégiées des humains de la Terre, riche d’un niveau de confort et de conscience des enjeux face à son avenir à court, à moyen et à long terme. Demain il faut boire, manger, travailler, survivre; à court terme, il faut gagner sa vie, aimer et protéger ses proches ainsi que le plus possible autrui aussi, progressivement préparer sa propre fin de vie et sa mort dignement par simple respect des survivants; à long terme, il faut tenter d’être passé sur cette planète – individuellement et collectivement – sans y avoir été un passif et, en tant que membre d’une société humaine, avoir contribué à un monde meilleur. En tant qu’Humanité, c’est une espèce de responsabilité universelle ça, non?
Ce n’est peut-être pas avec toutes ses questions en tête que le premier ministre sortant, Justin Trudeau, s’est lancé dans l’enjeu électoral en cours au Canada il y a déjà une bonne semaine.
Bonne campagne à tous et espoir qu’elle ne démontre pas trop cruellement que la politique garde toujours quelque chose qui ressemble à du sport extrême.