Opinion Si ouverture et bonne foi suffisaient ? 2006-06-11 Par Commerce Monde de Julie Caron-Malenfant, B.A.A., M.A. Il est temps que nos institutions se dotent de nouvelles façons de consulter la population. Quotidiennement, un nouvel affront entre promoteurs (privés ou publics) et société civile fait la manchette. La cession de terrains de la ville de Québec à la nation huronne-wendate en est un exemple. Les controverses sont nombreuses et leur dénouement semble incertain. Il existe pourtant des méthodes efficaces et plus simples qu’il n’apparaît pour susciter le dialogue entre groupes d’intérêts divergeants. UN CLIMAT D’HOSTILITÉ Les groupes d’intérêt organisés qui réclament le droit de parole sur des sujets qui les touchent ressurgissent. La société civile revient à la charge avec détermination et refuse de se laisser diriger sans droit de réplique. En réponse à ces requêtes émanant de la population civile, les décideurs affirment qu’ils sont à l’écoute, que toutes les parties doivent être impliquées dans les processus décisionnels, que la concertation et la participation populaire sont à l’ordre du jour. Force est de constater que l’ouverture prêchée franchit rarement le discours : il y a pauvreté d’un réel débat et difficulté à établir un dialogue entre les parties. La volonté chambranlante d’aménager un espace pour la discussion choque. D’un côté, l’opinion publique réclame une nouvelle façon d’envisager le développement. De l’autre, les promoteurs ignorent comment honorer cette requête. La donne sociale appelle une nouvelle façon de planifier. Malheureusement, l’arène actuelle est caractérisée par un refus de dialoguer, des positions cristallisées et souvent, par l’abandon du projet. À moins que les décisions ne soient prises en douce, à huis clos. La place publique est devenue le terrain d’affrontements entre différents groupes d’intérêt, chacun défendant une position plus ou moins représentative de l’ensemble des parties impliquées. Devant la montée du cinquième pouvoir, c’est-à-dire l’opposition citoyenne, il y a fort à parier qu’il faudra apprendre à composer avec celui-ci. UN DROIT = UN DEVOIR Chaque citoyen, employeur, investisseur, promoteur, dirigeant, député, a un rôle à jouer dans l’exercice démocratique. Les droits ne viennent pas seuls. Ils sont assortis de responsabilités. DES SOLUTIONS SOUS LE SOLEIL Avant toute chose, il faut reconnaître que les débats se situent principalement au niveau des perceptions. Peu de gens sont réellement qualifiés pour à la fois mesurer les impacts environnementaux, comprendre les modèles de projections économiques, pour évaluer avec justesse les risques sociaux et culturels encourus. Il faut également reconnaître que le succès d’un projet dépend en grande partie de l’opinion publique. L’illusion proposée par le discours d’ouverture ne berne plus beaucoup de gens. Les consultations publiques sont souvent bâclées. On reproche aux décideurs leur manque de transparence. Pourtant, il existe des modes de planification qui prévoient la validation des projets en amont afin d’anticiper les résistances et conflits potentiels. S’il existait un cadre neutre, structuré, et rapide pour y parvenir ? Les promoteurs les plus audacieux pourraient bonifier leurs projets à moindre coût. On pourrait identifier le seuil minimum de tolérance des « partenaires », en deçà desquels un projet est jugé inacceptable. L’intérêt particulier céderait le pas à l’intérêt commun, tel que défini par l’ensemble des acteurs impliqués. Devant le succès mitigé des modèles de planification actuels, ayons l’humilité de nous inspirer de modèles ayant fait leurs preuves ailleurs. Aux États-Unis, les promoteurs refusent d’investir si la population n’a pas été consultée. Au Mexique, le secteur public est de plus en plus enclin à consulter en amont, avant que le processus de planification ne soit bouclé. Tant pour la planification énergétique que la protection de l’environnement, on a de plus en plus recours à des ateliers de construction de consensus, assistés par ordinateur, pour structurer le dialogue entre les parties en vue de trouver des scénarios alternatifs à partir de propositions de base. Un processus qui fournit des résultats en temps réel, assurant aux participants que les dés ne sont pas pipés. Pourquoi ne pas reprendre cette idée ici ? Seuls pré requis: l’ouverture et la bonne foi de toutes les parties. Si le mot consensus n’était pas perverti, on ne négocierait pas des compromis. On trouverait, pour des situations données, des solutions recevant le consentement d’une forte majorité de l’opinion publique. Le consensus n’existe pas à l’état de nature. Proposons-nous de le construire. Fait à Montréal le 2 mai 2006. |
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