Depuis qu'il a fondé la compagnie Load Systems International (LSI) en 1998, Éric Baulieu a pris l'habitude d'être le leader mondial dans son domaine en demeurant à la fine pointe de la technologie. Il n'a pas l'intention que cela change ! Pourtant, rien ne le destinait à ce succès d'affaires.

C'est alors qu'il travaillait à contrat pour la compagnie REYCO qu'il rencontre son futur associé, Dave Smith, un canadien d'origine maintenant naturalisé américain vivant au Wisconsin. Ce dernier l'appellera pour lui dire qu'il a beaucoup de demande pour des systèmes de sécurité sans fil pour les grues aux USA et qu'il aimerait bien que l'ingénieur en électronique qu'il est relève ce défi. Éric Baulieu accepte.

« Avec LSI, j'avais appris de mes erreurs du passé et nous avons toujours eu des ventes avant de produire. Nous avons grossi en vendant ». L'homme d'affaires de 37 ans se rappelle ainsi les jours moins heureux de sa première compagnie, Neogenix Technologies, avec laquelle il a tout de même su prendre de l'expérience. Maintenant, il est manufacturier de systèmes électroniques innovateurs pour l'industrie de la machinerie lourde. Avec son équipe de 35 personnes et des bureaux dans 5 États américains, ainsi qu'à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, il met au point des appareils de haute technologie au service de la sécurité sur les grues et autres mécanismes de levage.

« Avant nous, les opérateurs de grues avaient l'habitude de travailler qu'avec des systèmes câblés, qui sont inefficaces et coûteux à réparer lorsque ça brise. C'est en étant à la fine pointe de la technologie que j'ai réussi à mettre au point un système sans fil (wire less)… Je crois beaucoup à la R&D. Actuellement, nous avons le meilleur produit au monde. Nous ne sommes pas encore #1 sur le marché, principalement parce que nous ne sommes pas encore assez présent chez les marchands de grues. Mais il y a déjà deux ans que nous avons signé avec Shuttlelift et toutes leurs grues sont maintenant équipées de notre système de sécurité. Et depuis un an, notre entente avec Manitowoc, le plus grand fabriquant de grues au monde, donne des résultats de plus en plus satisfaisants », explique Éric Beaulieu.

Bref, il sait que le temps joue en sa faveur et qu'un jour, le sans fil sera universel dans le monde des systèmes de levage.

« Aujourd'hui, si un système par câble se brise, un opérateur de grue se retrouve devant deux choix. Il peut faire venir un travailleur spécialisé, qu'il devra loger de deux à trois jours, et vivre avec ce délai. Il peut aussi innover et se mettre au sans fil, voire s'éviter des pénalités de journées perdues. Nous livrons en dedans de vingt-quatre heures, partout à travers le monde - nous sommes de grands utilisateurs de Fedex ! – et notre système est suffisamment simple pour que son propriétaire puisse l'installer lui-même », poursuit-il.

Évidemment, la concurrence a finalement rattrapé l'innovateur : « Au début, nous sommes restés seuls à fabriquer des systèmes sans fil de 1998 jusqu'à environ 2001. Une autre compagnie canadienne, Load A2B, basée à Edmonton, a alors été la première à nous concurrencer. Ensuite, l'allemande PAT, la compagnie #1 dans le domaine mais qui fait encore surtout des systèmes câblés, nous a imité. C'est un petit monde vous savez… il y a environ sept compagnies qui construisent des systèmes de sécurité pour les systèmes de levage dans le monde. »

« (…)Mais notre expertise nous permet de rester leader au niveau technologique, particulièrement en ce qui concerne nos systèmes de batteries, actuellement… Tout notre équipement peut être immergé, nous utilisons beaucoup l'acier inoxydable. »

L'homme, qui ne croit pas beaucoup aux brevets, préfère investir en R&D et gagner en innovation : « Début janvier 2006, la prochaine génération de nos systèmes va incorporer le téléphone cellulaire pour permettre la vérification à distance. Ainsi, c'est tout le réseau Internet qui devient disponible », s'émerveille-t-il. Actuellement, il n'utile que les ondes radio. Ce qui limite à environ 500 mètres le rayon d'action du système.

UN MARCHÉ DE 50 MILLIONS $
« Mon associé a déjà estimé à 50 millions $US par année le marché où nous évoluons présentement. Quand notre chiffre d'affaires sera de 15 millions, on aura fait le tour. Mais nous ne sommes pas inquiets, car il y a d'autres opportunités, on nous demande déjà des systèmes d'alarme, des ponts roulants. Et nous élargissons déjà notre gamme de produits avec des capteurs de vitesse de vent, des capteurs de hauteur de vagues, des capteurs d'angle, de niveau, de charges, des capteurs de mesure de câble… Ce n'est pas le travail qui manque. D'ailleurs, nous sommes désespérément à la recherche de trois nouveaux employés. J'ai, par exemple, un poste d'ingénieur à combler, ainsi qu'un poste de rédacteur technique », continue Éric Beaulieu, qui n'a que le système des crédits d'impôt à la recherche du Québec comme seul stimulant à la recherche et au développement . « Un programme gouvernemental qui nous permet d'exister », ne se gêne-t-il pas de préciser.

« Oui, je vous dirais que la majorité des grues dans le monde fonctionne encore avec des systèmes câblés. Mais un jour, le sans fil aura remplacé tout ça », répond l'ingénieur en électronique gradué de l'Université Laval.

Mais combien faut-il payer pour se convertir au « wire less » ? Un système avec LSI coûte entre 5 000 et 20 000 $US. Et actuellement, LSI en livre pour 3 à 6 grues par jour, avec un chiffre d'affaires d'environ 300 000$ par mois. Ils sont donc loin de la première année, avec son chiffre d'affaires de 60 000 $. Déjà en 2005, on parlera « (…)de plusieurs millions… Nous espérons atteindre un chiffre d'affaires de 10 millions $ d'ici deux à trois ans », acceptera de préciser Jacques Bégin, le directeur des opérations financières.

« Nos ventes augmentent de 30 à 35% par année depuis les trois dernières années. En janvier 2005, nous avons aussi fondé une compagnie de distribution aux Émirats Arabes Unis, LSI International FZE inc., dans la zone franche de Djerba… Nous sommes par contre beaucoup moins présent en Europe, parce que là, il faut la certification CEE qui reste affaire », précise-t-il.

Vingt-deux personnes travaillent actuellement au siège social de LSI à Québec et huit autres, en vente et au service, à travers son réseau dans 5 États américains. « Depuis un mois, nous sommes en train d'installer un point de distribution à Houston, afin de maximiser l'utilisation des fuseaux horaires », explique encore Jacques Bégin.

LE PRESTIGE S'AJOUTE À LA NOTORIÉTÉ
Mais lorsque nous avons rencontré Éric Beaulieu à son bureau du Parc technologique du Québec métropolitain, fin août 2005, l'homme n'avait pas la tête à Houston. Bien qu'il ne s'agisse que d'une commande d'environ 70 000 $, une bonne nouvelle le rendait particulièrement fier : les trois grues du chantier de la plus haute tour au monde, à Dubaï, seront équipées avec le système de LSI d'une semaine à l'autre. Sa compagnie a d'ailleurs ouvert un bureau officiel dans cette ville aux multiples chantiers depuis six mois. « Nos gens étaient présents sur ce marché depuis environ deux ans et nous y avons réalisé plusieurs contrats. C'est finalement notre réputation qui nous apporte ce prestigieux contrat », précise-t-il fièrement.

Voilà deux employés à Dubaï qui rapportent largement leur pesant d'or ! « Si nous n'étions pas allés dans ce pays du golfe, la compagnie australienne Robway aurait pris tout le marché », résume Éric Beaulieu, qui doit sans cesse s'ajuster à la concurrence.

Depuis juin 2005, le groupe LSI a d'ailleurs pris le modèle corporatif du holding avec deux filiales : LSI Ventes et LSI R&D. « Je suis président de la seconde et David est présidant de LSI Ventes. Ce modèle d'affaires nous aidera beaucoup à éventuellement introduire de nouveaux investisseurs ou partenaires d'affaires », justifie-t-il.

L’édifice le plus haut au monde
construit à l’aide d’appareils électroniques
conçus par une entreprise de Québec

Pour comparer avec d'autres gratte-ciel : Skyscrapercompare1.PNG

D'ici 2008, le "Burj Dubai" s'élèvera à plus de 750 m,
dépassant largement le Sears Tower de Chicago qui règne encore avec ces 519 m.

Les instruments conçus par LSI permettront aux gestionnaires de ce chantier de suivre les mouvements des immenses grues pendant la construction. Plusieurs fois par seconde, 24 heures sur 24, et ceci pendant les trois années nécessaires à la construction, des cellules de charge installées au niveau du crochet mesureront les poids soulevés. Ces lectures de poids sont alors transmises sur le réseau sans fil de LSI. D’autres modules sans fil feront de même pour l’angle des grues, la vitesse du vent ainsi que la hauteur des crochets. Ce système de sécurité gère ainsi les limites mécaniques des trois grues. Il averti les opérateurs et le personnel au sol de tout danger imminent. De plus, un récepteur radio placé au sol permet de suivre les opérations des trois grues en direct. À l’aide d’Internet, les gestionnaires du projet auront aussi accès à cette information instantanément et de n’importe où dans le monde.

Autre exemple des clients de LSI : six systèmes de sécurité ont été installés sur des plates-formes de forage au large de la Californie. Les plates-formes Harvest, Hermosa et Hidalgo situées sur la nappe pétrolifère Arguello Point ont reçu chacune deux systèmes pour assister les opérateurs de grue.

Sur les plates-formes de forage, le transport de marchandise doit se faire par bateau et il requiert l'utilisation d'une grue pour charger ou décharger ces bateaux. À chaque année, plusieurs accidents se produisent sur ces grues. Pour prévenir les accidents, LSI fabrique des systèmes sur mesure qui gèrent les conditions de levage et avisent l'opérateur lorsqu'une limite d'opération risque d'être atteinte. Dans la cabine de la grue, un afficheur graphique LS2002 indique et surveille les mesures prises par différents capteurs émetteurs radio installés sur la plate-forme. Ainsi, le système assistera l'opérateur en gérant la capacité de levage en fonction de différents angles de la grue, les forces de levage et la hauteur des vagues. Les vagues, faisant monter et descendre les bateaux, génèrent des vitesses de déplacement verticales que le système utilise pour limiter la capacité de levage.

L'entreprise faisant l'objet de ce profil a été choisie avec l'implication de l'équipe de professionnels qui administre le Parc technologique du Québec métropolitain, dans le cadre d'une collaboration spéciale.

Fait à Québec le 8 septembre 2005.

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