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Biotechnologies : tendances d’une industrie en mutation La boule de cristal de Steven Burrill à BioContact voyait-elle juste? 2005-04-30 Par José Slobodrian Ce texte de notre reporter fut préparé à l’automne 2004 suite à une conférence prononcée à Québec dans le cadre de la dernière édition de BioContact, au Château Frontenac. La présentation de Steven Burrill portait alors sur « les perspectives d'avenir de l'industrie de la biotechnologie ». Y revenir avec un certain recul permet encore mieux de juger si la boule de cristal de cet expert voyait juste! Steven Burrill, chef de la direction de la banque d’affaires Burrill & Company spécialisée dans les sciences de la vie, a esquissé sa vision de l’avenir des soins de santé incluant la diagnostique, la pharmaceutique, les soins préventifs, ainsi que le maintien du bien-être. SUITE AU SCANDALE : ON CRAINT LE RISQUE Il a débuté avec l’incontournable scandale d'Imclone impliquant la célèbre Martha Stewart (alors en train de purger une peine en prison), en spécifiant que maintenant les investisseurs ne veulent plus être propriétaires du risque. Ces derniers préfèreraient payer un peu plus cher plus tard, une fois l'incertitude dégagée. Les marchés des capitaux seraient donc changés pour toujours. UN NOUVEAU PARADIGME: DE LA MALADIE ... AU BIEN ÊTRE Le paradigme est en train de changer. Burrill dit que nous allons évoluer d'une situation où l’on traite les maladies à une situation où l’on maintient le bien-être. Vingt pour cent des revenus de vente dans l’industrie sont dépensés en recherche et développement. Malheureusement, dans le contexte actuel, il semblerait qu'en dépit de l'augmentation des dépenses, il y aurait une diminution de la productivité. On voit bien que le nombre de produits dans le pipeline diminue. L'industrie est présentement un réseau de différentes branches de la biologie et de la science. Les systèmes biologiques sont compris par divers champs de spécialisation, y compris la nanotechnologie, la bioinformatique, les télécommunications et les médias, ainsi que les biotechnologies et la biochimie. Nous nous trouvons au carrefour de toutes ces sciences et nous passons de la phase descriptive de la biologie à la phase de traduction, au cours de laquelle il sera déterminé comment tout fonctionne et s'imbrique ensemble. La puissance de calcul des technologies bioinformatiques d'appoint permet de développer des modèles de prévisions, ce qui changerait le processus de découverte. Le développement "in silico" serait adapté aux essais in vivo. Ça pourrait accélérer le développement des traitements. Ces nouvelles méthodes se retrouvent principalement entre les mains des petites sociétés. Elles permettraient de tenir compte des différences entre les différentes personnes. Présentement, un des obstacles les plus imposants concerne le fait que les coûts les plus élevés se retrouvent à la fin de la phase 3 des essais cliniques. L'utilisation de ces nouvelles technologies permettrait de cibler les populations pour lesquelles les médicaments auraient plus de probabilité de fonctionner adéquatement. La conséquence serait une augmentation des taux de succès. Selon Burrill, nous assisterons au déclin de l'attitude visant à développer les médicaments vedettes ("blockbusterology"). LA PHARMACEUTIQUE VERSUS LA DIAGNOSTIQUE Le modèle de rentabilité de la pharmaceutique par rapport au diagnostic serait en train de subir un renversement majeur. La pharmaceutique, ce qui inclut les médicaments et les prescriptions, deviendrait une denrée. La diagnostique deviendrait le maître des profits. Le coût impliqué par le passage d'une idée jusqu'à la phase quatre coûte présentement entre 200 millions $ et 1 milliard $. Par ailleurs, les médicaments génériques prendront plus d'ampleur. L'industrie est à un point tournant. La « pharmacogénétique » mènerait à la « theragnostique », i.e. la thérapie adaptée par les nouvelles méthodes diagnostiques. Le passage se ferait de la taille unique à des thérapies individualisées. L'homogénéité cèderait à l'hétérogénéité. La plupart des grands médicaments tirent à la fin de leurs brevets. TRANSITION DES SOINS GÉNÉRIQUES...AUX SOINS PERSONNALISÉS La population dépense de plus en plus pour les médicaments permettant de se sentir bien et de contrer les effets du vieillissement. Dans ce contexte, on passerait à des soins préventifs et aux technologies permettant de prédire la santé individuelle. À cet égard, 80% du 1,8 billion $US de dépenses en santé aux États-Unis visent les maladies chroniques. Nous allons passer à un contexte d'évaluation des risques et un monde de soins basés sur les prévisions. Selon Burrill, la médecine personnalisée est déjà arrivée. Présentement, le gouvernement américain procéderait à quelque cinq examens génétiques pour les nouveau-nés. Burrill croit qu'on devrait en faire une trentaine. Les institutions qui assument les frais de santé auraient, selon-lui, l'incitatif économique pour procéder ainsi. L'INDUSTRIE À COURT TERME À court terme, on verra de plus en plus d'intégration virtuelle entre les sociétés au moyen d'une série de partenariats. Le partenariat croit de façon dramatique. Avec le gouvernement de Georges W. Bush, la dépense pour le bio terrorisme est maintenant le double de celle du projet Génome. Pour ce qui est des investisseurs, il est à croire que les rendements sont tous devant nous. Les dépenses en capital de risque ont été de l'ordre de 5 milliards $ avec des premiers appels publics à l'épargne (PAPE) se dénombrant ainsi pour l'année en cours : 9 au Japon, 7 au Canada et 29 aux États-Unis. Les investisseurs sont moins intéressés à acheter le risque, ils recherchent présentement la performance. Peu importe le modèle (RIPCO, FIPCO,...) de développement, les sociétés vont devoir viser la rentabilité. |
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