ACTUALITÉ QUÉBÉCOISE
Depuis le printemps et durant une bonne partie de l’été, une petite équipe a sillonné les régions du Québec pour consulter les militantEs altermondialistes au sujet du projet d’un Forum social québécois (FSQ). Ce projet fait suite à l’échec de la tentative d’organiser un Forum social Québec-Canada-Premières nations. Cet échec a été attribué au très tiède engagement des grands syndicats. Maintenant, l’idée d‘organiser un FSQ fait son chemin. Une rencontre formelle aura lieu cet automne, ici à Québec, les 25, 26 et 27 novembre 2005 [voyez sur www.reseauforum.org ] pour une mise en commun des résultats de cette tournée de consultation.
On se souviendra du manque d’ardeur de nos grandes centrales syndicales durant l’année des préparatifs aux manifestations du Sommet des Amériques des 20 et 21 avril 2001 à Québec. Pour la petite histoire, ce fut dans la nuit du 20 au 21 avril 2001, la veille de la grande manif où 60 000 personnes ont marché de concert avec les représentantEs syndicaux et syndicales latino-américainEs pour dénoncer le processus de libéralisation des échanges. Ce n’est qu’à ce moment que nos centrales ont accepté de marcher derrière la banderole « non à la ZLÉA » qui était à peine sèche lors du départ de la marche. Nos centrales « qui couchent avec les patrons », selon l’expression des syndicats d’Amérique latine, favorisaient jusqu’à la dernière minute une ZLÉA avec des clauses sociales. Concrètement, nos représentantEs syndicaux et syndicales souhaitaient alors une ZLÉA, « oui mais » avec des clauses renfermant quelques considérations sociales à ajouter au traité considéré « de NATURE inacceptable » par l’immense majorité des militantEs des groupes sociaux et des partis politiques de gauche du Québec. ACTUALITÉ INTERNATIONALE
À la suite d’une longue réflexion visant à permettre au plus grand nombre de participer au Forum social mondial (FSM), le Conseil international du FSM a finalement retenu la formule d’un forum polycentrique. L’édition de 2006 du FSM aura donc lieu simultanément, du 24 au 29 janvier 2006, dans au moins trois lieux différents, en l’occurrence sur trois continents de la planète. Le premier, confirmé depuis des lustres, est celui de Caracas au Vénézuela. Ce « siège Amérique » du FSM 2006 permettra des rencontres stratégiques des groupes autour du Forum social des Amériques. Ensuite, ce qui est maintenant confirmé, ce sont les deux autres lieux, soit Bamako au Mali pour le « siège Afrique » et Karachi au Pakistan pour le « siège Asie ». Pour sa sixième édition, le Forum social mondial expérimentera donc une formule novatrice. Cet aspect novateur est beaucoup moins évident du côté de Davos où la tradition des chics espaces feutrés limite la participation de la « société civile » aux invités de ces pseudo « maîtres du monde ». La participation de la société civile est une réalité toujours non reconnue chez ceux qui prétendent « conduire la destinée du monde ». Sauf que leur monde à eux, formé d’un nombre très limité « d’élus » (au sens d’élus de Dieu), carbure à l’idéologie du « tout est économique » et que leurs lunettes, de plus en plus déformantes, excluent toute considération sociale et écologique. On se demande ce qu’ils feront quand ils auront terminé la destruction de notre petite planète…
Lors de sa dernière rencontre, en juin dernier, le Conseil international du FSM a rendu publique la décision de tenir le FSM 2007, cette fois à un seul endroit, soit au Kenya en Afrique de l’Est. Ce fut une surprise pour plusieurs dûe au fait que depuis longtemps courait la rumeur que l’édition de 2007 du FSM aurait lieu au Maroc ou en Afrique du Sud. ACTUALITÉ : RÉSULTAT
À peine refroidie, la récente première édition du Forum social méditerranéen (FSMed) tenue à Barcelone du 16 au 19 juin 2005, a encore donné lieu à bien des rapprochements. L’organisation de ce premier FSMed a finalement eu lieu. Formellement, ce projet était en préparation depuis au moins 2003. Selon Thomas Lemahieu, envoyé spécial d’ATTAC-France, le FSMed fut : « l’un des premiers rassemblements altermondialistes à s’inscrire résolument à la croisée de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique : dans cette zone de la planète, la mer est d’huile mais, tout autour, les terres sont dévastées par les guerres, étranglées par les accords de libre échange comme le Partenariat euroméditerranéen ».
Un grand nombre de personnes se sont vu refuser des visas pour participer au FSMed. Elles étaient surtout en provenance du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie. Parmi ces personnes, un très grand nombre étaient des femmes, ceci dû au fait que dans certains des pays d’origine de ces femmes, celles-ci n’ont pas le loisir de se représenter elles-mêmes…
Contacté par les organisateurs qui souhaitaient connaître les raisons d’un tel refus de visas, le Ministère de l’intérieur espagnol a répondu : « C’est en raison du Traité de Schengen ». Cet accord entre les États de l’Union européenne (UE) prévoit une libre circulation des personnes à L’INTÉRIEUR DE L’ESPACE DE L’UE.
Du point de vue des militantEs, il s’agit d’un autre exemple très éloquent de la différence qui existe entre la libre circulation des marchandises et la libre circulation des personnes, inexistante, pour le Partenariat euroméditerranéen, qui prévoit exclusivement la libre circulation des marchandises.
Le premier FSMed s’est terminé avec une grande marche où plus de 4 000 personnes, incluant au moins un représentant du congrès et des leaders syndicaux qui ont marché sous le slogan : “Por un mar de paz y de derechos” («Pour une mer de paix et de droits»).
Dès la fin du FSMed, les militantEs, réuniEs à Barcelone, se sont données rendez-vous pour des actions de résistance visant à faire échouer la rencontre de « Barcelone +10 ». À cette rencontre, qui aura lieu en novembre prochain, les dirigeants de l’UE inviteront également des dirigeants de pays méditerranéens. Ils souhaitent ainsi faire progresser la construction de l’Europe telle que préconisée par le projet de constitution, projet pour le moment refusé par la population de la France et des Pays-Bas à la suite de leurs référendums respectifs.
Altermondialistement vôtre, Fait à Québec le 19 octobre 2005.