Le petit monde de la R&D au Québec s'est fait mettre à l'heure de la « Open Innovation » par un autre québécois, expatrié celui-là, puisqu'il est actuellement le directeur général, Licences IP, Propriété intellectuelle et Licences de groupe, chez Microsoft, à Redmond, dans l'État de Washington. Selon Louis Carbonneau, un modèle d'innovation ouverte - sa propre traduction d'Open Innovation - permet à l'entreprise de s'adapter et de survivre plus facilement.
Ce que ça signifie, de manière très concrète ? Ces récentes années, Microsoft acquière plus de 60 compagnies par ans, le triple d'avant. « Essentiellement pour mettre la main sur leur portefeuille technologique », a aussi partagé, avec son auditoire attentif, M. Carbonneau.
Microsoft
acquière présentement en moyenne
au moins une compagnie
par semaine
« Une invention est une denrée périssable, et acquérir va souvent plus vite que de développer à l'interne (...) même si le syndrome du ‘Not invented here' sévit souvent dans une entreprise », de poursuivre cet expert en la matière.
Mais il y a pire ! Selon les sources de Louis Carbonneau, les entreprises négligent et gaspillent leur capital technologique de manière hallucinante... « 10% des brevets sont utilisés dans les produits », dit-il. C'est-à-dire qu'il reste un 90% d'actifs technologiques reconnus qui va progressivement périr. On parle manifestement de pertes significatives pour les entreprises. Résultat : on assiste présentement à l'émergence d'un marché secondaire en propriété intellectuelle.
En partant de l'idée qu'une entreprise ne peut pas tout faire, ni utiliser tout ce qu'elle crée, ce moment fort de la conférence Innovation Montréal 2008 invitait les dirigeants d'entreprises à réévaluer leur manière d'innover. Et vous, êtes-vous prêt pour l'innovation ouverte ?
Industries Mailhot a compris :
Non pas vendre des vérins...
mais un service de louage de vérins
Innover grâce à des projets conjoints, c'est le témoignage qu'était venu donner le président des Industries Mailhot. En bâtissant un partenariat international avec le Groupe HEF, de France, cette PME du Québec a approfondi le potentiel du développement durable.
Maintenant, ce manufacturier de vérins hydrauliques ne voit plus le développement de son industrie avec la même perspective. L'avenir, pour eux, n'est plus de vendre des vérins, mais plus stratégiquement de vendre un service de louage de vérins.
Plus qu'une nuance ! Répondons immédiatement aux sceptiques.
- Première grosse différence : cette approche permet de faciliter, voire assurer, la récupération des vieux vérins usés prêts pour un recyclage. En demeurant propriétaire de son produit, Industries Mailhot facilitera le retour à l'usine, le temps d'une remise à neuf, de la pièce complexe qu'elle est de toute manière la seule entreprise au Québec en mesure de lui donner une seconde vie équivalente.
- Et il y a aussi l'avantage des coûts : car de s'approvisionner à même son parc de pièce déjà sur le marché devient un net avantage. Plus besoin de s'acheter de l'acier, sans cesse à la hausse, sur un marché dopé encore pour longtemps par la demande chinoise.
Au surplus, Industries Mailhot est aussi devenue représentante en Amérique d'un service spécialisé du Groupe HEF. Après une telle expérience d'innovation ouverte, l'entreprise voit dorénavant le développent durable « comme une chance pour l'innovation » ! Rien de moins.
UNE PREMIÈRE POUR MI
« Nous visons à positionner Montréal comme un lieu incontournable de l'innovation sur la scène mondiale », avait déclaré Pierre Brunet, le président du conseil d'administration de Montréal International (MI) en discours d'ouverture. Quelque 300 participants se sont inscrits à Innovation Montréal 2008, une conférence internationale sur l'innovation et le développement des entreprises tenue dans la dite ville les 6 et 7 octobre 2008. Une première du genre pour Montréal International, un organisme privé-public, créé en 1996, avec pour mission de contribuer au développement économique du Montréal métropolitain et d'accroître son rayonnement international.
Faudra-t-il répéter annuellement une telle initiative ? Donnons le dernier mot à Charles Sirois, le président du conseil et chef de la direction de Télésystème et Enablis Réseau Entrepreneurial qui était le conférencier du midi, le 6 octobre. Avant la demie journée de tables rondes, M. Sirois n'a pas laissé partir son auditoire sans une suggestion pertinente : « En Israël, les universités se gardent 50% des redevances et donnent 50% au chercheur ou à l'étudiant ». Apportant cette idée pour le Québec, non sans ajouter : « Un bel incitatif à chercher à la bonne place ! »
Juste pour un tel brassage d'idées, l'événement mérite ses galons !
www.innovationmontreal.com
www.montrealinternational.com
Voir aussi notre autre article sur le même sujet :
« Accès au k de risque : Le Canada n'a pas la grosse roue du carrosse »
(www.commercemonde.com/commercemonde.php?niveau=2&id=395 )
UN NOUVEAU TECHNOPARC AU QUÉBEC Le Technoparc Bromont a été officiellement accrédité en tant que technopôle de la microélectronique, des nouveaux matériaux et de l'énergie renouvelable en avril 2008 par l'Association des parcs de recherches et technopoles du Québec (APRTQ). Il a également, dès sa création, la reconnaissance de l'International Association of Science Parks (IASP). Plus récemment, la Société de développement économique de Bromont (SODEB) annonçait le lancement d'un nouvel incubateur technologique qui offrira, au sein du technoparc, soutien, ressources, réseautage et conseils aux entreprises en démarrage. Occupant un espace de 3 300 pi2, l'incubateur est logé dans un nouvel immeuble industriel multi locatif haut de gamme de 37 000 pi2. « Une de nos priorités sera de soutenir la création de nouvelles entreprises dans les secteurs de croissance stratégique et cet incubateur nous aidera à atteindre cet objectif. Nous croyons que le développement économique passe par l'entrepreneurship et nous sommes persuadé qu'en créant une masse critique, nous ferons du Technoparc Bromont un leader nord américain dans ces niches. Nous sommes confiants que ce nouvel incubateur sera la pierre angulaire du Technoparc Bromont et qu'il contribuera de façon très positive à l'économie de Bromont », explique Jacques Des Ormeaux, directeur général de la SODEB. Une entente assurant une collaboration réciproque dans les domaines du développement économique et industriel, basé sur la recherche et le développement, signée avec l'Université de Sherbrooke en avril 2008, assure aussi un soutien important pour les entreprises incubées. Technoparc Bromont, un parc industriel de haute technologie d'une superficie de 70M de pi2 accessible par l'autoroute des Cantons de l'Est, entre Québec et Montréal, accueille déjà des entreprises prestigieuses telles que IBM Canada, Dalsa Semiconducteur, GE Aviation, AAER, Qualité-T-Tube, Spécialités Industrielles Canada, Quebecor World, Thomas & Betts, Unifix et l'Aéroport régional des Cantons de l'Est. www.technoparcbromont.com |
Fait à Québec le 30 octobre 2008.
