Chronique "TI" Pour en finir avec les listes d'attente dans les hôpitaux: hors des TI point de salut! 2006-09-14 Par Jacques Pigeon Chroniqueur jpigeon@elara.ca Alors que nous nous la coulions douce en vacances, en juillet dernier, le gouvernement Harper a rendu public le Rapport final du conseiller fédéral sur les temps d’attente, le Dr Brian Postel. Sa principale conclusion est la suivante : le problème des listes d’attente n’est que symptôme d’un problème beaucoup plus profond dans notre système de santé. Sa résolution exige une approche systémique et les investissements en TI doivent devenir une grande priorité. Parce que nos hôpitaux sont une « industrie artisanale » où les méthodes et les outils de gestion appartiennent à une époque ancienne où à peu près rien n’est mesuré. Les listes d’attente ne font pas exception. Chaque hôpital, parfois chaque médecin, a la sienne. La capacité de production de nos établissements est inconnue. Au Québec, au cours des 12 dernières années, le temps d’attente moyen est passé de 7,3 semaines à 17,5 ! Ces résultats sont obtenus par voie de sondage. Il y a certes eu de légères améliorations récemment mais, au rythme où vont les choses, le problème ne sera pas réglé de mon vivant. La réalité toute crue est qu’il n’existe pas de liste d’attente par région. La seule façon d’en venir à bout est évidement de la connaître – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – de la centraliser et de la gérer avec les ressources disponibles. Notre connaissance est généralement anecdotique car les systèmes pour générer l’information en temps réel n’existent tout simplement pas. QUAND L’INFORMATION DE GESTION N’EST PAS LÀ Si nos industries Comme l’information de gestion en temps opportun n’est pas vraiment disponible, les aberrations pullulent. Le Dr Postel a relevé le cas de nombreux établissements qui donnent des rendez-vous aux trente minutes, alors que le temps d’intervention moyen est de dix-sept minutes. Près de la moitié de l’offre est ainsi gaspillée. Le Dr Postel rappelle aussi une étude de l’Université de la Colombie-Britannique qui a évalué les indications et les résultats liés à six interventions chirurgicales non urgentes. Cette étude a montré que l’état de 94% des patients ayant subi un remplacement non urgent de la hanche s’était amélioré après la chirurgie, que 4% présentaient toujours les mêmes symptômes et que la situation de 2% d’entre eux s’était détériorée. D’autre part, seulement 70% des patients ayant subi une chirurgie de la cataracte ont connu une amélioration de leur état, tandis que 26% voyaient encore moins bien après l’intervention. Si un quart des Canadiens ayant besoin d’une chirurgie pour un problème de cataracte ne devaient pas être opérés, les listes d’attente pour ce genre d’intervention pourraient disparaître ou, à tout le moins, être considérablement réduites. « J’ATTENDRAI, LE JOUR ET LA NUIT, J’ATTENDRAI TOUJOURS...’ (chanson bien connue) Bref, des techniques aussi répandues que la gestion des files d’attente et utilisées couramment dans les parcs d’amusement n’ont pas encore trouvé leur application dans le monde hospitalier. Donc, premier remède au problème des listes et files d’attente : l’information. LA RÉVOLUTION DU NATIONAL HEALTH SERVICE Le patient est vu comme une dépense. Vous pensez sans doute que je rêve ou que j’en ai fumé du bon! Mais non, l’Angleterre travailliste qui a créé après la deuxième guerre le National Health Service, ancêtre de notre présent système, a choisi d’introduire la concurrence entre les établissements. Plutôt que de se voir octroyer des enveloppes budgétaires, généralement basées sur l’historique, où l’incitatif à la productivité est presque nul, les hôpitaux sont devenus des entités locales redevables aux patients et aux électeurs. Bref, on a décentralisé le système : les autorités locales disposent de toute l’autorité voulue pour recruter le personnel, négocier les conventions collectives, acheter de l’équipement, investir en TI. Mieux encore, les patients sont libres de se faire traiter dans l’établissement de leur choix. Le patient se déplace avec l’argent. L’hôpital se démène donc pour attirer le patient car, sans patients, il ne survivra pas. L’effet de cette réforme est de replacer le patient au centre du système. Comme il se doit. La réforme anglaise a pris naissance il y a cinq ans. Les médecins ont protesté, les syndicats ont hurlé au meurtre mais quelqu’un, quelque part, (Tony Blair?) a fait preuve de leadership. Résultat, les listes d’attente sont presque devenues chose du passé. L’hôpital public, confronté à la concurrence de ses confrères publics et du privé et délivré du joug bureaucratique s’est redressé. En fait, le secteur privé ne compte que pour 15% des dépenses totales au Royaume Uni, alors qu’il est le double au Canada. Tout çà dans un pays qui consacre 8,3% de produit national brut à la santé, alors que le Canada en consacre 9,9%; 2 541$US contre 3 165$ US au Canada. TONY BLAIR, VENEZ À NOTRE AIDE! Comme Tony Blair doit prendre sa retraite l’an prochain, à moins qu’il ne soit chassé avant cette date, je suggère qu’on le nomme ministre de la santé pour le Canada avec mandat de nous servir le système à la sauce anglaise. Comme c’est un grand décentralisateur, il va aussi faire fureur au Québec! Fait à Montréal le 13 septembre 2006. |
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