Avec maintenant un pied-à-terre au Mexique Les moules de Rocand à la conquête des Amériques 2007-08-18 Par Jean Beauchemin La mondialisation des marchés, Rocand connaît. « Nous exportons 80% de notre production. Nous venons d’ailleurs d’ouvrir une unité de soutien technique au Mexique », affirme d’entrée de jeu Sarah Bégin, Vice-Présidente Opérations chez Rocand. Beaucoup de chemin parcouru dans sa première décennie d’existence pour cette entreprise située dans le Parc technologique du Québec métropolitain (PTQM). C’est en 1996 qu’André Rochette, un passionné de génie mécanique, décide de quitter son emploi au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) pour se lancer dans la fabrication de moules à injection destinés aux entreprises productrices de plastique. Rocand ouvre alors ses premiers locaux à St-Romuald, sur la rive sud de Québec. D’ABORD L’EUROPE « Le cours élevé de l’Euro ne permettait plus d’être compétitif en Amérique. De plus, le marché émergent de l’Europe de l’est devenait intéressant pour Lamboley avec ses coûts de main-d’œuvre moindres », explique encore Sarah Bégin. L’entreprise de Québec récupère alors l’ensemble des actifs nord-américains de Lamboley-Rocand et poursuit seule l’aventure, maintenant munie d’une expertise recherchée dans les moules à extrusion-soufflage. Rocand offre maintenant trois types de moules : les moules à injection pour les produits de plastique, les moules à injection pour l’aluminium ainsi que les moules à extrusion-soufflage. Les moules à injection pour plastique sont utilisés afin de créer la plupart des objets de consommation courante en plastique, du téléphone au bac à vaisselle. Les moules à injection pour l’aluminium permettent pour leur part de fabriquer différentes pièces en aluminium, principalement dans le domaine du transport. Les moules à extrusion-soufflage sont à l’origine du moulage de pièces plus complexes, entre autres, le moulage des réservoirs à essence en plastique pour les voitures, produit vedette de Rocand. Sa clientèle est principalement constituée de transformateurs, entreprises fabricant des pièces. « Nous pouvons cependant affirmer que plusieurs grands manufacturiers du domaine de l’automobile tels Nissan, BMW et Ford utilisent les moules de Rocand », affirme fièrement Madame Bégin. LA QUALITÉ AFIN DE CONCURRENCER Cette quête de qualité a-t-elle à voir avec le choix d’avoir bâti l’usine et le siège social de l’entreprise dans le Parc technologique du Québec métropolitain ? « Comme Monsieur Rochette et moi-même avions déjà travaillé sur le site, le Parc c’était comme chez-nous, ce fut un choix naturel de s’y établir », poursuit la femme d’affaires qui était aussi là, en l’an 2000, alors que Rocand décidait de déménager dans le PTQM dans un bâtiment expressément bâti pour leur besoins. Plusieurs millions de dollars furent d’ailleurs à nouveau investis, en 2002, afin de doubler la superficie de l’usine du Boulevard du Parc-Technologique. Mais le marché de l’automobile est très mondialisé et Rocand doit également faire face à plusieurs compétiteurs internationaux hors des Amériques. « Il est clair que la concurrence d’outre-mer est très forte, particulièrement celles d’Europe de l’est et d’Asie. Leur politique est de baisser les prix à des niveaux qui nous sont impossibles à égaler. Nous devons donc miser sur la qualité afin de pouvoir rivaliser », confie-t-elle. Bref, pour eux, la qualité s’impose avant tout ! Et la qualité, Madame Bégin s’y connaît ayant elle-même implanté les normes de qualité ISO chez Rocand : « Nos moules sont testés et approuvés avant la livraison chez les clients qui n’ont donc pas à arrêter leur chaîne de production sur une longue période lors de l’installation. » « (...) Afin de nous démarquer, nous nous spécialisons dans les gros moules, ainsi que les moules complexes demandant une expertise pointue. » Cette spécialisation au niveau des moules pour réservoirs à essence a rapidement lancé Rocand sur la scène internationale. « À une époque, 80% de nos ventes se réalisaient dans le domaine des réservoirs à essence. Nous avons maintenant réussi à nous diversifier et ce chiffre tourne maintenant autour de 30%, ce qui nous rend moins dépendants de ce produit », analyse la VP Opérations. Rocand mise également sur des délais de production très courts puisque l’usine fonctionne sur trois quarts de travail, 24 heures sur 24. « Notre proximité est également très rassurante pour les clients puisque cela leur permet un meilleur contrôle sur les délais et le transport. De plus, ils peuvent aisément venir vérifier le travail et suggérer des retouches si nécessaires. Cela serait beaucoup plus complexe avec un fournisseur d’outre-mer. » UN HUARD QUI AFFECTE « Il nous faut être plus efficaces afin de compenser la baisse de compétitivité qu’a entraîné l’augmentation du dollar », d’expliquer calmement cette femme d’affaires habituée. Dans le but de rester à l’avant de la parade, Rocand investit beaucoup d’efforts dans la R&D. D’importants investissements dans des équipements à la fine pointe de la technologie ont également été réalisés afin d’augmenter sa compétitivité. L’entreprise priorise également la formation du personnel afin de s’assurer d’une maîtrise experte de chaque membre de l’équipe. Et le bon travail de Rocand a été récompensé à plusieurs reprises. Elle a remporté en 2001 le Prix d’excellence en affaires Québec-France de la Chambre de commerce française au Canada, en plus d’être finaliste au concours du Prix d’excellence 2001 de l’Association canadienne de l’industrie des plastiques. L’AVENTURE MEXICAINE « Cette unité de soutien technique nous permettra de répondre encore plus rapidement et efficacement aux besoins de notre clientèle. » Pourquoi Monterrey ? « Nous nous sommes établis à Monterrey principalement en raison de sa proximité du marché américain. Nous pouvons ainsi desservir nos clients mexicains, mais également ceux du sud des États-Unis. De plus, Monterrey est un pôle économique en pleine croissance », poursuit Madame Bégin. Un responsable du développement du marché de l’Amérique latine s’est également ajouté à l’équipe de Rocand afin d’augmenter les ventes sur ce territoire. ET LE MARCHÉ OUTRE-MER? À la conquête De trois employés en 1996, Rocand en compte maintenant près de 30. L’entreprise a donc réussi à atteindre une maturité lui permettant d’aspirer à de grands défis. Et le duo Rochette-Bégin entend capitaliser sur sa présence nouvelle au Mexique afin de poursuivre sa croissance dans le sud des États-Unis et en Amérique latine. « Pour les prochaines années, nous concentrons nos efforts de développement sur l’Amérique latine tout en continuant d’être à l’avant-garde sur le plan technologique », de conclure la vice-présidente Sarah Bégin. Gageons qu’avec l’expertise qu’ils ont su développer, les portes de ce marché devraient s’ouvrir grandes devant eux. L'entreprise faisant l'objet de ce profil Fait à Québec le 12 août 2007. |
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