Forum AFRICA 2005
Face à la marginalisation de l'Afrique au Québec les initiatives pour un autre regard sur ce continent se multiplient
2005-10-19

Par Sylvestre Kouassi Kanga

Les initiatives pour un autre regard sur l’Afrique au Québec se multiplient. C’est le cas du Forum Africa 2005, tenu à Montréal, du 22 au 23 septembre 2005, au prestigieux Hôtel Fairmont Reine Elizabeth. Sous le thème : « Investissements et partenariats pour un développement durable de l’Afrique », la deuxième édition de cet évènement mise en place par Afrique Expansion Mag en partenariat avec lAfrican Business RoundTable (ABR) aura connu un franc succès.

Occasion privilégiée de réseautage et d’échanges entre gens d’affaires canadiens et africains, ce forum a en effet permis de faire connaître de nombreux outils stratégiques pour l’investissement privé et public en Afrique.

Au nombre des conférenciers africains invités, Jean-Louis Ekra, président de la Banque Africaine d’Import et Export (Afreximbank), Alhadji Bamanga Tukur, président de l’ABR, Samuel Dossou-Aworet, président de Pétrolin Group et Mansour Kane, directeur régionale Afrique de l’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (MIGA).

Du Canada, plusieurs invités de marque dont Paul Hitscheld, directeur Afrique pour l’Agence Canadienne de développement International (ACDI), Lucien Bradet, président du Conseil Canadien pour l’Afrique, Alain Berranger du Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI) et Claude Royer, consultant pour Développement International Desjardins (DID).

Également présente au forum, une forte délégation de gens d’affaires issues de l’entreprenariat féminin conduite par Françoise Foning, récemment nominée présidente de l’Association Mondiale des Femmes Chefs d’Entreprises (FCME). Référenciée dans le monde des affaires panafricain, Françoise Foning, du Cameroun, fait figure de proue et symbolise une réussite exemplaire sur le continent africain. Sa détermination, sa persévérance et sa combativité lui valent aujourd’hui d’être une des femmes d’affaires richissimes du continent avec une solide notoriété mondiale. Prenant la parole à l’atelier sur l’entreprenariat féminin, elle a su partager son expérience et mettre au premier plan le rôle prépondérant que jouent les femmes chefs d’entreprises bien souvent ignorées et reléguées en arrière plan dans le processus du développement et de la création de la richesse en Afrique. Politicienne aguerrie, la députée Maire de Douala n’a pas manqué de déplorer le refus de visas aux nombreux genres d’affaires africains qui n’ont pu, malheureusement, se rendre à Montréal pour prendre part à cet important forum. Elle a lancé un appel du coeur aux autorités canadiennes compétentes afin de sensibiliser les ambassades canadiennes en Afrique d’user de discernement et d’ouverture dans la délivrance de visas : «Il y a vingt ans je me trouvais à Montréal avec une délégation de vingt personnes et aujourd’hui, en 2005, je me retrouve avec seulement cinq délégués. Est-ce que le Canada avance ou recule ?», s’est-elle écriée.

Salimata Porquet, présidente de l’Association des femmes entrepreneurs de Côte d’Ivoire a dressé le parcours difficile et semé d’embûches que doit parcourir la femme africaine en plus de faire face aux nombreux préjugés et obstacles. Pour arriver au sommet, elle préconise la formation, la maîtrise des outils de gestion, l’établissement de réseaux et une plus grande solidarité agissante Nord -Sud. Elle s’est également prononcée sur la part des femmes dans les conflits récurrents en Afrique et plus particulièrement sur la crise en Côte d’Ivoire et présenté les actions de l’Organisation des Femmes d’Éburnie pour la Paix (OFEP) qu’elle dirige : «Les femmes sont victimes d’atrocités indescriptibles en période de guerre. En tant que mères, épouses, opératrices économiques etc. elles subissent les pires exactions. C’est pourquoi elles doivent jouer un rôle majeur dans les processus de changement en cours, afin de contribuer à l’installation d’une paix mondiale durable. »

En collaboration avec les femmes leaders de Côte d’Ivoire, elle a aussi créé le Forum International pour la Paix, l’Égalité et le développement afin de s’impliquer davantage à la recherche de solutions pacifiques et alternatives viables pour l’établissement d’une démocratie favorable au développement économique et humain.

Sylvia Aquereburu, membre fondateur de l’Association des Femmes Chefs d’Entreprises du Togo en présence d’une forte délégation de membres du bureau exécutif, a présenté son organisation, ainsi que le plan d’action et les réalisations effectuées à ce jour. Lobbying, renforcement des capacités, information et communication partenariat intersectoriel sont les principaux objectifs de l’association, qui permettront nul doute de pérenniser le légendaire dynamisme de l’entreprenariat féminin au Togo.

Awa Paye Gueye, administrateur du Fonds National de Promotion de l’Entreprenariat Féminin au Sénégal, a quant à elle brillamment résumé l’importance de la micro finance au service des femmes et relevé le rôle actif des Sénégalaises dans le développement en soulignant les importants gains ainsi que les modifications des relations enregistrées vis-à-vis du pouvoir politique.

« Femmes d’Afrique, femmes du Québec, c’est le même combat », a pour sa part déclaré Nicole Beaudouin, présidente du Réseau des Femmes d’Affaires du Québec. Traçant l’historique du combat mené par les femmes chefs d’entreprises au Québec, elle a invité les opératrices économiques à plus de concertations et de solidarité pour s’affirmer et prendre la place qui leur revient.

UN GALA AVEC QUATRE ENTREPRISES ÉMÉRITES
Au terme de ce colloque, plusieurs ententes de partenariats ont été conclues entre Canadiens et Africains. Aussi, les différentes activités de réseautage durant les assises auront permises aux participants d’amorcer le dialogue nécessaire à l’établissement de liens pour faire aboutir des projets qui seront nul doute mutuellement profitables.

Réalité importante à noter : « Il existe des Fonds canadiens d’investissements disponibles pour l’Afrique non utilisés par les prometteurs canadiens à qui sont destinés ce programme», a souligné David Creigthon, président du FICA. Et ce, pour des raisons multiples : méconnaissances des réalités d’affaires en Afrique, manque d’intérêt manifeste, instabilité des systèmes politiques, ébullition des zones conflictuelles, insécurité des investisseurs, etc.

Mansour Kane (MIGA) aura su apporter des réponses adéquates aux craintes des investisseurs en expliquant les différentes initiatives de son agence, groupe de la Banque Mondiale, pour assister les investisseurs à promouvoir des projets et faciliter leur implantation à des coûts moins onéreux.

Le Forum Africa 2005 aura tenu en substance toutes ses promesses, outre de menus aléas aux dires des nombreux participants du Niger, du Ghana, du Québec et de l’Ontario. C’est ce que confirme Jacob Amematepko, pdg de la Banque Omnifinance d’Abidjan en Côte d’Ivoire : « Cet important colloque m’a permis de noter qu’il y a des fonds disponibles pour le développement de relations d’affaires entre le Canada et l’Afrique. Toutefois, je constate que ces fonds ne sont pas utilisés comme il le faut. Et-ce par manque d’information? Et pourtant, il existe de nombreuses opportunités d’affaires au Canada, tant soit au niveau de la formation, de l’ingénierie, de l’environnement, des nouvelles technologies, etc. (…) Je déplore vivement le déséquilibre au niveau des participants africains qui pour des problèmes de visas ont été en grand nombre empêchés de venir. Il est impérieux pour les ambassades canadiennes en Afrique de distinguer le bon grain de l’ivraie. Les gens d’affaires solidement établis avec notoriété tant soit des PME/PMI que des grandes institutions privées ne sont pas intéressés à l’immigration clandestine et ne sont pas candidats à l’exil au Canada. Ils sont beaucoup plus intéressé à profiter de ce genre d’évènement pour saisir des opportunités, diversifier des contacts, afin de tisser des liens pour le développement des affaires en Afrique dans un contexte de mondialisation des échanges.»

Le Forum Africa 2005 a pris fin avec le dîner/Gala Afrique Expansion qui  a récompensé le meilleur projet de partenariat industriel entre une entreprise canadienne et africaine dont les récipiendaires sont :

  • Groupe Aéronav
    Prix d’Excellence Export Afrique Expansion 2005.
    Critères : Chiffre d’affaires réalisé durant les deux dernières années.
  • Flash Beauté
    Prix d’Excellence Import Afrique Expansion 2005.
    Critères : Chiffre d’affaires réalisé durant les deux dernières années.
  • Alex Pneu et Mécanique
    Prix d’Excellence Partenariat Afrique Expansion 2005.
    Critères : Transfert de technologie et implication sociale.
  • Boréal International
    Prix Spécial Afrique Expansion 2005 Développement Durable en Ressources Humaines.
En dépit d’une Afrique pauvre, politiquement instable et à fort taux de risques : « Il est clair que le marché africain présente des perspectives intéressantes pour ce qui est du développement et de l’investissement », comme le déclarait le ministre canadien Pierre Petttigrew, au retour de la mission commerciale d’Équipe Canada en Afrique, en novembre 2002. Ce constat est réel et aujourd’hui plus que d’actualité. De 1999 à 2004, les échanges commerciaux du Canada avec l’Afrique sont passés de 1,989 546 milliards $ à 4,675 766 milliards $ pour ce qui est des importations et de 1,336 506 à 1,301 813 milliards $ pour les exportations.

Au moment ou le gouvernement de Jean Charest, au Québec, multiplie les missions économiques dans des économies de turbulence, plus récemment en Chine et en Inde, en 2006, il est lieu de rappeler que malgré l’image d’un afro pessimisme soigneusement entretenue, l’Afrique recèle de débouchés exceptionnels pour les gens d’affaires du Québec et du Canada en quête de nouveaux marchés.

Resserrer les nombreux liens déjà existants et encourager les multiples initiatives en cours ne sauront qu’engendrer des partenariats pour un développement solidaire et durable. C’est également le but poursuivi par le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) à l’oeuvre pour une vision et un cadre stratégique pour la renaissance de l’Afrique.

La prochaine édition du Forum Africa se tiendra en 2007, sous l’égide d’Afrique Expansion Mag.

Fait à Québec le 19 octobre 2005.


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