CHRONIQUE "Mondialisation" Le terrorisme de l'argent 2006-08-30 Par Renaud Blais Chroniqueur Altermondialiste pour l'espoir Le terrorisme de l’argent[1], est pour moi, un point de vue très altermondialiste. Robert Vachon, dans son « mot de la rédaction », présente le sujet en affirmant ceci : « Terrorisme de l’argent n’est probablement pas sans lien avec la cause de l’événement terroriste de ce 11 septembre 2001 », faisant référence à la fin des tours jumelles à New York. L’auteur du premier texte de ce dossier, Derek Rasmoussen[2], milite pour la paix et enseigne la méditation. Depuis une dizaine d’années, il est conseiller politique pour les Inuits du Nunavut et est également l’auteur de : La société inuit menacée de dissolution par l’école et l’argent. Ce texte fut également publié dans INTERCULTURE, No : 139, octobre 2000, Montréal. Je me propose de vous extraire quelques éléments de ce texte très sérieux et élaboré sur plus de 30 pages bien remplies, que je vous invite à aller voir en détail si vous avez un réel intérêt pour l’Autre point de vue que « la pensée unique ». Après avoir affirmé que pour que l’argent prenne de la valeur, il faut créer l’idée de rareté à la base de nombreuses théories économiques, j’ajoute que ce principe est un des éléments du credo de l’IDÉOLOGIE (l’enseignement de l’économie comme soit disant science) de la pensée unique. L’auteur cite l’anthropologue et économiste Marshal Sahlins[3] : « Le chasseur cueilleur pouvait amasser ce qui est requis pour vivre (nourriture, abri, vêtements, plantes médicinales, équipements et outils) après seulement quinze heures d’effort par semaine; ainsi le reste de son temps il l’utilisait librement pour le jeu, la chanson, la musique, l’art, etc. Telle était la SOCIÉTÉ D’ABONDANCE originelle ». À propos d’un certain superflu : « À peine plus de 10% de notre activité économique nous fournit tout le nécessaire pour notre survie biologique. Le reste de notre activité économique est consacré à des phénomènes sans doute intéressants mais facultatifs », Michael Power, professeur titulaire en économie à l’Université du Montana, 1996. L’auteur utilise l’expression « Euro-Américains » pour qualifier la minorité d’un milliard d’humains, sur les 6 milliards et quelques uns, qui ont fait de cette pensée unique une vérité non discutable. L’économie de marché et l’individualisme basé sur la propriété ont « éloigné l’individu de ces préoccupations et valeurs communautaires et familiales. Ainsi déraciné, l’individu marche selon le rythme de l’argent et du marché du travail, pendant que s’effrite la loyauté envers son espace naturel et son peuple ». Avec un très fort point de vue historique, l’auteur affirme que « (...) des régions entières de l’Angleterre se sont retrouvées en rébellion » dans le but de « (...) jeter bas les clôtures » ceci des années 1628 à 1631, lorsque « (...) la commercialisation du sol » a été imposée par ceux qui voulaient s’en approprier privément. La CORPORATION : « (...) ces énormes entités fictives à qui il a été donné d’assumer les droits légaux des êtres humains sans les responsabilités inhérentes (il n’y a pas de peine capitale pour les corporations, peu importe l’odieux de leurs crimes ». L’argent, les corporations, la location humaine (travail salarié) et la propriété terrienne (avec les clôtures qui consacrent la fin du partage du sol) ont été qualifiés, en 1957 de « quatre fictions » par Polanyi[4]. C’est durant les années 1950, lorsqu’un certain Joseph McCarthy, sénateur influent qui donna son nom au « MacCartisme », surtout connu comme mouvement anticommuniste qui construisait déjà son EMPIRE, que Karl Polanyi fut expulsé de Columbia University lorsqu’il tentait par ces recherches de mettre en lumière ces faits historiques. Une autre affirmation du même auteur devait sans doute déranger M. McCarthy : « Les marchés occupaient une place prescrite limitée au sein des sociétés; aujourd’hui, ce sont eux qui ont mis la société en cage ». Peut-être que nos lobbys qui exigent que les commerces ouvrent de plus en plus longtemps devraient prendre le temps d’étudier l’histoire du marché… « La guerre n’est pas un accident. C’est le résultat logique d’un style de vie. Si nous voulons nos attaquer à la guerre, nous devons nous attaquer à ce style de vie ». A. J. Muste, 1928. L’auteur termine son texte, sur un ton optimiste, en faisant valoir le point de vue ACTUEL des Premières nations. Il cite la « déclaration de Kari-Oca », qui fut élaborée il y a plusieurs années, par des groupes indigènes qui voulaient faire front commun dans le but de soulever leurs préoccupations à l’égard de l’expression « revendications territoriales » lors d’une série de négociations de l’ONU sur l’environnement. « Nous n’utilisons jamais le terme revendications territoriales… Ce sont les peuples non indigènes qui revendiquent nos terres ». « La moitié [seulement] des traités avec les Premières nations ont été respectés. La moitié de chaque traité favorisant les intérêts des immigrés [européens]. Il semble que nous ayons oublié l’autre moitié, celle dans laquelle nous avions pris des engagements envers nos hôtes ». Adèle Perry, professeur d’histoire à l’Université du Manitoba. D’autres références aussi concordantes : Je termine avec une prophétie Crie : « Seulement après que le dernier arbre aura été coupé, [1] Je reprend le titre et tire l’essentiel de ce texte d’un dossier de la revue INTERCULTURE Fait à Québec le 29 août 2006. |
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