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Le meilleur concurrent du Bitcoin : un nouvel étalon-or ?

La première et toujours reine des cryptomonnaies est aussi impressionnante qu’elle fait peur pour d’autres. En à peine une décennie, elle est arrivée à véritablement concurrencer le système monétaire établi. Pour les plus optimistes, elle le menace même.

L’invention du Bitcoin est par ailleurs forte de l’usage de plusieurs concepts qui sont aussi propres à l’or. Ce n’est pas pour rien que la cryptomonnaie est aussi appelée « digital gold »… L’or n’avait pas que des défauts, même lorsqu’il fut sorti totalement du système monétaire par la décision du président Nixon, en 1971 : la fin du dollar gagé sur l’or permet, depuis, aux États d’utiliser la planche à billet sans limite. Oui, l’étalon-or limitait la capacité des gouvernements à jouer avec la masse monétaire.

La théorie économique vient effectivement aussi poser des arguments. En vérité, il y a plus d’or en circulation dans un système monétaire sans étalon-or que dans un système d’étalon-or; l’étalon sans or est plus coûteux en or que l’étalon-or. Car la bonne argumentation veut que c’est lorsque la monnaie n’est pas aussi bonne que l’or dans l’esprit de ceux qui la détiennent que l’or revient dans la circulation et qu’il est à propos d’exploiter les mines pour satisfaire aux besoins. Bref, une monnaie gagée sur l’or, aussi bonne que l’or, as good as gold, permet d’économiser de l’or en le faisant de manière commode disparaître de la circulation quotidienne.

L’essentiel du système étant l’obligation pour les banques d’émission de faire face à leur clause de convertibilité : ce qui aboutit à une autorégulation de la masse monétaire et, conséquemment, à une saine discipline du système bancaire et des finances publiques.

Alors, serait-il bon d’y revenir?

QUAND L’HISTOIRE TOURNE MAL

Après un bon siècle de bon service, le système de l’étalon-or a d’abord été mis sur la glace à cause du contexte particulier d’une Europe du va-t’en-guerre, en 1914, qui voulait justement recourir à la planche à billet pour financer son armement. Une opération qui devait être temporaire… Mais l’histoire fut autre! Et c’est finalement Washington, deux fois d’ailleurs, qui fera le coup de grâce de sa disqualification. Si le 31 janvier 1934 le fraîchement élu président Roosevelt décide de « sacrifier » la vénérable parité du dollar – établie depuis 1834 – en procédant à une massive dévaluation – de 20,67 dollars l’once à 35 dollars l’once d’or – ce fut ensuite son homologue Nixon, le 15 août 1971, qui mit fin au système et passa au change flottant. Car c’était ça ou pire… Le politicien a alors fait son choix… de politicien!

Mais cette déroute remontait à des décennies de méprise. Au fétichisme d’une parité datant d’avant-guerre et donc forcément dépassée.

Fétichisme d’orgueil nationale, prestige de leadership mondial, l’entêtement à la parité inchangée pendant trop de décennies coûtera une honteuse capitulation monétaire au vainqueur des vainqueurs et une fin de l’histoire pour un étalon-or pourtant valable comme système dans l’économie mondiale.

Avec 1944 et les décisions issues de Bretton Woods, les banques centrales purent émettre de la monnaie non plus seulement en fonction de leur stock d’or, mais aussi en fonction de leurs réserves en dollars US. Le Gold Exchange Standard fera force de loi universelle. Mais avec cette parité de 35$ l’once d’or que l’oncle Sam considérera malheureusement comme sacro-sainte.

Oui malheureusement…, car on fera là l’erreur – double même – de croire qu’il n’y a pas assez d’or pour gager le système monétaire mondial. Et le Gold Exchange Standard sera instauré sous prétexte d’économiser l’or. Mais ne fallait-il pas plutôt avouer que s’il y a alors pénurie apparente de métal jaune c’est simplement par le fait que son prix officiel reste toujours à 35 $, alors que tous les autres prix des marchés ont doublé, triplé, quadruplé, voire plus, depuis 1934 et le début de l’ère Roosevelt?

ET DE PIRE EN PIRE

Et que se passe-t-il depuis le fatal 15 août 1971? Dès qu’une monnaie n’est pas gagée sur l’or – ou tout autre étalon valable – chaque pays peut manipuler sa monnaie comme il l’entend.

Si depuis le tournant du millénaire l’inflation semble avoir quasiment universellement disparu au niveau des biens et des services, c’est pour reparaître ailleurs dans les actifs. Et cette inflation est bien plus dangereuse, car elle attise la spéculation sur les matières premières, l’immobilier, sur le numérique aussi, incluant le bitcoin et toutes autres cryptomonnaies… De fait, sur tout ce qui est susceptible de nourrir l’envie de la Bourse.

Et dans un monde qui voit dorénavant les banques centrales totalement libres et indépendantes face au pouvoir politique, à titre d’institution ayant pleinement obtenue son indépendance et la rendant juridiquement et politiquement totalement irresponsable, il y a risque de dérive pénible, et dérive pénible…

C’est à ce propos que Philippe Simonnot (Nouvelles leçons d’économie contemporaine, Ed. Gallimard, 2017) lâche un jugement impitoyable :

« Les autorités politiques n’ont certes pas eu tort de renoncer à leur pouvoir monétaire, tant il est vrai que l’histoire a montré à maints occasions le mauvais usage qu’elles font de cette prérogative de « battre monnaie ». Cependant, au lieu de le confier à des instances comme les banques centrales, totalement hors contrôle et régies par des conceptions inadaptées, ils auraient dû adopter le système de l’étalon-or, le seul à pouvoir réguler le système avec efficacité et stabilité. »

Conséquemment, il plaide ensuite pour une « monnaie libre » : « (…) c’est-à-dire non soumise aux intérêts politiques et non pas gérée par des institutions mais en référence à l’étalon-or. Dans ce cadre, aucun pays ne peut déployer son nationalisme monétaire puisque personne ne peut dévaluer l’or pour son propre bénéfice. »

Simonnot allant vite encore plus loin puisque, selon-lui, il y a « urgence à adopter l’étalon-or car la guerre monétaire ne peut que s’intensifier. Les grandes monnaies du monde étant aux mains des politiques ». Avec comme principal résultat que le protectionnisme monétaire prend la place du protectionnisme commercial.

« Nous sommes arrivés au stade ultime des contradictions du système », ajoute-t-il. La monnaie n’étant plus reliée à aucune réalité économique, « on fait n’importe quoi », tonne encore le professeur d’économie.

Qui plaide donc pour une monnaie-or, sans banque centrale, car une monnaie-or peut fonctionner – et a fonctionné – sans de telles institutions.

Encore de la théorie économique :

  • À un moment donné, pour une société donnée, on peut considérer que la masse d’or à la disposition de l’économie est fixe, ou du moins qu’elle ne dépend pas des décisions des partenaires à l’échange.
  • De plus, aucune autorité centrale n’est nécessaire pour assurer la régulation de la masse monétaire en fonction des besoins de l’économie d’une société. Ladite régulation se faisant « d’elle-même », parce que la monnaie en question est elle-même « ancrée dans la réalité la plus matérielle ». Effectivement, l’or reste toujours aussi un bien industriel dans une économie moderne.

Alors est-il crédible, en plus d’en parler, et de le proposer, de voir apparaître un étalon-or en 2019 ou bientôt, voire réapparaître un nouvel étalon-or?

OU EST L’OR DU MONDE EN 2018?

Et si la localisation des stocks d’or dans le monde nous indiquait une partie de la réponse? Ceux qui ont l’or en leur possession n’ont-ils pas intérêt en la matière?

1934, 1944, 1971… Or, c’est encore Washington qui pèse pesant, ici.

Si globalement l’Europe entière, avec environ 10 800 tonnes, était, selon les chiffres de 2016, plus riche en stock d’or que les États-Unis, ce pays, avec plus de 8 000 tonnes, est bien devant l’Allemagne (3 400), ou l’Italie (2 400) ou la France (2 400), voire encore la Chine (1 700) et la Russie (1 400), la première puissance mondiale de l’or actuellement.

L’OR OU LE BITCOIN?

Au fait, soyons modernes : pourquoi pas un étalon-bitcoin, plutôt que l’archaïque or?

« Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? » Voila la réponse de Philippe Simonnot.

« La monnaie-or étant d’une facilité biblique, comparée à son mime cryptographique, beaucoup moins coûteuse à faire fonctionner, beaucoup plus écologique, pourquoi ne pas y revenir pour de bon? », conclu-t-il.

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Lire notre autre article : POUR EN FINIR AVEC LA CRISE DE 2008

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POUR EN FINIR AVEC LA CRISE DE 2008

Avec l’année 2018 qui arrive prochainement à son terme, c’est toute une décennie qui aura vu le mythe de la « défaillance du marché » avoir la vie dure à propos du diagnostic de la méga-crise qui a débuté en 2008 et qui malmène encore l’économie mondiale, dix ans plus tard. Certes, l’affaire était très complexe. Mais que faut-il finalement en retenir… qui est le vrai coupable?

L’auteur Philippe Simonnot nous le rappelle (Nouvelles leçons d’économie contemporaine, Ed. Gallimard, 2017) : même le grand Alan Greenspan s’est trompé dans le diagnostic de ce que trop d’économistes classent comme une « crise de marchés ». Selon cette thèse, on aurait fait l’erreur de déréguler les marchés. Et d’urgence, en les réglementant à nouveau par l’intervention salvatrice de l’État, on a pu mettre un terme à l’« exubérance irrationnelle des marchés ».

Non, la crise de 2008 ne fut pas causée par une dérégulation outrancière. Elle fut plutôt et contrairement le résultat « d’une défaillance massive du système de régulation financière, de sa conception à sa mise en œuvre. » Et ce diagnostic, il fut établi dès 2008, par Jean Tirole, le Nobel d’économie de 2014.

L’origine de cette crise est donc dans la régulation – pas ailleurs – dans son mauvais usage. Tirole confirmant d’ailleurs son analyse, en publiant Économie du bien commun, en 2016.

Il faudra donc dire, pour l’histoire, que pour le « cowboy en cravate » de Wall Street, il n’y avait rien d’irrationnel à maximiser le profit immédiat en vendant à plein des subprimes. La loi le permettait, la régulation était ainsi faite! Le vrai coupable était ailleurs, systémique, et bien en amont!

Fameux subprimes, qui soulignons-le bien, ne sont pas un produit du marché : c’est d’une loi votée sous Jimmy Carter en 1977 – ensuite renforcée sous Bill Clinton en 1997 – que résulte cette création de la finance, devenue dangereuse aberration dans son exagération d’usages. Ladite législation visait l’interdiction aux banques de discriminer les gens les plus défavorisés dans leurs activités de prêts. Donc, elle imposait aux banques des États-Unis de faciliter l’attribution de prêts aux ménages pauvres. Elle obligeait même les banques à publier un suivi détaillé de leurs opérations financières, en mettant en évidence les différentes composantes communautaires de leur clientèle. L’autorité réglementaire – le Système de la réserve fédérale – avait pour mandat de vérifier que les banques répondaient convenablement aux besoins de ces communautés…

Dans la même logique, l’implosion des deux créatures étatiques intervenant dans le marché des prêts immobiliers aux USA (Fannie Mae et Freddie Mac) fut aussi un facteur déterminant de la crise. Les deux agences de crédit hypothécaire disposaient d’une ligne de crédit forte d’une garantie par l’État qui leur donnait la possibilité d’emprunter sur le marché à des taux d’intérêt plus faibles qu’une banque ordinaire. En vérité, elles assuraient ainsi le maintien d’une offre de crédit à des conditions plus favorables que si le marché s’était régulé seul.

Un troisième facteur déterminant de la crise peut aussi être relevé en ce que l’existence même de la Banque centrale, posée comme prêteur de dernier ressort du système, permit aux organismes financiers sous son « contrôle » de prendre des risques qu’ils ne devraient pas prendre.

Simonnot n’arrête d’ailleurs pas là sa critique du rôle des banques centrales dans les économies modernes. Car dans un monde qui voit dorénavant les banques centrales totalement libres et indépendantes face au pouvoir politique, à titre d’institution ayant pleinement obtenue son indépendance et qui la rend « juridiquement et politiquement totalement irresponsable », il y a risque de dérive pénible.

Et c’est ici que Philippe Simonnot lâche son jugement impitoyable :

« Les autorités politiques n’ont certes pas eu tort de renoncer à leur pouvoir monétaire, tant il est vrai que l’histoire a montré à maints occasions le mauvais usage qu’elles font de cette prérogative de « battre monnaie ». Cependant, au lieu de le confier à des instances comme les banques centrales, totalement hors contrôle et régies par des conceptions inadaptées, ils auraient dû adopter le système de l’étalon-or, le seul à pouvoir réguler le système avec efficacité et stabilité. »

Lui qui, conséquemment, plaide ensuite pour une « monnaie libre » : « (…) c’est-à-dire non soumise aux intérêts politiques et non pas gérée par des institutions mais en référence à l’étalon-or. » Parce que dans ce cadre « aucun pays ne peut déployer son nationalisme monétaire puisque personne ne peut dévaluer l’or pour son propre bénéfice ».

Selon Philippe Simonnot « il y a urgence à adopter l’étalon-or », car « la guerre monétaire » ne peut que s’intensifier. Les plus grandes monnaies du monde étant effectivement aux mains de pouvoirs politiques, avec pour principal résultat que le protectionnisme monétaire prend la place du protectionnisme commercial.

« Nous sommes arrivés au stade ultime des contradictions du système », ajoute-t-il. La monnaie n’étant plus reliée à aucune réalité économique, « on fait n’importe quoi », tonne encore ce professeur d’économie.

Simonnot terminant son plaidoyer par les mots d’un allié particulièrement convaincant : « Ce n’est pas l’étalon-or qui a échoué. Ce sont les politiques publiques (…) dans un régime d’étalon-or, nous ne nous serions jamais retrouvés dans la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui », dixit une déclaration d’Alan Greenspan au magazine Gold Investor en février 2017.

Bref, la proposition est bien sur la table : la complète sortie de crise de 2008 passerait peut-être par un retour de l’étalon-or.

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31e Entretiens Jacques Cartier : l’entrepreneuriat féminin en débat

Tenu chaque année alternativement en Auvergne-Rhône-Alpes et à Montréal, l’événement est devenu un rassemblement incontournable de la Francophonie. En 2018, c’était au tour de Lyon de se faire ville hôtesse, du 12 au 14 novembre, pour la 31édition des Entretiens Jacques Cartier, rendez-vous annuel des acteurs académiques, scientifiques, culturels, économiques et institutionnels du Québec et de la France qui se rassemblent pour renforcer l’écosystème franco-québécois autour d’un programme de conférences, événements et rencontres de réseautage.

Pour cette 31édition, plus de 3 000 acteurs et décideurs, dont plus de 200 Canadiens, ont échangé autour des huit grands thèmes d’un programme enrichi de la participation de 440 conférenciers qui animaient quelque 35 événements de la programmation :

• Santé/sciences de la vie

• Énergie et développement durable

• Mobilité/territoires et villes intelligentes

• Enjeux sociaux et économiques

• Finances et affaires juridiques

• Numérique et technologies

• Entrepreneuriat

• Culture, art et performance

LES 48 H DE L’ENTREPRENEURIAT

Grande nouveauté de l’édition 2018, le Centre Jacques Cartier aura dédié deux jours complets de la programmation aux questions liées à l’entrepreneuriat : «Les 48 heures de l’entrepreneuriat France-Québec». Initiative qui n’est pas étrangère à la récente entrée en application du nouveau traité commercial de libre-échange entre le Canada et l’Europe (AECG) dans un contexte économique de plus en plus mondialisé.

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui participe aux Entretiens Jacques Cartier depuis plus de 15 ans, est d’ailleurs intervenu sur l’intérêt de ces rencontres : « L’internationalisation et l’exploration de nouveaux marchés constituent une étape incontournable pour les entreprises qui souhaitent accélérer leur croissance. La Chambre et ses experts Acclr en commerce international sont ainsi heureux d’accompagner une délégation d’entreprises dans le cadre de la mission en Auvergne-Rhône-Alpes et de les appuyer dans le renforcement de leurs liens commerciaux avec l’Europe. Les Entretiens Jacques Cartier représentent l’occasion d’établir une relation durable avec de futurs partenaires et de tirer profit de la récente entrée en vigueur provisoire de l’Accord économique et commercial global ».

BAROMÈTRE EJC : REGARDS CROISÉS SUR L’ENTREPRENEURIAT

Pour la deuxième année consécutive, un baromètre a ainsi été proposé à 50 participants triés sur le volet et représentant des institutions et organismes du Québec et de la France. Les répondants ont donc pu partager et comparer leurs visions de l’entrepreneuriat.

« Nous sommes heureux de présenter la deuxième édition de notre baromètre de l’entrepreneuriat Lyon-Montréal. C’est un outil utile et disponible pour toutes les organisations intéressées (universités, chambres de commerces…) proposant des axes de réflexion et des tendances qui nourrissent les activités des Entretiens Jacques Cartier, et notamment notre forum des Entrepreneurs France-Québec », a expliqué Frédéric Bove, d-g du Centre Jacques Cartier.

Pour la deuxième année consécutive,
le Centre Jacques Cartier, organisateurs des Entretiens Jacques Cartier : le rendez-vous francophone France x Québec x Canada, publie son
baromètre de l’entrepreneuriat France x Québec, en collaboration avec l’agence presse Villemarie.

Objectifs : connaître les besoins des entrepreneurs pour adapter les initiatives d’accompagnement à l’entrepreneuriat, comprendre les attentes des entrepreneurs Français, Québécois et Canadiens et favoriser les échanges d’affaires entre les deux territoires.

Fruit dudit baromètre, on peut sans trop de surprise d’abord noter qu’à l’unanimité chez les répondants français et québécois, « posséder un bon réseau est une condition essentielle à la réussite d’un entrepreneur ». Une unanimité qui n’est cependant plus de mise dès la deuxième caractéristique essentielle au succès d’une entreprise : qui est la créativité et l’innovation, à 66% chez les répondants du Québec, mais qu’à 50% chez les répondants de France.

De plus, le climat entourant le choix de l’aventure entrepreneuriale semble diviser les avis des deux côtés de l’Atlantique, puisque 40% de répondants français, contre seulement 6% des répondants québécois, révèlent un manque important de soutien de la part de l’entourage et des proches lorsque vient le moment de se lancer en affaires.

À la question « laquelle de ces affirmations vous semble la plus juste concernant la place des femmes dans l’entrepreneuriat? », 44% des répondants français, mais seulement 29% des répondants québécois, affirment que « les femmes n’ont pas encore la place qu’elles méritent dans le champ entrepreneurial ».

Cette divergence de point de vue entre la France et le Québec, qui demeure depuis 2017, démonte donc encore que les répondants français considèrent que la femme ne possède pas la place méritée dans le monde de l’entrepreneuriat. Solution : autant pour les répondants français que québécois, l’outil le plus pertinent et utile pour favoriser l’entrepreneuriat féminin serait « d’éveiller le désir d’apprendre en intégrant un volet de sensibilisation sur le rôle des femmes en entreprise dans les programmes scolaires ».

MONTRÉAL EN FORCE

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain était par ailleurs satisfaite du succès de sa mission commerciale à Lyon qui s’est déroulée du 12 au 14 novembre 2018 dans le cadre des 31e Entretiens Jacques Cartier. Cette mission a réuni 25 participants québécois, qui ont bénéficié d’une formation de haut niveau et de rencontres ciblées avec des acteurs clés de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

« Lyon se distingue en Europe pour l’importance des investissements étrangers qui y affluent et son environnement d’affaires des plus avantageux. Chaque année, depuis 30 ans, la Chambre participe aux Entretiens Jacques Cartier pour établir une relation durable avec les principaux acteurs de la région afin d’accélérer la croissance des entreprises participantes. La présence aux Entretiens d’organisations phares de la métropole telles que Montréal international, Tourisme Montréal et le Conseil des arts de Montréal témoigne de l’importance de l’événement et de l’intérêt mutuel qui existe entre Montréal et Lyon », a aussi déclaré Michel Leblanc, pdg de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

« Les discussions de cette année ont permis d’aborder des thèmes très actuels du milieu des affaires, comme les industries créatives et l’entrepreneuriat féminin. La culture et les industries créatives sont des éléments centraux de l’identité de la métropole. Elles constituent d’importants leviers de développement économique et de rayonnement, chez nous comme à l’international. Par ailleurs, la métropole se démarque par la progression constante de femmes entrepreneures ou de femmes ayant l’intention de lancer une entreprise. Les Entretiens de cette année ont fourni l’occasion à une quinzaine de femmes entrepreneures du Québec et de la France d’illustrer avec éloquence les défis de la croissance et leur vision du leadership », d’ajouter Michel Leblanc.

Les entreprises québécoises suivantes ont participé à la mission commerciale :

· 4elements

· Benedetta Covanti

· Cas Public

· Conseil des arts de Montréal

· Elektra

· Ensemble Paramirabo

· Entremise

· Festival BD de Montréal

· Génome Québec

· Hauben inc.

· Jeune Chambre de commerce de Montréal

· Le Moulin à Musique

· Les Boréades de Montréal

· Orange Noyée

· Pédales à paroles

· Quatuor Bozzini

· Sommelier Nordiq

· Zone Franche

La délégation montréalaise a notamment pu visiter le laboratoire de création Subsistances, ainsi que l’usine lyonnaise d’Alstom.

À PROPOS DU CENTRE JACQUES CARTIER

Créé en 1984, le Centre Jacques Cartier (CJC) est un acteur majeur de la coopération entre le Québec, le Canada, Auvergne-Rhône-Alpes, la France et de leurs métropoles : Montréal, Lyon, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand.

Avec plus de soixante partenaires publics et privés des deux côtés de l’Atlantique, la mission du CJC est de fédérer ses partenaires, d’optimiser une dynamique de réseau liée à l’innovation et d’accélérer les opportunités économiques.

 

POUR TROUVEZ LES RÉSULTATS COMPLETS DU BAROMÈTRE :

WWW.CENTREJACQUESCARTIER.COM

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Défi : survivre aux « quatre cavaliers de l’Infocalypse »

L’Empire de la surveillance. C’est le titre d’un essai d’Ignacio Ramonet de 2015 devenant doublement intéressant parce que contenant aussi une interview avec Julian Assange sur le même sujet. Les explications du fondateur de WikiLeaks sur sa rencontre de juin 2011 avec Eric Schmidt, alors président exécutif de Google et ensuite devenu patron d’Alphabet, sont révélatrices d’un malaise de société en pleine construction. Et les plus récentes années confirment effectivement que les liens entre le gouvernement des États-Unis, surtout la NSA (National Security Agency), et les dirigeants du GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazone, Microsoft) sont bien réels, voire proche de la collusion. Bref de gros arguments pour les tenants de la mise en place d’une efficace, réelle et menaçante société sous totale surveillance. Sommes-nous vraiment sous l’emprise d’un empire de la surveillance? Nos libertés fondamentales sont elles menacées devant la quête de sécurité? Confrontés aux menaces du mal, nos États vont-ils trop loin? Assange affirme lui même que les démocraties sont confrontées à pas moins de « quatre cavaliers de l’Infocalypse » : le terrorisme, la pornographie enfantine, le blanchiment d’argent, ainsi que les guerres contre la drogue et le narcotrafic.

Selon le Larousse, surveiller, c’est « observer attentivement quelqu’un ou quelque chose pour le contrôler ».

Chacun des quatre fléaux « infocalyptiques » doivent évidemment être combattus. Mais pour Julian Assange, ils servent aussi de « prétexte » au renforcement permanent des systèmes de surveillance globale des populations. Ramonet résume bien la chose : « Le problème n’est pas la surveillance en général, c’est la surveillance de masse clandestine. »

« Il va de soi que, dans un État démocratique, les autorités ont toute légitimité, en s’appuyant sur la loi et avec l’autorisation préalable d’un juge, de placer sous surveillance toute personne qu’elles estiment suspecte. » Ignacio Ramonet

« (…) Le problème, c’est lorsqu’ils nous contrôlent tous, en masse, tout le temps, sans aucune justification précise pour nous intercepter, sans aucun indice juridique spécifique démontrant qu’il existe une raison plausible à cette violation de nos droits », dans « Entretien avec Edward Snowden », New York, The Nation, 28 oct. 2014.

Dans son livre le plus célèbre, De la démocratie en Amérique (1835), Alexis de Tocqueville, qui observait que les démocraties de masse produisent des citoyens privés dont une des préoccupations principales est la protection de leurs droits, n’avait rien pour voir venir le monde soudainement orwélien, à la 1984, que l’Internet pose dorénavant.

Depuis le 11 Septembre, la quête de sécurité absolue que vendent de plus en plus de politiciens populistes au nom d’un État protecteur face au terrorisme est une chimère. Outre les révélations de l’état de nos États en la matière portées à la connaissance du grand public par les lanceurs d’alerte, le citoyen des années 2010, et à venir, devrait aussi se souvenir de la lucide mise en garde qu’avait lancée Benjamin Franklin lui-même, cet auteur de la Constitution des États-Unis d’Amérique : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’un ni l’autre. Et finit par perdre les deux ».

Ramonet nous offre d’ailleurs une définition d’Internet qui donne bien le ton de l’enjeu : « Pour ces nouvelles générations, Internet représente ce qu’étaient pour leurs aînés, à la fois l’École et la Bibliothèque, l’Art et l’Encyclopédie, la Polis et le Temple, le Marché et la Coopérative, le Stade et la Scène, le Voyage et les Jeux, le Cirque et le Bordel »

LA BATAILLE POUR L’INTERNET DE L’AVENIR

Mondialement, l’Internet est encore un « jeune adulte » qui profite de ses 20 ans. Né libre, il veut conserver ce caractère face à l’État. Mais devant lui le contrôle des États est puissant et rusé. Et se dresse avec plus d’un demi siècle d’expérience. Car c’est dès septembre 1945 que le président Harry Truman accepte d’entamer des négociations secrètes afin de constituer une alliance qui fera naître dès mars de l’année suivante un SIGINT même en temps de paix au profit du « Five Eyes » : USAUKCanadaAustraliaNew-Zeland.

SIGINT comme : Signals Intelligence. C’est-à-dire le renseignement d’origine électromagnétique dont les sources sont des communications utilisant les ondes (radio, satellite), un radar ou des instruments de télémesure. Donc, outre les écoutes téléphoniques, un SIGINT comporte la surveillance des courriers électroniques et des réseaux sociaux de l’Internet d’aujourd’hui.

Ramonet qualifie l’accord de 1945 d’ « ancêtre » de la NSA; elle, officiellement créée en 1952 en unifiant les différentes agences de renseignement militaires des États-Unis. Elle, aujourd’hui installée à Fort Meade, et qui utiliserait maintenant jusqu’à des insectes volants robotisés pour espionner partout dans le monde (le Courrier international en parlait dans son édition du 1er avril 2010).

Pour souligner les risques d’installation d’une « société de contrôle » l’essai d’Ignacio Ramonet rappelle aussi les mots du philosophe Michel Foucault, qui dans son livre Surveiller et punir expliquait comment un « panopticon » crée un « sentiment d’omniscience invisible ». Imaginé bien avant lui, en 1791, par le philosophe utilitariste, celui-ci anglais, Jeremy Bentham, ledit dispositif architectural permet aux gardiens, dans l’enceinte d’une prison, de voir sans être vus. Exposés en permanence au regard dissimulé des gardiens, les prisonniers vivent alors dans la crainte permanente d’être pris en faute. Ce qui les conduit à s’autodiscipliner…

Est-ce le genre de société que l’avenir nous réserve…, une surveillance constante par « contention numérique ». Effectivement : « La bataille pour les nouveaux droits civiques de l’ère numérique ne fait que commencer ».

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« L’écologie de marché » vingt-cinq ans plus tard

Avec son ouvrage « L’écologie de marché – ou l’économie quand tout le monde gagne! Enquêtes et propositions », l’auteur Paul Hawken avait pressenti la nécessité de l’économie circulaire bien avant que l’actualité du XXIe siècle ne s’empare de ce concept. C’est en 1993 que la version originale anglaise fut publiée : « The ecology of commerce ». Force est de constater que si vingt-cinq années ont passé, la lecture de cet essai est terriblement d’actualité. Terriblement, comme dramatiquement, si vous avez les risques du dérèglement du climat de la Terre en tête. Car l’humanité ne semble toujours pas apprendre avec le bon rythme la nécessité du changement et de son adaptation. Sinon…

UNE OEUVRE PHARE

Tout le premier chapitre du livre est un petit bijou de lucidité.

« Comment l’économie elle-même pourrait survivre à une perpétuelle dégradation des systèmes vivants au plan mondial? » Hawken, dès le début des années 1990, savait déjà se poser la bonne question…

Continuant ainsi son constat : « Où est la logique à continuer d’extraire des ressources de plus en plus rares pour constituer un capital qui finance toujours plus la consommation qui, elle-même, demande une toujours plus grande exploitation de ces ressources? Comment imaginer un futur quand le système commercial serait en conflit avec tout ce que la nature nous apprend? »

Face au « déclin fondamental » que nous ne faisons que commencer à comprendre des écosystèmes biologiques terrestres « (…) le recyclage des canettes en aluminium à la cafétéria ou les cérémonie de plantation d’arbres semblent aussi efficaces que l’aurait été l’écopage du Titanic avec des cuillères à café », observa-t-il sans complaisance. De bonnes idées certes, mais « cruellement inadéquates ».

Reconnaissant que pendant des siècles le commerce « a pu se déclarer être la clé pour délivrer les richesses cachées de la création et les distribuer aux masses », sa lecture du monde moderne refuse de rêver en couleur : « Mais maintenant, au lieu de distribuer la richesse présente, nous sommes en train de voler la richesse du future pour enrichir une société qui semble troublée par sa « bonne fortune ». Pendant que le capitalisme démocratique génère toujours une vision optimiste d’abondance pour l’humanité et de ses potentialités, il retient toutes informations qui pourraient permettre de contester cette vision d’un système économique qui s’avère aussi désastreux qu’une guerre. »

« Ayant épuisé les ressources du monde naturel pour satisfaire une courte période de liberté matérielle, il nous faut maintenant rendre, autant qu’il est possible, ces ressources et accepter les limites et la discipline qu’impose notre relation au monde naturel ».

ACCEPTER LES LIMITES ET LA DISCIPLINE
QU’IMPOSE NOTRE RELATION
AU MONDE NATUREL…

Paul Hawken est encore plus provocateur lorsqu’il lance que « les activités et les buts du commerce doivent être jugés, non selon les standards hérités de la culture économique, mais dans la perspective du monde et de la société. »

Et à ses yeux, « il faut un nouveau langage pour le commerce, une nouvelle façon de voir les choses, le commerce faisant partie d’un environnement plus large ».

UN NOUVEAU LANGAGE POUR LE COMMERCE

Dans le langage et la comptabilité de l’économie classique, les ressources n’existent pas tant qu’elles ne sont pas extraites, pompés, coupées; du point de vue biologique, c’est exactement l’inverse.

Juste observateur, Hawken reconnaît donc le piège, l’erreur, du langage commercial qui réduit les transactions du vivant à des coûts et des échanges de valeurs.

Bref, le fait que le commerce ne fasse pas de distinction entre un profit qualitatif et un profit quantitatif devient logiquement suicidaire dans un contexte de raréfaction des ressources de base, et Paul Hawken ose le dénoncer.

Il propose l’économie de la restauration, en opposition avec celle de l’industrialisation qui, elle, ne fait du commerce que pour faire de l’argent. Et dans cette économie réparatrice, « la viabilité est déterminée par la capacité à intégrer ou à reproduire les systèmes cycliques, dans les moyens de production comme de distribution. »

Son analyse de la société occidentale moderne témoigne d’une connaissance fine de ses rouages : « La protection de l’environnement ne doit pas être conduite par des décrets législatifs, des actions altruistes ou caritatives. Tant qu’il en sera ainsi, elle ne sera qu’un décor subordonné à la finance, à la croissance et à la technologie. »

« L’industrie est confrontée à trois problèmes : ce qu’elle prend, ce qu’elle en fait et ce qui en résulte, les trois étant intrinsèquement liés. Premièrement elle prend trop dans l’environnement, ensuite les produits qu’elle génère nécessitent trop d’énergie et sont trop polluants; enfin les méthodes employées et les produits eux-mêmes engendrent des quantités extraordinaires de déchets qui font du tort aux générations présentes et futures de toutes les espèces vivantes. »

Bref, autre belle observation : nous nous appelons consommateur, mais nous ne consommons pas!

Toujours selon l’auteur, la solution à ces trois problèmes réside dans autant de principes qui gouvernent la nature : d’abord un déchet c’est de la nourriture (mieux, dans la nature, un déchet est constamment recyclé pour nourrir d’autres espèces avec un minimum de dépense d’énergie ou d’apports extérieurs); deuxièmement la nature dépend entièrement de l’énergie apportée par le soleil; et en trois, il y a le fait que la nature a besoin de la diversité.

Effectivement, dans le système fermé qu’est la Terre le seul apport externe vient du soleil bien que la nature encourage la différence et meurt du déséquilibre de l’uniformité.

La nature n’est pas produite en masse!

Et un modèle écologique de commerce voudrait que chaque déchet soit totalement valorisé dans le cycle de production afin que tout soit recyclé, réutilisé, récupéré.

LE PROBLÈME DU MARCHÉ

Dans toute son analyse, l’auteur ne manque pas de faire remarquer le principal défaut du marché : « Les marchés qui sont si efficaces pour fixer les prix, n’ont pas les moyens de reconnaître les vrais coûts de production. »

Et à cause de cette faiblesse, le commerce est pris entre les deux contradictions que sont l’objectif de parvenir aux prix les plus bas possibles pour survivre sur le marché et la pression sociale toujours plus forte d’agir de manière responsable devant les contingence de l’environnement.

Résultat : « (…) l’aspect le plus funeste de notre système économique actuel est que le coût de la destruction de la terre est totalement absent des prix pratiqués sur le marché. Une information essentielle et vitale manque donc à tous les niveaux de l’économie. »

Une « omission » permettant selon Hawken au capitalisme de durer « plus qu’il ne devrait » et « empêche l’apparition de l’économie réparatrice ».

Son livre cite notamment une donnée stupéfiante se rapportant à l’automobile. Car il y rappelle que Ivan Illich a déjà démontré que l’Américain moyen est occupé par sa voiture 600 heures par an, en devant travailler pour l’acquérir, en plus de la conduire et de devoir l’entretenir et la faire réparer. Or, si l’on divise le nombre de kilomètres effectués dans l’année par le nombre d’heures prises par la machine, on obtient que l’automobile roule à une vitesse moyenne de 8 km/h!

Il fait aussi remarquer que l’humain se développe depuis une attitude de recherche de gratification égoïste jusqu’à certain degré d’éveil moral. Nous nous sommes convaincus longtemps que les forces qui régissent l’économie ne peuvent que détruire et exploiter. Mais une écologie de marché, ce n’est pas inhérent à la nature du commerce ou du libre-échange. « On peut faire autrement »!

S’INSPIRER DE LA NATURE

Et, en faisant référence à la nature, il fait remarquer que rien ne peut produire plus avec si peu : « Tous les systèmes industriels deviennent ridicules si l’on compare leur efficacité à celle des systèmes naturels de production (…) Sachant cela, l’évidence désigne la nature comme l’exemple type de ce que doit être une forme plus évoluée d’économie. »

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Si des sceptiques arguent que nos sociétés n’ont pas assez de ressources financières pour relever les défis du développement durable et d’une écologie de marché, il rappelle que le duel USAURSS engouffra pas moins de 10 000 milliards de $ pour la Guerre Froide : « Assez d’argent pour remplacer toutes les infrastructures du monde, toutes les écoles, tous les hôpitaux, les routes, et tous les immeubles. »

Investir autant pour battre un mouvement politique! Et « dire maintenant que nous n’avons pas les ressources pour mettre en place une économie réparatrice est plus qu’ironique puisque les menaces auxquelles nous sommes confrontés sont tout à fait réelles tandis que les menaces de l’après-guerre n’étaient que de l’ordre du possible. »

Corriger le marché afin qu’il puisse mieux reconnaître les coûts, tout en continuant à très bien établir le niveau des prix, aurait au surplus un autre avantage formidable : il en résulterait généralement de l’innovation et de la créativité. Car c’est ce qui arrive spontanément si le marché doit répondre à toutes hausses des coûts. Cette pression sur le marché provoque de se casser la tête à mieux s’organiser, à encore mieux faire, à changer les choses pour tenter de regagner de l’efficacité face à la concurrence et protéger ses parts de marché.

C’est parce que la première liberté du marché global est de croître inlassablement et sans se soucier des conséquences sur l’environnement – considérées par les économistes comme des externalités – qu’il faut corriger nos méthodes comptables et de calcul de la rentabilité économique.

« Peut-on imaginer une compétition entre les entreprises qui améliorent les systèmes vivants et culturels? Pouvons-nous concevoir un partenariat économique public-privé qui renverse les tendances afin que le succès économique soit l’équivalent du succès biologique? Je crois que c’est possible », osa répondre Paul Hawken en 1993.

Autre rappel très parlant de l’auteur : « Le gouvernement n’a pas attendu que le marché « s’autorégule » pour abolir l’esclavage pour la simple et bonne raison qu’il ne pouvait pas attendre. »

En 2018, l’humanité ne peut plus attendre face aux constats que dévoile la science face au dérèglement climatique.

Il faut définitivement mieux intégrer les coûts environnementaux dans les prix. Ce que l’économiste anglais Nicolas Pigou prônait déjà en 1920 avec la publication de son ouvrage « The Economics of Welfare ».

Le système commercial des échanges en société doit devenir un chemin de conscience correspondant à une conception écologique du temps qui respecte toutes les interdépendances biologiques. Le commerce doit absolument être capable de fonctionner en soutenant les systèmes vivants. Ultimement, toute la pérennité du système en dépend.

Et soyons clairs : le but d’intégrer les coûts dans les prix n’est pas de voir se construire une autoroute pour les pollueurs; c’est plutôt un chemin pour l’innovation.

Vingt-cinq ans après son livre, Paul Hawken ne serait certes pas satisfait des pas accomplis par l’humanité depuis son essai. Trop de lenteur. Son espoir serait probablement à voir l’économie circulaire prendre forme dans de plus en plus d’endroits du monde.

(À l’initiative du gouvernement du Québec se tiendront Les assises québécoises de l’économie circulaire, à Montréal, le 5 décembre 2018.)

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