La nouvelle est tombée début 2007, espèce de date historique à retenir : le 25 janvier ! Le plus vieux journal du monde a enterré sa version papier, fin décembre, et ses fidèles lecteurs devront désormais se contenter de le lire sur l'Internet. Preuve que les technologies de l’information provoquent des mutations fondamentales, le Post och Inrikes Tidningar (littéralement «Bulletins d'information nationale»), fondé en 1645 par la reine Christine, était le journal de référence pour les lecteurs suédois à la fin du XVII^e et tout au long du XVIII^e siècle. Mais son lectorat s'est progressivement effrité à mesure que des journaux concurrents naissaient au fil des siècles, confinant finalement  le PoIT dans un rôle de journal institutionnel d'annonces légales au XX^e siècle.

Bien que le quotidien ne couvre plus d'informations générales depuis plus de 100 ans, l'Association mondiale de la presse le considère comme le journal le plus ancien encore en publication. Mais heureusement, plutôt que de mourir, grâce au TI, il mute et devient un média de la nouvelle génération (comme Commerce Monde) !

Dans son format électronique lancé le 1er janvier (www.poit.org), le ‘’nouveau’’ PoIT reste l'organe de presse officiel du gouvernement suédois, une fonction qui avait été entérinée par une loi dès le XVII^e siècle. Roland Hägglund est le nouveau rédacteur en chef du PoIT. Selon lui, l'ère du net va donner un second souffle au journal, qui n'était disponible que sur abonnement. Dorénavant, n'importe qui sur le net pourra lire le PoIT gratuitement.

PETITE HISTOIRE D’UN TRÈS VIEUX JOURNAL
«Ce furent la reine Christine et son chancelier Axel Oxenstierna qui lancèrent le journal en 1645», raconte Hans Holm, l'ancien rédacteur en chef. La levée d'impôts par le gouvernement suédois en raison de sa participation à la guerre de 30 ans (1618-1648) avait plongé la population dans une grande misère. « La reine et son chancelier, conscients du mécontentement grandissant dans le royaume, furent contraints de rendre des comptes à leurs concitoyens », poursuit M. Holm.

À mesure que l'information devenait plus accessible, le PoIT développa sa couverture internationale et nationale, ajouta des informations relatives aux maladies, aux épidémies, aux taux de change ou encore aux observations climatiques. Il publia aussi de la poésie et des nouvelles. En revanche, ni photo ni publicité ne furent publiées dans les colonnes du journal.

« Au XVIII^e siècle, il devint un journal d'informations à part entière », soutien Hans Holm.

Le PoIT jouit d'un monopole sur la couverture de l'information nationale et internationale jusqu'à l'émergence de concurrents, à l'instar du quotidien Aftonbladet en 1879, aujourd'hui principal tabloïd du pays.

Au début du XX^e siècle, ses lecteurs se tournèrent vers d'autres quotidiens et dans sa version finale, le Post dut se contenter de diffuser des informations financières sur les entreprises ainsi que des annonces légales et institutionnelles, les engagements de la famille royale. En 1978, le quotidien fut publié dans un format A4 et le dernier fut tiré à 1 500 exemplaires le 29 décembre 2006.

C'est le ministère de la justice qui a décidé de son sort. En vue de réduire ses coûts, il a mené une enquête qui a conduit le Parlement à décider de transférer la responsabilité de gestion du journal au Bolagsverket, et de mettre fin à la version papier à partir du 1^er janvier 2007.

Agé de 362 ans, le plus vieux journal papier du monde était européen... et sera dorénavant un cyberjournal à portée planétaire !

Fait à Québec le 16 février 2007. 

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