BRIC ou Afrique? Le «NEKS» au sommet des économies émergentes 2010-03-08 Par Daniel Allard Le début des années 2000 avait amené parmi le langage des routiers du commerce international une expression désignant tout à la fois le Brésil, le Russie, l'Inde et la Chine. Ce fameux BRIC étant présenté comme la cible par excellence de ceux qui voulaient atteindre les marchés en émergence trônant au sommet d'une longue liste de pays potentiellement intéressants. Vous l'avez déjà remarqué, ledit BRIC va de l'Amérique à l'Europe pour doublement se terminer en Asie, mais il occulte totalement l'Afrique. Eh bien c'était probablement une grosse erreur! Le Dans une éclairante entrevue que l'expert en marketing Vijay Mahajan accordait pour l'édition d'avril 2010 du magazine québécois L'actualité, on comprend que bien des experts risquent d'être confondus avec les chiffres qu'il partage. À la décharge de tous, lui non plus avoue qu'il y a quatre ans il n'accordait aucune importance aux occasions d'affaires africaines... avant de calculer - pour son plaisir - les statistiques du continent comme s'il s'agissait d'un seul pays. Il a ainsi constaté que sur cette base le PIB par habitant de l'Afrique était supérieur de 200$ à celui de l'Inde. Et rappelons que l'Inde et l'Afrique ont actuellement une population comparable d'environ 1 milliard d'habitants. En poussant son analyse, il en arrive à expliquer que l'Afrique prise globalement c'est: une élite riche qui roule souvent en Mercedes ou envoie les enfants étudier à l'étranger, soit 50 à 150 millions de personnes; au bas de l'échelle une Afrique de paysans - pour la plupart - qui gagnent à peine 3$ quotidiennement, avec 500 à 600 millions de personnes; mais surtout une classe moyenne très jeune et fougueuse - enseignants, infirmières, fonctionnaires, employés de banque, travailleurs urbains - qui ont de l'argent à dépenser et qui pèse quelque 400 millions de personnes. Évidemment, cette classe moyenne émergente d'Afrique ne se compare pas aux classes moyennes des pays occidentaux, mais l'évaluation de Mahajan lui accorde tout de même environ 400 $ par mois en argent à dépenser, ce pour une famille de six individus. Mais la plus belle image encourageante que donne cet indien d'origine, maintenant enseignant à Austin University, au Texas, vient lorsqu'il qualifie les jeunes générations d'aujourd'hui en les comparant à celles de leurs parents. Démographiquement parlant, il est bien connu que la moitié des Africains ont moins de 24 ans. Là réside une partie de l'avantage africain. Mais comme les a surnommé l'économiste ghanéen George Ayittey, ces millions de jeunes forment la « génération des guépards », qui bouge, demande la démocratie et la transparence, use des cafés Internet, sait comment vivent les autres jeunes dans le monde, partage leurs aspirations et s'adapte plus rapidement que celle de leurs parents (dite la « génération des hippopotames » qui se plaint toujours des anciens colonisateurs) actuellement - et malheureusement!, pourrait-on ajouter - encore au pouvoir. Bientôt la Pour Vijay Mahajan, il faut donc regarder très positivement cette Afrique en mouvement. Mais la regarder par où? L'essayiste a aussi une réponse à cette importante question. À l'image du BRIC, il parle des quatre principales portes ouvrant sur l'économie de l'Afrique, usant d'un acronyme désignant le Nigeria (principal marché à l'ouest avec 155 millions d'habitants), l'Égypte (principal marché au nord avec ses 77 M d'habitants), le Kenya à l'est avec son dynamisme et son bon système d'éducation, puis enfin la riche et développée Afrique du Sud. Voilà le NEKS? À vous d'y voir maintenant! (Vijay Mahajan a publié en 2008 un essai intitulé Africa Rising, chez Wharton School.) Fait à Québec le 8 mars 2010. |
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