Mondialisation Pierre Pettigrew a son idée faite ! 2010-07-06 Par Daniel Allard Les relations économiques Québec-Brésil doivent une fière chandelle à au moins deux Québécois. L’ex-directeur du Bureau du Québec à São Paulo, Raphaël Sanchez, et le professeur Zhan Su de l'Université Laval. Le premier pour avoir au bon moment repéré l'opportunité de tenir au Québec la VIe édition d’un colloque international d'initiative brésilienne ; le second pour avoir accepté de l'accueillir en l’organisant dans la capitale québécoise. « Les chercheurs universitaires préfèrent plutôt s’investir pour des publications scientifiques que l’organisation de colloques », nous expliquait M. Su, aussi titulaire de la Chaire Stephen-A.-Jarislowsky en gestion des affaires internationales à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, évidemment fier d’accueillir le Congrès mondial d’administration, les 13, 14 et 15 septembre 2010. Réunis autour du thème Les entreprises face à un environnement mondialisé et turbulent, les quelque 200 participants avaient de quoi se réjouir d’avoir comme conférencier d’ouverture l’ex-ministre des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada, Pierre S. Pettigrew. Son analyse de la récente crise économique mondiale et de l’avenir de la mondialisation se nourrit maintenant de son rôle de conseiller principal au sein de Deloitte & Touche. M. Pettigrew, qui siège lui-même au conseil d'administration de deux sociétés canadiennes présentes au Brésil, n’a pas d’hésitation lorsqu’il expose ses idées face à la mondialisation : « Je ne crois pas que le phénomène de la mondialisation s'arrêtera, car les progrès technologiques sont trop forts, même si l'on croit que le rôle des États doit être valorisé. » Mais attention ! La mondialisation n’est pas un long fleuve tranquille : « La pire erreur pour une entreprise serait de croire que l’on va retrouver, après la crise actuelle, un monde semblable à celui d’avant», prévient-il. Devant un parterre d’universitaires qui forment les cerveaux de demain, il était amusant de l’entendre argumenter, pour expliquer la récente crise financière mondiale de 2008-09, que les banquiers traditionnels « qui ne comprenaient pas les nouveaux produits financiers des jeunes brillants de Wall Street » ont laissé passer des papiers commerciaux, et autres spécialisations du genre, qui finalement de valaient rien! La force du message de Pierre Pettigrew était davantage dans cette prédiction, voire cet avertissement : « Le monde économique qui ressort progressivement de la pire crise à être survenue depuis les années 1930 nous montre, d’une manière significative, que les économies émergentes en ressortent plus fortes, et surtout que le commerce Sud-Sud se développe davantage. » L’AVENIR C'EST LE COMMERCE SUD-SUD Observation capitale : tout le commerce ne passe plus par le Nord, et le véritable avenir du commerce mondial c’est le commerce Sud-Sud. « Qui est le premier partenaire du Brésil? C'est maintenant la Chine… », a-t-il lui-même répondu, afin de bien illustrer son propos. « Je rencontrais récemment un groupe de réflexion sur l’économie, et sur les dix plus grandes économies en 2050, ces gens s’attendent à ce que six soient en Asie : Chine, Inde, Japon, Indonésie, Corée du Sud et Vietnam. » Conséquemment, pour l'ancien ministre du gouvernement du Canada qui ne cache pas pencher davantage du côté de l'Inde que de la Chine, il va de soit qu’il faut absolument mieux positionner le Canada dans l’axe Sud-Sud. « Le consommateur chinois, actuellement, épargne, épargne, épargne, car l'État ne fournit pas de services publics adéquats, et je pense ici à la santé, aux pensions... Pour s'en sortir, le gouvernement de la Chine doit augmenter la capacité de ses consommateurs, pour remplacer la soif de consommation des Américains (…) qui a permis la prospérité de tous depuis les 15-20 dernières années », explique-t-il encore. « Les prochaines années amèneront à des ajustements des rapports de l'État avec le marché en faveur des besoins des individus », poursuit M. Pettigrew, et encore une fois il dit attention! «Le G20 est un tout autre animal, qui n'est pas équivalent à un G7 avec plus de chaises! On y trouve des pays émergents qui viennent y contester l'ordre établi. Il sera plus complexe d’y établir des consensus (...) Le Brésil et le Canada ont avantage à bien y collaborer », profite-il de suggérer, en s’empressant de prévenir que, « si le G20 ne fonctionnait pas, la tentation de faire un G2 (USA-Chine) serait grande ». Et pour Pierre Pettigrew, nous serions perdants de permettre à un G2 de diriger les grandes institutions de la mondialisation de demain. Fait à Québec en octobre 2010. |
|
|