Accès au k de risque Le Canada n'a pas la grosse roue du carrosse 2008-10-08 Par Daniel Allard Charles Sirois attire encore les foules. Le président du conseil et chef de la direction de Télésystème et Enablis Réseau Entrepreneurial était conférencier du midi, le 6 octobre, lors d'Innovation Montréal 2008. Économie du savoir, défis des entrepreneurs, entreprises innovantes... il a bien réussi à tracer sa vision de tout ça. Il a surtout fait ressortir un défaut structurel majeur du milieu du financement des entreprises au Canada. Dans la vie de l'entrepreneur, Charles Sirois voit le capital de risque comme « un des joueurs de l'équipe », dans laquelle « le dosage de chacun des ingrédients » est le gage du succès ou de l'échec. Comme dans la préparation d'un gâteau ! Côté k de risque, l'ingrédient se présente plutôt comme un carrosse à trois roues : la roue de l'amorçage, celle du démarrage et celle de la croissance. Mais la lecture de M. Sirois révèle qu'au Canada il y a très malheureusement incapacité d'avoir une grosse roue au dit carrosse ! Que les deux roues de derrières restent petites soit, mais les conséquences deviennent coûteuses lorsque l'accès au capital de risque manque de muscle pour transformer nos entreprises en joueur mature et de calibre mondial. Pour l'amorçage (le « Love Money »), les sources sont diverses. Dans son cas, son père et son oncle étaient là pour financer sa première entreprise. Il a aussi cité l'exemple des clubs d'Anges investisseurs. En matière de Sociétés de capital de démarrage, M. Sirois souligne qu'elles doivent être assez grosses pour suivre l'entreprise jusqu'à l'atteinte du changement de sa courbe de rendement. C'est-à-dire proche de la rentabilité. Trop souvent nos compagnies canadiennes se font lâcher, avant cette étape, qui maximise leur valorisation. Elles vont alors malheureusement négocier à genou, pour souvent se vendrent à rabais aux États-Unis. « Qui peut investir un 40-50 M$ Mais il y a pire ! C'est quant il parle des Sociétés de capital de risque interpellées lorsque l'entreprise est à l'étape de sa croissance : « Qui peut investir un 40-50 M$ d'un coup dans une seule entreprise ? Ça n'existe pas actuellement au Canada », dénonce Charles Sirois. La troisième roue du carrosse n'a pas de muscle ; lorsqu'il faudrait qu'elle soit grosse à souhait, elle n'est plus là au Canada. Et encore une fois, il faut se tourner vers le voisin du sud. Facile de suggérer que les Sociétés de capital de risque au Canada soient assez grosses pour aller plus loin avec les entreprises. Les paroles de Charles Sirois ont l'avantage d'avoir la crédibilité et le poids d'un homme d'affaires écouté. En Israël C'est Montréal International qui organisait Innovation Montréal 2008, une conférence internationale sur l'innovation et le développement des entreprises. Cette première édition proposait un programme ambitieux avec plus de 30 conférenciers venus d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord. Si l'assistance était au rendez-vous, la qualité des conférenciers se révélait inégale. Lourd défi pour un organisme du genre et de cette taille, il n'est pas certain que la formule à l'identique reviendra dans l'avenir, selon nos sources. Avant la demie journée de tables rondes, Charles Sirois n'a pas laissé partir son auditoire sans une autre suggestion pertinente : « En Israël, les universités se gardent 50% des redevances et donnent 50% au chercheur ou à l'étudiant », apporte-il comme idée pour le Québec, non sans ajouter : « Un bel incitatif à chercher à la bonne place ! » Le hasard veut que Raymond Bachand, le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation et aussi ministre du Tourisme du gouvernement du Québec, revient tout récemment d'une mission économique en Israël. Disons enfin que c'est en se fiant essentiellement à son instinct que Charles Sirois finalise sa sélection d'un entrepreneur au club Enablis. En le rencontrant et le regardant dans les yeux. Le feu, ou pas, fait foi ! Bon à savoir. Fait à Québec le 8 octobre 2008. |
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