La forêt québécoise est en crise. Tout autant que son industrie papetière. Mais le jour n'est peut être pas loin où la culture d'une plante tropicale en sol québécois y transformera profondément et pour le mieux toute l’industrie de la forêt. La première expérience de la culture de kenaf dans la région de Saint-Thomas-de-Joliette a donné des résultats positifs. Des entreprises québécoises spécialisées dans la fabrication de papier s'intéressent de très près aux recherches qui sont menées par Agro-100 et l'Université de Laval.

Le kenaf ressemble grandement au bambou ou à la canne à sucre, mais il serait beaucoup moins envahissant que le bambou. Plus de la moitié, soit 55%, de la dessiccation de la tige de kenaf est utilisée pour le papier. Les experts en la matière expliquent que les produits résiduels de ce procédé sont transformés en fertilisants et en agglomérants alimentaires.

Une filière agro-industrielle
respectueuse de l’environnement

Autre grand avantage, cette plante pousse rapidement. Le kenaf atteint une hauteur de trois à cinq mètres en l'espace de 150 jours. De plus, transformer du kenaf en pulpe requiert de 15 à 25% moins d’énergie et demande, plutôt que du chlore, du peroxyde d’hydrogène. On calcule que si une récolte de maïs rapporte en moyenne 640$ l’acre, l’équivalent en kenaf monte à 1500$.

Le kenaf, comme le bambou, le roseau et le jute, est aussi une plante à croissance rapide adaptée pour la pâte à papier, la biomasse et la construction. Autre nom du kenaf : chanvre de Deccan. Plante annuelle obtenue par semis, le kenaf appartient à la famille du cannabis. Elle a la particularité de créer au centre de sa tige une moelle naturellement blanche utilisée pour la production de pâte à papier et ne nécessitant aucune opération de blanchiment. Sa structure est idéale pour la production d’un papier de bonne qualité. Cette culture constitue ainsi une alternative économique et écologique à la pâte tirée du bois des forêts septentrionales. En condition optimale, le kenaf est récoltable en 3 à 5 mois contre 4 à 6 pour le chanvre. Un autre avantage des fibres non ligneuses est leur faible teneur en lignine réduisant l’énergie requise pour sa transformation.

Le Kenaf est originaire d’Afrique et cultivé en Asie et aux États-Unis. Il a été cultivé pour la première fois au nord des Alpes en 1993. Son besoin en minima de température est très élevé avec 16 °C. La variété Tainung 2 qui est la plus cultivée dans la pratique s’en tire bien et est par exemple à préférer pour le Rhin supérieur. Le choix du site de production, le semis et la protection de la culture méritent une attention particulière. Le kenaf, donne 6 à 10 tonnes de fibres sèches à l’acre, dépassant la production du pin du sud - véritable étalon de l’industrie - par 200 à 500% !

L’American Kenaf Society (AKS), située
à McAllen, Texas, a été fondée en 1997
en tant qu’organisme sans but lucratif
à vocation internationale

Pour obtenir une récolte plus rapide que le chanvre et comparable en terme de fibres, il faut de l’eau, de la chaleur et la bonne photopériode solaire. Actuellement, les champs les plus productifs sont dans le bassin méditerranéen, le Sud des États-Unis ou l’Afrique centrale. Dans ces pays, le chanvre produit naturellement trop de substance active pour la législation européenne ; le kenaf est donc une bonne alternative en attendant des changements. En plus des possibilités d’utilisation connues, il existe des chances réalistes pour le béton de fibres, les plastiques renforcées de fibres et les géotextiles. 

www.kenafsociety.org/

Fait à Québec le 16 février 2007.

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