Finance mondiale et commerce international 2050 est déjà dans la mire de la HSBC 2011-12-29 Par Daniel Allard Vincent Craignou
L'année 2012 approche! Mais c’est en 2050 que les experts de l'un des plus gros groupes financiers du monde ont la tête depuis que HSBC a en main son Tour d’horizon chiffré d’une économie mondiale en mutation : LE MONDE EN 2050. Signé par la Senior Global Economist, Karen Ward, et daté du 4 janvier 2011 sous sa série Études économiques internationales, le document bilingue de presque cent pages est une mine d’informations de haut niveau. Pour faire la promotion de cette expertise, le Global Head of FX and Precious Metals Derivatives de la HSBC Bank plc, Vincent Craignou, a fait son premier voyage à vie au Canada pour participer à un cocktail-conférence avec plus de 300 personnes ayant accepté d’être gracieusement invitées au siège social de la Caisse de dépôt et placement du Québec, à Montréal, au début de l’automne dernier. En 2050 Le panel de quatre conférenciers auquel il participait aura notamment partagé avec son auditoire le fait que « la croissance ne se traduit pas systématiquement en rendement sur les marchés boursiers ». Autre grande leçon à tirer des turbulences de la période 2008-2011 : « L’argent facile est derrière nous (...) Ce ne sera pas aussi facile dans les dix prochaines années que ce le fut dans les dix dernières ». « Le Mexique est-il un marché émergent ou émergé? » y a demandé lors de la période d’échanges Marcel Gaudreau, récemment encore délégué général du Québec à Mexico et maintenant directeur - prospection des investissements étrangers (Amérique Latine, pays émergents) et développement des marchés, pour l’Agence de développement de la capitale québécoise, Québec International. « On le classe émergent dans le tiers 3, à cause des risques de corruption, d’information et géopolitique » a-t-il reçu comme réponse du panel. Le conseil disant que ce n’est cependant pas « qu’une question de pays, mais aussi des gens avec qui vous faites affaires dans un pays » a su mettre en bonne perspective tout cet exercice toujours audacieux de comparer des acteurs tels que des pays. Risques de devises, instabilités géopolitiques, systèmes juridiques moins développés dans les nouveaux marchés d’intérêts, information peu transparente, surchauffe, risques dans l’exécution… la liste est longue et toujours complexe. Les 30 PREMIERS PAYS en 2050
(Source : Calculs de la HSBC dans une publication faite en janvier 2011) Devant un monde avec maintenant 193 membres - voire 194 si la Palestine gagne son point – au sein des États dits souverains à l’ONU, combien de pays devrait-il y avoir en 2050 pour que l’économie mondiale soit ou devienne soutenable? « Ce ne serait pas nécessairement une mauvaise chose d’avoir moins de pays, mais ce n’est pas dans mon département que cela se discute (...) Je ne connais pas l’opinion de la banque à ce propos » a répondu, après sa participation au panel d’experts, en interview accordée à Commerce Monde, Vincent Craignou. Il ne fallait évidemment pas manquer de connaître l’opinion de ce spécialiste du domaine sur le marché de l’or. Un milieu en ébullition en cette période économique de grandes turbulences. Son avis est cette fois aussi tranché qu’assuré : « Aucune banque centrale ne va intervenir pour réguler l’or (…) Aucun pays n’osera taxer l’or ». Mais pourquoi pas? « Ce n’est pas très réaliste », nous a-t-il répliqué. « J’ai le goût de dire deux choses à propos du Canada, que je découvre : l’engouement et la curiosité des entreprises sur les pays émergents ; l’engouement des médias sur le même sujet » a-t-il en fin de rencontre tenu également à partager avec nous. Vu du Canada autant que de l’Europe, l’avenir des pays émergents mérite effectivement l’attention partout. L’analyse que signe Karen Ward explique à juste titre qu’alors que les changements démographiques seront, à l’évidence, plus importants partout ailleurs qu’en Europe, la population active augmentera par exemple de 73% en Arabie saoudite pendant qu’elle diminuera de 37% au Japon ! Un contraste entre ces deux pays qui ressort clairement dans le classement prévisionnel des 30 premières économies de 2050 que nous vous présentons ci haut. Et deux pays dont le rang relatif bouge pourtant peu dans ladite liste. Dans la même étude, il n’est de plus pas rassurant d’y lire que : « l’approvisionnement en énergie ne sera pas nécessairement un frein au développement mondial si l’on investit massivement dans l’efficacité énergétique et les énergies à faibles émissions de carbone ». On y dit aussi : « qu’il pourrait être plus difficile de répondre aux besoins alimentaires, mais l’amélioration des rendements agricoles et des régimes alimentaires pourrait régler le problème. » Dans son éditorial de janvier 2012 déjà en ligne, Serge Halimi, du Monde Diplomatique, met plus qu’en doute dès maintenant la capacité des politiciens à agir pour le bien commun : « Les sommets de dirigeants européens se suivent et échouent ; la Maison Blanche et le Congrès se querellent sans résultat. « Les marchés » l’ont compris, et traitent dorénavant les élus comme des canards sans tête, simples jouets des forces qu’ils ont eux-mêmes enfantées et qu’ils ne savent plus maîtriser. Au même moment pourtant (…) des élections présidentielles se préparent (…) saturent l’espace civique et médiatique, créant un sentiment irréel de déconnexion entre le dire et le faire. Car même si on n’attend pas grand-chose des candidats, voire plus rien du tout, au moins ils sont connus — leur parcours, leurs défauts, leurs alliés, leur entourage, leurs réseaux. L’attention de la population se porte donc plus volontiers sur MM. Barack Obama et Newton Gingrich, sur MM. Nicolas Sarkozy et François Hollande, que sur les fonds spéculatifs et les institutions de crédit. Mais à quoi servent-ils encore ? » L’OFFRE LOCALE DE SERVICES D’ENVERGURE MONDIALE EST-ELLE TOUJOURS UNE STRATÉGIE GAGNANTE ? Sa stratégie de croissance d’alors, avec 170 établissements dont 130 succursales bancaires (comprenant les 11 obtenues en mars 2004 par l’acquisition de la filiale de la banque italienne Intesa Canada) dont seulement 15 étaient au Québec -essentiellement à Montréal -, misera sur sa particularité sur le marché bancaire du Canada : amener à l’échelle locale les moyens et les avantages que procure l’appartenance à l’une des plus grosses entreprises de services financiers du monde. Moins d’une décennie plus tard, pour 206 M$, la filiale Banque HSBC Canada a vendu ses activités d'investissement des particuliers à la… Banque Nationale, à l’automne de 2011. Essentiellement un réseau de 27 bureaux et leurs 120 conseillers en placement, dont la majorité des clients-investisseurs sont en Ontario et en Colombie-Britannique. Un prix d'achat au comptant qui pourrait être révisé au fil des mois, selon les résultats d'intégration et de rétention des activités acquises chez HSBC Canada; qui fait partie de « (…) l'un des plus gros groupes financiers du monde qui est en élagage d'actifs », analysait à ce propos le Business & Finance Reporter de lapresseaffaires.ca, Martin Vallières. Pour la Banque Nationale, il s’agissait d’une deuxième acquisition d'importance en moins de six mois, pour un coût total proche du demi-milliard en $ CAN, qui du coup, continue d’accroître ses activités hors du Québec. L'achat des activités de HSBC Canada faisait passer à plus de 50% la part des revenus générés par les conseillers en placement de la Nationale qui proviennent de l'extérieur du Québec. Selon Martin Vallières, l'intégration de cette filiale de HSBC Canada « devrait ajouter 14,2 milliards en actifs administrés à ceux que gère déjà la Financière Banque Nationale (FBN), principale filiale d'investissement de la banque. Ces actifs de clients administrés par la FBN approcheront alors les 80 milliards, en incluant les 10 milliards ajoutés récemment avec l'acquisition de Wellington West, à Winnipeg ». Cette transaction de 273 M$, annoncée en mai 2011, concernait, elle, le rachat de la participation majoritaire de 82% du capital-actions de Wellington West que ne possédait pas encore la Nationale. Avec cet achat, la Nationale a alors mis la main sur un réseau de 50 succursales situées partout au Canada hors Québec, un réseau regroupant alors 223 conseillers en placement pour servir quelque 68 000 clients-investisseurs. À quoi ressemblera la stratégie d’amener, à l’échelle locale, les moyens et les avantages que procure l’appartenance à une grosse entreprise de niveau mondial en 2012, 2020 et 2050 ? L’exemple du Canada apporte actuellement d’intéressants éléments à la réflexion. Fait à Québec, le 29 décembre 2011. |
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